Deux enfants de Bagdad
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Deux enfants de Bagdad

  1. 153 pages
  2. French
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  4. Disponible sur iOS et Android
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Deux enfants de Bagdad

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Table des matières
Citations

À propos de ce livre

Ronny Someck est un poète juif israélien né en 1951
à Bagdad. Il avait un an et demi quand sa famille a
quitté l'Irak. Il est le poète israélien le plus renommé.
Salah Al Hamdani est né en 1951 à Bagdad, lui aussi. Il
a quitté l'Irak à son âge d'homme pour la France. Il est
aujourd'hui un poète arabe reconnu.
Lorsque Ronny et Salah se sont rencontrés pour la
première fois en 2010, ils sont tombés dans les bras l'un
de l'autre comme deux vieux amis, deux frères. Ce livre
est né de cette rencontre.
L'un est citoyen d'Israël l'autre est exilé en France.
Pourtant, ils se sont trouvé plus de ressemblances que
de différences.
Ils sont les deux rives du même fleuve.

Foire aux questions

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Informations

Éditeur
Les Arènes
Année
2015
ISBN
9782352044666
 
1
BAGDAD. UNE VILLE DES Mille et Une Nuits et de légendes du Talmud. Un nom qui en appelle d’autres : Mésopotamie, Tigre, Euphrate, Babel, Babylone. Le berceau de notre civilisation. La Bible relate que les hommes voulurent construire une tour à Babel, un édifice qui monterait jusqu’au ciel, une maison commune pour l’humanité entière qui parlait, à l’époque, une langue unique. Mais Dieu redouta que cette union n’attente à son trône, alors Il leur donna soixante-dix langues et les hommes ne purent plus se comprendre. C’est ainsi que Dieu sema la discorde et dispersa les fils d’Adam sur toute la surface de la terre. Et la tour de Babel resta inachevée et finit par s’effondrer.
 
Au VIe siècle avant notre ère, Babylone fut la capitale de l’empire de Nabuchodonosor, qui s’étendait sur tout le Moyen-Orient. La ville, dont les ruines se situent à une centaine de kilomètres de Bagdad, était somptueuse. Ses jardins suspendus, ses imposantes murailles et sa ziggurat, son temple païen, faisaient d’elle la perle de l’Orient. Sous le règne de Nabuchodonosor, le Temple de Jérusalem fut détruit et les habitants du royaume de Judée, les Juifs donc, furent déportés à Babylone. Quelques décennies plus tard, Babylone tomba aux mains de Cyrus, l’empereur de Perse, qui autorisa le retour des Juifs en Terre sainte et la reconstruction du Temple de Jérusalem. Certains, menés par les prophètes Ezra et Nehemia, prirent le chemin du retour. Mais nombre d’entre eux restèrent à Babylone et créèrent le premier centre de la diaspora juive, élaborant plus tard, dans des académies aux doctes rabbins, le Talmud de Babylone, une œuvre immense, un océan de réflexion sur la loi juive et un trésor de légendes. Ainsi, dans l’histoire et la conscience collective juive, Babylone est à la fois le symbole de la Diaspora et du retour à Sion, comme en témoigne le psaume 137 : « Sur les rives de Babylone, nous étions installés et nous pleurions en souvenir de Sion. » Et plus loin : « Si je t’oublie, Jérusalem, que ma droite m’oublie, que ma langue s’attache à mon palais si je ne me souviens toujours de toi. »
 
Au commencement de l’Islam, au VIIIe siècle de notre ère, les Abbassides détrônèrent les Omeyyades à la tête du califat arabo-musulman. Bagdad fut alors choisie comme capitale au détriment de Damas et le resta jusqu’au XIIIe siècle. La ville fut le centre d’un vaste empire qui s’étendait de la Perse au Maghreb. Elle était une capitale trépidante de vie où marchands, poètes, hommes de science et artistes pullulaient.
 
