Chronique d'un lieu en partage
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Chronique d'un lieu en partage

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Chronique d'un lieu en partage

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À propos de ce livre

Des personnes sorties de prison, d'autres en errance, des artistes, des retraités, des woofers, des sans-domicile fixe, des pèlerins en escale vers Saint-Jacques-de-Compostelle, tous réunis sous le même toit! Comment croire à ce rêve? Que faire des inévitables conflits, des soucis du quotidien, de la méfiance des riverains?La romancière Pascale Kramer raconte une utopie qui prend corps dans un lieu unique, l'ancien carmel de Condom. Au milieu des écueils, des crises et des joies, des retraités donnent sens à leur vieillesse, des personnes au RSA s'occupent d'un potager, d'autres qui ont dormi dans la rue peuvent enfin profiter d'une chambre à eux... Tous mangent ensemble, rencontrent des gens du monde entier.Chronique d'un lieu unique qui rend le partage contagieux.Pascale Kramer est l'auteure de dix romans dont Les Vivants (Calmann-Lévy, 2000), L'Implacable brutalité du réveil (Mercure de France, 2008), Gloria (Flammarion, 2013) et Autopsie d'un père (Flammarion, 2016). Elle a reçu successivement le prix Lipp Genève, le Grand Prix du roman de la Société des gens de lettres et le prix Schiller. Plusieurs de ses livres ont été traduits en italien, allemand et anglais.

