Le monde est notre maison commune
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Le monde est notre maison commune

Réponse d'un évêque au déclinisme ambiant

  1. French
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Le monde est notre maison commune

Réponse d'un évêque au déclinisme ambiant

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À propos de ce livre

En quelques années, la société française a été profondément bousculée par deux événements majeurs: la vague d'attentats terroristes commis par des personnes invoquant l'islam et l'afflux vers l'Europe de réfugiés fuyant les conflits guerriers ou la pauvreté. Par ailleurs, l'accentuation des inégalités et de la précarité sociale vont de pair avec la montée depouvoirs autoritaires et de partis ouvertement xénophobes. La mondialisation des échanges et des cultures, l'aspiration des femmes à l'égalité et les transformations des familles modifient les façons de vivre. La menace climatique interroge radicalement les choix de société. Que signifie être chrétien dans ce contexte?La nécessité de la sécurité et l'exigence de fraternité sont-elles compatibles? L'hospitalité à l'égard de l'étranger est-elle facultative? L'Église doit-elle considérer qu'il existe un seul modèle de famille ou doit-elle accueillir leur diversité? L'attachement à la nation peut-il être compatible avec le fait que la Terre est notre maison commune? Le métissage des cultures est-il un signe des temps? Les chrétiens doivent-ils s'engager dans un parti politique spécifique? Développer la démocratie relève-t-il de leur mission?En s'appuyant sur les enseignements de l'Église catholique, notamment ceux du pape François, Mgr Jean-Luc Brunin propose des repères pour vivre sa foi au coeur d'une société questionnée sur sa finalité. Ce livre est une invitation à se mettre en chemin pour rejoindre l'immense chantier d'un monde à rendre habitable par tous.

Foire aux questions

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Informations

ISBN
9782708251168

Introduction

Dès les débuts du christianisme, les chrétiens ont eu le souci de prendre part activement à la vie de la cité qu'ils habitaient. L'épître à Diognète, un auteur chrétien anonyme de la fin du IIe siècle, précise que leur mode de présence ne s'exprime ni à travers des particularités vestimentaires, culinaires ou culturelles, ni même par leur refus des lois. « Ils obéissent aux lois établies, et leur manière de vivre est plus parfaite que les lois », précise l'auteur. Leur participation à la vie citoyenne reste déterminée par l'enseignement du Christ qui les appelle à l'excès de l'amour qui va toujours au-delà du simple suffisant, du normal établi. « Et si quelqu'un te réquisitionne pour faire mille pas, fais-en deux mille avec lui » (Matthieu 5, 41).

Se situer comme chrétiens dans la société

L'excès de l'amour évangélique est la source du dynamisme qui anime les disciples du Christ, appelés à œuvrer pour édifier la société sur l'horizon du Royaume prêché par Jésus. Cette annonce invite les chrétiens à dépasser ce qui est immédiatement donné à voir de la vie des hommes et des femmes de leur temps. Prendre en compte les réalités, c'est nécessaire. Mais en rester au simple constat peut conduire ou bien à désespérer, ou à se retrancher dans une indifférence paralysante, ou encore à se réfugier dans le rêve nostalgique d'une reconquête chrétienne de la société. Si les chrétiens se laissaient gagner par le déclinisme ambiant, adoptant une attitude d'opposition radicale à la société qu'ils habitent, ils risqueraient de venir grossir les rangs de ceux que le bienheureux pape Jean XXIII désignait comme les « prophètes de malheur qui annoncent toujours des catastrophes, comme si le monde était près de sa fin... Ils manquent de justesse de jugement et de pondération dans leur façon de voir les choses. Dans la situation actuelle de la société, ils ne voient que ruines et calamités{1} ». De tels sentiments peuvent pervertir le mode de présence et d'action des chrétiens dans la société, tout autant que leur sens de la mission de l'Église. Celle-ci ne peut résider dans la création d'espaces alternatifs qui les placeraient en marge des efforts des hommes et des femmes de bonne volonté pour édifier une société juste et harmonieuse.

