Là où est l'argent
eBook - ePub

Là où est l'argent

  1. 234 pages
  2. French
  3. ePUB (adapté aux mobiles)
  4. Disponible sur iOS et Android
eBook - ePub

Là où est l'argent

Détails du livre
Aperçu du livre
Table des matières
Citations

À propos de ce livre

Quand Maxime Renahy, administrateur de fonds à Jersey, réalise que ses informations peuvent intéresser la France, il se propose comme espion – bénévole – à la DGSE.
L'employé modèle mesure alors les inquiétudes de l'État français dans de nombreux domaines: banques, monnaie, multinationales, pays amis, etc.
Là où est l'argent dévoile une ingénierie financière organisée telles des poupées russes pour échapper au fisc. L'ex-espion éclaire un monde dévoyé qui délocalise et s'enrichit au mépris de l'humain.
Après avoir jeté le masque, Maxime Renahy offre son expertise aux victimes de ce système écrasant et nous alerte sur l'impunité financière qui déstabilise nos sociétés.
Là où est l'argent raconte le surprenant parcours de Maxime Renahy, un homme soucieux de patriotisme, de résistance et d'intérêt général.
Préface d'Eva Joly

Foire aux questions

Il vous suffit de vous rendre dans la section compte dans paramètres et de cliquer sur « Résilier l’abonnement ». C’est aussi simple que cela ! Une fois que vous aurez résilié votre abonnement, il restera actif pour le reste de la période pour laquelle vous avez payé. Découvrez-en plus ici.
Pour le moment, tous nos livres en format ePub adaptés aux mobiles peuvent être téléchargés via l’application. La plupart de nos PDF sont également disponibles en téléchargement et les autres seront téléchargeables très prochainement. Découvrez-en plus ici.
Les deux abonnements vous donnent un accès complet à la bibliothèque et à toutes les fonctionnalités de Perlego. Les seules différences sont les tarifs ainsi que la période d’abonnement : avec l’abonnement annuel, vous économiserez environ 30 % par rapport à 12 mois d’abonnement mensuel.
Nous sommes un service d’abonnement à des ouvrages universitaires en ligne, où vous pouvez accéder à toute une bibliothèque pour un prix inférieur à celui d’un seul livre par mois. Avec plus d’un million de livres sur plus de 1 000 sujets, nous avons ce qu’il vous faut ! Découvrez-en plus ici.
Recherchez le symbole Écouter sur votre prochain livre pour voir si vous pouvez l’écouter. L’outil Écouter lit le texte à haute voix pour vous, en surlignant le passage qui est en cours de lecture. Vous pouvez le mettre sur pause, l’accélérer ou le ralentir. Découvrez-en plus ici.
Oui, vous pouvez accéder à Là où est l'argent par Maxime Renahy en format PDF et/ou ePUB ainsi qu’à d’autres livres populaires dans Politics & International Relations et Geopolitics. Nous disposons de plus d’un million d’ouvrages à découvrir dans notre catalogue.

