Rebellez-vous
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Rebellez-vous

  1. 133 pages
  2. French
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  4. Disponible sur iOS et Android
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Table des matiĂšres
Citations

À propos de ce livre

Un aprĂšs-midi d'Ă©tĂ©, Marie Laguerre rentre chez elle, Ă  Paris. À son passage, un homme la provoque. Ce n'est pas le premier: le harcĂšlement de rue fait partie du quotidien des femmes.
Ce jour-là, Marie Laguerre ne baisse pas les yeux. Riposte. L'inconnu revient vers elle et la frappe. La vidéo de la scÚne sera vue plus de 10 millions de fois.
Marie Laguerre est une femme de 23 ans, une Ă©tudiante qui ressemble Ă  tant d'autres, et qui a osĂ© dire non. En France, elle est devenue l'un des visages emblĂ©matiques de l'Ăšre #MeToo. Avant, elle se serait peut-ĂȘtre tue.
Dans ce livre-manifeste, Marie Laguerre raconte comment elle est devenue féministe. Animée d'une rage utile, elle incite les femmes de toutes les générations à ne plus se laisser faire. Ce livre est un manuel de résistance, plein de conseils et d'outils. Une invitation à se rebeller.

Foire aux questions

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Informations

Éditeur
Iconoclaste
Année
2020
ISBN
9782378801359
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En cas de harcĂšlement ou de violences, on ne sait pas toujours quoi dire, comment rĂ©agir. On se retrouve dĂ©munies. Peut-ĂȘtre parce que, tout simplement, on ne devrait pas ĂȘtre confrontĂ©es Ă  ce genre de situation. Au fil des derniers mois, j’ai aiguisĂ© certains rĂ©flexes, quelques « trucs et astuces », qu’il me semble utile de partager, enrichis de l’expĂ©rience de LaurĂšne Daycard, coautrice de ce livre et reporter depuis plusieurs annĂ©es qui enquĂȘte sur les fĂ©minicides et les violences faites aux femmes.
Chacune est libre de se les approprier pour les adapter Ă  son propre cas de figure, Ă  sa propre rĂ©alitĂ©. Dans la rue, mais aussi dans d’autres situations oĂč peuvent s’exercer des violences dont nous ne voulons plus. Dans le couple, Ă  l’école, au travail, sur les rĂ©seaux sociaux
 soyons des rebelles averties.
Qui sait, ces outils peuvent servir en cas d’urgence, pour soi ou pour aider une amie, une enfant, une voisine, une fille, une sƓur. Je m’adresse aussi aux hommes, ceux qui veulent ĂȘtre nos alliĂ©s.
Voici un manuel – non exhaustif – de rĂ©bellion fĂ©ministe.

DANS L’ESPACE PUBLIC

Il y a toute une gradation. Parfois ce ne sont que quelques mots. « Euh. Pardon. Je voudrais juste vous dire que vous avez vraiment du style
 Ça vous dirait de poser pour moi ? » « Salut, ma jolie ! » ou « Vous ĂȘtes ravissante ». Voici le genre de rĂ©flexions lancĂ©es par des inconnus dans la rue pendant la pĂ©riode de rĂ©daction de ce livre. LaurĂšne et moi avons aussi reçu un nombre incommensurable de simples « Salut, ça va ? » et de « Bonjour » dits sous la forme d’une interpellation. Mais pourquoi accepter d’ĂȘtre les destinataires de remarques sur notre physique
 surtout quand on n’a rien demandĂ© ? On entend souvent dire que le fĂ©minisme met en pĂ©ril la galanterie. Nous pensons surtout que le sexisme asphyxie la politesse. On est galant par intĂ©rĂȘt. On est poli par civisme.
Face Ă  un potentiel agresseur, plusieurs stratĂ©gies sont possibles. Nous souhaitons avant tout dire que celle que vous avez privilĂ©giĂ©e sur le moment Ă©tait sĂ»rement la plus astucieuse. Parfois, c’est l’instinct de survie qui parle.

ANALYSER LE DANGER POTENTIEL

Plus d’un quart des femmes ont dĂ©jĂ  renoncĂ© Ă  sortir de chez elle contre seulement 6 % des hommes, d’aprĂšs une Ă©tude diffusĂ©e en 2018 par l’Observatoire national de la dĂ©linquance et des rĂ©ponses pĂ©nales (ONDRP). Quand on est une femme, la sĂ©curitĂ© est l’un des paramĂštres Ă  intĂ©grer dans sa logistique. On le fait le plus souvent sans y penser, lorsqu’on rentre un peu plus tĂŽt parce qu’on sait qu’il y aura encore des cafĂ©s et des commerces ouverts. Ou bien lorsqu’on prĂ©voit de mettre des chaussures confortables pour marcher vite, sait-on jamais, sur le trajet du retour.
Lorsque ce sentiment d’insĂ©curitĂ© se matĂ©rialise par une agression, mĂȘme verbale, le danger peut ĂȘtre Ă©valuĂ© en une fraction de seconde. Est-ce que je suis seule avec cette personne ? Est-ce la nuit ? Si oui, la zone est-elle Ă©clairĂ©e ? Ai-je une Ă©chappatoire facile si la violence grimpe ?
Le jour de mon agression, j’ai rĂ©pliquĂ© parce que je me trouvais en plein jour, entre deux terrasses de cafĂ© bondĂ©es. Je me suis dit, si cela tournait mal, qu’il y aurait forcĂ©ment du monde pour venir Ă  ma rescousse.

