Autisme : j'accuse !
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Autisme : j'accuse !

  1. 88 pages
  2. French
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Autisme : j'accuse !

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À propos de ce livre

Hugo Horiot est devenu, en quelques années, le porteparole de ses pairs autistes.
La rage au cƓur, il l'affirme: non, les personnes autistes ne sont pas dĂ©ficientes. Elles ne doivent plus ĂȘtre exclues par une sociĂ©tĂ© normative qui se refuse Ă  les entendre.
Sait-on que, dans la Silicon Valley, les start-up comptent nombre d'ingénieurs autistes? Que des entreprises comme Microsoft recherchent leurs compétences hors normes? Que l'armée israélienne soumet à leur puissance de décryptage des photos aériennes? Qu'en SuÚde, leur scolarisation est un droit civique? Qu'avec leur atypisme, les personnes autistes sauront manier, mieux que quiconque, l'intelligence artificielle?
Ce vibrant manifeste, traversé d'un vent d'orage, nous dévoile une autre intelligence, méconnue, un autre langage. Il bouleverse notre regard et nous convainc qu'un autre monde est possible.

Foire aux questions

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Informations

Éditeur
Iconoclaste
Année
2018
ISBN
9782378800185

1

Ceci est ma colĂšre.
Car vos dieux m’ont chassĂ© de vos terres !

