Des économistes répondent aux populistes
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Des économistes répondent aux populistes

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Des économistes répondent aux populistes

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Dans l'arène où sévissent les populistes, la question économique est au cœur de la dénonciation des élites et de «?leur?» politique?: dictée par les intérêts bien compris des banques et des marchés, elle serait favorable à une globalisation tous azimuts, européenne avant d'être française, indifférente aux effets de la désindustrialisation, de la pauvreté, des inégalités. Or l'argumentaire économique des populistes n'est jamais analysé comme tel, jamais confronté non plus aux expériences politiques que ces derniers ont pu soutenir. C'est pourquoi ce livre fait le pari, avec dix-sept économistes, tous reconnus dans leur domaine, d'analyser et de déconstruire toute une palette de thématiques chères aux populistes, du protectionnisme aux migrations. Ainsi se trouvent démontés des «?faits?», des «?données?», voire des «?analyses?», qui relèvent en réalité du storytelling, de la mauvaise foi, d'éléments chiffrés piochés çà et là en fonction de leur capacité à conforter des a priori et des ambitions politiques. Avec les contributions de?: Hippolyted'Albis, YannAlgan, PatrickArtus, FrançoiseBenhamou, Jean-Paul Betbeze, ChristiandeBoissieu, AndréCartapanis, PierreDockès, PatriceGeoffron, PierreJacquet, Jean-HervéLorenzi, CatherineLubochinsky, ValérieMignon, ChristianSaint-Étienne, AkikoSuwa-Eisenmann, PhilippeTrainar, AlainTrannoy. Tous sont membres du Cercle des économistes.

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Informations

Éditeur
Odile Jacob
Année
2022
ISBN
9782415001889

DEUXIÈME PARTIE

La finance et les errements du complotisme

CHAPITRE 5

Finance et banques :
entre défiance et stigmatisation

Catherine Lubochinsky

La grande crise financière de 2007-2008 a rappelé que la finance peut être une arme de destruction massive : destruction de richesse, destruction d’emplois, mais surtout destruction massive de la confiance des ménages vis-à-vis des banques et des marchés financiers. Et pourtant près de la moitié des ménages français sont endettés ; la quasi-totalité des entreprises le sont. Il est difficile de concevoir un monde sans finance, mais il est d’autant plus indispensable d’en réguler les débordements que ces derniers peuvent accentuer les inégalités de richesse et faciliter ainsi le rejet, pas toujours rationnel, des banques et des marchés financiers.

Une radicalisation des positions « antifinance »

