Dis-nous Latifa, c'est quoi la tolérance ?
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Dis-nous Latifa, c'est quoi la tolérance ?

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Dis-nous Latifa, c'est quoi la tolérance ?

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« Pourquoi certains croient que c'est la religion qui leur demande de faire des attentats? » « Pourquoi je respecterais mes profs alors qu'eux ne me respectent pas? » « Vous ne pensez pas que la réussite de chaque jeune est utopique quand on habite dans une cité? » Ils s'appellent Kloé, Aïda, Abdelkrim, Sofian, Aurélie... Ils sont élèves de primaire, de collège ou de lycée. Depuis 2012, Latifa Ibn Ziaten les rencontre à travers toute la France. Dans le dialogue sans tabou qu'elle engage avec eux, elle leur délivre un message fort: non, la spirale de la violence au nom de la religion n'est pas une fatalité. Oui, pratiquer sa foi dans la paix, le respect des valeurs républicaines et des convictions de l'autre est à notre portée. Oui, il est possible de relever le défi d'un vivre-ensemble qui propose une place et un avenir à chaque jeune. « C'est pour ça que je suis là aujourd'hui. Pour vous réveiller. Pour vous montrer la force que l'on peut avoir. Prenez confiance en vous. Travaillez, réussissez. Démarrez votre moteur. Si vous ne le faites pas, personne ne le fera à votre place. Démarrez-le et vous avancerez. » Latifa Ibn Ziaten est la mère d'Imad Ibn Ziaten, assassiné par Mohammed Merah le 11 mars 2012 à Toulouse. Elle a fondé l'Association Imad Ibn Ziaten pour la jeunesse et la paix afin d'ouvrir un dialogue avec les jeunes tentés par les discours radicaux, conjuguer l'expression de leur foi, le dialogue avec l'autre et le respect des valeurs de la République. Elle est l'auteure de Mort pour la France (Flammarion, 2013). Cet ouvrage a été écrit en collaboration avec Anne Jouve. Ce livre a été conçu à partir d'une idée originale de Laetitia Saavedra. Cet ouvrage est publié en coédition avec le Réseau Canopé.

