Fiche 1
La Bourse, institution de financement parmi dâautres
Ă partir du moment oĂč, les Ă©conomies se dĂ©veloppent, la monnaie se substitue au troc, des besoins de financement se manifestent en raison des dĂ©lais que nĂ©cessitent les opĂ©rations de production. Mais, rapidement, le financement monĂ©taire se rĂ©vĂšle insuffisant dans la mesure oĂč la thĂ©saurisation (Ă©pargne non rĂ©munĂ©rĂ©e) ne satisfait plus les agents Ă©conomiques qui rĂ©clament un revenu pour leurs Ă©conomies, Ă lâorigine de la crĂ©ation des marchĂ©s financiers et de nouveaux circuits de financement.
I. Le financement monĂ©taire de lâĂ©conomie
A. La monnaie, condition du fonctionnement dâune Ă©conomie dĂ©veloppĂ©e
La monnaie est une partie intĂ©grante de lâĂ©conomie. Elle permet de faire le lien entre la perception des recettes et le paiement des dĂ©penses en raison des dĂ©calages qui existent Ă court terme. En effet :
â les mĂ©nages reçoivent leurs revenus de façon discontinue tandis quâils effectuent leurs dĂ©penses de façon continue. Ils disposent donc, en dĂ©but de pĂ©riode, dâun excĂ©dent de monnaie quâils thĂ©saurisent et qui diminue rĂ©guliĂšrement jusquâĂ devenir nul en fin de pĂ©riode. Plus leurs revenus sont importants, plus leur thĂ©saurisation lâest aussi. Inversement, plus la distribution des revenus est frĂ©quente, moins les individus thĂ©saurisent sur la pĂ©riode : par exemple, des salariĂ©s payĂ©s une fois par mois thĂ©saurisent en moyenne davantage que des salariĂ©s payĂ©s une fois par semaine ;
â les entreprises doivent faire face à « un besoin en fonds de roulement », câest-Ă -dire Ă un besoin de liquiditĂ©s Ă court terme car elles paient leurs fournisseurs avant dâĂȘtre payĂ©es par leurs clients ;
â les administrations publiques supportent des dĂ©calages de nature diffĂ©rente selon les pĂ©riodes. Ainsi, en dĂ©but dâannĂ©e, lâĂtat doit honorer ses dĂ©penses sans avoir perçu dâimpĂŽts. Puis, Ă chaque fois que ceux-ci sont versĂ©s, il dispose dâun excĂ©dent monĂ©taire qui diminue Ă mesure que de nouvelles dĂ©penses sont assumĂ©es et qui se reconstitue quand de nouveaux impĂŽts sont appelĂ©s.
De plus, Ă long terme, la monnaie permet de faire face aux besoins dâinvestissements puisque ceux rĂ©alisĂ©s par les entreprises (pour renouveler ou accroĂźtre leur outil de production), par les administrations (pour dĂ©velopper les services collectifs rendus et faire face aux dĂ©ficits budgĂ©taires et des comptes sociaux) et par les mĂ©nages (pour devenir propriĂ©taires de leur logement) doivent ĂȘtre financĂ©s. Or, les rĂ©sultats Ă court terme et Ă long terme sâadditionnent : le besoin de financement Ă long terme aggrave la situation des agents qui supportent dĂ©jĂ un besoin Ă court terme et dĂ©tĂ©riore celle dâagents qui dĂ©gagent une capacitĂ© Ă court terme. Le circuit monĂ©taire permet aux agents Ă©prouvant un besoin global de financement de trouver les fonds nĂ©cessaires auprĂšs des agents bĂ©nĂ©ficiant dâune capacitĂ© globale.
B. Le circuit monĂ©taire et le financement de lâĂ©conomie
La capacité de financement se met au service du besoin de financement
Les mĂ©nages, pris dans leur ensemble, dĂ©gagent toujours une capacitĂ© de financement. De leur cĂŽtĂ©, les administrations et les entreprises supportent le plus souvent un besoin de financement. En rĂšgle gĂ©nĂ©rale, la capacitĂ© de financement des mĂ©nages permet de financer les besoins des administrations et des entreprises. Si la thĂ©saurisation dĂ©gagĂ©e au niveau national ne suffit pas, le reste du monde (lâextĂ©rieur) apporte le complĂ©ment. Dans le cas contraire, la capacitĂ© de financement excĂ©dentaire qui ne trouve pas de dĂ©bouchĂ©s dans le pays est proposĂ©e Ă lâĂ©tranger.
Au niveau individuel, cependant, certains agents ont un comportement diffĂ©rent de celui du groupe auquel ils appartiennent. Ainsi, des mĂ©nages Ă©prouvent parfois un besoin de financement sâils rencontrent des difficultĂ©s exceptionnelles de trĂ©sorerie dues Ă des dĂ©penses inattendues ou lorsquâils financent lâacquisition de leur logement. Inversement, dans quelques secteurs, des entreprises disposent en permanence dâune capacitĂ© de financement :
â Ă court terme, en raison dâun excĂ©dent en fonds de roulement (par exemple les compagnies dâassurance qui reçoivent des primes avant de verser les indemnitĂ©s et les rentes ou les entreprises de la grande distribution qui rĂšglent leurs fournisseurs Ă crĂ©dit alors quâelles sont payĂ©es au comptant par leurs clients) ;
â Ă long terme parce que leurs investissements sont infĂ©rieurs Ă leur thĂ©saurisation.
