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Ă propos de ce livre
L'économie mondiale va-t-elle connaßtre les affres de l'enlisement et de la déflation? Ou s'agit-il plus simplement d'une longue purge aprÚs la plus grande bulle boursiÚre de l'histoire? Cette purge est-elle d'ailleurs achevée? Quel avenir augure-t-elle pour l'économie mondiale et les marchés financiers? Plus qu'une correction boursiÚre, il s'agit pour Jean-Pierre Petit d'une rupture économique profonde. Il décrit minutieusement et clairement les enjeux et les implications de cette crise, fruit des illusions et des excÚs antérieurs et révélatrice des forces et des faiblesses structurelles des grandes économies. Jean-Pierre Petit est directeur de la Recherche économique à Exane.
Foire aux questions
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Informations
ANNEXE 1
Quelques précisions sur la valeur fondamentale des actions
Les taux dâactualisation peuvent se dĂ©composer en une mesure des « coĂ»ts dâopportunité », que sont les rendements anticipĂ©s dâun placement en actifs autres que des actions et une prime de risque correspondante sur les actions. Si les investisseurs nâĂ©taient pas sensibles aux diffĂ©rences de risque entre les divers actifs, tous les actifs devraient, en situation dâĂ©quilibre, produire un taux de rendement identique. Dans ce cas, le taux dâactualisation en actions serait Ă©gal Ă ce taux uniforme. Toutefois, les investisseurs prĂ©sentant une aversion au risque exigent des taux de rendement plus Ă©levĂ©s en contrepartie de la dĂ©tention dâactifs plus risquĂ©s. La diffĂ©rence entre le taux de rendement anticipĂ© dâun actif risquĂ© par rapport Ă celui dâun actif non risquĂ© constitue une prime de risque qui reflĂšte, Ă la fois, les prĂ©fĂ©rences des investisseurs en matiĂšre de risque et leur perception du risque attachĂ© aux rendements des actifs.
Ătant donnĂ© que les actions prĂ©sentent gĂ©nĂ©ralement un risque plus Ă©levĂ© que les emprunts dâĂtat, les investisseurs exigent, en consĂ©quence, un taux de rendement anticipĂ© plus Ă©levĂ© en contrepartie de la dĂ©tention dâactions. De fait, la prime de risque sur actions, mesurĂ©e, de façon approximative, par la moyenne de long terme des supplĂ©ments de rĂ©munĂ©ration des actions par rapport au rendement des obligations dâĂtat Ă long terme, apparaĂźt gĂ©nĂ©ralement positive (prime de risque ex post). La prime de risque mesure donc lâincertitude qui pĂšse sur la rentabilitĂ© de lâaction (niveau de croissance des bĂ©nĂ©fices).
On peut Ă©crire le prix dâune action ou dâun indice boursier comme la valeur actuelle des dividendes futurs versĂ©s par cette (ou ces) sociĂ©tĂ©(s), selon la formule de Gordon-Shapiro :
Â
Avec : P : prix de lâindice boursier
Dt : dividende à la date t
r : taux dâintĂ©rĂȘt (pour simplifier, on le suppose constant sur toute la pĂ©riode). Pour les calculs, on retient le plus souvent le taux de rendement des actifs sans risque, câest-Ă -dire des obligations dâĂtat Ă dix ans (par exemple le T-note ou le Bund ou encore lâOAT) ou bien, un taux swap dix ans.
p : prime de risque
Â
Il est peu contestable que la baisse des taux dâintĂ©rĂȘt longs a jouĂ© un rĂŽle dĂ©terminant dans la hausse des cours boursiers entre 1982 et 2000.
On peut, pour mesurer lâimportance des taux dâintĂ©rĂȘt sur la valorisation des actions, utiliser lâinverse du PER et le comparer au taux dâintĂ©rĂȘt sans risque. GrossiĂšrement, et Ă la prime de risque prĂšs, plus il est au-dessus de taux dâintĂ©rĂȘt, plus lâaction est attractive.
La plupart des travaux convergent vers lâhypothĂšse dâune prime de risque historique (ex post) de 3,5 % depuis deux siĂšcles. Mais celle-ci est en fait trĂšs variable selon la pĂ©riode considĂ©rĂ©e. Surtout, il convient de distinguer entre la prime de risque rĂ©alisĂ©e (ex post) et la prime de risque exigĂ©e (ex ante) qui mesure la prime que les investisseurs anticipent quâils obtiendront.