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Informations

ISBN
9782708246423
Partie 1

Sortir de l'impasse de la violence
Le 7 janvier 2015, quand j'ai appris l'attentat contre Charlie Hebdo, j'étais en route pour témoigner dans un lycée. Ça m'a bouleversée, je n'y croyais pas. Il a fallu que la bénévole de l'association qui m'attendait à la descente du train me le confirme : « Oui, Latifa. Des journalistes ont été assassinés. » J'ai pensé : « Ce n'est pas possible, ça recommence, ça recommence. » J'avais dit qu'il y aurait d'autres actes terroristes semblables à celui qui a tué mon fils. Malheureusement je ne m'étais pas trompée.
Il est nécessaire de réagir car ces drames n'ont rien à voir avec l'islam. Les responsables de ces crimes véhiculent une idéologie haineuse contraire aux préceptes de cette religion qui prône l'amour et la paix. Depuis la mort de mon fils et la fondation de l'Association Imad pour la jeunesse et la paix, j'ai rencontré une multitude de personnes perdues, littéralement livrées à elles-mêmes. Avec parfois derrière elles, cachés dans l'ombre, ceux qui sont prêts à les pousser à commettre des crimes. Cette dérive idéologique se développe aujourd'hui en Europe parce que l'on a fermé les yeux sur beaucoup de choses, en l'occurrence la sécurité de notre nation et l'éducation de nos enfants. Elle progresse comme un virus, que tout le monde cherche à éradiquer sans savoir comment. C'est aujourd'hui, selon moi, le principal problème. Je reçois un grand nombre d'appels de jeunes qui me demandent : « Latifa, où est notre parole aujourd'hui ? Parle-nous. Nous, on n'est pas des assassins. On est des citoyens français, on défend ce pays. Et on l'aime comme tout le monde. » Je reçois également de nombreux témoignages : un homme qui s'apprête à voter pour le Front national, une femme médecin qui s'est fait tirer les cheveux par une patiente hurlant qu'elle ne voulait pas se faire soigner par une Arabe. Tous ces amalgames me rendent profondément triste.
Ce qui m'est arrivé peut arriver à d'autres. C'est pour cette raison que nous devons faire attention, ne plus commettre d'erreur. Il ne faut pas que d'autres parents souffrent comme je souffre. La situation actuelle est très dangereuse. Je ne veux pas vous faire peur, mais nombreuses sont les personnes manipulées qui représentent un danger pour la société. Des femmes et des hommes ont perdu un enfant, parfois deux, partis et morts en Syrie. C'est pour cela que je témoigne aujourd'hui : pour parler aux enfants de cette menace.
J'avais un fils qui était courageux, qui n'a pas eu peur. Et aujourd'hui, nous ne devons pas avoir peur. Car si nous les craignons, ce sont eux qui gagneront. Nous devons nous mobiliser : c'est l'ensemble de notre nation qui doit s'opposer et lutter contre cette haine.
« Qu'est-ce que vous pensez de la liberté d'expression ? Est-ce que c'est l'un des complices de l'assassin de votre fils qui a fait l'attentat contre Charlie Hebdo ? » (Kloé, 9 ans{1})
Non, ça n'a rien à voir. Mais c'est le même objectif : tuer. Dans ce pays, il y a la liberté. C'est pour ça que vous pouvez poser vos questions. On est libre de répondre, d'être d'accord ou pas. Quand les caricatures du prophète Mahomet ont été publiées dans Charlie Hebdo, certaines personnes ont trouvé ça choquant. Je comprends que les musulmans aient été choqués. Surtout ceux qui pratiquent, qui sont religieux. Mais moi ça ne me choque pas, parce que personne ne connaît le visage du prophète. Après l'attentat, quand le journal a publié un dessin où le prophète pleurait, je me suis dit : « Vous avez fait une erreur. Ce n'est pas le prophète, c'est Dieu qui pleure sur l'humanité. »
La liberté, on ne doit pas la toucher. On doit la respecter car elle est le fondement de notre République. Elle permet l'émancipation de la France. D'autres pays n'ont pas cette chance. En France, nous avons le droit de nous exprimer sur tout, et c'est de cette manière que notre nation progresse : parce que nous pouvons débattre autour de n'importe quelle thématique. Nous devons donc protéger et respecter cette valeur fondamentale qu'est la liberté d'expression.
« Quelle était la religion de celui qui a tué votre fils ? » (Frédéric, 8 ans et demi)
À mon avis, il n'en avait aucune. Il suivait la logique « si tu tues mes frères, je te tue ». Voilà sa religion : celle de la haine. Que mon fils ait été comme lui un Français d'origine maghrébine et de confession musulmane ne faisait aucune différence pour lui. Il l'a tué quand même. Nous traversons une période de folie où un enfant né dans notre République se convertit à une idéologie qui lui permet de tuer un autre. J'ai essayé de comprendre et je cherche toujours des réponses à cette effrayante métamorphose. Lorsqu'on pratique une religion, on a la foi, du respect pour soi et les autres, de la dignité. Mais lui, il n'avait rien. Il a assassiné sept personnes gratuitement et touché toute la France dans sa diversité. Sans aucune pitié. Alors pour moi ce n'est pas un musulman, c'est juste un assassin.
