Croire quand on souffre
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Croire quand on souffre

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Croire quand on souffre

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À propos de ce livre

Comment oser affirmer que c'est possible sans insulter ceux qui, plongés dans la nuit, hésitent entre cris et silence? Comment accepter le discours des beaux parleurs dont la foi n'a jamais connu l'épreuve? Alors, se taire? Ce serait tout autant insulter la voix des souffrants qui, inlassablement, ont cherché des chemins de vie au creux de leur détresse, et dont certains témoignent de l'inouïe et brûlante rencontre de la tendresse du Dieu crucifié.Yvette Chabert et Roger Philibert se sont donc jetés à l'eau! Même s'ils n'en font pas de confidences, ils savent de quoi ils parlent. Patiemment, ils nous mènent des questions sur la souffrance à la parole de foi qui surgit de la souffrance elle-même.Ils ont nourri ce livre de leurs expériences personnelles et de leurs dialogues constants avec des souffrants, croyants ou non. Ils nous l'offrent comme une invitation à entendre l'appel de la vie quand il retentit aux limites de l'insoutenable.Yvette Chabert est mère de famille et théologienne. En divers lieux ecclésiaux, elle intervient lors de sessions et récollections afin de rejoindre les « loin » de l'Eglise, et en particulier les souffrants.Roger Philibert est prêtre et théologien. Il a beaucoup travaillé à la diffusion d'une théologie pour le grand public.

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Informations

ISBN
9782708250987

Chapitre 1
Peut-on encore y croire ?

J'ai mal et j'ai mal d'avoir mal, parce que le mal semble rôder autour de l'existence humaine, parce que la souffrance semble coller à la vie, parce que des hommes, des femmes et des gosses de par le monde, frappés par l'horreur, courbent le dos et crient.
Je suis atteint, plus que cela, remué, bouleversé. En homme ou femme solidaire, je communie à la douleur des autres, par compassion. Mais, pour un temps seulement, soyons honnêtes. Tant qu'il frappe au loin, le malheur défile en images devant mes yeux sans m'ébranler à la racine de mon être.
Mais, lorsque le mal m'atteint, moi, dans mon affectivité, dans ma chair ou dans ma tête, c'est mon être tout entier qui semble basculer, mon sens de la vie et mes belles idées sur l'homme et sur Dieu qui se mettent à vaciller. Atterré, déraciné de mes certitudes, je me tourne contre le mur et je m'éloigne : je n'ai plus la force d'être devant quiconque, le plus proche soit-il. Je n'ai plus de mots.
Dans une solitude extrême, d'obsédants « pourquoi » sourdent au fond de moi.
De quoi me taire et crier.

Se taire ou crier

Parler ou se taire ?
Se taire... Accepter d'être réduit, très rudement, au silence. Ou plutôt, laisser venir du plus profond de moi ce qui n'est ni parole explicite ni silence absolu, ce qui se tient entre les deux, qui me vient peut-être bien de la bête : crier !
En silence, avec pudeur, parce que la souffrance, ma souffrance de souffrant comme ma souffrance de témoin, se crie à voix basse, les volets tirés, face à moi-même, face à Dieu.
Mais crier en humain, avec les mots de l'indicible, en homme ou femme que je suis, pour ce que je ne sais pas, ce que je ne comprends plus, ce qui m'échappe, pour cette donnée scandaleuse de ma vie, de toutes nos vies. Crier en humain pour ne pas rester « bête », pour redresser la tête, pour rester rebelle à toute forme de souffrance.
Crier, c'est rappeler au ciel qui fait le sourd, à ce Dieu qu'on dit Amour, à la terre tout entière blessée de toute part, que je croyais, que nous croyions tous, être nés pour le bonheur ! Que je croyais, que nous croyions, avoir donné naissance à des enfants appelés au bonheur.

Pourquoi lui ?

