L' Architecture des villes
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L' Architecture des villes

  1. 304 pages
  2. French
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  4. Disponible sur iOS et Android
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L' Architecture des villes

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À propos de ce livre

Inhospitalières, enlaidies, dégradées, les villes alimentent aujourd'hui incertitudes et malaises. Quelles sont les causes profondes de ces dégâts? Quelles solutions mettre en place? Comment retrouver la beauté des villes et, avec elle, une véritable urbanité? À l'heure où se multiplient les politiques à court terme, Ricardo Bofill et Nicolas Véron dessinent une vision d'ensemble de la cité et plaident pour la beauté des villes au service des hommes. Ricardo Bofill, architecte, créateur à Barcelone du Taller de Arquitectura, est l'auteur de célèbres bâtiments à Madrid, à Barcelone, à Paris, à Montpellier et dans les villes nouvelles françaises. Nicolas Véron, ancien élève de l'École polytechnique, est ingénieur au Corps des Mines.

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Informations

Éditeur
Odile Jacob
Année
1995
ISBN
9782738173409

CHAPITRE 1

Forces


« C’est pour qu’ils puissent échanger les produits de leur travail que nous avons associé les hommes en fondant une cité. »
Platon, La République.
Une ville n’existe que par les activités humaines qui la traversent. Elle ne peut qu’être parsemée des marques innombrables de la civilisation qui la porte, et les ressorts de cette civilisation sont aussi les siens. Démographie, économie, technique, politique : les villes sont à la fois le carrefour de telles forces et le lieu privilégié dans lequel celles-ci s’élaborent et se développent. Certes, ces forces ne sont en rien exclusives ; aucune d’entre elles n’est d’ailleurs aujourd’hui suffisante pour rendre compte de manière satisfaisante de la dynamique des ensembles urbains. Mais l’urbanisme n’en est pas moins impensable sans leur prise en considération.
Sous l’action de sollicitations internes et externes, les villes se comportent à l’image des organismes vivants. Comme ceux-ci, elles doivent s’adapter aux modifications permanentes de leur milieu : un retard dans cette adaptation, et c’est le déclin, irrémédiable. Le règne animal est pareillement soumis à l’action de forces générales auxquelles répondent les fonctions indispensables à la vie, alimentation, protection ou reproduction. Mais l’universalité des contraintes qui modèlent le développement n’entraîne pas l’uniformité des manifestations. La foule des espèces animales, malgré les extinctions massives, a toujours gagné sur le long terme en richesse et en diversité.
Il en est de même pour l’« organisme urbain » soumis à une sorte de loi d’évolution spécifique, faite autant d’adaptation progressive que de sélections brutales, une loi qui n’aurait jamais eu à choisir entre Lamarck et Darwin1. Cette évolution urbaine connaît la même diversité que l’évolution animale dans ses réponses à l’environnement : villes de garnison, places financières, cités-dortoirs, centres administratifs ; villes à plan orthogonal, en damier, circulaire, polycentrique, irrégulier ; villes compactes et closes de murs, ou au contraire villes ouvertes et sans séparation nette avec la campagne qui les entoure : modelées par leur civilisation, les villes ont, elles aussi, leurs genres et leurs espèces.
Comme les espèces vivantes également, les villes ont leurs chaînes alimentaires et leurs écosystèmes, leurs réseaux souvent hiérarchisés entre grandes villes, villes moyennes ou satellites, bourgades et villages… L’univers culturel dans lequel elles baignent joue le même rôle que le milieu naturel pour les espèces animales, dirigeant leur évolution et subissant en même temps leur puissante influence. Ainsi la ville est-elle sujette aux mutations démographiques, mais ces mutations viennent aussi d’elle-même ; elle est soumise aux cycles économiques, mais ceux-ci sont à leur tour le produit de l’activité urbaine ; modelée par l’innovation technique, elle en est aussi le creuset ; terrain d’application du pouvoir politique, elle est précisément la place où celui-ci s’élabore.
Et de même que les relations entre les villes et les civilisations dont elles sont le cadre ne sont jamais à sens unique, de même les forces qui expriment ces relations sont-elles interdépendantes. La classification adoptée ici comporte bien sûr, comme toute autre d’ailleurs, une large part d’arbitraire. Qu’elle nous permette seulement d’avoir un bref aperçu de la nature et des mécanismes caractéristiques de ces influences et de ces mutations, qui modèlent en permanence les organismes urbains.

