La Tortue d'Eschyle et autres morts stupides de l'Histoire
eBook - ePub

La Tortue d'Eschyle et autres morts stupides de l'Histoire

  1. 189 pages
  2. French
  3. ePUB (adapté aux mobiles)
  4. Disponible sur iOS et Android
eBook - ePub

La Tortue d'Eschyle et autres morts stupides de l'Histoire

DĂ©tails du livre
Aperçu du livre
Table des matiĂšres
Citations

À propos de ce livre

De l'AntiquitĂ© Ă  nos jours, la grande et la petite histoire s'entremĂȘlent, invitant Ă  mĂ©diter sur la fragilitĂ© du destin. La plupart de ces personnages disparus prĂ©maturĂ©ment, pour des causes stupides, auraient peut-ĂȘtre modifiĂ© la marche du monde s'ils avaient vĂ©cu plus longtemps. On parle souvent de l'ironie de l'Histoire: ce livre montre que, dans le genre grinçant, elle n'a pas de limites. 120 biographies Par David Alliot, Philippe Charlier, Olivier Chaumelle, FrĂ©dĂ©ric Chef, Bruno Fuligni et Bruno LĂ©andri. Avec des dessins de Daniel Casanave.

Foire aux questions

Il vous suffit de vous rendre dans la section compte dans paramĂštres et de cliquer sur « RĂ©silier l’abonnement ». C’est aussi simple que cela ! Une fois que vous aurez rĂ©siliĂ© votre abonnement, il restera actif pour le reste de la pĂ©riode pour laquelle vous avez payĂ©. DĂ©couvrez-en plus ici.
Pour le moment, tous nos livres en format ePub adaptĂ©s aux mobiles peuvent ĂȘtre tĂ©lĂ©chargĂ©s via l’application. La plupart de nos PDF sont Ă©galement disponibles en tĂ©lĂ©chargement et les autres seront tĂ©lĂ©chargeables trĂšs prochainement. DĂ©couvrez-en plus ici.
Les deux abonnements vous donnent un accĂšs complet Ă  la bibliothĂšque et Ă  toutes les fonctionnalitĂ©s de Perlego. Les seules diffĂ©rences sont les tarifs ainsi que la pĂ©riode d’abonnement : avec l’abonnement annuel, vous Ă©conomiserez environ 30 % par rapport Ă  12 mois d’abonnement mensuel.
Nous sommes un service d’abonnement Ă  des ouvrages universitaires en ligne, oĂč vous pouvez accĂ©der Ă  toute une bibliothĂšque pour un prix infĂ©rieur Ă  celui d’un seul livre par mois. Avec plus d’un million de livres sur plus de 1 000 sujets, nous avons ce qu’il vous faut ! DĂ©couvrez-en plus ici.
Recherchez le symbole Écouter sur votre prochain livre pour voir si vous pouvez l’écouter. L’outil Écouter lit le texte Ă  haute voix pour vous, en surlignant le passage qui est en cours de lecture. Vous pouvez le mettre sur pause, l’accĂ©lĂ©rer ou le ralentir. DĂ©couvrez-en plus ici.
Oui, vous pouvez accĂ©der Ă  La Tortue d'Eschyle et autres morts stupides de l'Histoire par Collectif en format PDF et/ou ePUB ainsi qu’à d’autres livres populaires dans Social Sciences et Sociology. Nous disposons de plus d’un million d’ouvrages Ă  dĂ©couvrir dans notre catalogue.