Or voilà qu'un soir d'amitié, je me retrouve le cœur taraudé par ce qui arrive à mon conjoint, à mon plus proche ami, à un bon copain, à mes voisins : la mort, le cancer, le sida, le suicide, une dépression, une calomnie, un licenciement. Me voilà, moi, pantelant, blessé dans mon amour, appelé à devenir un compagnon aimant, et du coup souffrant, aux mains impuissantes. Ce jour-là, Seigneur, j'ai craqué :
« J'ai sauté dans l'eau gelée,
à l'abri des coups, et de l'humiliation,
cassée par le mépris, la folie, la méchanceté.
J'y ai noyé tout ce que tu m'avais donné : la patience, le dialogue, l'espérance, l'humour, l'amour, la liberté de tout dénoncer, de tout proposer.
J'y ai glacé mon cœur
et tout mon désir de lutter pour vivre.
J'y ai enfoui
ma foi en l'homme et en toi.
J'y ai emporté l'absurde,
la colère, le dégoût.
Seigneur, j'ai craqué ! »
Faire silence...

Pourquoi moi ?

Voilà aussi qu'en ce jour où ma vie chante le printemps, il me faut subitement courber les reins, le cœur lacéré par ce qui, à moi, arrive. Pourquoi à moi ? L'accroc de santé accidentel, la maladie incurable, la déprime, l'échec de mon enfant, son mépris peut-être, la rupture affective avec mon conjoint. Seigneur, j'ai mal. Écoute-moi :
« J'ai mal dans mon corps,
mal au cœur, à la tête, au rein,
voile devant les yeux, fatigue immense...
Oh ! je ne hurle pas.
Mais c'est dur de donner la joie autour de soi,
de sourire, d'écouter,
de se plonger à fond dans la tâche à faire,
avec passion, avec amour même,
quand le mal dure, épuise.
Ce mal du corps est un scandale.
J'ai mal dans ma tête.
Je ne peux plus dire le Notre Père : « Ta volonté, notre pain... »
J'ai connu bien des tentations :
Mais celle-là, la tentation de mourir,
celle de ne plus lutter, de tout arrêter,
sans dire « au revoir »,
pourquoi s'installe-t-elle en moi ?
Qu'ai-je fait pour qu'elle devienne par moments si attrayante ?
Ce mal dans ma tête est aussi un scandale.
Ne me soumets plus à cette tentation-là ! »

Pourquoi partout et toujours ?

Or, voilà encore que ce scandale, qui me touche, s'avère être universel, et de tout temps par surcroît. Mais jusqu'à quand, dites donc, ce gâchis de la sécheresse, de la société à deux vitesses, de la famine, des tortures, de la guerre, du chômage, de la drogue, du taudis, du divorce, des coups, etc. ?
Jusqu'à quand, Seigneur ? « Jusqu'aux siècles des siècles » ? Tant que l'homme sera un loup pour l'homme, tant que les uns voudront s'emplir les poches au détriment des autres, tant que la haine et la jalousie voudront dominer ?
Et que dis-tu de ce qui arrive par hasard : ce tremblement de terre, cette inondation, mon enfant né handicapé, cet autre, innocent, mort trop tôt, ce car plein de mômes heureux, en vacances, tombé dans un ravin ?

Scandale et mystère

Me taire.
Pleurer.
Chercher à comprendre ce mal de vivre typique de notre temps. Chercher à comprendre ce monde atteint d'un cancer, de cette prolifération folle des cellules de la vie, et en même temps, d'un sida, de cette destruction aussi folle des défenses de la vie.
Laisser sortir du plus profond de moi une plainte sourde, une colère, comme pour réveiller ce monde, à la fois détraqué par les hommes, à la fois conduit par une sorte d'absurde.
Crier avec tant de gens : « Pourquoi tout ce sang ? »
Chanson dans le sang
Il y a de grandes flaques de sang sur le monde
où s'en va-t-il tout ce sang répandu
Est-ce la terre qui le boit et qui se saoule
[...]
elle tourne
elle n'arrête pas de tourner
et le sang n'arrête pas de couler.
[...]
Le sang des meurtres... le sang des guerres...
le sang de la misère.
[...]
le sang des enfants torturés [...]
le sang coule... la terre tourne
la terre n'arrête pas de tourner
le sang n'arrête pas de couler
Où s'en va-t-il tout ce sang répandu
Jacques Prévert, Paroles, Paris, 1949
Me taire de nouveau.
Comment croire encore à une terre nouvelle, à une terre enfin belle, à un Dieu bon ? Pour croire, il faudrait comprendre.
Qui se lèvera pour élucider ce chapelet de « pourquoi » : des hommes de bon sens, des philosophes, des théologiens, qui sait... Dieu lui-même ?