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Informations

Année
2017
ISBN
9782708250918
Troisième partie

Les défis du long terme

Chapitre 9
Sortir de la précarité du mécénat privé

Christelle Mességué n'a pas encore été nommée directrice quand lui vient l'idée d'un livre sur la construction de l'Ancien Carmel. Elle sent qu'après la nécessaire cure d'austérité endurée, les résidents auraient besoin d'un projet valorisant. Elle sait probablement déjà que pour pérenniser le lieu, Olivier Laffon envisage de le remettre à une association plus grande, et que la première phase de son existence a besoin d'être racontée. C'est en janvier 2014 que se forme l'idée, au moment où je séjourne pour la première fois à l'Ancien Carmel. Romancière, je tombe donc à pic. Un heureux hasard pour moi qui vais tant aimer cet endroit.
Je viens alors de quitter un foyer parisien, Valgiros, où j'ai vécu pendant dix-huit mois en collocation avec des personnes qui pour beaucoup ont été SDF. Le lieu est financé en grande partie par la Drihl (Direction régionale et interdépartementale de l'hébergement et du logement) et géré par une association catholique qui a été l'une des premières à faire des maraudes à Paris. Il s'agit donc d'une structure d'État, un CHS très exactement, avec un objectif implicite de résultat en termes de réinsertion progressive. Pour les résidents actifs comme moi, l'engagement dure un à deux ans maximum. Ce sont pour la plupart des jeunes gens de bonnes familles, ayant un métier et un mariage en vue, alors que nos colocataires se retrouvent à 50 ou 60 ans, certes à l'abri, mais seuls, sans emplois, sans argent autre que le RSA, et parfois sans nouvelles de leurs enfants. Le décalage crée autant de dynamique que de frustration.
Sur une idée semblable, le projet de l'Ancien Carmel me séduit davantage. Les résidents y vivent chez eux, avec leurs meubles s'ils en ont, et cela aussi longtemps qu'ils le souhaitent. L'activité touristique, qui est la finalité du lieu, offre à s'occuper autant qu'on veut, ce qui est primordial. Et surtout, la mixité se fait entre gens de milieux certes très différents, mais ayant tous des fragilités, pour les uns la vieillesse, pour les autres l'addiction ou la solitude, ou des années dans la rue qui les ont abîmés.
Les tarifs ne sont pas chers, je décide donc de m'y rendre pour travailler sur mon roman pendant une semaine. J'arrive par le dernier car d'Agen. C'est Anne Garnier, enveloppée jusqu'au cou dans une polaire rouge, qui vient me chercher à la gare routière. Elle est à la fois rude et chaleureuse. Je suis loin de soupçonner combien elle est frondeuse et même téméraire.
Je découvre le Carmel dans un halo de brume givrante. Anne m'installe dans un studio qui donne sur l'arrière, là où se trouve la maison des anciens directeurs réaffectée en maison d'urgence. Il y a deux lits jumeaux en bois blanc, un petit quelque chose de camp de vacances à la montagne.
Je travaille dans ma chambre et prends tous mes repas au réfectoire avec les autres. J'adore le côté bric et broc de la décoration, la vaisselle dépareillée, ces dédales de longs couloirs où se faufilent les chats, les odeurs de buanderie et de linge séché au soleil. Richard Fleury m'a à la bonne. Par un hasard incroyable, il a été le compagnon d'une de mes voisines au foyer de Valgiros. C'est lui qui me raccompagnera à Agen avec la Kangoo, lui qui me baladera, lors de mes séjours suivants, me faisant découvrir ses coins préférés : des lacs à truites perdus aux creux des vallons.
Je prends mon tour à la plonge deux à trois fois dans la semaine. Le soir, il y a toujours quelqu'un avec qui bavarder, accoudé à la toile cirée autour d'une tisane. Je retrouve ces relations sans enjeu que j'ai connues dans les villages où j'ai vécu plus jeune, ces ambiances de bistrots où les marginaux et les notables lèvent le coude derrière le même comptoir.
L'Ancien Carmel est un projet privé, non confessionnel. Il a été lancé avec le culot et la liberté des visionnaires, et avec la créativité qu'il faut pour réussir à faire bouger les lignes. C'est son aspect très séduisant autant que sa limite. Si le mécène disparaît ou s'en désintéresse, le projet s'effondre. Or difficile de se le permettre quand on a embarqué des gens dans une aventure de vie, et qui plus est des gens, comme Richard Fleury et d'autres, qui se demandent bien où ils iraient « si le Carmel se cassait la gueule ». Christelle Mességué est très consciente de la précarité du lieu qui repose sur la générosité d'un homme. Le jour où elle est nommée directrice du Carmel par le CA de l'association, elle n'hésite pas à pointer l'ambiguïté de la situation du Carmel :
J'ai profité de la grande réunion que nous avions avec tout le CA pour mettre les pieds dans le plat par rapport à C Développement. Je ne pouvais pas continuer à inciter des gens à venir s'installer à l'Ancien Carmel alors que je n'avais aucune certitude sur la pérennité du lieu. Le Carmel est géré par une association qui dépend d'un particulier, Olivier Laffon, lequel nous fait don du loyer. Que se passe-t-il s'il disparaît et que ses enfants décident de vendre ? Je me sentais mal vis-à-vis des gens qui se disaient prêts à venir vivre l'aventure. J'avais besoin de garanties sur l'avenir.
Christelle souhaite notamment que C Développement s'en tienne à un rôle de propriétaire des lieux, assumant les charges et frais d'entretien qui lui incombent. Une revendication qui a du mal à passer auprès de Frédéric Robert :
Nous nous sommes heurtés aux fonctionnements parfois rigides du monde associatif. Olivier Laffon et moi venons du monde de l'entreprise. Nous ne comprenions pas ce goût pour les normes, cette aspiration à vouloir que tout soit bien rangé dans des cases. Olivier est tout le contraire. Il n'a jamais fait de fiches de poste, il embauche des gens jeunes, de toutes les origines, pas forcément diplômés pour le job, mais en qui il a confiance et dont il se soucie. Cela fait de lui un patron rare, qui accepte de prendre des risques pour des salariés qui conservent cependant la sécurité de leur statut et leur salaire.
À l'Ancien Carmel, les encadrants sont très à cheval sur la répartition des rôles. Dans leur esprit, c'est l'association qui gère, alors que nous, C Développement, nous devons rester à notre place de propriétaire. Ils craignent un conflit d'intérêts. Mais Olivier a toujours tout payé. Il a mis près de deux millions d'euros dans l'Ancien Carmel. On peut difficilement le soupçonner de ne pas agir dans l'intérêt de l'association.