Plusieurs auteurs1 ont avancĂ©, notamment durant les annĂ©es de bulle, lâidĂ©e dâune rĂ©duction tendancielle de la prime de risque (ex ante) dans le courant des annĂ©es 1990 pour des raisons structurelles.
Plusieurs arguments ont pu ĂȘtre avancĂ©s : a) liquiditĂ© et profondeur accrues des marchĂ©s (dâoĂč une baisse des coĂ»ts de transaction) ; b) poids accru de la dĂ©tention intermĂ©diĂ©e dâaction (fonds de pension et mutual funds) Ă lâorigine dâune mutualisation des risques ; c) montĂ©e en puissance des baby-boomers dans la classe « dâĂąge mĂ»r » (câest-Ă -dire les 40-60 ans) qui a pour effet dâaccroĂźtre le rapport le ratio 40-60/plus de 60 ans, ce qui, conformĂ©ment Ă la thĂ©orie du cycle de vie, pousse Ă une prĂ©fĂ©rence pour les actions afin de prĂ©parer leur retraite : d) la dĂ©sinflation, qui Ă©tend la longueur du cycle ; e) la « nouvelle Ă©conomie » qui, Ă©galement, Ă©tend, voire supprime le cycle ; f) les « dividendes de la paix » (fin de lâURSS) qui augmente la croissance potentielle ; g) tout simplement la longueur exceptionnelle du cycle Ă©conomique des annĂ©es 1990 (dix ans aux Ătats-Unis).
Certains arguments nous semblent toujours valables, notamment les deux premiers. Lâargument dĂ©mographique sera probablement remis en cause Ă partir de la deuxiĂšme moitiĂ© de la dĂ©cennie 2000, voire durant les annĂ©es 2010. Ni la dĂ©sinflation, ni la nouvelle Ă©conomie nâont permis de supprimer le cycle. Quant aux dividendes de la paix, ils sont partiellement remis en cause par le terrorisme international.
ANNEXE 2
La situation du systĂšme bancaire allemand
On sait que le capitalisme rhĂ©nan a Ă©tĂ© caractĂ©risĂ©, depuis environ cinquante ans, par le modĂšle de la banque-industrie. Le mouvement de remise en cause des formules de « banque-industrie » est mondial depuis dix ans. Il a touchĂ© le Japon et un grand nombre de pays Ă©mergents asiatiques comme la CorĂ©e. Que signifie la banque-industrie ? Il sâagit principalement de la participation des banques dans le capital dâentreprises industrielles en vue dâaccompagner le dĂ©veloppement Ă long terme de celles-ci. En contrepartie, la banque assure aux entreprises la totalitĂ© des services bancaires et financiers. Le modĂšle de la banque-industrie se traduit donc par des relations stables entre les entreprises et les banques. Dans le cas allemand, cela sâest aussi traduit par une place prĂ©pondĂ©rante des compagnies dâassurance dans le capital des grandes banques.
Pour certains, des interventions mixtes des banques (crĂ©dit, apports en fonds propres, conseil-financier) constitueraient un facteur dâenrichissement des relations banques-entreprises en permettant un accompagnement plus suivi de lâentreprise, en Ă©vitant le court-termisme et en favorisant une rĂ©duction des problĂšmes dâasymĂ©trie dâinformation. En outre, les apports en fonds propres seraient complĂ©mentaires du crĂ©dit bancaire et permettraient, grĂące aux espĂ©rances de plus-values, de compenser lâĂ©troitesse des marges dâintermĂ©diation.
Dans le cas allemand (modĂšle de la Hausbank), cela sâexpliquait par toute une sĂ©rie de facteurs historiques, lĂ©gislatifs (systĂšme de la banque universelle), techniques (transformation de crĂ©dits en participations directes) et fiscaux (fiscalitĂ© peu incitative sur les plus-values).
Pour dâautres au contraire, ce mixage des interventions gĂ©nĂšre un niveau de risque trop Ă©levĂ© pour les Ă©tablissements de crĂ©dit et se heurte aux rĂ©ticences des chefs dâentreprises. En outre, il faut prendre en compte la difficultĂ© Ă rĂ©aliser effectivement les plus-values potentielles, faute dâun marchĂ© secondaire suffisamment liquide. Enfin, se pose une question de principe liĂ©e au risque inhĂ©rent Ă ce mĂ©lange de mĂ©tiers diffĂ©rents (Ă lâexception des banques dâinvestissement).