Plus tard, Bagdad fut une des villes de province de l’Empire ottoman, à l’instar de Damas, de Beyrouth et du Caire. Cultures arabe et juive continuèrent de s’y développer, de se nourrir l’une l’autre.
 
Après la Première Guerre mondiale et l’accord Sykes-Picot, la France et l’Angleterre, avec l’aval de la Société des Nations, se partagèrent les anciennes possessions ottomanes au Moyen-Orient. La France prit le contrôle du Liban et de la Syrie, l’Angleterre s’arrogea la part du lion : de vastes territoires de l’Égypte au golfe Arabique qu’elle découpa ensuite selon des critères qui tenaient peu compte des forces internes à la société arabe, structurée en tribus. Elle créa le royaume d’Irak en 1921 mais, dans les faits, la perfide Albion continua de dicter sa politique coloniale afin de contrôler les riches gisements de pétrole du pays. Il faudra attendre le coup d’État de 1958 pour qu’une république soit instaurée et que l’Irak commence à s’émanciper de la tutelle anglaise. En 1967, le parti Baath prit le pouvoir et imposa rapidement une dictature dont la brutalité s’accentua après l’arrivée à la présidence de Saddam Hussein en 1979.
 
Mais à cette époque, la Bagdad légendaire avait déjà bien changé. La quasi-totalité de la population juive d’Irak, qui comptait près de 150 000 âmes à la fin des années 1940, quitta le pays entre 1951 et 1952. À partir de la fin des années 1960, des milliers d’opposants au baathisme, chiites, sunnites, chrétiens, communistes furent emprisonnés, torturés, assassinés ou durent prendre le chemin de l’exil. Ils trouvèrent refuge à Londres, à Paris ou dans des villes d’Amérique du Nord.
 
C’est cette histoire, celle d’un pays meurtri et d’une nostalgie, vue par le prisme de leur expérience personnelle, que m’ont racontée les poètes Salah Al Hamdani et Ronny Someck. Ils m’ont fait découvrir l’histoire de cette ville mythique, des forces et des tensions qui parcourent le Moyen-Orient et qui nous semblent souvent, à nous Occidentaux, si incompréhensibles. Ces tensions qui font de cette partie du globe une région à feu et à sang.
Les écouter et se laisser emporter par les talents de deux conteurs, de deux poètes. Salah écrit en arabe, Ronny en hébreu. Tous deux sont nés à Bagdad en 1951 et ils ont dû prendre le chemin de l’exil, chacun à son tour. Pour Ronny, certains diront que ce chemin était celui du retour, le retour à Sion plus de deux millénaires après Ezra et Nehemia. Salah vit en région parisienne, dans un logement social, Ronny a grandi dans des camps de transit de la banlieue de Tel-Aviv et habite aujourd’hui dans un immeuble cossu à Ramat Gan.
Par le miracle des festivals où les poètes s’écoutent mutuellement réciter leurs œuvres en buvant du bon vin, Salah et Ronny sont devenus amis. La rencontre s’est produite au festival Voix Vives de Méditerranée en Méditerranée, à Sète, en 2010. Deux hommes nés la même année dans la même ville se sont reconnus comme deux frères, l’un arabe et musulman, l’autre israélien et juif. Parce que c’était Salah, parce que c’était Ronny. Parce qu’ils étaient faits pour se rencontrer. Ils se sont embrassés alors que le monde attendait d’eux qu’ils se combattent. Mais les poètes font de piètres hommes politiques. Ils n’ont pas le goût à envoyer des jeunes gens s’entretuer pour confirmer leur force, leur virilité. Ils chantent l’amour, la douleur de l’exil, l’amitié et la fraternité. Ils chantent la vie.
 