L’ÉVITEMENT

Au quotidien, c’est l’option la plus frĂ©quente. Quand des « Bonjour, jolie demoiselle » et des « Vous ĂȘtes belle » sont soufflĂ©s Ă  notre passage, nous n’avons pas toujours l’énergie ou l’envie de rĂ©pondre.
Si l’on ne se sent pas en sĂ©curitĂ©, il ne faut pas hĂ©siter Ă  se fier Ă  son intuition et Ă  son Ă©valuation du danger. Prendre ses jambes Ă  son cou ? S’arrĂȘter, au contraire, pour laisser passer devant soi un homme qui nous suit de trop prĂšs dans la rue, et ainsi le piĂ©ger Ă  son propre jeu ? Au cinĂ©ma, un homme est dĂ©jĂ  venu s’asseoir Ă  cĂŽtĂ© de LaurĂšne, armĂ© d’un large sourire avant de la fixer, elle, plutĂŽt que l’écran. Le reste de la salle Ă©tait vide. Flairant le piĂšge, elle a prĂ©fĂ©rĂ© changer de siĂšge. Mieux vaut ne pas laisser de place au doute.
Pour se rebeller en douce et sans risque, quelques outils sont à portée de main.
Ils permettent de déjouer une situation déplaisante, voire potentiellement dangereuse, ou tout simplement de nous rassurer :
— les Ă©couteurs : on peut les mettre aux oreilles, mais la musique en sourdine pour rester vigilante, tout en faisant croire que l’on ne peut pas entendre le harcĂšlement – ainsi, dissuader les hommes de nous interpeller, comme si on Ă©tait hors d’accĂšs ;
— un livre ou un magazine : avoir l’air occupĂ©e peut dĂ©courager un harceleur de se lancer. Dans les transports en commun, on peut combiner l’option Ă©couteurs avec de la lecture ;
— l’appel Ă  un proche, pour se sentir accompagnĂ©e pendant la durĂ©e du trajet qui nous met mal Ă  l’aise. Il est aussi tout Ă  fait possible de rĂ©pondre Ă  un faux appel tĂ©lĂ©phonique, et d’en profiter pour s’en aller, si l’on souhaite couper court Ă  une interaction non souhaitĂ©e.
L’une de mes amies, qui appartient Ă  une troupe de danse, me disait rĂ©cemment que sa professeure l’avait invitĂ©e Ă  travailler sa posture pour gagner en autoritĂ©. SĂ»re d’elle, mais prĂȘte Ă  sortir les griffes pour attaquer si besoin. Cette image nous incite Ă  adopter une gestuelle de puissance qui permet de se rĂ©approprier la rue.
La rue est tout autant Ă  nous qu’aux hommes, alors il ne faut pas hĂ©siter Ă  l’occuper : passer une aprĂšs-midi Ă  lire sur un banc, flĂąner pour dĂ©couvrir son quartier, organiser un cours de sport, ou tout autre loisir, sur une esplanade publique, dans un square, ou tout simplement profiter d’un rayon de soleil pour boire un cafĂ© en terrasse. Dans les transports en commun, occuper l’espace c’est littĂ©ralement ne pas hĂ©siter Ă  prendre de la place, pour contrer le phĂ©nomĂšne de manspreading (« Ă©talement masculin ») lorsqu’un homme Ă©carte plus que de raison ses jambes et force sa voisine Ă  serrer les siennes. Ouvrez les yeux, vous verrez Ă  quel point c’est frĂ©quent

Tout est fait pour effacer les femmes dans l’espace public : 2 % seulement des noms de rues en France portent un nom de femme. À Paris, de 1870 Ă  2004, 24 statues de femmes ont Ă©tĂ© Ă©rigĂ©es, contre 325 Ă  la gloire des hommes. Les skateparks, une part importante de l’investissement des municipalitĂ©s dans l’infrastructure jeunesse, sont occupĂ©s Ă  95 % par des hommes. 75 % des budgets publics destinĂ©s aux loisirs des jeunes le sont en fait aux loisirs des garçons.
Se montrer visibles dans l’espace public, c’est dĂ©jĂ  une forme de rĂ©sistance.
Source pour tous les chiffres cités ci-dessus :
www.egalite-femmes-hommes.gouv.fr/dossiers/sexisme-pas-notre-genre/chiffres-clefs/

