Le Triomphe des Lumières
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Le Triomphe des Lumières

  1. 794 pages
  2. French
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  4. Disponible sur iOS et Android
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Le Triomphe des Lumières

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Citations

À propos de ce livre

Pour beaucoup, le monde est au bord du gouffre, menacé par le terrorisme, les guerres, les migrations et les apocalypses. Pourtant, jamais l'humanité n'a vécu une période aussi paisible et heureuse: chiffres à l'appui, ce livre montre que la santé, la prospérité, la sécurité et la paix sont en hausse dans le monde entier.
Ce progrès est un legs du siècle des Lumières, animé par des idéaux puissants: la raison, la science et l'humanisme. C'est peut-être le plus grand succès de l'histoire de l'humanité. Cependant, plus que jamais, ces valeurs ont besoin d'une défense vigoureuse. Car le projet des Lumières va à contre-courant de la nature humaine, de ses tendances au tribalisme, à l'autoritarisme et à la pensée magique: autant de biais qui nourrissent les populismes et les dérives religieuses.
Steven Pinker remonte aux sources de la peur: les humains sont-ils intrinsèquement irrationnels? L'avenir est-il menacé par l'épuisement des ressources? Comment juguler les dangers climatiques? Avons-nous besoin
de la religion pour fonder une morale? Faut-il avoir peur de l'intelligence artificielle? Etc.
Avec rigueur, profondeur et, souvent, humour, Steven Pinker propose ici un plaidoyer pour la raison, la science et l'humanisme. Ces idéaux sont nécessaires pour relever les défis d'aujourd'hui et avancer sur la voie du progrès. Car le catastrophisme est dangereux pour la démocratie et la coopération mondiale.

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Informations

Éditeur
Les Arènes
Année
2018
ISBN
9782711200450

Deuxième partie

Le progrès

4.

