Libérer le sport
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20 débats essentiels

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Libérer le sport? Mais de quoi est-il prisonnier? De l'argent? Du dopage? Des marques?De la communication? D'intérêts politiques? À l'heure où le sport donne l'impression de marcher sur la tête, ce livre propose de le remettre sur pied en partant de l'expérience de millions de pratiquants de tout niveau pour qui le sport est une source d'émancipation, un lieu d'expression de soi, un moyen de se relier aux autres et d'acquérir de nouvelles aptitudes.En vingt questions d'actualité, Nicolas Bonnet-Oulaldj et Adrien Pécout invitent à découvrir la richesse des expériences du mouvement sportif.Ils expliquent les raisons de sa marchandisation et ils mettent en débat des propositions qui le sortent de cet étau. Une conviction traverse cet ouvrage: la pratique du sport par tous à tout âge, à tout niveau, est capable de libérer les corps de l'emprise qu'ils subissent. « Le sport a le pouvoir de changer le monde, affirmait Nelson Mandela. Il a le pouvoir d'unir les gens de manière quasi unique. Le sport peut créer l'espoir où il n'y avait que du désespoir. »

Foire aux questions

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Chapitre 1

Donner au sport une nouvelle place dans la société

1.
Est-il souhaitable pour Paris d'organiser les Jeux olympiques ?

La capitale s'est déclarée candidate pour accueillir l'édition 2024 de la plus importante compétition sportive au monde. Une occasion à saisir pour redonner du sens aux principes de l'olympisme et pour mettre un terme à la surenchère qui a caractérisé les précédentes éditions.

Quand l'Olimpiada popular montre l'exemple

Trop chère, trop polluante, trop élitiste... À l'heure où une partie de la population française se mobilise contre les « grands projets inutiles », la candidature de Paris pour accueillir les Jeux olympiques et paralympiques de 2024 se heurte à une vague de scepticisme.
L'idéal olympique a pourtant du sens. L'histoire le montre, il peut même porter en soi un nouveau projet de société. Quel meilleur exemple, en ce sens, que celui des Olympiades populaires de Barcelone ? Du 19 au 26 juillet 1936, grâce à leurs organisations sportives, communistes et socialistes mettent en place cette alternative aux Jeux traditionnels avec un but bien précis : défendre « le véritable esprit olympique{7} » et s'opposer au IIIe Reich d'Hitler, sinistre organisateur, un mois plus tard, à Berlin, de la version officielle des Jeux olympiques. Parce qu'ils entendent dénoncer « l'esprit du national-socialisme, de l'esclavage, de la guerre et de la haine raciale », 6 000 sportifs convergent vers la Catalogne, dont un tiers en provenance de pays étrangers.
Ironie de l'histoire, la guerre civile espagnole éclate dans la nuit du 18 au 19 juillet 1936 et empêche finalement cette Olimpiada popular de se dérouler, à seulement quelques heures de la cérémonie d'ouverture. Plutôt que de fuir le putsch du général Franco, plusieurs participants étrangers décident de rester sur place et d'intégrer les rangs des combattants. Précurseurs des brigadistes, les voilà donc, armes à la main, aux côtés des républicains espagnols. Au nom de l'antifascisme, de l'universalisme... et de l'olympisme.
Le programme de cette Olympiade populaire reposait sur « un trait distinctif fort{8} » : l'importance attachée au principe d'autodétermination des peuples. L'événement rassemblait dix-huit États officiels (dont la France, les États-Unis, l'Union soviétique et même, par le biais d'athlètes immigrés, l'Allemagne et l'Autriche), mais aussi des équipes régionales (Catalogne, Pays basque), ainsi que des « peuples soumis au colonialisme » (Algérie, Maroc espagnol et Maroc français).
Cette Olimpiada autorisait aussi les athlètes juifs à concourir, soit au sein d'une délégation composée d'émigrants, soit au sein de la délégation palestinienne. Les organisateurs aspiraient ainsi à dénoncer l'antisémitisme qui avait conduit le régime nazi à écarter les athlètes juifs de ses équipes sportives comme du reste de la société.
L'autre originalité de l'Olympiade populaire, et non la moindre, résidait dans la cohabitation entre athlètes professionnels et athlètes amateurs. Une décision révolutionnaire : à l'époque, le Comité international olympique (CIO) proscrivait en effet la participation de sportifs professionnels, l'amateurisme caractérisant alors « le type de pratique sportive exercée par une élite sociale{9} ». De plus en plus obsolète, la référence obligatoire à l'amateurisme perdurera néanmoins jusqu'en 1981, date du congrès du CIO à Baden-Baden.