Il n'en demeure pas moins qu'Olivier Laffon n'est pas éternel, et que l'Ancien Carmel n'étant pas autonome financièrement, son avenir reste incertain. Conscient de sa responsabilité vis-à-vis des résidents, Olivier annonce dès 2014 son intention de trouver un repreneur :
Depuis le début, j'ai laissé les choses se faire, je crois à la responsabilisation des gens. J'ai été peu présent à l'Ancien Carmel, mais je suivais de loin. Je suis très à l'écoute de ce qui s'y passe, j'appelle les résidents.
J'avais fixé comme objectif que l'Ancien Carmel atteigne l'équilibre financier au bout de deux ou trois ans, ce qui a permis aux résidents de se responsabiliser et de se sentir davantage chez eux. Ils sont entrés au CA. C'est aujourd'hui un lieu autogéré et expérimental. Je suis sidéré par la maturité qu'a atteinte la communauté en quelques années.
Du point de vue humain, c'est une très belle expérience que je suis heureux d'avoir créée. Aujourd'hui, j'ai 68 ans, je suis malade, je passe la main sur un projet qui a été bien décrit, notamment grâce aux assises. Les résidents sont au courant, je me suis expliqué avec eux sur mes intentions, il n'y a pas de pensées dissimulées. Je cherche un organisme qui reprenne les bâtiments tout en conservant le projet tel qu'il est, c'est-à-dire la mixité et l'ouverture.
Et ce projet tel qu'il est continue à séduire des personnalités singulières. Parmi elles, Huguette Flamand, qui effectue son mois de découverte au moment de mon premier séjour au Carmel. Elle vit alors dans une maison de retraite suite à un AVC qui l'a fragilisée et ralentie sans rien lui retirer de sa très grande distinction. Le projet entre en cohérence parfaite avec ses engagements précédents :
J'ai 78 ans aujourd'hui et cela fait trente ans que je me dis : « Vieillir, oui, mais comment ? » Je me suis intéressée aux projets collectifs et alternatifs qui se créaient. C'est ainsi qu'il y a vingt ans, j'ai découvert les Babayagas{8}. J'ai fait la connaissance de Thérèse Claire avec qui je me suis rendue en Belgique pour voir certaines réalisations, des lieux d'inspiration religieuse mais laïques, appelés béguinages. Ce sont des collectivités de femmes de 40 à 50 ans qui jouent un rôle social, s'occupant des uns et des autres. Ces lieux sont constitués d'habitats individuels, où les femmes vivent seules, et d'espaces collectifs. Les béguinages existent depuis le XVIIe ou XVIIIe siècle et sont restés la référence dans ce domaine. Ils ont inspiré tous les projets collectifs qui sont apparus par la suite. Il y en a beaucoup dans les Flandres, notamment.
À La Rochelle, j'ai créé une association, Jardiniers du présent, l'idée étant qu'il faut cultiver le présent pour préparer l'avenir. L'un des projets menés par cette association est un projet d'habitat collectif qui est d'ailleurs en train de se concrétiser, des accords sont passés avec une société HLM et la ville.
Depuis mon AVC, je ne conduis plus. Des amis m'avaient suggéré de m'emmener dans un lieu de mon choix et j'ai proposé le Gers où j'ai vécu dans les années 1970 (j'y faisais de l'élevage) et pour lequel j'avais gardé de l'affection. À la recherche d'un gîte, j'ai consulté des guides comme le Routard et c'est ainsi que j'ai découvert l'Ancien Carmel qui n'existait pas à l'époque où j'habitais dans la région.
Je m'y suis rendue toute seule, puis j'y suis retournée régulièrement. Mes trois fils sont venus également. À l'époque, j'habitais dans une résidence pour séniors car j'avais besoin d'un cadre sécurisé au cas où je ferais une nouvelle attaque. C'était confortable et agréable, mais comme disait l'un de mes fils, je ne me voyais pas faire du macramé et des scrabbles jusqu'à la fin de mes jours. Un lieu comme le Carmel correspondait mieux à ce que je cherchais. J'ai donc posé ma candidature, sachant pourtant que je ne correspondais pas à leurs critères, à savoir être un retraité jeune et en forme.
Pourquoi tenais-je tant à venir ? Par envie de participer à un projet intéressant, avec une dimension sociale qui était d'ailleurs absente de mon projet de La Rochelle où il était question de mixité uniquement culturelle et générationnelle.
Difficile de savoir ce qui a finalement joué en ma faveur. Sans doute mon engagement associatif, le fait que j'avais été souvent en situation de responsabilité (j'ai créé une antenne Handicap international, j'ai travaillé pour SOS amitiés...), peut-être aussi parce que j'avais été l'assistante de Bertrand Schwartz{9}. Il y avait probablement des espoirs placés en moi. Mon entourage me voyait prendre des responsabilités au Carmel.
Huguette Flamand s'installe définitivement à l'Ancien Carmel au printemps 2014, peu avant Jean-Michel Beulin qui partage la même adhésion intellectuelle au projet. Ancien moine devenu mosaïste, Jean-Michel permet au Carmel de renouer avec l'accueil des artistes. Cet homme ascétique et singulier pose sur le monde un regard bleu sourcilleux :
J'ai découvert le Carmel par un ami, Gaultier, qui, connaissant mon parcours, a pensé que l'expérience pourrait me parler. Et en effet, ce projet solidaire, innovant, intergénérationnel, m'a tout de suite intéressé. J'ai rencontré David Berly et je suis venu une semaine avec lui au Carmel. Ce qu'il m'a dit dès notre première rencontre, « ici, on propose une vie alternative, collective » reste la raison pour laquelle je veux persévérer malgré les problèmes.
Ayant eu une vie monastique, puis ayant vécu en Algérie, j'ai été coupé quinze ans de la société française et de ses évolutions. Mon retour a été subi, il s'est fait dans la douleur. J'étais devenu mosaïste en Algérie, dans le cadre du travail d'accompagnement et d'alphabétisation que je menais sur place. À mon retour, j'ai animé des ateliers de mosaïque avec des personnes âgées. Ces populations-là ne sont pas dans la compétition, elles sont mises sur la touche. J'ai ainsi découvert en France une société dans ce qu'elle a de moins positif, notamment une marginalisation de populations entières.
Cette société a certes des valeurs, mais elle génère aussi cela : l'exclusion. Le développement de l'humain n'est pas la visée première de la société, je ne pouvais pas cautionner cela. J'ai esquivé en faisant des escapades en Inde où j'ai enseigné le français dans une académie privée à Pondichéry. À chaque retour en France, je ressentais cette même déception et difficulté à m'insérer. C'est là que Gaultier m'a parlé de l'Ancien Carmel de Condom. J'ai trouvé l'intuition pertinente de faire cohabiter des personnes âgées ou marginales, des personnes qui ont du mal à trouver leur place dans une société qui veut qu'on produise et qu'on consomme.
L'ambition de ce lieu de vie croisait beaucoup de mes engagements antérieurs. J'ai pensé que ça valait le coup de m'investir en donnant de mon énergie et de ma personne.