Cependant, le financement monétaire connaßt des limites
Dâabord, la thĂ©saurisation nâest pas rĂ©munĂ©rĂ©e. Cette situation, acceptable quand la capacitĂ© de financement est faible, ne lâest plus dĂšs que son montant atteint un niveau tel que son rĂŽle Ă©conomique devient prĂ©pondĂ©rant pour le dĂ©veloppement dâun pays. Les agents concernĂ©s exigent alors quâun intĂ©rĂȘt leur soit versĂ©. Le financement par lâĂ©pargne, nĂ©cessitant lâexistence de titres financiers, se substitue, alors, en grande partie, au financement par la seule thĂ©saurisation.
De plus en plus, dans la plupart des pays, le financement par lâĂ©pargne a tendance Ă ĂȘtre effectuĂ© sur des marchĂ©s, mĂȘme si des intermĂ©diaires continuent Ă jouer un rĂŽle essentiel dans le financement de lâĂ©conomie. Ces organismes, crĂ©Ă©s dĂšs quâune Ă©pargne se manifeste afin dâassurer son dĂ©veloppement et sa meilleure rĂ©partition possible, mettent Ă la disposition des agents Ă©conomiques de nouveaux moyens de financement par les crĂ©dits quâils leur accordent.
II. De la thĂ©saurisation Ă lâĂ©pargne
Lâanalyse de lâĂ©pargne est identique Ă celle de la thĂ©saurisation Ă une diffĂ©rence fondamentale prĂšs : le surplus des ressources sur les emplois nâest pas conservĂ© sous forme monĂ©taire, mais donne lieu Ă un placement, rĂ©munĂ©rĂ© le plus souvent par un intĂ©rĂȘt. En facilitant le transfert de lâexcĂ©dent des agents Ă capacitĂ© de financement vers les agents Ă besoin de financement, lâĂ©pargne constitue lâune des sources essentielles de la croissance. En effet, elle permet le financement de lâun des deux facteurs de production (le capital). LâĂ©pargne est expliquĂ©e par des variables tant Ă©conomiques que non Ă©conomiques.
A. Les variables Ă©conomiques explicatives de lâĂ©pargne
Si lâĂ©pargne constitue un concept facilement mesurable, les variables Ă©conomiques qui lâexpliquent ont toujours donnĂ© lieu Ă des controverses. Dâune part, il est difficile de connaĂźtre lâinfluence de chaque variable prise isolĂ©ment, dâautre part, il existe une opposition sur le sens de la causalitĂ© entre les diffĂ©rentes variables et lâĂ©pargne : par exemple, des variations du montant de lâĂ©pargne conduisent Ă des fluctuations du taux dâintĂ©rĂȘt, mais des fluctuations du taux dâintĂ©rĂȘt entraĂźnent aussi des variations du montant de lâĂ©pargne.
Le taux dâintĂ©rĂȘt
Câest uniquement par facilitĂ© de langage que lâon parle du taux dâintĂ©rĂȘt car, dans la rĂ©alitĂ©, il en existe une multitude. Toutes les thĂ©ories reconnaissent le rĂŽle du taux dâintĂ©rĂȘt sur lâĂ©pargne, mais ne lui accordent pas la mĂȘme importance.
â Le rĂŽle empirique du taux dâintĂ©rĂȘt
Le taux dâintĂ©rĂȘt nominal, exprimĂ© sus forme dâun pourcentage annuel, indique le rendement annuel dâun placement. Il correspond Ă la rĂ©munĂ©ration dâun service rendu et dâun risque assumĂ© en contrepartie de la mise Ă disposition dâune somme dâargent pendant un certain temps. Le taux reprĂ©sente aussi le coĂ»t dâopportunitĂ© de la monnaie : plus il est Ă©levĂ©, plus une encaisse conservĂ©e de maniĂšre oisive (par exemple dans un but de prĂ©caution) entraĂźne un manque Ă gagner par rapport Ă un placement rĂ©alisĂ© pour un montant identique.
â Le rĂŽle thĂ©orique du taux dâintĂ©rĂȘt
Pour certains Ă©conomistes, le taux dâintĂ©rĂȘt est le prix de la renonciation Ă la consommation. Il conduit Ă lâĂ©quilibre entre lâĂ©pargne et lâinvestissement. En effet, lâĂ©pargne est une fonction croissante du taux dâintĂ©rĂȘt (une hausse du taux rend les placements plus attractifs) et lâinvestissement est une fonction dĂ©croissante du taux dâintĂ©rĂȘt (une hausse du taux rend plus onĂ©reux les emprunts pour investir). Il existe donc un taux dâintĂ©rĂȘt pour lequel le montant de lâĂ©pargne est Ă©gal au montant de lâinvestissement. Pour dâautres Ă©conomistes, l...