Progressophobie

Les intellectuels détestent le progrès. Les intellectuels qui se disent « progressistes » détestent vraiment le progrès. Notez bien qu’ils ne détestent pas les fruits du progrès : la plupart des commentateurs, des critiques et de leurs lecteurs bien-pensants préfèrent utiliser leur ordinateur plutôt qu’une plume et un encrier, et préfèrent se faire opérer sous anesthésie plutôt que sans. C’est l’idée de progrès qui agace les péroreurs – la conviction, issue des Lumières, que c’est en comprenant le monde que nous pouvons améliorer la condition humaine.
Ils se sont constitué tout un dictionnaire d’injures pour exprimer leur mépris. Si vous pensez que la connaissance peut aider à résoudre des problèmes, alors vous avez une « foi aveugle » et une « croyance quasi religieuse » dans des « superstitions d’un autre temps », vous êtes tombé dans le panneau des « fausses promesses » du « mythe » d’un « progrès inexorable » dont rien ne peut arrêter la triomphale « marche en avant ». Vous êtes un « groupie » du « naïf volontarisme américain », qui propage « l’enthousiasme béat » de l’idéologie « corporate », de la Silicon Valley et des « chambres de commerce ». Vous êtes un « libéral », un « optimiste naïf », et bien sûr un « Pangloss », c’est-à-dire la version contemporaine du personnage créé par Voltaire dans son Candide, un philosophe qui ne cesse de répéter que « tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes possibles ».
En réalité, le professeur Pangloss est plutôt ce que nous appellerions aujourd’hui un pessimiste. En effet, un optimiste moderne est persuadé que le monde pourrait aller bien mieux qu’aujourd’hui. La verve satirique de Voltaire ne visait pas l’espoir de progrès des Lumières, mais son contraire, la théodicée, c’est-à-dire la justification religieuse des souffrances, selon laquelle Dieu n’avait d’autre choix que de permettre les épidémies et les massacres, car un monde qui en serait préservé est métaphysiquement impossible.
Noms d’oiseaux mis à part, cela fait longtemps que l’idée d’un monde meilleur qu’il ne l’était, et susceptible de s’améliorer encore, est tombée en désuétude parmi les lettrés. Dans The Idea of Decline in Western History, Arthur Herman montre que les prophètes de malheur sont les vedettes des cursus de lettres et de sciences humaines et sociales, notamment Nietzsche, Arthur Schopenhauer, Martin Heidegger, Theodor Adorno, Walter Benjamin, Herbert Marcuse, Jean-Paul Sartre, Frantz Fanon, Michel Foucault, Edward Said, Cornel West, et tout un aréopage d’écopessimistes1. Passant en revue le paysage intellectuel à la fin du xxe siècle, Herman déplore un « enterrement de première classe » des « représentants illustres » de l’humanisme des Lumières, ceux-là mêmes qui croyaient que « puisque ce sont les hommes qui engendrent les conflits et les problèmes dans la société, ce sont aussi eux qui peuvent les résoudre ». Dans History of the Idea of Progress, le sociologue Robert Nisbet ne dit pas autre chose : « Le scepticisme à l’égard du progrès occidental, autrefois confiné à un très petit nombre d’intellectuels du xixe siècle, s’est développé et étendu, en ce dernier quart de siècle, non seulement à la grande majorité des intellectuels, mais aussi à des millions d’autres personnes en Occident2. »
Oui, ceux dont le gagne-pain est de réfléchir sur le monde ne sont pas seuls à penser que ce dernier fonce à tombeau ouvert vers l’abîme. C’est aussi le cas de gens ordinaires dès lors qu’ils passent en mode « intellectualisation ». Les psychologues savent depuis belle lurette que les êtres humains ont tendance à voir leur propre vie en rose : ils pensent qu’ils sont moins susceptibles que la moyenne de divorcer, d’être licenciés, de subir un accident, de tomber malades ou d’être victimes d’un crime. Mais déplacez la question de la vie des individus à celle de la société tout entière, et ils jetteront leurs lunettes roses pour voir les choses en noir.
Les spécialistes de l’opinion publique appellent cela optimism gap (« écart d’optimisme » ou « optimisme différentiel3 »). Pendant plus de deux décennies, que ce soit en période faste ou plus difficile, lorsque les sondeurs demandaient aux Européens s’ils pensaient que leur situation économique personnelle allait s’améliorer ou s’aggraver au cours de l’année à venir, une majorité de répondants disait s’attendre à une amélioration, mais quand on les interrogeait sur la situation économique du pays, les répondants étaient plus nombreux à estimer qu’elle allait se détériorer4. Selon une nette majorité de Britanniques, l’immigration, les grossesses précoces, la gestion des déchets, le chômage, la criminalité, le vandalisme et la drogue sont des problèmes au Royaume-Uni dans son ensemble, alors que peu d’entre eux pensent qu’ils posent problème dans leur région5. De même, dans la plupart des pays, les sondés jugent que l’environnement est plus dégradé dans le pays que dans leur région, et plus dégradé dans le monde que dans leur pays6. Entre 1992 et 2015, soit à une époque où le taux de crimes violents a fortement baissé, une majorité d’Américains répondait pratiquement tous les ans aux sondeurs que la criminalité augmentait7. Fin 2015, une franche majorité de sondés dans onze pays développés déclarait que « la situation dans le monde est en train d’empirer », et, au cours de la plupart des quarante dernières années, une nette majorité d’Américains estimait que le pays « va dans la mauvaise direction8 ».