La BĂȘte

En France, depuis toujours, l’Histoire s’écrit sans nous. Nous, les autistes. Notre voix est marginalisĂ©e, Ă©touffĂ©e et censurĂ©e. De nombreux organismes confisquent la parole autiste quand celle-ci trouble l’ordre Ă©tabli et contrarie leurs intĂ©rĂȘts. Alors que notre identitĂ© nationale est un vase clos, l’identitĂ© autistique devient un gaz explosif. On prĂ©fĂšre l’assimiler Ă  un mal, une maladie, une Ă©pidĂ©mie, un handicap ou mĂȘme Ă  un flĂ©au plutĂŽt que de lui accorder la considĂ©ration qu’elle mĂ©rite et de lui attribuer la place qui lui revient.
La majoritĂ©, craignant de voir sa pensĂ©e dominante remise en cause par des courants alternatifs, dĂ©veloppe un mĂ©canisme d’autodĂ©fense et d’oppression des minoritĂ©s. Cet Ă©crasement d’une minoritĂ© susceptible de troubler le systĂšme, on pourrait l’appeler « autismophobie ». Dans un contexte aussi hostile, pour Ă©viter la stigmatisation et le rejet mais surtout par instinct de survie, il est souvent nĂ©cessaire de cacher son autisme.
Chez les peuplades dites primitives, le « fou », le diffĂ©rent qui se distinguait du groupe Ă©tait souvent vu comme l’envoyĂ© des dieux, le porteur de leur message. Aujourd’hui, nous avons banni le fou de nos contrĂ©es. Hier libre de ses mouvements au milieu des autres, le voici enfermĂ© derriĂšre des murs. Parmi tant d’autres aliĂ©nĂ©s, toute personnalitĂ© pourvue de traits autistiques visibles est dĂ©crĂ©tĂ©e inapte Ă  la citoyennetĂ©. AseptisĂ©e et uniforme, notre dĂ©mocratie s’organise autour d’une valeur accessible au plus grand nombre : l’indiffĂ©rence. Un socle de connaissances et de compĂ©tences moyennes y suffit, assorti d’une culture gĂ©nĂ©rale dĂ©nuĂ©e de tout sens critique.
DĂšs le plus jeune Ăąge, un enfant que le goĂ»t du dĂ©tail ou le souci d’exactitude poussera Ă  s’interroger voire Ă  remettre en question ce que l’institution tente de lui inculquer se verra bien souvent qualifiĂ© d’insolent ou d’impertinent. Il ne faut surtout pas « faire son intĂ©ressant » dans un monde oĂč « la curiositĂ© est un vilain dĂ©faut ».
Si cet enfant prĂ©fĂšre rester seul pour rĂ©flĂ©chir Ă  la composition du systĂšme solaire plutĂŽt que de jouer au ballon avec les autres, s’il se balance un peu trop sur sa chaise ou prĂ©fĂšre analyser avec prĂ©cision chaque mot prononcĂ© ou, pire, s’il en sait plus que le professeur, l’injonction de normalitĂ© le poussera vers la sortie, Ă  destination d’un centre de rĂ©Ă©ducation, ou bien vers l’enfermement pour y ĂȘtre soumis Ă  une mise en observation stĂ©rile.
Quand la norme est glorifiĂ©e et Ă©rigĂ©e en modĂšle unique, la dĂ©mesure autistique, qui se traduit, entre autres, par une insatiable curiositĂ© dans un domaine spĂ©cifique, est qualifiĂ©e d’obsession. Cette terminologie, couramment employĂ©e pour dĂ©crire diverses aptitudes pourtant supĂ©rieures Ă  celles du commun des mortels, tĂ©moigne d’une profonde aversion gĂ©nĂ©ralisĂ©e pour tout ce qui touche Ă  l’anormalitĂ©.
En toutes matiĂšres, compĂ©tences, savoirs et savoir-faire doivent ĂȘtre identiques d’un individu Ă  l’autre. Sortant de ce cadre, l’autiste sera qualifiĂ© de prĂ©tentieux en cas d’excĂšs de talent ou d’irrĂ©cupĂ©rable en cas de dĂ©ficit. L’aptitude au travail ne se juge pas, hĂ©las, sur les compĂ©tences rĂ©elles du sujet mais sur ses qualitĂ©s supposĂ©es, Ă©valuĂ©es Ă  l’aune de ses diplĂŽmes et selon l’indice de son capital de sympathie. VoilĂ  oĂč nous en sommes, dans notre pays, en ce dĂ©but de XXIe siĂšcle.
Puisque la logique française valide ces rĂšgles, l’État ne sait rien faire d’autre que d’attribuer des places spĂ©cifiques Ă  ces sujets hors norme. Avec plus de 8 000 naissances d’enfants autistes par an, nos administrations, dĂ©bordĂ©es face Ă  l’ampleur du phĂ©nomĂšne, organisent Ă©galement l’exode de cette population dans des structures frontaliĂšres en Belgique. Combien de parents se rĂ©signent, le cƓur lourd, Ă  envoyer loin de chez eux leurs petits dans ces centres spĂ©cialisĂ©s ? L’État français, lui, finance sans sourciller le montant de ces prises en charge, et les transports, Ă  hauteur de 90 000 euros1 par enfant chaque annĂ©e. MĂȘme le Conseil de l’Europe s’en Ă©meut ! Cet argent ne pourrait-il pas servir Ă  l’accueil de ces profils atypiques au sein de l’Éducation nationale, comme pour tout un chacun ?
Nous sommes Ă©galement le dernier pays qui, sous couvert d’essais cliniques mystĂ©rieusement poursuivis malgrĂ© leur absence de rĂ©sultats, justifiant des alertes rĂ©pĂ©tĂ©es de l’ONU, cautionne une torture abandonnĂ©e partout ailleurs depuis des dĂ©cennies, nommĂ©e packing. Cette pratique consiste Ă  envelopper intĂ©gralement et quotidiennement, durant quarante-cinq minutes, le sujet autiste, gĂ©nĂ©ralement un enfant, dans des linges humides sortis du congĂ©lateur. TempĂ©rature prĂ©conisĂ©e : 5 °C. But : lui faire prendre conscience de la rĂ©alitĂ© de son corps. Celui-ci n’en gardera que le traumatisme d’une maltraitance. Pourtant, certaines de nos universitĂ©s de psychologie, et non des moindres, proposent encore Ă  leurs Ă©tudiants, soucieux d’apprĂ©hender l’autisme, des stages d’initiation. On peut Ă©galement voir dans des Ă©missions nationales2, parmi d’illustres invitĂ©s, les dĂ©fenseurs de ce que l’ONU dĂ©nonce comme un « acte de maltraitance3 » faire la promotion de cette « psychiatrie humaine » pour les enfants autistes. Face Ă  eux, des journalistes connus sourient bĂ©atement sans ĂȘtre capables de leur opposer la moindre contradiction.
Quelle que soit la façon dont le sujet autiste est apprĂ©hendĂ©, il est destinĂ© Ă  la mise en quarantaine. Or, les troubles du comportement ne dĂ©finissent pas l’autisme mais dĂ©coulent plutĂŽt de la marginalisation et de la maltraitance qui lui sont systĂ©matiquement appliquĂ©es. Comment ne pas reconnaĂźtre que packing, camisoles chimiques, ghettoĂŻsation, « institutionnalisation » et exclusions sont les causes directes de morts prĂ©coces4 ?
L’espĂ©rance de vie moyenne d’une personne autiste en France n’est que de 54 ans5, par privation d’accĂšs aux soins Ă©lĂ©mentaires, aux activitĂ©s sportives et par exclusion sociale. DĂšs la maternelle, si l’enfant est Ă©tiquetĂ© « autiste » et s’il n’est pas dĂ©jĂ  en institution, il sera placĂ© en classe spĂ©cialisĂ©e. Oh, non pas des cellules d’enseignement d’excellence oĂč toutes ses qualitĂ©s seraient exploitĂ©es en vue d’ĂȘtre dĂ©veloppĂ©es. Non ! Car le projet tend gĂ©nĂ©ralement Ă  dresser l’autiste pour le faire se conformer aux codes standardisĂ©s ! Pourquoi chercher Ă  cultiver ses compĂ©tences spĂ©cifiques puisqu’elles ne sont que sales manies pudiquement qualifiĂ©es « d’intĂ©rĂȘts restreints » ? On lui dispensera juste un programme gĂ©nĂ©ral allĂ©gĂ©, protocole le relĂ©guant Ă  un destin de citoyen de seconde zone et lui interdisant toute possibilitĂ© d’accession au marchĂ© du travail. Il s’agit simplement d’épargner aux autres la vision de ce « flĂ©au ».
Le monde politique français, sous la pression des associations et des lobbies psychiatriques qui se disputent les subventions du placement en institut spĂ©cialisĂ©, n’apprĂ©hende la question autistique qu’en termes de logique charitable d’assistanat. Ce lobby de l’institutionnalisation de ceux que l’on appelle encore aujourd’hui les « inadaptĂ©s » ou « incurables », voire mĂȘme les « irrĂ©cupĂ©rables » existe depuis l’aprĂšs-guerre. À la fin des annĂ©es 1940, l’État français a dĂ©lĂ©guĂ© la question de ce que l’on nomme le « handicap » Ă  des associations loi 1901 constituĂ©es de parents concernĂ©s, comme par exemple l’UNAPEI (Union nationale des associations de parents d’enfants inadaptĂ©s), fondĂ©e en 1960. À l’instar de cette derniĂšre, qui compte aujourd’hui plus de 94 000 salariĂ©s et 3 000 Ă©tablissements spĂ©cialisĂ©s, ou de l’Association française de gestion de services et Ă©tablissements pour personnes autistes (AFG Autisme) ou encore d’Autisme France, ces organisations sont devenues un État dans l’État. L’enveloppe d’argent public pour le fonctionnement de leurs institutions dĂ©diĂ©es Ă  tous types de handicap ou d’atypisme s’élĂšve Ă  environ 59 milliards d’euros par an6. Si elles ont toujours le statut d’associations loi 1901, ce qui leur permet de recevoir d’importantes subventions publiques, elles fonctionnent dans les faits comme des entreprises gestionnaires d’établissements spĂ©cialisĂ©s tels les instituts mĂ©dico-Ă©ducatifs (IME) ou les centres mĂ©dico-psychologiques (CMP).
On croise souvent leurs reprĂ©sentants dans les couloirs des palais de la RĂ©publique, farouches opposants Ă  toute forme de dĂ©sinstitutionnalisation, Ă©tape obligĂ©e pour accĂ©der Ă  une sociĂ©tĂ© inclusive. Évidemment, puisqu’à terme, cela entraĂźnerait leur disparition
 C’est pourquoi elles font barrage Ă  tout ce qui remettrait en cause leur existence et la pertinence de leur offre de services. Pourtant, un jour, elles seront contraintes de s’atteler au vaste chantier de la mise en valeur de ces intelligences atypiques plutĂŽt que de les garder indĂ©finiment sous leur lucrative tutelle.
Le temps est venu de renverser cette notion, inexacte et infamante, de dĂ©ficience mentale, quand on parle, comme le dĂ©montrent de rĂ©centes Ă©tudes scientifiques7, d’une autre forme d’intelligence. Aussi dĂ©rangeante soit-elle, cette vĂ©ritĂ© Ă©merge et, soyons-en convaincus, la science et la technologie sauront bientĂŽt donner leurs lettres de noblesse Ă  cette perception et Ă  cette analyse du monde diffĂ©rentes.