Informations

Éditeur
Les Arènes
Année
2019
ISBN
9782711200634

V
Au grand jour
et dans l’intérêt général

Déchirer le voile

2012
Quelque chose a mûri en moi. Une force nourrie de ma conscience et d’une confiance inébranlable. Ce mélange me pousse à quitter le monde de la finance, à prendre mes distances avec la DGSE, et me conduit dans les Vosges, entre forêts et étangs. C’est là que j’acquiers une modeste maison de campagne dans un bourg déserté, Fontenoy-le-Château. Je ne reviendrai pas à State Street. L’année sabbatique, qui ne sera ni une année ni sabbatique, est une excuse à peine voilée donnée à mon OT. Je veux mettre mon savoir-faire en matière de renseignement économique au service des autres : concitoyens, salariés, syndicats, consommateurs, mais surtout mes frères humains. Cette confiance est alimentée par un désir constant chez moi, servir les autres. Servir, avec la joie de pouvoir faire mes propres choix. Aider et servir, c’est se mettre en action, établir un plan avant de le réaliser. Un plan, un cadre, suffisamment flexible pour pouvoir rebondir face à l’adversité. Je sais que les ripostes de l’oligarchie dominante seront implacables pour défendre les intérêts, la suprématie, le statut et la fortune de ceux qui fracassent à la fois la société et la planète. Cet adversaire est d’une inflexibilité absolue, il faudra donc en jouer et retourner, sans haine et sans hargne, cette force contre lui.
Entrer dans l’action impliquera de quitter l’ombre pour agir dans la lumière. S’annonce une quête endurante de tous les éléments qui, tapis dans les contrats, les comptes, les transferts d’argent et les sociétés, démasqueront les actions frauduleuses. Il me faudra aussi partager mes connaissances par différents moyens : un article de presse, un livre, une action judiciaire aux côtés de salariés ou de syndicats. Utiliser la ruse aussi pour parvenir à dévoiler les points faibles de cette classe dirigeante nimbée d’impunité. L’une de ses faiblesses étant de laisser des traces partout, même infimes, de ses actions, fraudes ou secrets. Par-delà les débats politiques, il est aisé de constater que, partout autour de nous, l’ordre social n’est plus respecté. L’oligarchie impute, sans vergogne, ce désordre aux plus faibles. Eux seraient donc inaccessibles, intouchables, et nous les vrais coupables. Mais leur stratégie de la cupidité ne repose que sur des montages enfantins mis en place depuis des décennies afin de se soustraire à l’impôt, aux lois, au droit, et de renforcer leur voracité financière. Mettre au jour leurs agissements, voilà donc ma mission. C’est également celle de chacun d’entre nous : être conscient, libre et agir en conséquence.
En m’initiant aux secrets du monde de la finance, la DGSE m’a donné des armes et enseigné une façon d’enquêter. Les juges français, les inspecteurs dépendant du pôle financier, les salariés d’une entreprise, les journalistes ne savent pas forcément où lancer des recherches ou contre qui porter plainte face à des écheveaux de sociétés résidant en cascade dans plusieurs « pays » protégés par de nombreuses lois ad hoc, dont le secret bancaire. En 2012, fort de mon expertise forgée au cœur du système, me voilà donc prêt : aider les salariés en perdition en parvenant à défaire des pelotes emmêlées, trouver les propriétaires qui agissent derrière les montages sophistiqués nichés dans les paradis fiscaux. Je vais agir au grand jour. Les salariés, les syndicats ont besoin d’être alertés puis guidés pour s’y retrouver en cas de vol de trésorerie ou de fermeture d’usine et de liquidation sous prétexte de non-rentabilité. Il faut savoir débusquer et décrypter les entités, les holdings, les coquilles savamment reliées entre elles par des fils invisibles. Combien sommes-nous à pouvoir le faire ? Surtout, à vouloir le faire.
La Lorraine m’apparaît comme un terrain idéal. Autrefois important bassin industriel et minier, elle a vu ses usines fermer les unes après les autres, délocalisées en Chine et en Europe de l’Est. Dans le sud de la région, les Vosges, autrefois fleuron du textile, sont aussi frappées par les délocalisations sauvages. Ma maisonnette se situe dans un village en lisière de la Franche-Comté. Ce sera là ma thébaïde, ma tanière de renard. Fontenoy-le-Château a connu un passé prestigieux de place forte à partir du Xe siècle et une prospérité constante pendant plus de mille ans. Au XIXe siècle, le percement du canal de l’Est au cœur du bourg allait désenclaver les Vosges par le transport fluvial et assurer l’émergence d’un certain âge d’or : forges, clouteries, tuileries, usines de couverts, brasseries. Son kirsch (eau-de-vie) et ses ateliers de broderie lui assuraient une renommée internationale. Mais depuis les années 1980, la dégringolade a précédé l’effondrement. Fontenoy est désormais un village vosgien sinistré. Sa traversée en voiture, à vélo ou à pied, ne peut laisser personne indifférent et certains l’appellent même Fontenoy-la-Ruine. D’autres, comme Véronique André, se démènent avec énergie pour rénover un donjon ou perpétuer la mémoire locale de Julie-Victoire Daubié, première Française bachelière, en 1861, et aussi première licenciée ès lettres.
Non loin de la mairie subsiste encore la tour des Lombards, tour du Moyen Âge, demeurée, elle, quasi intacte. À l’époque, la tour des Lombards était une banque. Il faut croire que, même dans les coins les plus reculés, j’arrive encore à me loger près d’une banque… C’est donc là que s’organise ma vie, sobre et simple : jardinage, dessin, mais aussi cueillette de mûres, pommes, poires, noisettes, châtaignes, champignons, fleurs diverses pour la tisane, reine-des-prés ou pissenlit. Inutile de dire que le coût de la vie – logement, dépenses courantes – n’a rien à voir avec ce qu’il est en ville. L’endroit est retiré mais facilite le contact avec mes amis frontaliers. Une gare située à quelques kilomètres, en rase campagne, me permet, s’il le faut, de rejoindre rapidement Épinal d’où tout est accessible : Nancy, Metz, Luxembourg, Belfort, Bâle, Mulhouse, Strasbourg, Besançon où réside une partie de ma famille… et Paris à moins de deux heures. En peu de temps, je change radicalement de vie et troque la finance pour une existence simple au cœur de cette forêt vosgienne que j’aime tant.