Chapitre 10
S'entendre sur la notion de partage

« Construire ensemble un lieu d'accueil et de vie collective, innovant et durable, basé sur la solidarité, l'ouverture et la diversité », voilà l'ambition du projet de l'Ancien Carmel telle qu'elle a été définie au cours des assises en 2013. L'idéal est magnifique, mais reste à le faire exister dans la réalité du vécu quotidien. Se mélanger à des personnes en grande difficulté, c'est se mettre à l'épreuve de fonctionnements parfois asociaux ou très autodestructeurs. Si la mixité tire vers le haut ceux qui vont mal, elle ne peut pas se faire à n'importe quel prix pour ceux qui vont plutôt bien. Maïté Comte, avec sa longue expérience dans le social, donne une définition très exigeante de ce qu'il faut entendre par solidarité :
Je n'aurais pas adhéré à un projet idéaliste. Ici, les choses ont évolué. Il y a deux ans, il y avait l'idée implicite qu'on devait être solidaires, qu'il y avait ceux qui donnent et ceux qui reçoivent. Tu as une voiture, tu dois m'emmener, tu as de l'argent, tu dois m'en prêter. Or pour pouvoir durer, cohabiter et s'aimer, il faut rester dans l'échange.
À l'Ancien Carmel, nous n'avons pas tous ni les mêmes revenus, ni la même santé, ni les mêmes motivations, mais nul n'est exempté de prendre sa part dans l'œuvre collective. Et ça, c'est humanisant. Ici, chacun existe pour tous les autres et doit répondre de lui-même et de ses comportements. Trois fois par semaine, nous sommes tous attendus au « Point du jour ». Pour des personnes qui ont été à la rue, être attendues physiquement quelque part, savoir que leurs noms figurent sur une liste, qu'elles peuvent s'absenter bien sûr, mais à condition d'en informer les autres, c'est humanisant. Il n'y a pas d'obligation de résultat, mais chacun doit être présent et trouver la façon dont il peut être utile à la communauté. Ce sont ces exigences qui développent un lien d'appartenance.
Maintenir l'enthousiasme, à commencer par le sien, est un exercice parfois exténuant. Quelques mois après son emménagement, Huguette Flamand avoue qu'elle a probablement un peu trop présumé de ses forces :
C'est peut-être un peu de la paresse de ma part, mais je me suis mise plutôt en retrait. Pourtant j'aime le projet : mettre en cohabitation pas trop serrée des personnes très différentes. Mais il me semble que les difficultés n'ont pas été bien mesurées. Il y a un déficit affectif énorme de la part de nombreux résidents. Moi j'ai été très gâtée, j'ai des amis partout de par le monde, j'ai pu profiter des richesses de la vie, j'ai fait des rencontres de toutes sortes. Je me disais que cette affection reçue, je pouvais la donner en retour. Mais les gens s...

Table des matières

  1. Page de titre
  2. Sommaire
  3. Avant-propos
  4. Première partie. – La saison des utopies
  5. Deuxième partie. – La difficile confrontation au réel
  6. Troisième partie. – Les défis du long terme
  7. Épilogue
  8. Postface
  9. Cahier hors texte