Démographie et croissance urbaine

Les villes ne vivent que par leur contenu humain : que cette source vienne à se tarir, et il ne reste plus d’elles qu’un dérisoire décor de théâtre. Tantôt produit de l’activité de la ville elle-même, tantôt soumise à des contraintes extérieures, la démographie urbaine est la toute première des forces qui agissent sur la ville.

UNE CROISSANCE STRUCTURELLE

Depuis le cataclysme de la chute de l’Empire romain, la croissance de la population urbaine en Europe est presque ininterrompue ; la diminution de la population d’une ville annonce sûrement son déclin général. Nous reviendrons sur la croissance récente, étourdissante, qui a accompagné la révolution industrielle depuis deux siècles. Mais même avant cette explosion, seules quelques grandes catastrophes peu nombreuses, comme la peste noire de 1348-1349 ou les guerres de religion, ont pu arrêter un moment la marée montante de la population urbaine. Celle-ci, d’ailleurs, s’en est vite remise à chaque fois.
Encore faut-il définir ce que l’on entend par population urbaine : il s’agit d’abord d’un seuil quantitatif, celui qui sépare la ville du gros bourg ou du village. Mais ce seuil, forcément arbitraire, varie dans le temps et dans l’espace, et dans d’immenses proportions. Pompéi, avec ses quelque vingt-cinq mille habitants, était, avant son enfouissement sous les laves du Vésuve en l’an 81, une ville moyenne de l’Empire romain ; mais quatorze siècles plus tard, à la fin du Moyen Âge, les localités allemandes possédant droit de cité n’abritaient en moyenne pas plus de quatre cents habitants, soit la moitié d’une barre d’habitation moyenne à La Courneuve2. En France aujourd’hui, la limite administrative entre ville et village est fixée à deux mille habitants ; en Grande-Bretagne, à cinq mille. Mais dans la réalité, la frontière entre l’urbain et le rural est extrêmement floue et mouvante. Certains gros bourgs d’Andalousie ou de Russie peuvent compter plusieurs milliers d’habitants sans posséder pour autant la diversité de fonctions qui en ferait des villes à part entière. Villes et campagnes ne se séparent jamais de façon absolue, mais évoluent ensemble, de façon plus ou moins parallèle selon les siècles et les pays.
La croissance continue de la population des villes d’Occident est d’autant plus remarquable que leur croissance interne, due aux habitants de la ville elle-même, est longtemps restée structurellement négative. Jusqu’au milieu du XIXe siècle, la mortalité urbaine était supérieure à la natalité3. Les villes d’avant la révolution industrielle étaient d’immenses mangeuses d’hommes, dont le développement ne pouvait se prolonger qu’au prix d’un afflux permanent d’immigrants venus des campagnes. Aujourd’hui encore, dans la plupart des pays en développement, ce sont les campagnes qui fournissent l’essentiel de la croissance des villes : celles-ci continuent d’exercer un irrésistible pouvoir d’attraction, en dépit de leur tragique saturation.
Ce sont donc les grands mouvements de migrations qui constituent l’essentiel de l’histoire démographique des villes, plus que leur fécondité propre. L’un d’entre eux nous touche particulièrement, parce que le plus récent et le plus massif à la fois : l’exode rural, le départ massif des habitants des campagnes vers les villes qui a lieu en Europe depuis cent cinquante ans, et se poursuit aujourd’hui dans d’autres parties du monde. Dès 1931, la moitié de la population française était urbaine ; encore ce seuil a-t-il été atteint plus tard dans notre pays que dans nombre de ses voisins européens. Aujourd’hui, 80 % des Français sont des citadins. Cette période est, logiquement, celle de l’explosion de la population des villes. La population de Paris intra-muros a presque triplé entre les recensements de 1846 et de 1901. Pour une capitale industrielle comme Berlin, la séquence est plus vertigineuse encore : quatre cent quatre-vingt-treize mille habitants en 1860, huit cent vingt-six mille six cents en 1871, quatre millions en 1920. Le rôle subordonné des campagnes, et le rôle moteur des villes, n’ont cessé de s’accentuer au cours des deux siècles écoulés.
Mais il arrive également qu’une ville se dépeuple, lentement ou subitement. Outre les ravages causés par les guerres et les maladies, la conjoncture économique y est souvent pour beaucoup : Venise abrite aujourd’hui, après plus de trois siècles de déclin économique ininterrompu, à peine plus de la moitié de sa population de la fin du XVIe siècle, quand elle n’avait pas encore perdu son rôle de pont entre l’Orient et l’Occident. Les causes du déclin démographique peuvent être plus impératives encore, comme dans ces villes portuaires dont le site devient peu à peu impraticable pour les grands vaisseaux : Ravenne, métropole de l’Italie pendant tout le haut Moyen Âge, est abandonnée vers le Xe siècle du fait de l’envasement de son port (une bonne partie de sa population déménagera à Venise) ; Bruges, au XVIe siècle, décline rapidement à mesure que s’envase son port fluvial du Zwin, et ses marchands vont refaire leur fortune à Anvers qui devient la nouvelle métropole économique des Flandres. Dans les heures les plus critiques, c’est une civilisation tout entière qui abandonne ses villes. Dans l’Empire romain d’Occident aux IVe et Ve siècles de notre ère, la pression fiscale devient intolérable dans les villes lourdement taxées par un pouvoir central de plus en plus inefficace ; par ailleurs, les villes sont une proie facile pour les vagues successives d’envahisseurs venus de Germanie : pour échapper à la fois au percepteur et au barbare, les habitants fuient massivement vers les campagnes. Les villes ont les reins solides, mais elles ne sont pas immortelles. Plus loin de nous, Angkor au Cambodge, Palmyre en Syrie, Thèbes en Égypte ou les cités mayas du Mexique, immenses métropoles foudroyées, en témoignent encore par leurs ruines. Anéantir une ville a toujours été la manifestation la plus absolue de la victoire militaire, que ce soit Hiroshima en 1945 ou Babylone en 689 avant J.-C. :
« De fond en comble par mes soins, les maisons furent incendiées, la ville rasée, anéantie. J’ai rasé les remparts et l’enceinte, les temples et leurs dieux, les milliers de tourelles de brique des temples, je les ai noyés dans le canal Arakhtu. J’ai fait passer l’eau dans le centre de la cité, j’ai inondé les places et j’ai détruit les fondations. Toute la fureur du fleuve ne l’aurait pas ainsi réduite à rien4. »