Informations

Éditeur
Les ArĂšnes
Année
2014
ISBN
9782352042310
IX. Trop snob
t.snob.tif
Être tuĂ© par une tortue, un baquet, un verre d’eau, un singe domestique, une mouche ou une guitare n’est pas donnĂ© Ă  tout le monde : il y a toujours des singuliers pour faire leur intĂ©ressant, des inclassables qui Ă©chappent Ă  toute volontĂ© de taxinomie
 Ces excentriques du trĂ©pas constituent en quelque sorte l’aristocratie de la mort stupide : chapeau bas devant ces corbillards qui semblent des chars de carnaval !
Eschyle (v. 525-456 av. J.-C.)
Ouvre-boßte malgré lui
Par une faveur du hasard, une des plus anciennes morts stupides de l’histoire peut aussi prĂ©tendre Ă  une des plus hautes places sur le podium de l’absurde funĂšbre, tant ses circonstances relĂšvent d’une conjecture improbable. Seconde particularitĂ© et non la moindre, si la vie du tragĂ©dien athĂ©nien Eschyle est incomplĂštement connue, parsemĂ©e de zones d’ombre et d’épisodes confus, sa mort, mĂȘme si sa date en reste incertaine, a Ă©tĂ© dĂ©taillĂ©e en long et en large dans la plupart des tentatives de biographie de l’auteur des Perses.
En voici la version la plus commune : invitĂ© par le roi de Syracuse, HiĂ©ron, Eschyle se rend en Sicile en 456 av. J.-C. Il se promĂšne un jour aux alentours de la ville de Gela, s’assoit pour contempler le paysage lorsqu’un rapace vole au-dessus de lui, cherchant un endroit appropriĂ© pour y lĂącher de trĂšs haut sa proie : une tortue, dont il faut briser la carapace pour se repaĂźtre du contenu. De son Ɠil perçant, l’oiseau repĂšre alors un magnifique rocher rond et clair : il lĂąche le reptile avec une grande prĂ©cision, lequel vient s’éclater sur le crĂąne chauve du tragĂ©dien, qui meurt sur le coup.
La plus belle des variantes vient de Pline l’Ancien, qui raconte dans son Histoire naturelle (X, 3, 2) qu’un oracle avait fait Ă  Eschyle, peu de temps auparavant, une sombre prĂ©diction : il lui avait assurĂ© qu’il mourrait de la chute d’une maison. Notons qu’Eschyle se trouvait alors dans les environs de l’Etna, dont les caprices telluriques Ă©taient largement connus du monde antique, et que l’effondrement inopinĂ© d’une bĂątisse Ă  la suite d’une secousse volcanique n’avait rien d’invraisemblable. C’est donc pour Ă©chapper Ă  ce funeste sort que le poĂšte passait le plus clair de sa vie dehors, se rendant ainsi d’autant plus facilement repĂ©rable par un rapace. Et sa proie particuliĂšre rendit conforme la prĂ©diction de l’oracle.
Eschyle.tif
ConfrontĂ©e Ă  la science, l’anecdote n’est pas non plus complĂštement dĂ©nuĂ©e de vraisemblance. Il existe un rapace alors commun en Sicile, le gypaĂšte barbu, dont le mode d’alimentation trĂšs connu des ornithologistes consiste Ă  prĂ©lever sur les cadavres d’animaux les os creux, crĂąne, fĂ©mur, etc., et Ă  les briser en les projetant de haut sur un rocher, afin d’en manger le contenu.
Alors, l’histoire est-elle vraie ? Des gĂ©nĂ©rations de tragĂ©diens, de gypaĂštes et de tortues attendent la rĂ©ponse Ă  cette question. Une chose est sĂ»re : dans les biographies les plus sĂ©rieuses, si le lieu est retenu, si la date reste approximative Ă  deux ans prĂšs, l’histoire est toujours donnĂ©e comme une lĂ©gende. Une autre chose est sĂ»re : depuis Pline l’Ancien, elle a rĂ©guliĂšrement Ă©tĂ© rapportĂ©e, des recueils factuels de Valerius Maximus au ier siĂšcle, au lexique de Suidas au xe siĂšcle, ce qui n’en fait pas une lĂ©gende urbaine ou rurale pour autant, mais tĂ©moigne au moins du fait que l’anecdote plaĂźt Ă  tous les auditoires. Heureusement pour les chauves, l’aire de rĂ©partition des gypaĂštes s’est considĂ©rablement restreinte. (B. L.)
XĂ©nocrate (v. 396-v. 314 av. J.-C.)
Du Banquet au baquet
Selon DiogĂšne LaĂ«rce, dont la Vie des philosophes illustres fourmille de biographies invĂ©rifiables, XĂ©nocrate Ă©tait « fils d’AgathĂ©nor, originaire de ChalcĂ©doine », ce qui classe son homme.