Les discours populistes ne sont pas les seuls à exprimer une forme de rejet de la sphère financière. C’est l’un des particularismes de la France comparée à d’autres pays occidentaux. En effet, les discours politiques sont également, depuis longtemps, empreints d’une forme d’agressivité : de Napoléon, déclarant en 1813 « si la Bourse est mauvaise, fermez-la ! », à Vincent Auriol, en 1937, « la Bourse je la ferme, les boursiers, je les enferme », ou à Édith Cresson, en 1991, « la Bourse, j’en n’ai rien à cirer ». Les banques ne sont pas oubliées ; elles sont accusées de ne prêter « qu’aux riches », les accusateurs oubliant que tout prêteur a besoin d’être remboursé afin que l’activité de prêt perdure, dans la mesure où une telle activité s’avère utile. Cet argument récurrent de l’accès inégalitaire au crédit a conduit à des incitations afin que les banques prêtent aux ménages les plus défavorisés ou, de façon plus interventionniste, à la nationalisation des banques, comme en France en 1982. Cette dernière n’a pas vraiment démontré à l’époque la supériorité d’un tel système en termes d’efficacité, ni du financement de l’économie, ni du crédit aux plus défavorisés. Cette expérience a surtout laissé le souvenir des pertes abyssales du Crédit lyonnais qui ont coûté à son actionnaire, l’État, donc aux contribuables, une centaine de milliards de francs.
Les débats se sont amplifiés alors que le poids de la finance dans les économies atteint des niveaux records au tournant du millénaire. Mesurée par le montant des actifs financiers et bancaires, la taille des marchés de capitaux représente environ 500 % du PIB des économies avancées fin 2007, conduisant à s’interroger sur la déconnexion entre sphère financière et sphère réelle. C’est à la suite de la crise financière mondiale de 2007-2008 et de l’aggravation des inégalités de richesse que les discours se sont ensuite radicalisés, désignant à la vindicte populaire banques et marchés.
Sont ainsi apparus le mouvement Occupy Wall Street, s’étendant dans une centaine de pays, et différents mouvements d’Indignés, tous protestant contre les inégalités accrues et présentant de nombreuses revendications pour mettre fin aux excès du système capitaliste. Parmi ces revendications, certaines furent radicales, telle celle de l’annulation des dettes – en oubliant l’une de ses conséquences, dramatique pour de nombreux ménages : leur épargne retraite, gérée par les fonds de pension ou des contrats d’assurance-vie, s’évaporerait en grande partie !
En France, l’événement médiatique protestataire parmi les plus retentissants a sans doute été celui de l’appel d’Éric Cantona au retrait des dépôts bancaires le 7 décembre 2010, espérant déclencher une « révolution » et un « effondrement du système » en provoquant une crise de liquidités pour les banques. S’il n’a lui-même effectué qu’un retrait symbolique par rapport à sa fortune personnelle, son raisonnement oubliait simplement le fait que les ménages révoltés prêts à le suivre étaient essentiellement des ménages endettés et aux comptes bancaires débiteurs… D’autres, comme l’essayiste belge Paul Jorion en 2012, proposent d’interdire la spéculation, cette dernière étant éternellement vouée aux gémonies. Malheureusement, si chacun s’accorde à reconnaître que l’excès de spéculation a une composante déstabilisatrice du système financier et comporte des externalités négatives, il est difficile de définir à partir de quelle durée de détention un titre est détenu pour un motif de spéculation.
Naviguant sur ce regain de défiance vis-à-vis de la finance, les discours des campagnes électorales s’en sont inspirés : « Mon véritable adversaire, il n’a pas de nom, pas de visage, pas de parti, il ne présentera jamais sa candidature, il ne sera jamais élu et pourtant il gouverne. Cet adversaire, c’est le monde de la finance » (François Hollande, 22 janvier 2012) ; ou « Prise de contrôle des banques et nationalisation de la dette publique en cas de crise grave […] afin de préserver l’indépendance de la France » (Marine Le Pen, mars 2017). La gauche rejette les inégalités de richesse en faisant croire qu’elles sont uniquement dues à la finance, mais oublie qu’un déficit budgétaire doit être financé par les banques ou par les marchés ; l’extrême droite stigmatise la composante internationale de la finance avec des concepts mystérieux (nationaliser la dette) et refuse d’admettre les interdépendances des économies, voire la dépendance extérieure en termes de financement.
Plus récemment, deux phénomènes interpellent. Le premier concerne la violence physique contre les agences bancaires lors des manifestations du mouvement des gilets jaunes qui mettent en opposition leur situation financière et les profits réalisés par les grands groupes bancaires internationaux tout en soulignant les nombreux licenciements « boursiers ». Voilà de nouveau la finance sur la sellette, accusée d’être la cause principale des inégalités. Le deuxième concerne les débats de plus en plus vifs autour de l’annulation des dettes publiques, en particulier celles détenues par les banques centrales (cf. l’appel d’une centaine d’économistes le 5 février 20211), voire de leur transformation en dette publique perpétuelle (Jean-Luc Mélenchon, Les Échos, 6 mai 2020). Il est probable que si ces solutions étaient facilement réalisables et efficaces, de nombreux États y auraient déjà eu recours.