LA DÉMOGRAPHIE INTERNE DES VILLES : DE NOUVEAUX ENJEUX

Dans l’Europe contemporaine, la ligne de partage a changé de nature. Elle ne se situe plus entre villes et campagnes, puisque les villes rassemblent désormais une large majorité de la population. Elle serait plutôt à chercher dans la structure interne des villes elles-mêmes, qui juxtaposent des centres actifs à des périphéries qui, sans posséder l’identité des campagnes et malgré leur densité d’habitation, n’en présentent pas pour autant un véritable caractère urbain. Entre centre et banlieues, une nouvelle coupure est apparue à l’intérieur des villes.
De par la relative saturation des centres et la pression foncière élevée qui y règne, l’essentiel de l’accroissement démographique a lieu à la périphérie, en banlieue. Aujourd’hui, les noyaux urbains centraux sont plus ou moins figés dans leur forme ancienne alors que les périphéries continuent de s’étendre, rompant ainsi avec les modèles de développement plus anciens où le cœur de la ville croissait en même temps que les faubourgs, en absorbant progressivement les parties les plus centrales de ceux-ci. Comme il ne se constitue pas spontanément de centres denses à l’intérieur de la banlieue, celle-ci a donc tendance à présenter partout une faible densité de construction, ce qui accentue son étalement sur le territoire. Les grandes villes peu à peu s’étendent à l’échelle d’une région entière, et posent ainsi la question démographique sous une forme radicalement nouvelle.
Cette conquête progressive du territoire par la ville s’accomplit finalement dans ce qu’on a appelé la rurbanisation, c’est-à-dire l’établissement d’une continuité diffuse entre la campagne et la lointaine banlieue : la frontière de l’urbanisation abandonne un tracé net et au contraire s’estompe peu à peu, les jardins pavillonnaires laissant progressivement la place aux prés, aux forêts et aux champs. En même temps, inévitablement, c’est l’image même de la ville qui se dissout : par son ampleur, la rurbanisation, modalité nouvelle du développement urbain, va complètement à l’encontre de la perception traditionnelle de la ville européenne aux limites bien définies. Ce n’est plus tant là une question de démographie que de perception de l’image urbaine, sur laquelle nous reviendrons.
Simultanément, de nouvelles cassures viennent affecter les populations urbaines, de nouvelles divisions se mettent en place que les villes traditionnelles ignoraient presque ...

Table des matières

  1. Couverture
  2. Titre
  3. Copyright
  4. Avant-propos
  5. Introduction
  6. Chapitre 1 - Forces
  7. Chapitre 2 - Théories
  8. Chapitre 3 - Espaces
  9. Chapitre 4 - Images
  10. Chapitre 5 - Défis
  11. Chapitre 6 - Perspectives
  12. Bibliographie sommaire
  13. Table des illustrations
  14. Table