Venu s’instruire Ă  AthĂšnes, il compte parmi les disciples de Platon, dont il semble d’ailleurs le cancre. « Il avait l’esprit si lent, que Platon le comparant Ă  Aristote disait : ‘‘Pour l’un, j’ai besoin d’un frein, et pour l’autre d’un Ă©peron.’’ »
Peu agile de ses mĂ©ninges, XĂ©nocrate dĂ©couvre les vertus d’une extrĂȘme gravitĂ©, attitude qui procure au plus bornĂ© tous les dehors de l’intelligence. Homme austĂšre, au visage sĂ©vĂšre, il se fait une rĂ©putation de philosophe incorruptible, sobre et dĂ©tachĂ©, au point que la courtisane PhrynĂ©, qu’on place un soir dans sa couche oĂč elle Ă©puisera toutes les ressources de son art, se plaindra de ne rien pouvoir tirer d’une pareille statue.
Patient et laborieux, XĂ©nocrate va succĂ©der Ă  son maĂźtre et Ă  Speusippe, pour diriger l’AcadĂ©mie pendant vingt-cinq ans, inaugurant le processus selon lequel c’est aux plus mĂ©diocres enseignants qu’est confiĂ©e la direction des Ă©tablissements universitaires. Tout cela se passait il y a fort longtemps, « sous l’archontat de Lysimaque » : pour les ignares, vers l’an 339 av. J.-C.
Ces fonctions conservent et l’impassible XĂ©nocrate atteint la seconde annĂ©e de la cent dixiĂšme olympiade : pour les mĂȘmes, l’an 314 av. J.-C. ÂgĂ© de plus de quatre-vingts ans, le philosophe en chef se lĂšve une nuit et, tĂątonnant, tombe dans un baquet. Ce que DiogĂšne LaĂ«rce exprime par cette Ă©pitaphe en vers :
Tombant dans un bassin de bronze, il se heurta
Le front, poussa un grand cri et mourut,
XĂ©nocrate, l’homme universel !
Parmi ses Ɠuvres nombreuses, un TraitĂ© de la mort lui est attribuĂ©. (B. F.)
Chrysippe (v. 280-v. 207 av. J.-C.)
RicĂąnement
NĂ© Ă  Soles, ville de Cilicie oĂč on parlait si mal le grec qu’elle a donnĂ© le mot de « solĂ©cisme », Chrysippe vient se frotter de belle culture attique en s’établissant Ă  AthĂšnes, oĂč il devient disciple du philosophe stoĂŻcien ClĂ©anthe.
Cet enseignement ne fait pas vraiment de lui un rigolo, d’autant qu’à une pensĂ©e rigoriste qui pourfend le matĂ©rialisme joyeux d’Épicure, Chrysippe allie une vanitĂ© sans bornes. « Enseignez-moi seulement les dogmes, je trouverai moi-mĂȘme les dĂ©monstrations », dit-il un jour Ă  son maĂźtre. PressĂ© de s’établir Ă  son compte, il se fait connaĂźtre comme rhĂ©teur par des finesses dialectiques de cet acabit : « Ce que tu dis passe par ta bouche ; tu dis le mot charrette, donc une charrette passe par ta bouche. » Ou encore : « Ce qui est Ă  MĂ©gare n’est point Ă  AthĂšnes ; il y a des hommes Ă  MĂ©gare, donc il n’y en a point Ă  AthĂšnes. » Et son sommet de spĂ©culation abstraite, son grand succĂšs : « Vous avez ce que vous n’avez pas perdu ; vous n’avez pas perdu des cornes, donc vous avez des cornes. »
Ces syllogismes truquĂ©s sont Ă  peu prĂšs toute son Ɠuvre car, si Chrysippe a publiĂ© de nombreux ouvrages, dont DiogĂšne LaĂ«rce nous a transmis la liste, ces derniers sont perdus et ce n’est pas plus mal : l’essentiel en Ă©tait copiĂ© sur les vrais penseurs de son temps !
NĂ© trop tĂŽt pour parader Ă  Saint-Germain-des-PrĂ©s, cet imposteur prĂ©tentieux et sentencieux serait tombĂ© dans un oubli profond sans les circonstances quelque peu farfelues de sa mort. InvitĂ© par ses disciples Ă  un banquet de sacrifice, il voit un Ăąne qui mange des figues disposĂ©es pour les convives sur un plateau d’argent. « Qu’on lui donne Ă  boire ! » lance Chrysippe Ă  la cantonade, et ravi de ce bon mot, part dans un fou rire interminable, si violemment irrĂ©pressible qu’il en rĂąle, suffoque et, finalement, expire.
Il est permis de penser que, dans un sursaut d’honnĂȘtetĂ© intellectuelle, Chrysippe dut trouver hilarant qu’un Ăąne vĂ©ritable se soit joint au groupe d’individus assez bĂȘtes pour suivre l’enseignement d’un philosophe aussi frelatĂ© que lui ; son stoĂŻcisme et toutes les ressources de la dialectique ne pouvaient rien contre ce saisissant raccourci, dont la seule issue fut un rire destructeur et fatal. (B. F.)