Ont-ils raison ? Le pessimisme est-il de mise ? L’état du monde serait-il, comme les bandes d’une enseigne de barbier, pris dans une spirale descendante ? Il est aisé de comprendre ce ressenti : tous les jours, les nouvelles regorgent d’articles et de reportages sur la guerre, le terrorisme, la criminalité, la pollution, les inégalités, les régimes répressifs ou les ravages de la drogue. Et là, nous ne parlons pas seulement des grands titres, mais aussi des éditoriaux, commentaires et articles de fond. Les couvertures des magazines nous mettent en garde contre les anarchies à venir, les épidémies, les effondrements, et un si grand nombre de « crises » (agricole, sanitaire, des retraites, des systèmes de protection sociale, énergétique, financière) que beaucoup de rédacteurs se sentent obligés d’ajouter « profonde », « grave » ou « aiguë » au mot « crise », au risque de rendre l’expression quelque peu redondante.
Que l’état du monde empire réellement ou non, l’essence même des actualités interagira nécessairement avec nos facultés cognitives pour nous incliner à croire que c’est bien le cas. Les nouvelles nous parlent de ce qui arrive, et non de ce qui n’arrive pas. Nous ne voyons jamais un journaliste dire face à la caméra : « Je suis en direct d’un pays où la guerre n’a pas éclaté », ou d’une ville qui n’a pas été bombardée, ou d’une école qui n’a pas été le théâtre d’une fusillade. Tant que les mauvaises choses n’auront pas disparu de la surface de la terre, il y aura toujours assez d’incidents pour remplir les journaux, surtout à une époque où des milliards de smartphones transforment une bonne partie de la population mondiale en journalistes d’investigation ou en correspondants de guerre.
De plus, parmi les événements qui se produisent réellement, les bonnes et les mauvaises choses se déroulent sur des échelles de temps différentes. Les actualités, loin d’être une « première ébauche de l’histoire », ressemblent plutôt à un commentaire sportif en temps réel. Elles se concentrent sur des événements distincts, généralement ceux qui se sont produits depuis la dernière édition ou mise à jour (autrefois : la veille ; aujourd’hui : quelques secondes plus tôt9). Si les mauvaises choses peuvent se produire d’un coup, les bonnes choses ne se construisent pas du jour au lendemain, et leur développement est désynchronisé du cycle de l’actualité. L’irénologue Johan Galtung a souligné que si un journal ne paraissait qu’une fois tous les cinquante ans, il ne se ferait pas l’écho d’un demi-siècle de potins people et de scandales politiques. Il rendrait compte de changements remarquables à l’échelle mondiale, tels que l’augmentation de l’espérance de vie10.
La nature même des nouvelles a tendance à déformer notre vision du monde en raison d’un « bug » mental que les psychologues Amos Tversky et Daniel Kahneman ont appelé biais de disponibilité : nous évaluons la probabilité ou la fréquence d’un événement à l’aune de la facilité avec laquelle des occurrences nous viennent à l’esprit11. Dans de nombreux domaines de l’existence, c’est une règle empirique utile. Les événements fréquents laissent des traces plus profondes dans notre mémoire, de sorte que les souvenirs plus nets se rapportent généralement à des événements plus fréquents : vous ne risquez guère de vous tromper en déclarant que les pigeons sont plus communs dans les grandes villes que les loriots, même si, pour étayer cette affirmation, vous puisez dans vos souvenirs d’observations personnelles au lieu de vous appuyer sur un recensement de spécimens de ces espèces. Mais à chaque fois que le souvenir d’un événement apparaît en bonne position dans la liste de résultats fournie par le moteur de recherche mental pour des raisons autres que la fréquence – parce qu’il est récent, vivace, sanglant, spécifique ou douloureux –, les gens surestiment la probabilité qu’une telle chose se produise dans le monde. En anglais, quels sont les mots les plus nombreux, ceux qui commencent par k ou ceux dont la troisième lettre est un k ? La plupart des gens optent pour la première réponse. En réalité, il y a trois fois plus de mots avec un k en troisième position (ankle, ask, awkward, bake, cake, make, take, etc.), mais il se trouve que nous accédons aux mots à partir de leur son initial, de sorte que keep, kind, kill, kid et king sont plus susceptibles de se présenter à nous quand nous sollicitons notre mémoire.
Les biais de disponibilité sont une source commune d’aberrations dans le raisonnement humain. Les étudiants en première année de médecine interprètent la moindre éruption cutanée comme le symptôme d’une maladie exotique, et les vacanciers préfèrent ne pas entrer dans l’eau s’ils viennent de lire un article sur une attaque de requin ou de voir Les dents de la mer12. Les accidents d’avion font toujours la une des journaux ; les accidents de voiture, qui tuent beaucoup plus de monde, pratiquement jamais. Sans surprise, beaucoup de gens ont peur de prendre l’avion, mais presque personne n’a peur de conduire. Les gens pensent que les tornades (qui tuent une cinquantaine d’Américains par an) sont responsables de plus de décès que l’asthme (qui en tue plus de quatre mille par an), probablement parce que les tornades sont plus télégéniques.
On comprend sans peine comment le biais de disponibilité, attisé par la te...

Table des matières

  1. Couverture
  2. Présentation
  3. Du même auteur
  4. Titre
  5. Dédicace
  6. Avant-propos
  7. Première partie - Les Lumières
  8. Deuxième partie - Le progrès
  9. Troisième partie - La raison, la science et l’humanisme
  10. Notes
  11. Bibliographie
  12. Achevé