Un héritage à transmettre

Sur le papier, la charte olympique s'annonce prometteuse. Mais comment faire en sorte que les JO répondent enfin aux principes humanistes que défend ce texte{10} et que l'Olimpiada popular avait tenté d'appliquer ? Comment faire en sorte qu'ils contribuent, malgré la profusion actuelle de sponsors et d'intérêts privés, au développement d'« une société harmonieuse » et du sport dans son ensemble ?
Ce défi, Paris aura peut-être la responsabilité de le relever. Dans le sillage de Rome, Hambourg et Budapest (Boston s'étant finalement rétractée), la capitale de la France, déjà ville hôte en 1900 et 1924, a officialisé son acte de candidature le 23 juin 2015 pour accueillir l'édition 2024 des Jeux d'été. L'occasion rêvée de transformer en profondeur la compétition sportive la plus suivie au monde.
Le CIO désignera la future ville hôte en 2017. En attendant, on connaît déjà le principal défi qui attend l'heureuse élue : prouver qu'il est possible de concevoir des Jeux olympiques sans tomber dans la surenchère et la démesure qui ont fait passer les récentes éditions pour des barnums coûteux et polluants plutôt que pour une fête du sport et de l'esprit humain.
Même le Comité international olympique, du moins en public, incite les futures villes candidates à davantage de sobriété ! De belles paroles qu'il convient désormais de traduire en actes. Les partisans d'une candidature parisienne tablent sur un budget d'organisation au « coût réduit » : 6 milliards d'euros. Le secteur public apporterait une somme estimée à 1,5 milliard d'euros et tout le reste proviendrait de sponsors privés et du Comité international olympique{11}.
Le risque principal ? Dépasser les prévisions. Londres, organisatrice des JO d'été en 2012, avait finalement fait exploser son budget : 5 milliards d'euros au départ, 12 milliards à l'arrivée. Sans parler des sommes qu'avait injectées, pour ses Jeux d'hiver de 2014, la Russie de Vladimir Poutine. Au lieu des 8 milliards d'euros envisagés pour transformer la station balnéaire de Sotchi en station de sports d'hiver, sur demande présidentielle, il avait finalement fallu injecter la somme record de 37 milliards d'euros.
Qu'on se rassure ! Pour éviter cette surenchère, Paris aurait un argument de poids : en Île-de-France, la plupart des installations requises pour les JO existent déjà. Parmi les seules infrastructures encore à bâtir, restent les chambres du village olympique et une piscine de 50 mètres de long. Des installations qui pourraient, sitôt la compétition achevée, se transformer en logements sociaux ou en équipements pour tous les Franciliens.
Désireuse d'« engager pleinement » la candidature parisienne, Anne Hidalgo a mis en avant cet héritage olympique que laisserait le passage des Jeux. Ces derniers auraient également le mérite d'accélérer les travaux prévus et ébauchés dans le cadre du Grand Paris (extension des lignes de métro, notamment).
L'édile travaille de concert avec Denis Masseglia, président du Comité national olympique et sportif français (CNOSF), lequel voit dans les Jeux « un accélérateur de prise de conscience sur le rôle essentiel du sport dans l'équilibre des sociétés modernes en matière de santé, d'éducation, d'intégration, d'éducation, de lien social...{12} ». Un besoin de communion nationale que confirme Laura Flessel, ancienne championne olympique d'escrime (1996) : « Ce serait l'occasion de pousser les jeunes et les moins jeunes à s'écouter, se respecter, à créer ensemble{13}. »
La maire de Paris a toutefois prévu d'attendre 2016 pour lancer une « grande consultation » auprès des Franciliens. Sans pour autant préciser les contours de cette enquête censée faire entendre les attentes de la population. Et sans davantage envisager la mise en place d'un référendum. Faute de quoi, les Franciliens pourront toujours se consoler avec la profusion de sondages d'opinion qui risquent de s'abattre sur eux.

Et si l'on concevait, à l'occasion des Jeux, une nouvelle loi-cadre sur le sport ?