Bertrand du Guesclin (v. 1320-1380)
La soif de conquĂȘtes
Enfant rude et malgracieux, Bertrand du Guesclin cause l’effroi de ses gĂ©niteurs en naissant en 1320 au manoir de la Motte-Broons, non loin de Dinan. On refuse la carriĂšre des armes Ă  ce guerrier, qui se cache en forĂȘt de BrocĂ©liande, oĂč il devient chef de bande. La peste s’abat, on exĂ©cute les mendiants et les juifs, convaincus d’empoisonner sources et fontaines. Les guerres de succession agitent la Bretagne, du Guesclin refuse de voir le duchĂ© offert en pĂąture aux soudards anglais. Il participe en 1357 Ă  la dĂ©fense de Rennes assiĂ©gĂ©e par le duc de Lancastre. Il vole au secours de la France et de Charles V Ă  la bataille de Cocherel, qu’il remporte en 1361. ConquĂ©rant, il se couvre de gloire en Castille, aux cĂŽtĂ©s d’Henri de Trastamare, qui dispute le trĂŽne Ă  Henri le Cruel.
Revenu en France en 1370, il est fait connĂ©table et repousse les Anglais de chacune des provinces du royaume, lors d’embuscades qui feront sa gloire posthume. Poursuivant ses campagnes contre les Grandes Compagnies, au cours de l’étĂ© 1380 il dĂ©fend ChĂąteauneuf-de-Randon. Il fait trĂšs chaud ce 6 juillet, et selon une tradition bien Ă©tablie en GĂ©vaudan, le connĂ©table boit de l’eau froide – semble-t-il un peu trop – Ă  la fontaine de Gloze, sous le village d’Albuges. Le chevalier tĂ©mĂ©raire s’inflige alors une pneumonie ou une dysenterie. Il s’alite aussitĂŽt, son Ă©tat s’aggrave. Le 9, du Guesclin se confesse et mande un notaire pour lui dicter son testament. Brave, il mĂšne son dernier combat contre la mort et le 13 connaĂźt son trĂ©pas. Tous pleurent, Anglais compris.
Le retour de la dĂ©pouille mortelle est organisĂ©. Il faut faire vite : la chaleur accĂ©lĂšre la dĂ©composition. Au Puy-en-Velay, on embaume le corps gĂątĂ©. Les entrailles sont remplacĂ©es par des aromates et ensevelies en l’église des FrĂšres prĂȘcheurs. Le 18 juillet, le cadavre parvient Ă  Montferrand, dans un Ă©tat de corruption trĂšs avancĂ©. « Le corps de monseigneur Bertrand fut bouilli en l’eau, et fut ĂŽtĂ©e toute la chair et les os, et fut coulĂ© dans le corps de la glaise. » Les restes du dĂ©funt sont alors sĂ©parĂ©s, le cƓur fait route vers l’église des Jacobins de Dinan. Charles V entend que les os de son bien-aimĂ© connĂ©table soient inhumĂ©s aux cĂŽtĂ©s de la reine Jeanne de Bourbon, dans la chapelle Saint-Jean-Baptiste de la basilique de Saint-Denis, qu’il s’apprĂȘte Ă  rejoindre, lui aussi. (F. Ch.)
FernĂŁo de MagalhĂŁes dit Magellan (v. 1480-1521)
Une parade de trop
FernĂŁo de MagalhĂŁes, Maghellanes et Magellanus sont un seul et mĂȘme illustre personnage qu’on nommera par commoditĂ© : Magellan. Cet homme fait profession, pour le compte du roi de Portugal et de Dieu lui-mĂȘme, d’aller chercher au-delĂ  des mers lointaines Ă©pices et nouveaux territoires.
En 1518, Magellan se met au service de Charles Quint, roi d’Espagne, qu’il convainc de la possibilitĂ© et de la nĂ©cessitĂ© de trouver le passage entre les ocĂ©ans Atlantique et Indien. D’effectuer le tour du monde, en d’autres termes. On arme cinq navires dans le but de rĂ©aliser cette promenade – le Trinidad commandĂ© par Magellan lui-mĂȘme, le San Antonio, le ConcepciĂłn, le Victoria et le Santiago –, on y enrĂŽle une cohorte de rastaquouĂšres prĂȘts Ă  se lancer dans l’inconnu le plus total et la flotte ainsi constituĂ©e quitte l’Espagn...

Table des matiĂšres

  1. Couverture
  2. Présentation
  3. Page de titre
  4. Exergue
  5. Les auteurs
  6. Avant-propos
  7. I. Trop gourmands
  8. II. Trop libertins
  9. III. Trop radins
  10. IV. Trop curieux
  11. V. Trop sensibles
  12. VI. Trop exposés
  13. VII. Trop actifs
  14. VIII. Trop tranquilles
  15. IX. Trop snob
  16. X. Trop beau pour ĂȘtre vrai
  17. Conclusion
  18. Copyright