1. Sophie Le Callennec et Florent Chapel, Autisme, la grande enquĂȘte, Paris, Les ArĂšnes, 2016, p. 152.
2. France 5, La Grande Librairie : Pierre Delion et son « Combat pour une psychiatrie humaine », 26 janv. 2017. Les dĂ©fenseurs de cette pratique soutiennent qu’elle sert Ă  « rassembler le corps d’un enfant qui manque de contenance du fait de sa pathologie ». https://www.france.tv/france-5/la-grande-librairie/80677-pierre-delion-et-son-combat-pour-une-psychiatrie-humaine.html.
3. Contribution de l’organisation Autistic Minority International Ă  l’ONU Ă©mise en juin 2014, pour mettre en lumiĂšre les discriminations et maltraitances institutionnelles dont fait l’objet, en France, la population autiste, notamment par la pratique du packing. http://www.ohchr.org/_layouts/15/WopiFrame.aspx?sourcedoc=/Documents/HRBodies/CCPR/GConArticle9/Submissions/AutisticMinorityInternational_DGC.doc&action=default&DefaultItemOpen=1.
4. Magazine Handicap, le 23 juin 2008, Ă©voque l’histoire de Gabriel Poirier, enfant autiste de 9 ans, pesant 24 kilos, qui, aprĂšs...

Table des matiĂšres

  1. Couverture
  2. Présentation
  3. Du mĂȘme auteur
  4. Titre
  5. Exergue
  6. Avertissement
  7. 1. Ceci est ma colĂšre. Car vos dieux m’ont chassĂ© de vos terres !
  8. 2. Neurodivergents
  9. 3. L’intelligence autistique : valeur montante d’aujourd’hui, placement le plus sĂ»r de demain
  10. 4. Intelligence artificielle, mon amour
  11. 5. Du mĂ©pris de la neurodiversitĂ© Ă  la tentation de l’eugĂ©nisme