La candidature de Paris à l'organisation des Jeux olympiques de 2024 peut-elle insuffler un nouvel allant à l'olympisme et au sport français ? Oui, si la France se saisit de cette occasion pour instaurer une nouvelle loi-cadre sur le sport qui donnerait aux activités physiques et sportives une place centrale dans la société.
D'ici à 2024, nous avons neuf ans devant nous. Cette ambition d'une nouvelle loi-cadre pour le sport donnerait à la candidature parisienne un avantage déterminant sur ses concurrentes. Toutes les villes candidates rivaliseront d'arguments pour présenter des Jeux sobres (quitte à exploser leurs budgets par la suite). En revanche, la perspective d'intensifier et d'élargir l'accès aux pratiques sportives donnerait de la cohérence au projet olympique français.
Concrètement, comment s'y prendre ? Pluriannuelle, cette nouvelle loi-cadre placerait le sport au centre de la vie sociale. Il s'agirait de travailler à de nouveaux modes de financement (voir question 2), à la construction d'équipements de proximité (voir question 5) – des piscines, des stades et des salles – et à bien d'autres objectifs que nous détaillerons dans chacune des questions suivantes. L'idée étant de se donner les moyens d'objectifs ambitieux. À titre d'exemple : que l'ensemble de la génération qui aura dix ans en 2024 sache nager. Un défi de taille quand on sait que cette aptitude échappe encore à un Français sur cinq{14}.
Quels acteurs solliciter pour élaborer une telle loi ? Des comités locaux proposeraient les éléments essentiels à la dynamique de ce texte. Composés d'acteurs du sport et de citoyens volontaires, ils s'y attelleraient en présence d'élus réunis au sein d'une instance de concertation, comme les offices municipaux des sports (voir question 3). Ces groupes de travail dresseraient également, dans le même élan, un cahier des charges de la candidature olympique de Paris.
Dans la perspective d'éventuels Jeux olympiques de 2024 en Île-de-France, l'accueil sur place de sportifs de haut niveau venus du monde entier aurait de quoi constituer un moment d'échange privilégié avec les jeunes des lieux concernés ainsi qu'avec leurs éducateurs. Et s'agissant des équipements encore à construire – essentiellement la piscine et le village olympique, donc –, plutôt que des partenariats public-privé (les fameux « PPP »), certes indolores sur le court terme mais extrêmement coûteux pour l'État sur le long terme, plutôt que des structures démontables revendues à l'issue des Jeux, ce texte prévoirait l'édification d'équipements publics qui laisseraient une trace olympique dans le paysage urbain et qui bénéficieraient à l'ensemble de la population locale.
À travers le monde, cette nouvelle loi-cadre enverrait également un signal fort : la volonté de libérer le sport de l'argent roi, de rebâtir un idéal universel pour un monde de paix et de solidarité dans lequel le sport jouerait un rôle essentiel de formation des citoyens du monde.
Il est plus que temps de dépasser la crise profonde qui secoue le mouvement olympique. D'olympiade en olympiade, l'écart s'accentue entre, d'un côté, les valeurs de l'olympisme, la perspective de vivre une fraternité et une solidarité planétaires à la faveur d'une trêve olympique de trois semaines et, de l'autre, les manœuvres d'argent qui trahissent cet idéal ou le rendent captif de sponsors peu regardants sur l'éthique et de droits audiovisuels devenus la principale manne du CIO.
Laisser le sport aux mains de l'affairisme reviendrait peu à peu à abandonner l'organisation des Jeux à des États et des oligarques passés maîtres dans l'art de corrompre et d'acheter leur réputation à grands coups d'événements. Une pensée à ce propos pour les futures Coupes du monde de football en Russie (2018) et au Qatar (2022)... S'il n'enraye pas cette tendance, l'olympisme subira une déchéance telle qu'il deviendra un simple produit dérivé, une vulgaire marque, bien loin de son idéal émancipateur et fraternel.

2.
Qui doit financer le sport ?

Parce qu'il repose trop sur les ménages, le financement du sport pour tous devrait s'appuyer davantage sur les redistributions venant du sport de haut niveau, qui concerne moins de licenciés mais qui concentre les apports des entreprises et des médias.

Quand la télé profite au sport pour tous

Magie de la télévision, ou plutôt de la politique : quand vous regardez un match de haut niveau en football, rugby, tennis ou toute autre discipline, sans le savoir, vous contribuez également au financement du sport amateur ! Pour encourager une redistribution des richesses générées par le sport professionnel, la « taxe Buffet » garantit depuis 2000 une redistribution au sport amateur de 5 % des « droits de diffusion télévisuelle des manifestations ou compétitions sportives ». Plus exactement, le produit de cette taxe alimente le Centre national pour le développement du sport (CNDS), l'un des principaux pourvoyeurs du sport pour tous.
C'est Marie-George Buffet, l'ancienne ministre des Sports (1997-2002), qui a été à l'origine de ce dispositif salutaire. « Au moment où certains sports professionnels brassent des sommes d'argent considérables, il serait indécent de priver le sport amateur des moyens de sa survie et de son développement{15} », expliquait au Monde la ministre au moment de son combat pour l'adoption de la loi.
L'idée est aussi simple que logique : sans le sport amateur, le sport pro ne serait rien et, à ce titre, les richesses produites par le second doivent également profiter au premier. De fait, on ne naît pas sportif professionnel, on le devient grâce à la formation suivie au préalable dans un club amateur.
En l'an 2000, sans grande surprise, il avait fallu faire face aux cris d'orfraie des dirigeants du football français. Les footballeurs étant les sportifs qui passent le plus à la télévision, ce sont également ceux qui contribuent le plus à cette taxation. Pour l'année 2013, le football en a financé à lui seul 85,5 %. Suivent, très loin derrière, le rugby (5,4 %), le tennis (1,9 %), le basket (0,5 %) ou encore le handball (0,2 %).
La surenchère à laquelle se sont livrées, en 2013, la chaîne qatarie BeIN Sports et son homologue française Canal+ avait donc au moins un avantage. Au moment de leur lutte acharnée pour obtenir les droits de retransmission d'événement sportifs, ces deux diffuseurs à péage rapportaient indirectement 43 millions d'euros au sport amateur. À défaut de permettre aux Français de regarder ...

Table des matières

  1. Page de titre
  2. Sommaire
  3. Remerciements
  4. Préface
  5. Introduction
  6. Chapitre 1 Donner au sport une nouvelle place dans la société
  7. Chapitre 2 Garantir le sport pour tous
  8. Chapitre 3 Contrer les dérives du sport
  9. Chapitre 4 Inventer le sport de demain
  10. Bibliographie