L’ACTION

Verbaliser l’agression

Option A. Lui dire ce qu’il est en train de faire : « Monsieur, ceci est du harcĂšlement » ; ou juste un « non », prononcĂ© haut et fort.
Option B. Face Ă  un « dragueur de rue », il est possible de jouer au boomerang. Il vous dit que vous ĂȘtes mignonne ? Un sifflement ? Demandez-le en mariage, le regard droit. Vous reprenez le dessus par surprise. La plupart des « dragueurs de rue » ne cherchent pas tant Ă  draguer des femmes qu’à se rassurer sur leur propre virilitĂ©.
Option C. Lui demander de rĂ©pĂ©ter ce qu’il vient de vous dire, comme si vous n’arriviez pas Ă  l’entendre. Plus il rĂ©pĂšte, plus la charge insultante est vidĂ©e de sa substance, pour laisser place Ă  un sentiment d’absurditĂ©. Il se fatigue et c’est lui qui dĂ©guerpit.
Option D. La rĂ©action surprise. C’est ce que la sociologue et formatrice d’autodĂ©fense fĂ©ministe Irene Zeilinger appelle « l’intervention paradoxale ». Faire un cri animal ? Une grimace de guerriĂšre ? Balancer une phrase totalement sortie de son contexte ? Ou en rĂ©peter une Ă  l’infini ? Cette option peut dĂ©sarçonner le gĂȘneur et le dĂ©courager.

Faire un rappel Ă  la loi

Il suffit d’énoncer Ă  voix haute les textes de loi. Tous sont disponibles sur legifrance.gouv.fr. C’est l’effet d’une douche froide.
La loi Schiappa du 3 aoĂ»t 2018, qui renforce la lutte contre les violences sexistes et sexuelles, a entĂ©rinĂ© le dĂ©lit d’outrage sexiste, passible d’une amende allant jusqu’à 1 500 euros, en cas de situation aggravante, avec l’obligation de suivre un stage de lutte contre le sexisme et de sensibilisation Ă  l’égalitĂ© entre les femmes et les hommes.
L’auteur d’agression sexuelle – baiser forcĂ©, main aux fesses – s’expose Ă  une peine de 5 ans de prison et 75 000 euros d’amende.
Le dĂ©lit d’exhibition sexuelle – de ses parties intimes, masturbation sur la voie publique – est puni de 1 an d’emprisonnement et 15 000 euros d’amende.

Interpeller

Si les ripostes Ă©noncĂ©es ci-dessus se rĂ©vĂšlent inefficaces, il est peut-ĂȘtre temps de chercher de l’aide autour de soi. Face Ă  une agression subite, les « spectateurs » sont trĂšs souvent en Ă©tat de sidĂ©ration. Vous pouvez les inciter Ă  reprendre le contrĂŽle d’eux-mĂȘmes par des interpellations orales et individuelles en les dĂ©signant : « Vous, monsieur, assis avec votre livre » ; « Vous, madame en impermĂ©able ».
Dans un transport en commun, si la rame est vide, ne pas hĂ©siter Ă  taper Ă  la vitre du conducteur. Il est donc parfois utile de s’installer dans le wagon qui est attenant Ă  sa cabine. Pareil dans un bus. Vous pouvez aussi choisir de vous asseoir auprĂšs d’autres femmes, ou de familles.
Vous pouvez également trouver du soutien en allant vous réfugier dans un café ou un commerce qui serait ouvert à proximité. Il est tout à fait possible de demander à une personne de confiance de vous accompagner pour la suite du chemin.
Et bien sĂ»r, s’il faut crier, allez-y.

Documenter l’agression

Il est utile de rĂ©cupĂ©rer les contacts tĂ©lĂ©phoniques et l’identitĂ© des personnes ayant assistĂ© Ă  la scĂšne, pour qu’elles puissent, si besoin, faire une dĂ©position Ă  la police.
Dans le cas de mon agression, une camĂ©ra de surveillance privĂ©e, celle du cafĂ©, a filmĂ© la scĂšne. Ce genre d’enregistrements s’efface au bout de deux ou trois jours.
Des camĂ©ras publiques sont installĂ©es dans les rues, Ă  proximitĂ© des sites officiels, dans certains transports en commun, etc. La consultation de ces enregistrements est gĂ©nĂ©ralement rĂ©servĂ©e aux personnes munies d’une plainte. Les bandes sont rĂ©guliĂšrement effacĂ©es. Tout doit donc, dans l’idĂ©al, ĂȘtre effectuĂ© au plus vite.
Enfin, si vous ĂȘtes en mesure de le faire, il est possible de sortir votre tĂ©lĂ©phone pour filmer la scĂšne lorsqu’elle survient.
Avant de poster sur les rĂ©seaux sociaux la vidĂ©o d’une agression, mieux vaut veiller Ă  anonymiser entiĂšrement l’auteur et les tĂ©moins.

Porter plainte, reporter aux autorités

Nous savons Ă  quel point le parcours judiciaire peut ĂȘtre difficile, c’est pourq...

Table des matiĂšres

  1. Couverture
  2. Présentation
  3. Copyright
  4. Page de titre
  5. Exergue
  6. Avant-propos
  7. Ce jour-lĂ 
  8. Le manifeste
  9. Manuel de la rébellion
  10. Remerciements
  11. Achevé
  12. Table