Banques et marchés :
critiquables mais indispensables

La finance n’est ni de gauche ni de droite… du moins tant qu’elle demeure au service de l’économie réelle, comme elle l’a été par exemple pour financer la révolution industrielle. Joseph Stiglitz a contribué à montrer le rôle central de la finance dans l’économie, tout en soulignant, dès 2003, que des marchés financiers non réglementés ne fonctionnent pas bien, d’où un besoin d’intervention de l’État. La financiarisation des économies occidentales s’est accentuée à partir des années 1980 alors que se produisait un vaste processus de dérégulation motivé par la volonté de réduire le coût de l’intermédiation. Cet objectif devait « profiter » à tous les acteurs économiques : aux États avec des déficits budgétaires accrus, aux entreprises pour le financement des investissements, aux ménages tant pour le crédit immobilier que le crédit à la consommation. L’enfer est toujours pavé de bonnes intentions… Bien qu’ayant effectivement permis de relâcher les contraintes des déficits budgétaires et de soutenabilité des déficits des balances des paiements courants, ce processus de dérégulation a également engendré des débordements à la fois en termes de taille de la sphère financière et en termes de comportement des acteurs. Cette financiarisation des économies s’est traduite par des excès d’endettement et des prises de risques qui fragilisent le système bancaire et financier.
L’un des rares consensus entre économistes porte sur la contribution de la finance, intermédiée par les banques ou directe par les marchés, à la croissance économique… du moins jusqu’au tournant de ce millénaire. Depuis, ainsi que l’a révélé la grande crise de 2007-2008, les chocs financiers peuvent avoir des conséquences très négatives sur la croissance. C’est pourquoi la réglementation et la supervision des banques et marchés financiers ont été renforcées, trop pour certains, insuffisamment pour d’autres, et donc les critiques envers la finance perdurent. Compte tenu de leur profitabilité au tournant du millénaire, le sauvetage des banques lors de la crise financière a pu choquer, mais c’est oublier qu’il a permis d’éviter l’effondrement du système bancaire dont les répercussions auraient été bien pires en termes de destruction d’activité économique et d’emplois. Le rejet des banques est cependant compréhensible étant donné le manque de gouvernance dont elles ont fait preuve au cours des dernières décennies : prêts toxiques aux collectivités locales, manipulation des taux (Libor, Euribor, change), activités dans les paradis fiscaux, détournement des embargos, etc. C’est ainsi qu’elles ont été condamnées à verser plus de 300 milliards de dollars d’amendes au cours de la décennie qui a suivi la crise de 2007.
Est-ce qu’une nationalisation des banques permettrait un financement plus efficace et plus « démocratique » de l’économie ? Tout d’abord les banques, dans leur activité d’intermédiation classique, permettent de réconcilier l’asymétrie des préférences entre prêteurs et emprunteurs en termes de montant et de durée (fonction de transformation) tout en réduisant l’asymétrie d’information et en facilitant la mutualisation du risque de non-remboursement des crédits. Les banques sont indispensables puisque les dépôts moyens des ménages sont peu élevés et à court terme, mais les emprunts sont d’un montant élevé et à plus long terme. On comprend qu’il est difficile pour un épargnant individuel d’analyser le risque et de prêter directement aux entreprises qui n’ont pas accès à la Bourse. Le financement participatif, intermédié quand même par des plateformes, ne peut pas se substituer massivement aux banques.
La nationalisation des banques est une proposition dont l’argumentation repose sur un rééquilibrage entre objectifs sociaux et objectifs économiques. La récurrence de cette opinion révèle le manque de diffusion des nombreux travaux universitaires sur la comparaison des banques commerciales selon leur détenteur (privé ou public). Les résultats empiriques confirment que, dans l’ensemble, éviter l’intrusion de motivations politiques et électorales dans la stratégie des banques confère à ces dernières une meilleure efficacité. Par ailleurs, les banques du secteur public de pays occidentaux ont des actifs de prêts de moins bonne qualité et un risque de défaut plus élevé que des banques privées. Il n’en demeure pas moins, du fait de la réglementation relative aux risques, que le financement de certaines innovations ou de projets d’investissement spécifiques s’effectuerait plus difficilement sans l’existence de banques publiques telle la Banque publique d’investissement.

