L’histoire
« Je regrette tellement mon passé d’entrepreneur… »
« Prenez mes idées, j’en aurai d’autres. »
Coco Chanel
L’histoire de Damien, entrepreneur récidiviste
Voici mon histoire. Je suis entrepreneur depuis que j’ai 23 ans. J’adore Internet, c’est un monde qui m’émerveille toujours. Je me souviens des premiers forums, puis de l’explosion des réseaux sociaux, et maintenant je suis fou amoureux de la réalité virtuelle.
À chaque nouvelle vague de technologie, je me demande ce que je peux créer. Cette envie de créer vient peut-être de mon histoire et de mon rapport à l’école. Je n’étais vraiment pas fait pour le système scolaire. Mes notes ont toujours été mauvaises, si bien que j’ai arrêté l’école vers l’âge de 15 ans. Quelques années plus tard, je rejoins l’Armée de terre, mais je me forme en parallèle aux premiers métiers d’Internet, notamment le développement web.
Je quitte l’armée à la fin des années 1990. Je décide de partir pendant un an, avec mes économies, aux États-Unis, où je passe une année absolument exceptionnelle. Je deviens mordu d’entrepreneuriat. Je passe quelques mois dans une université dans le New Jersey. Je tente, en parallèle de mon semestre d’études, de lancer un projet, mais mon associé n’est pas le bon et nous nous séparons au bout de quelques mois.
L’atmosphère est explosive. Dans les couloirs des dortoirs, on chuchote les parcours des futurs géants : Amazon et Google. Certains disent avoir croisé les fondateurs ou les premiers employés. Tout va tellement vite. Tout le monde a des idées ; ici, la créativité est débordante. Je pars avec quelques amis vivre une aventure. Nous montons dans un pick-up et traversons tout le pays, pour finir à San Francisco. J’y découvre une nouvelle forme de créativité et des personnes aux idéaux forts, qui s’imaginent pouvoir changer le monde grâce à la technologie.
Je crée mon premier projet
C’est à San Francisco que je rejoins une entreprise technologique, Microsoft, en CDI. Pour l’anecdote, je suis le premier employé à ne pas avoir fait une université prestigieuse ! Je découvre la croissance, les contraintes, l’excitation des projets, mais au bout de quelques années, je n’en peux plus des politiques internes. Je quitte la société déçu, mais j’ai toujours le moral. Surtout que j’ai créé mon premier projet qui marche : parallèlement à mon métier, j’ai monté un réseau d’événements à San Francisco où les entrepreneurs peuvent venir présenter leur projet. Nous avons réussi à créer une belle communauté !
Nous avons quelques sponsors pour financer les événements.
Je me crée un cercle d’amis pour la vie, que des rêveurs qui veulent bâtir la vie de leurs rêves. Je rentre en France le cœur lourd après mon départ de Microsoft, avec dans mes valises ma femme et deux enfants en bas âge.
Dans l’avion, pendant que les enfants dorment, je prends
mon carnet et je note un seul objectif pour mon retour : créer mon entreprise. Dès ma première semaine parisienne, je reprends contact avec tout mon réseau et j’ai un coup de cœur pour Sophie, une amie d’enfance. On y va, on se dépêche et on crée une agence de communication digitale. J’amène en France tout ce que j’ai vu aux États-Unis, les nouvelles méthodes, la distribution sur Amazon, par exemple pour une marque, ou encore les dernières règles de référencement naturel.
Sophie a un réseau dingue et nous trouve de nouveaux clients chaque semaine. On monte le chiffre d’affaires à 300 000 euros la première année, à 1 million la deuxième, puis 1 400 000 euros la troisième année.
Je me concentre sur la constitution de l’équipe et je découvre l’importance des valeurs. Oui, on va beaucoup plus loin à plusieurs. Je suis si heureux d’avoir bâti une équipe de personnes qui aiment le projet et ses valeurs. Avec ces gens-là, nous remportons des appels d’offres face à des agences bien plus prestigieuses, car nous sommes beaucoup plus rapides. Bien sûr, nous subissons de temps en temps l’horreur classique du client qui veut décaler le pixel de 10 centimètres sur son site Internet, mais cela reste l’exception. Je suis heureux chaque jour de me lever le matin.
En année 5, nous atteignons le cap symbolique des 2 millions d’euros de chiffre d’affaires, et cela me rend sacrément fier.
On vend ? On vend pas ? Allez, on vend !
La première offre de rachat, nous l’avons balayée d’un revers de main, presque sans regarder le montant. Et puis la deuxième est arrivée, en provenance d’une grande agence allemande.
Nous avons consulté nos finances, avec ma femme. Je ne m’étais pas payé des fortunes depuis la création de l’entreprise et ça coûte cher, deux enfants à élever.
Sophie arrive aux mêmes conclusions que moi, et dans un tourbillon d’e-mails d’avocats, nous nous retrouvons avec nos stylos pour signer. Et puis, au fond, à quoi bon créer une entreprise si ce n’est pour la vendre un jour ? J’ai eu envie de me sentir riche !
Nous touchons 700 000 euros chacun et versons de jolis bonus pour les personnes les plus importantes de notre équipe.
Les impôts passent prendre leur part, évidemment. Je dépense immédiatement 200 000 euros pour accélérer le remboursement de notre emprunt pour la maison.
Surtout, je découvre le principe de la clause de « earn-out » : notre cession de l’entreprise est constituée d’un montant fixe, payé immédiatement, et d’un montant variable, selon les résultats générés par l’entreprise après la cession. La clause est pensée sur deux ans, je suis donc « bloqué » chez notre racheteur, et Sophie avec moi, durant tout ce temps. Qu’est-ce que c’est long, deux ans, quand on a envie d’entreprendre… Je me mets à faire du golf.
Je commence alors une petite activité de business angel. J’investis au coup de cœur dans des projets. Mais je découvre que cette activité est très frustrante pour moi : j’aime conduire la voiture, pas être dans le siège passager ! J’arrête après quelques investissements et je perds environ 70 000 euros. Je lutte toujours chez les Allemands, avec mes deux ans de clause de cession. On me propose de prendre la direction d’un département à Munich, mais je refuse pour ne pas laisser ma famille. Cette décision me vaudra d’être relégué dans un mini-placard. Je découvre aussi que je suscite quelques jalousies de la part d’employés historiques qui ne comprennent pas qu’on ait mis autant d’argent sur la boîte du petit Français.
J’ai toujours envie d’entreprendre…
Le jour anniversaire des deux ans, j’ai posé ma démission. J’étais tellement heureux de pouvoir retrouver ma liberté. Je voulais créer à nouveau ! Je propose alors à Sophie de recréer notre duo et de remonter une nouvelle agence. Elle vient sans trop y cr...