Mitt Romney, candidat
à l’élection présidentielle américaine

2012
À peine suis-je installé dans ma nouvelle vie que l’actualité se focalise sur un dossier sur lequel j’ai déjà accumulé, depuis Jersey, bon nombre d’informations. Nous sommes en 2012 et, aux États-Unis, Mitt Romney est en campagne présidentielle face à Barack Obama. Ex-gouverneur du Massachusetts, Mitt Romney a été également P-DG du fonds d’investissement Bain Capital, officiant à Boston mais domicilié dans l’État du Delaware, paradis fiscal américain. Des journalistes français commencent à enquêter sur les activités de Mitt Romney, notamment sur son rôle dans ses affaires françaises. Ils cherchent aussi des informations sur la façon dont Mitt Romney a édifié sa fortune et réparti celle-ci dans les paradis fiscaux. Il me faut constituer au plus vite une cartographie de son empire financier, de Bain Capital à l’ensemble de ses sociétés offshore. Parmi celles-ci, Samsonite Corporation, dont la cession à un autre fonds d’investissement (acte dont je fus témoin en 2007) a entraîné la délocalisation du site français implanté à Hénin-Beaumont (Pas-de-Calais). Depuis, cette ville sacrifiée tend à devenir une sorte d’épicentre des tensions nationales entre extrêmes, de droite et de gauche. Souvent associée à la montée du Front national, elle illustre le lien entre la liquidation d’un outil industriel rentable et le désarroi politique de toute une population face à sa disparition.
Mes contacts se multiplient : Sylvain Cypel, correspondant du Monde aux États-Unis, qui m’interviewe pour l’édition du 17 juillet 2012 ; Edwy Plenel et ses collègues de Mediapart, dont François Bonnet, pour lesquels je dois rédiger un projet d’article sur les liens Bain Capital-Samsonite-Hénin-Beaumont. Mais une intervention tatillonne de ma part concernant la réécriture de l’article stoppe net cette collaboration. Édouard Perrin, journaliste à Cash Investigation, qui a trouvé certains documents que j’ai mis en ligne, vient passer plusieurs jours à Fontenoy, avec un cameraman, pour approfondir le sujet. Mais finalement, je n’apparaîtrai pas dans le reportage. Je rencontre aussi plusieurs fois à Paris Fiodor Rilov, l’avocat des salariés de Samsonite Hénin-Beaumont, qui souhaite m’emmener aux États-Unis pour engager une action juridique contre Mitt Romney. Bien qu’invité à l’accompagner à Boston, je refuse car tout cela me semble trop précipité. Du côté des Américains, Kimberly Cheng, du magazine Hustler, du milliardaire Larry Flynt, et David Corn, patron de Mother Jones, journal indépendant américain, équivalent du Canard enchaîné, cherchent à constituer un même dossier accablant contre Mitt Romney.
Mais entre tous ces interlocuteurs et moi s’installe une incompréhension réciproque. Je découvre les codes de la presse, notamment l’urgence et la simplification, qui me désarçonnent. À mes yeux, les journalistes négligent trop l’ingénierie financière, complexe il est vrai, des paradis fiscaux. Ils attendent que je leur remette des documents volés
ou hackés prouvant la malhonnêteté de Romney comme, par exemple, le fac-similé d’un compte aux Caïmans. Or l’héritier d’une grande famille de mormons, laquelle est à la tête d’une fortune édifiée à hauteur de centaines de millions de dollars et d’entreprises valorisées à plusieurs milliards de dollars, ne gère pas ses affaires aussi légèrement. Il sait comment et où cacher ses comptes. Il est entraîné à la « légalité » des affaires et se prépare de longue date à être candidat à la présidence. Son père, déjà, était rompu à la politique et aux affaires. Le magazine Hustler offre un million de dollars contre une preuve de la dissimulation de ses avoirs dans un compte offshore. Suite à l’envoi de mon investigation en anglais sur le fait avéré que Mitt Romney est encore aux affaires (malgré l’interdiction des lois américaines), la journaliste Kimberly Cheng finit par me faire savoir par mail que le propos n’est pas accessible au lecteur lambda. À son tour, David Corn de Mother Jones jettera l’éponge et sautera sur une occasion plus simple et plus gratifiante en enregistrant Mitt Romney à son insu, alors que celui-ci dénonçait le fait que 47 % des Américains seraient des assistés sociaux.
Mes efforts pour expliquer le fonctionnement du monde offshore se heurtent au mur du simplisme. Je sais que mes interlocuteurs peuvent me retourner le reproche à propos de mes explications trop obscures...

Table des matières

  1. Couverture
  2. Présentation
  3. Copyright
  4. Titre
  5. Préface
  6. Prologue
  7. I Jersey Un pied dans l’interdit
  8. II L’initiation
  9. III Dans le vif
  10. IV Au Luxembourg
  11. V Au grand jouret dans l’intérêt général
  12. Épilogue
  13. Brève chronologie des paradis fiscaux et de la surveillance économique
  14. Lexique
  15. Remerciements
  16. Achevé