Scandale et mystère pour ma raison

La souffrance reste mystère dans ma vie, elle harcèle ma raison.
Il y a, bien sûr, des réponses qui tombent sous le sens. Celles-là, elles glacent le dos et ferment nos yeux de honte, tellement notre responsabilité, collective d'hommes, tellement ma propre responsabilité parfois, semble engagée. Mais, d'un autre côté, elles rassurent. Un espoir se lève : si les coupables sont démasqués, peut-être pourra-t-on, en hommes de bonne volonté, reprendre les armes adéquates et engager la lutte contre le mal ?
Mais que faire de ces « pourquoi » qui résistent au sens et deviennent du même coup scandale pour ma raison :
« Pourquoi le malheur semble-t-il s'acharner parfois sur une même famille ? Les mêmes drames, les mêmes tares, reconduites de génération en génération. La fatalité ? »
« J'ai aimé et élevé tous mes enfants de la même façon. Pourquoi deux ont-ils réussi dans la vie et le troisième a-t-il cassé ses études pour une vie de “patachonᾹ ? Pourquoi a-t-il brisé sa vie affective par un divorce ? Le destin ? »
« Pourquoi cette militante nous a-t-elle quittés à 40 ans, alors que nos usines, nos quartiers manquent de gens généreux et féconds ? Des assassins durent bien jusqu'à 90 ans ! »
« Pourquoi ce pays qui commençait tout juste à se redresser économiquement est-il dévasté par les pluies diluviennes ? »
Vais-je encore choisir le silence et laisser résonner sans fin ces cris, comme dans une timbale vide ? Pourrais-je alors me dire homme ou femme doué d'intelligence, si je renonce à toute quête d'explication ? Que faire ? Me taper la tête contre les murs des « pourquoi », ou me soumettre au mystère ? Désespérer ou renier le réel de la vie ?
« J'en ai marre de me battre. Ce mal, je n'en veux pas. Je ne suis pas né pour ça » disent certains.
« Je rêve d'une vie sans luttes. Je rêve du paradis, d'un lieu où je pourrai ne plus me poser de questions » disent encore d'autres.
Se révolter, désespérer ou rêver sont des réactions bien humaines, quand la tête ploie sous le poids des « pourquoi ». Mais, je le sais trop bien, cela ne construit pas une vie. Cela ne lui donne pas de sens. Cela me détruit à petit feu.
Certains souffrants, en prise eux aussi avec l'irrationnel, le scandaleux et le mystère, nous apprennent quelque chose de fondamental sur les capacités infinies de l'homme à ne pas se laisser écraser. Aux « pourquoi » sans réponses, à l'excès du mal, ils choisissent de répondre par un surprenant excès d'amour.
Se taire et accueillir. Écouter Julos Beaucarne. Poignardée à 32 ans par un déséquilibré, sa femme est morte par hasard, sans raison. Dans son chagrin, il ose appeler à l'espérance. Dans son refus de haïr, il invite instamment à « s'aimer à tort et à travers » !
S'aimer à tort et à travers
« Amis bien-aimés, ma Loulou est partie vers le pays de l'envers du ...

Table des matières

  1. Page de titre
  2. Sommaire
  3. Introduction
  4. Chapitre 1 Peut-on encore y croire ?
  5. Chapitre 2 Y a-t-il un sens ?
  6. Chapitre 3 Justifier Dieu ou le nier ?
  7. Chapitre 4 D'un sens à chercher à une direction à prendre
  8. Chapitre 5 Croire en un crucifié victorieux du mal ?
  9. Chapitre 6 Dieu avec nous
  10. Chapitre 7 Quelle espérance pour nous ?
  11. Chapitre 8 Un poing serré dans une main ouverte
  12. Chapitre 9 Mains vides mais mains reliées à Dieu
  13. Chapitre 10 Mains vides mais mains reliées aux frères
  14. Chapitre 11 Des fleurs dans le fumier