Aude
Aude n’a pas connu son père de sang. Sa mère, toxicomane, se prostituait pour subvenir à ses consommations et c’est dans ce contexte qu’elle a mis au monde Aude. Dès sa naissance, sa mère étant jugée incapable de s’en occuper se voit retirer la garde d’Aude. L’enfant est placée dans deux orphelinats consécutifs avant d’être confiée à une famille d’accueil.
Aude a alors sept ans, est relativement timide et tend à rester seule dans son coin. Très vite, elle est l’objet des railleries et de l’agressivité des autres enfants de la famille, en particulier de son grand frère adoptif, alors âgé de 14 ans. Les abus physiques sont monnaie courante, le grand frère adoptif la tapant régulièrement. Deux ans plus tard, il la contraint à le rejoindre dans la salle de bains où il prend une douche et l’abuse sexuellement. Ces abus perdureront jusqu’à l’âge de 12 ans.
Le jour de ses 12 ans, Aude décide de mettre un terme à sa vie et absorbe les comprimés de Valium de sa mère adoptive. Elle est hospitalisée et la situation dramatique qu’elle vit est dénoncée auprès des autorités compétentes. Aude quitte alors du jour au lendemain sa famille d’accueil, est déplacée dans un foyer situé à plusieurs centaines de kilomètres, foyer dans lequel elle restera jusqu’à ses seize ans.
Durant cette période, Aude se lie d’amitié avec plusieurs autres adolescentes, plus âgées qu’elle, avec lesquelles elle connaît ses premières ivresses et ses premiers rapports homosexuels. Elle apprend également à soulager ses angoisses en scarifiant ses poignets à l’aide de bris de verre. Afin de ne pas être repérée par les éducateurs du foyer, elle scarifie également d’autres parties de son corps, notamment son ventre et le sommet de ses cuisses. Elle pique de violentes colères lorsqu’elle est confrontée à l’autorité, en particulier lorsqu’on lui reproche quelque chose, même d’insignifiant. Son entourage a de la peine à supporter ces manifestations exubérantes. Les punitions croissent en intensité, passant de la privation de télévision un samedi soir aux gifles et aux séjours prolongés dans une pièce isolée que les pensionnaires appellent les « oubliettes ».
Aude passe des heures entières dans les « oubliettes » à taper sa tête contre les murs au point qu’elle doit être hospitalisée à deux reprises devant la gravité de ses blessures.
Le jour de ses seize ans, elle fugue de l’institution et parvient à se cacher suffisamment efficacement pour ne pas être retrouvée par les forces de l’ordre. Elle quitte le pays et part au Portugal où elle trouve un emploi comme serveuse dans un bar.
Elle consomme de plus en plus massivement de l’alcool, au point de vivre à plusieurs reprises des trous noirs, moments durant lesquels elle ne se souvient plus du tout de ce qu’elle a fait. Elle rencontre un homme de vingt ans son aîné avec lequel elle se met rapidement en ménage. Les tensions dans le couple sont très importantes car Aude tombe enceinte et son ami refuse catégoriquement de garder l’enfant qu’elle porte. Aude s’automutile de plus en plus et ne refrène plus du tout ses consommations d’alcool ; elle fait une fausse couche après six mois.
Aude décide alors de tout quitter et de se donner les moyens d’engager une formation professionnelle. Elle s’inscrit dans une école et débute un apprentissage de couturière. Elle vit alors quelques mois d’une relative sérénité, entrecoupée par des liaisons plus ou moins chaotiques avec des partenaires de passage. La fréquence des automutilations diminue et les consommations d’alcool se limitent aux fins de semaine.
Le jour de ses dix-huit ans, elle revient dans son village natal et décide de retrouver sa mère. Aude apprend que sa mère est décédée dans la plus sinistre misère alors qu’elle-même était âgée de cinq ans. Désespérée, se sentant seule au monde, Aude décide de mourir en s’ouvrant les veines : elle choisit une nuit, s’allonge sur la tombe de sa mère et sera retrouvée quelques heures plus tard, inconsciente.
Dans l’hôpital où elle est accueillie, Aude reprend quelques forces et est prise en charge par différents professionnels. Grâce à une aide sociale, Aude peut bénéficier d’un logement et s’engager dans une formation professionnelle, toujours en tant que couturière. Aude obtient son certificat d’apprentissage et est engagée en entreprise. Elle rencontre durant cette période un homme avec lequel elle vit une relation relativement stable malgré les conflits qui les opposent et les conduisent à se séparer régulièrement pendant quelques jours.
Le projet d’avoir un enfant se dessine et Aude est enceinte assez rapidement. Malheureusement, une nouvelle fausse couche survient et elle perd son bébé. Aude est au comble du désespoir et décide de mettre un terme à sa vie en absorbant alcool...