Quoi quâil en soit, un tel modĂšle a Ă©tĂ© remis en cause en raison de lâapparition de toute une sĂ©rie dâeffets pervers (concentration des engagements, dilution des responsabilitĂ©s, manque de contrĂŽle de lâactionnariat, voire collusion dâintĂ©rĂȘts, manque de transparence dâune maniĂšre gĂ©nĂ©rale, risque de diffusion des difficultĂ©s des entreprises Ă la banqueâŠ). En France, la « dĂ©route » du CrĂ©dit Lyonnais (qui avait notamment considĂ©rablement renforcĂ© son portefeuille de participations Ă la fin des annĂ©es 1980 et au dĂ©but des annĂ©es 1990) a mis un terme aux vellĂ©itĂ©s de banque-industrie.
De plus, lâexigence de rentabilitĂ© (par les actionnaires) des banques commerciales et lâentrĂ©e en vigueur du ratio Cooke en 1992 (qui pousse les banques Ă rentabiliser leurs fonds propres) ont changĂ© lâenvironnement et ont rendu le modĂšle de banque-industrie inopĂ©rant.
Au Japon, les interpĂ©nĂ©trations entre banques et entreprises (au sein des keiretsus) ont Ă©tĂ© largement remises en cause dans la mesure oĂč elles constituent lâune des causes des difficultĂ©s du systĂšme bancaire japonais.
En Allemagne, les difficultĂ©s de la Deutsche Bank et les nombreuses pressions auxquelles elle a Ă©tĂ© soumise (Ă la fin 1999) Ă la suite des problĂšmes de P. Holzman (dans lequel la Deutsche Bank dĂ©tenait une part significative du capital) ont constituĂ© une illustration de ces effets pervers. Dâune maniĂšre gĂ©nĂ©rale, le modĂšle de la Hausbank a conduit Ă un poids excessif des concours aux secteurs en dĂ©clin. LâAllemagne ne pouvait donc pas rester isolĂ©e dans ce mouvement mondial et ce dâautant que les autoritĂ©s souhaitent dĂ©velopper Francfort comme place financiĂšre internationale.
La dĂ©cision dâexonĂ©ration totale des plus-values sur les cessions de participation (annoncĂ©e Ă la fin 1999 puis votĂ©e en juillet 2000), et qui est effective, a, dâune certaine maniĂšre, constituĂ© une sanction contre le systĂšme antĂ©rieur et en mĂȘme temps un catalyseur potentiel puissant des restructurations industrielles.
Le systĂšme bancaire allemand apparaĂźt par certains cĂŽtĂ©s comme lâun des plus « archaĂŻques » en Europe. Câest lâun des systĂšmes bancaires oĂč les banques commerciales (privĂ©es) sont les moins concentrĂ©es. Si lâon prend comme critĂšre de concentration la proportion des actifs dĂ©tenus par les quatre premiers Ă©tablissements dans chaque pays, il apparaĂźt que câest en Allemagne (oĂč les quatre principales banques commerciales ne totalisent, fin 2002, que 14 % du total des crĂ©dits et 11 % des dĂ©pĂŽts, contre 35 % pour les Landesbanken et caisses dâĂ©pargne et 16 % pour les banques coopĂ©ratives) que le degrĂ© de concentration est lâun des plus faibles dâEurope, trĂšs loin des pays nordiques et des Pays-Bas.
PhĂ©nomĂšne tout Ă fait complĂ©mentaire : câest en Allemagne que le mouvement de fusions-acquisitions interbancaires a Ă©galement Ă©tĂ© jusquâĂ prĂ©sent le plus faible. Si lâon exclut la fusion des deux principales banques bavaroises en 1998 (la Bayerische Vereinsbank et la Bayerische Hypotheken und Wechselbank) qui a donnĂ© naissance Ă lâHypoVereinsbank, aucune opĂ©ration significative ne sâest rĂ©ellement mise en place (en tenant compte de lâĂ©chec de la fusion Deutsche-Dresdner et des tentatives de rapprochement Dresdner-Commerzbank). PhĂ©nomĂšne encore plus complĂ©mentaire : le degrĂ© de surbancarisation y est lâun des plus Ă©levĂ©s. En 2001, il y avait 97 employĂ©s bancaires pour 10 000 habitants en Allemagne, contre une moyenne de 74 en Europe et 70 en France. Câest aussi le signe que lâintermĂ©diation bancaire reste toujours trĂšs forte en Allemagne (au dĂ©triment des marchĂ©s de capitaux). Dâautres chiffres attestent de cette surcapacitĂ©. Le poids des actifs totaux des institutions de crĂ©dit Ă©tait, en 2002, de 304 % du PIB en Allemagne contre 257 % en France.