« Pourquoi il est devenu terroriste l'assassin de votre fils ? » (Kaïs, 8 ans)
Quelqu'un lui a lavé le cerveau, l'a manipulé, il n'est pas devenu terroriste en un jour. Quelqu'un a senti une insécurité en lui, son manque d'amour, sa souffrance, ce vide à l'intérieur. Lorsqu'un jeune est livré à lui-même, sans encadrement, que se passe-t-il ? Il fréquente tout le monde et n'importe qui, il écoute celui qui lui dit : « Viens, mon frère, je te ramène avec moi à la mosquée, ça va te faire du bien. Tu vas entendre les mots de Dieu. Ça va te soulager. » Il va à la mosquée une fois, deux fois... Mais il ne parle pas arabe, il ne comprend pas ce que dit l'imam. Alors il cherche ailleurs et le nouvel imam qu'il trouve, c'est Internet.
Il faut se poser des questions si l'on entend une personne dire soudain : « Je veux devenir musulman. » Vous savez, se convertir à une religion, quelle qu'elle soit, est un long chemin spirituel. Cela nécessite une profonde réflexion. Pourquoi deviendrait-on musulman comme ça, du jour au lendemain ? Probablement parce qu'il y a un problème, parce qu'on manque d'amour et qu'on cherche une identité. Alors on se dit : « J'ai cet ami musulman qui dit pouvoir m'aider, je vais essayer d'être comme lui. » Mais en fait cet « ami » ne connaît rien à l'islam. Et cela peut parfois amener loin : à risquer sa vie et celle des autres.
« Est-ce que vous avez pardonné à l'assassin de votre fils ? » (Chahid, 14 ans)
Je lui ai pardonné ce qu'il était mais pas ce qu'il a fait. Quand on n'est pas aimé, quand on ne sait pas ce qu'est l'amour, on vit dans la haine, la souffrance. J'ai cherché moi-même qui il était, j'ai voulu connaître son histoire : l'abandon, la prison, la délinquance, la drogue... Comment pouvait-il devenir quelqu'un de bien ? Il est allé jusqu'à tuer des enfants de 5 ans, parce qu'il n'avait plus rien à l'intérieur. Il était devenu une machine de guerre. Mais lui aussi était une victime : il n'avait que 23 ans. S'il avait été aimé, éduqué par ses parents, orienté par la société, par l'école, aujourd'hui il serait toujours là et nos enfants aussi.
J'ai grandi dans une famille très pauvre mais très riche en valeurs, que j'ai transmises à mes enfants. Je ne connais pas la haine. Je n'ai donc pas d'idée de vengeance. Si j'avais eu de la haine, je ne témoignerais pas devant vous aujourd'hui ; et j'aurais peut-être perdu mes quatre autres enfants en sombrant dans la colère et en ne prenant plus mes responsabilités de mère. Qu'est-ce que j'aurais gagné ? Il vaut mieux rester digne, vouloir faire le bien, tendre la main à l'autre pour éviter que d'autres parents souffrent ou que d'autres jeunes deviennent terroristes.
Il faut aussi agir pour améliorer les conditions de détention dans les prisons. La France, pays de la Révolution, des Droits de l'homme et des valeurs universelles, ne peut pas continuer de violer à ce point les droits fondamentaux des personnes privées de liberté. Elle a été condamnée pour cela par la Cour européenne des droits de l'homme. Si nous continuons à laisser un prisonnier enfermé 23 heures sur 24 sans aucune activité, sans occuper son temps et en ne le laissant sortir que pour sa promenade, nous serons complices de sa radicalisation.
« Ça veut dire quoi pour les terroristes “faire le djihad” ? » (Saskia, 9 ans)
« Djihad » est un mot qui a été détourné par les terroristes et qui est véhiculé par les médias de manière péjorative. Quand on entend ce mot aujourd'hui, ça symbolise la haine, la peur de l'autre, la guerre, le terrorisme. Mais moi, tu vois, en ce moment je suis avec vous : c'est ma mission. Une mission de paix, pour le vivre-ensemble, le respect. Eh bien c'est un djihad. Le djihad, ça peut être le djihad du cœur : quelqu'un qui met toute son énergie pour transmettre un message de paix. Aujourd'hui, malheureusement, « djihad » est un mot pratique qu'on affiche en pleine page des journaux pour désigner ces terroristes qui tuent. Mais ce mot a beaucoup de sens différents. Comme lorsqu'une personne est malade : ce ne sont pas seulement les médicaments qui vont l'aider à guérir, c'est aussi son moral, parce qu'elle aura cette volonté de cœur, ce djihad, pour guérir...

Table des matières

  1. Page de titre
  2. Sommaire
  3. Avant-propos
  4. Introduction
  5. Partie 1 Sortir de l'impasse de la violence
  6. Partie 2 Apprendre à devenir citoyen(ne)
  7. Partie 3 Réussir sa vie
  8. Conclusion
  9. Remerciements
  10. Pour aller plus loin Dialoguer pour mieux vivre ensemble
  11. Pour aller plus loin Des pistes pédagogiques
  12. L'Association Imad pour la jeunesse et la paix