1 PAUVRETĂ
Une baisse impressionnante, plus rapide que prévu
Depuis 1990, lâextrĂȘme pauvretĂ© a chutĂ© de plus de deux tiers et plus dâun milliard de personnes ont Ă©chappĂ© Ă cette condition1.
En septembre 2000, lâOnu a fixĂ© lâobjectif ambitieux de rĂ©duire de moitiĂ© la pauvretĂ© dans le monde entre son niveau de 1990 et celui de 2015. Lâobjectif a Ă©tĂ© atteint cinq ans avant la date prĂ©vue. Les principaux progrĂšs ont eu lieu en Asie de lâEst oĂč la chute du taux de grande pauvretĂ© est impressionnante : de 61 % en 1990 Ă 4 % en 20152.
Aujourdâhui, le nouvel objectif clairement affichĂ© par lâOnu est lâĂ©radication de la pauvretĂ© mondiale Ă lâhorizon 2 0303. Selon Lilianne Ploumen, coprĂ©sidente du Partenariat mondial pour une coopĂ©ration efficace au service du dĂ©veloppement, « pour la premiĂšre fois dans lâhistoire, lâĂ©radication de la pauvretĂ© en lâespace dâune gĂ©nĂ©ration est Ă notre portĂ©e4 ». MĂȘme propos chez Erik Solheim, prĂ©sident du ComitĂ© dâaide au dĂ©veloppement de lâOCDE : « Aujourdâhui, pour la premiĂšre fois, lâhumanitĂ© a la capacitĂ©, les connaissances et les ressources nĂ©cessaires pour mettre fin Ă la pauvretĂ© et âverdirâ nos Ă©conomies5. »
LES RAISONS DU SUCCĂS
Divers facteurs sont Ă lâorigine de cette Ă©volution, en particulier :
Lâaide internationale
MĂȘme si le pourcentage de lâaide octroyĂ©e reste Ă un niveau nettement infĂ©rieur Ă lâobjectif internationalement admis de 0,7 % du revenu national brut des Ătats donateurs, le montant de lâaide publique internationale a rĂ©guliĂšrement augmentĂ© depuis cinquante ans.
Une nouvelle conception de la croissance
La croissance Ă©conomique peut ĂȘtre un facteur important de rĂ©duction de la pauvretĂ© et de la faim ; mais pas nâimporte quelle croissance. Une Ă©tude portant sur cent pays montre que le soutien Ă lâagriculture familiale rĂ©duit la pauvretĂ©, tandis que la prĂ©sence importante dâindustries miniĂšres et pĂ©troliĂšres freine cette amĂ©lioration6.
Il existe une autre forme de croissance qualifiĂ©e dâinclusive, ou croissance en faveur des pauvres, qui favorise un accĂšs Ă©quitable Ă lâalimentation et aux ressources. Cette approche devient la perspective officielle de divers gouvernements et institutions internationales7, ce qui constitue une Ă©volution considĂ©rable par rapport Ă certaines orientations passĂ©es. Un rapport de lâOCDE sur ce thĂšme affirme que « la croissance Ă©conomique nâest pas une fin en soi8 ».
Cela conduit Ă remettre en question le produit intĂ©rieur brut comme indicateur de la richesse dâune nation. Il mesure simplement le niveau dâactivitĂ© Ă©conomique, quelle quâen soit lâorigine. Ainsi, chaque accident, cataÂstrophe, meurtre, Ă©pidĂ©mie ou guerre, etc. fait augmenter le PIB et donc stimule la croissance Ă©conomique, tandis que les actions de prĂ©vention ralentissent sa progression. Dâautres indicateurs existent aujourdâhui, qui mesurent la qualitĂ© de vie, le niveau dâĂ©ducation ou encore le respect de lâenvironnement9. Avec des rĂ©sultats parfois trĂšs diffĂ©rents de ceux liĂ©s au PIB ; ainsi une comparaison entre 53 pays a mis en Ă©vidence que le Costa Rica obtient le meilleur score sur lâindice de progrĂšs social, tandis que lâArabie Saoudite reçoit le pire10.
Une bonne gouvernance
Les pays qui nâatteignent pas les objectifs internationaux de rĂ©duction de la pauvretĂ© sont habituellement caractĂ©risĂ©s par une mauvaise gouvernance, la guerre civile et une croissance Ă©conomique mal orientĂ©e, en particulier vers lâextraction miniĂšre ou pĂ©troliĂšre.
Les partenariats entre de multiples acteurs
Lâexpression « aide au dĂ©veloppement » est souvent remplacĂ©e aujourdâhui par « coopĂ©ration pour le dĂ©veloppement ». De nombreux partenariats se nouent actuellement dont le plus large est le « Partenariat mondial pour une coopĂ©ration efficace au service du dĂ©veloppement » qui fait se rencontrer toutes sortes de partenaires : gouvernements, ONG, syndicats, organisations internationales, entreprises, fondations et banques de dĂ©veloppement.
Les partenariats facilitent trois types dâaction11 :
Le partage des connaissances
Le dialogue permet dâapprendre les uns des autres et favorise la confiance et le respect mutuel.
Lâaction coordonnĂ©e
Aucune partie prenante ne peut prĂ©tendre rĂ©soudre seule les problĂšmes. Ainsi, les Ătats ne sont plus les seules sources de financement du dĂ©veloppement. Ils peuvent crĂ©er les conditions appropriĂ©es, encourager et rĂ©guler lâinvestissement privĂ© et assurer la protection sociale, laquelle Ă©vite Ă 150 millions de personnes dans le monde de tomber dans la pauvretĂ©12. Les entreprises peuvent crĂ©er des emplois et mettre au point des technologies respectueuses de lâenvironnement. Les ONG, traditionnellement positionnĂ©es comme lanceurs dâalerte, sâengagent de plus en plus comme forces de proposition (voir Ă©galement le chapitre 10).
La responsabilité
La plupart des engagements pour le dĂ©veloppement sont volontaires et ne sont donc pas juridiquement contraignants. Comme le souligne Fabrizio Pagani, « dans de nombreux cas, la mĂ©thode douce caractĂ©risant les examens mutuels se rĂ©vĂšle plus adaptĂ©e quâun mĂ©canisme classique dâapplication pour encourager et amĂ©liorer le respect de la loi13 » (voir le chapitre 10 pour un exemple concret). Les responsables politiques sont gĂ©nĂ©ralement trĂšs attentifs Ă leur rĂ©putation et des sanctions « symboliques », telles que la pression des pairs ou la publication de mauvais rĂ©sultats dans la presse peuvent ĂȘtre trĂšs efficaces.
LA PRUDENCE RESTE DE MISE
Le dĂ©clin de la pauvretĂ© en Afrique subsaharienne reste insuffisant : plus de 40 % de la population de cette rĂ©gion du monde vivait encore dans une extrĂȘme pauvretĂ© en 2015.
NOTES
1. Onu (2015), Objectifs du millénaire pour le développement. Rapport 2015, New York, Nations unies, p. 14.
2. Ibid., p. 15.
3. O...