Une finance puissante, condition nécessaire à l’indépendance nationale

La sphère réelle de l’économie a besoin de financements. Certains peuvent être obtenus par les banques, d’autres doivent l’être par les marchés financiers. La dimension « bien collectif » de la finance ne doit pas être masquée par des discours à dimension politicienne. Par contre, éviter la capture des régulateurs par les acteurs qui sont régulés et éviter celle des superviseurs par les acteurs supervisés constituent le véritable enjeu des autorités publiques afin que la puissance de l’industrie financière contribue à une puissance économique, sociale et… environnementale. C’est difficile compte tenu du processus de concentration qui s’est opéré au cours des trois dernières décennies, la taille de certains acteurs (banques, gérants d’actifs…) leur conférant un pouvoir de « négociation ». C’est pourquoi la coordination et la coopération internationales sont indispensables pour limiter les défaillances avérées de l’industrie financière.
L’indépendance financière est cruciale, mais proposer de « nationaliser la dette », c’est oublier de raisonner en prenant en compte la dépendance de la France vis-à-vis du reste du monde pour se financer. Fin 2020, la position extérieure nette de la France, qui mesure la différence entre la valeur des actifs et celle des passifs vis-à-vis du reste du monde est de – 695,5 milliards d’euros, soit 30,2 % du PIB. Sans financement par le reste du monde, il serait impossible de financer le déficit de la balance des paiements courants et un ajustement « à la grecque » serait inévitable.
Dès la fin du XIXe siècle, Max Weber soulignait dans un livre intitulé La Bourse l’importance de la puissance financière en tant qu’arme de domination : « Une Bourse forte ne peut pas être un club de culture éthique, et les capitaux des grandes banques ne sont pas plus des institutions de bienfaisance que ne le sont les fusils et les canons […]. Elle [la politique économique] ne pourra que se féliciter de voir ces institutions faire droit aussi à l’exigence éthique, mais elle a le devoir de veiller avant tout à ce que des fanatiques défendant leurs intérêts ou des apôtres ingénus de la paix économique n’aillent pas désarmer leur propre nation. »

1. https://annulation-dette-publique-bce.com/.
note

CHAPITRE 6

Dividendes, actionnaires et croissance économique

Valérie Mignon

Chaque année, au printemps, la question des versements de dividendes revient sur le devant de la scène. Toujours sur fond de polémique, le sujet a la faveur des gros titres des journaux et fait l’objet de débats animés dans les médias et sur les réseaux sociaux. Pourquoi les dividendes souffrent-ils d’une image si négative en France ? Le dividende correspond à la part du bénéfice net réalisé par une société et qui est reversée à l’actionnaire à hauteur du nombre d’actions que celui-ci détient. L’actionnaire est ainsi propriétaire de l’entreprise en proportion de sa contribution dans le capital. À ce titre, en contrepartie des différents risques – faillite, liquidité et perte en capital – supportés, il espère obtenir une plus-value sur les titres détenus et reçoit des dividendes.

Les dividendes enrichissent-ils les actionnaires ?

La question des dividendes a toujours fait débat en France, beaucoup plus que dans d’autres pays. Une très faible minorité de Français possède des actions, contrairement à la population de nombreuses autres nations (États-Unis, Royaume-Uni, Pays-Bas, etc.) pour qui il s’agit de la principale source d’épargne constituée en vue, notamment, de la retraite. Par conséquent, en raison du faible pourcentage de la population concernée par les dividendes, le sujet a pris une tournure idéologique en France. Les actionnaires sont ainsi accusés de s’enrichir au détriment des entreprises pour qui le versement des dividendes constit...

Table des matières

  1. Couverture
  2. Titre
  3. Copyright
  4. Préface - Hippolyte d'Albis et Françoise Benhamou
  5. Première partie - Populismes d'hier et d'aujourd'hui
  6. Deuxième partie - La finance et les errements du complotisme
  7. Troisième partie - La mondialisation et la fermeture populiste des économies
  8. Quatrième partie - Solidarités et responsabilités : contrer les fausses solutions
  9. Bibliographie indicative
  10. Liste des contributeurs
  11. Pour en savoir plus
  12. Table