C’était un dimanche après-midi. Une amie m’avait proposé de l’accompagner à une signature de Salah Al Hamdani au Salon des éditeurs indépendants. Je ne connaissais pas ce poète, je n’avais jamais entendu son nom, je n’avais rien lu de lui. Il dédicaçait le recueil Bagdad-Jérusalem, à la lisière de l’incendie, publié en commun avec Ronny Someck 1. Je connaissais ce nom, Ronny Someck, un des poètes israéliens contemporains les plus célèbres. Quand j’ouvris le livre, je vis défiler, sur la page de gauche, des textes en arabe et en hébreu, alternativement. La traduction en français faisait face, sur la page de droite. J’ai toujours préféré ces alphabets du Moyen-Orient aux caractères latins. Ils me semblent plus élégants, plus libres. Ils sont la promesse d’un ailleurs. Le livre en main, j’ai fait défiler les pages à toute vitesse d’une pression du pouce sur la tranche, comme l’on fait de ces petits carnets pour, à l’instar de l’ancêtre du cinématographe, voir un homme marcher ou une petite fille virevolter sur une balançoire. Alors, les lettres ont commencé à se mêler les unes aux autres, arabe, hébreu, hébreu, arabe. Comme si, soudain, l’Orient défilait sous mes yeux, Bagdad, Damas, Tel-Aviv, Beyrouth, Le Caire, Jérusalem.
 
Sur le stand de l’éditeur, avec sa chevelure blanche léonine, son sourire lumineux, sa présence théâtrale, son bon aloi oriental, Salah irradiait. Notre amie commune nous présenta et le courant passa immédiatement. Au bout de quelques minutes, il me dit :
— Ma rencontre avec Ronny est une histoire magnifique ! C’est celle de deux hommes nés la même année dans la même ville qui ont eu des destins si différents du fait de l’histoire, de la connerie des puissants. Ronny et moi parlons le même arabe de Bagdad. Sa mère, c’est ma mère. Alors que l’on arrête de dire que les juifs et les Arabes ne peuvent pas s’entendre. Nous sommes frères ! Moi, je suis poète, je ne suis pas romancier. Je ne peux pas raconter notre histoire. Alors vas-y, toi, raconte-la !
1. Salah Al Hamdani et Ronny Someck, Bagdad-Jérusalem, à la lisière de l’incendie, Éditions Bruno Doucey, Paris, 2012.
٢
Que la terre soit à la terre
tout ceci n’est ni à moi
ni à toi
et ne fut pas non plus à mes ancêtres
ni aux pères de tes pères.
Salah Al Hamdani, Manœuvre
MES PARENTS ÉTAIENT TRÈS PAUVRES, mais je descends d’une grande dynastie arabe. Les Al Hamdani étaient des princes, ils gouvernaient sur plusieurs régions aux Xe et XIe siècles. Jusqu’à aujourd’hui, Al Hamdani est une grande tribu.
La tribu, dans le monde arabe, est une notion très importante, dont on n’a pas conscience en Occident. À partir de leur territoire d’origine, les Al Hamdani ont essaimé et se sont installés dans d’autres lieux. En Irak, on compare ça au corps humain. Al Hamdani, la tribu et le territoire d’origine en constituent le cœur. Ensuite, les groupes plus petits qui ont prospéré ailleurs et qui parfois ont adopté d’autres noms, ce sont les bras, les jambes. Ils restent toujours reliés au cœur.
Mais le plus important, c’est que les origines remontent à l’époque du prophète Mahomet. Nous sommes de vrais Arabes, pas des convertis à une époque ultérieure. Il y a des Al Hamdani chiites et des Al Hamdani sunnites, du fait...

Table des matières

  1. Couverture
  2. Présentation
  3. Copyright
  4. Titre
  5. Exergue
  6. 1
  7. ٢
  8. 3
  9. ד
  10. 5
  11. ٦
  12. 7
  13. ח
  14. 9
  15. ١٠
  16. 11
  17. יב
  18. 13
  19. Poèmes de Salah Al Hamdani
  20. Poèmes de Ronny Someck
  21. Bibliographie
  22. Cahier photos
  23. Achevé de numériser