Cette surcapacitĂ© est clairement Ă lâorigine de la faiblesse des marges dâintermĂ©diation. ParallĂšlement, le systĂšme bancaire allemand est lâun des moins internationalisĂ©s, avec une trĂšs faible pĂ©nĂ©tration Ă©trangĂšre (en termes de proportion des Ă©tablissements de crĂ©dit Ă©trangers en nombre et dans le total de bilan). Il y avait en 2001 80 succursales issues des autres pays de lâUnion europĂ©enne en Allemagne, contre 160 en France. Les Ă©tablissements Ă©trangers opĂšrent dâailleurs surtout dans la banque dâinvestissement et les activitĂ©s de marchĂ©.
Ajoutons Ă cela le poids des charges dâexploitation (salaires, charges de fonctionnement) qui nâont pas Ă©tĂ© maĂźtrisĂ©s au cours de ces derniĂšres annĂ©es.
Au total, le systĂšme bancaire allemand est lâun des moins rentables en Europe.
Lâensemble de cet « archaĂŻsme » sâexplique, pour une grande part, par la place prĂ©pondĂ©rante des 540 caisses dâĂ©pargne (Sparkassen), des banques mutualistes (1 600 banques locales) et des 12 Landesbanken. Les Landesbanken ont, on le sait, un actionnariat public (LĂ€nder et caisses dâĂ©pargne). Dans le cas des Sparkassen, elles nâappartiennent Ă personne mais les collectivitĂ©s locales dont elles dĂ©pendent ont un pouvoir dâagrĂ©ment. Le poids de la concurrence dĂ©loyale gĂ©nĂ©rĂ© par les Sparkassen et Landesbanken est considĂ©rable. Leur part de marchĂ© totale est en effet beaucoup plus Ă©levĂ©e (cf. supra).
Ă la suite de diverses plaintes, la Commission europĂ©enne a contestĂ© des opĂ©rations de recapitalisation des Landesbanken. De mĂȘme, la question des garanties publiques accordĂ©es aux Sparkassen (et indirectement aux Landesbanken), avec donc des financements Ă taux privilĂ©giĂ©, pose problĂšme, dâoĂč un engagement des autoritĂ©s allemandes de supprimer cette garantie publique pour les engagements pris aprĂšs juillet 2005.
Quoi quâil en soit, le potentiel de privatisation des Sparkassen apparaĂźt extrĂȘmement limitĂ© Ă court et moyen terme compte tenu du « consensus » politique sur ce point. Le processus de restructuration se dĂ©roulera sans doute au sein mĂȘme du rĂ©seau, comme cela sâest toujours produit jusquâĂ prĂ©sent. Pour ce qui est des Landesbanken, on peut penser que lâon sâachemine vers la sĂ©paration des activitĂ©s concurrentielles et non concurrentielles, Ă lâinstar de ce qui est dâores et dĂ©jĂ prĂ©vu pour la principale Landesbank, la West LB (West-deutsche Landesbank).
Quant aux rĂ©seaux mutualistes, câest plus leur manque de concentration et la faiblesse des mĂ©canismes de centralisation qui constituent la barriĂš...
Table des matiĂšres
- Couverture
- Page de titre
- Copyright
- Table
- DĂ©dicace
- Remerciements
- Avant-propos
- Introduction
- CHAPITRE PREMIER. Le bégaiement de l'histoire. L'inflation boursiÚre des années 1990 face aux bulles antérieures : spécificités et similitudes
- CHAPITRE 2. Le risque immédiat de l'éclatement de la bulle : le risque systémique
- CHAPITRE 3. Le risque potentiel : la déflation
- CHAPITRE 4. Le risque probable : un affaiblissement durable de la croissance au cours des prochaines années
- CHAPITRE 5. Le vecteur d'approfondissement de la crise : vers une chute du dollar ?
- CHAPITRE 6. Le traitement de l'aprĂšs-bulle
- CHAPITRE 7. Le legs Ă moyen terme de la bulle
- CONCLUSION GĂNĂRALE. L'Ă©clatement de la bulle trois ans aprĂšs : impressions et espoirs
- ANNEXE 1. Quelques précisions sur la valeur fondamentale des actions
- ANNEXE 2. La situation du systĂšme bancaire allemand
- ANNEXE 3. L'avenir du dollar
- ANNEXE 4. Les tensions internationales peuvent-elles peser durablement sur les marchés d'actions et la prime de risque ?
- NOTES
- BIBLIOGRAPHIE
- DU MĂME AUTEUR
- QuatriĂšme de couverture