Mettre l'espérance chrétienne dans le bon sens

À l'écoute de la Parole de Dieu et animés par l'Esprit Saint, les disciples du Christ sont appelés à tenir debout comme chrétiens dans cette société complexe à laquelle ils appartiennent et dont ils sont coresponsables avec leurs contemporains. Engagés de façon diverse, ils sont appelés à rendre témoignage ensemble de l'espérance reçue de leur foi au Christ. Par sa mort et sa résurrection, Jésus a apporté le salut à l'humanité, et il appartient à ses disciples de le manifester par leur présence active et ouverte dans la société. La foi au Christ Sauveur du monde barre définitivement la route à tout sentiment de déclinisme. Le pape François avertit : « Dans notre relation avec le monde, nous sommes invités à rendre compte de notre espérance, mais non pas comme des ennemis qui montrent du doigt et condamnent{2}. » L'espérance chrétienne n'est pas la simple projection vers l'avenir de l'accomplissement de nos projets humains. Les chrétiens, dans leur façon d'habiter la société, remettent l'espérance dans le bon sens, comme le pape Benoît XVI l'indiquait :
« La foi n'est pas seulement une tension personnelle vers les biens qui doivent venir, mais qui sont encore absents [...] elle attire l'avenir dans le présent, au point que le premier n'est plus le pur “pas-encore”. Le fait que cet avenir existe change le présent ; le présent est touché par la réalité future{3}. »
Dans ce qui est donné à voir des réalités sociales, les chrétiens sont requis à servir l'espérance en travaillant à l'avenir de « notre maison commune » selon l'expression du pape François.

Spécifier l'engagement social des chrétiens

La foi chrétienne ne rend pas étranger à la responsabilité de citoyen appelé à édifier une société juste, pacifique et humaine. La spécificité de la foi n'est ni dans la séparation, ni dans la prise de distance avec les préoccupations liées à la prise en charge de notre environnement. « La foi chrétienne apporte de nouvelles motivations et de nouvelles exigences face au monde dont nous faisons partie{4} ». L'engagement des chrétiens dans la cité est une dimension de leur engagement de foi et une forme de participation à la mission évangélisatrice de l'Église.
« À partir du cœur de l'Évangile, nous reconnaissons la connexion intime entre évangélisation et promotion humaine, qui doit nécessairement s'exprimer et se développer dans toute l'action évangélisatrice{5}. »
Cela passe par un dialogue en réciprocité entre la société et l'Église. Il ne s'agit pas d'une tactique pour reprendre la main sur le champ social et politique, mais d'une démarche théologale qui s'inscrit dans la réponse même que le disciple apporte au Christ qui le requiert. Toute la tradition biblique témoigne que c'est Dieu qui a pris l'initiative d'engager la conversation avec les hommes. De façon décisive, il a envoyé dans l'humanité le Christ, Parole incarnée. C'est cet entretien engagé par Dieu que l'Église est appelée à prolonger et à actualiser. Le dialogue de Dieu avec l'humanité est déterminant du rapport que l'Église entretient avec les hommes et les femmes de tous les temps.
« Cette forme de rapport indique une volonté de courtoisie, d'estime, de sympathie, de bonté de la part de celui qui l'entreprend ; elle exclut la condamnation a priori, la polémique offensante et tournée en habitude, l'inutilité de vaines conversations...{6} »
Le pape François continue à encourager cette forme de dialogue et d'engagement dans la société. Plutôt que de recourir à des injonctions et des discours moralisateurs, il veut privilégier l'accompagnement humble des processus de croissance. Ce n'est pas une renonciation à témoigner de la vérité de l'Évangile : « Comprendre les situations exceptionnelles n'implique jamais d'occulter la lumière de l'idéal dans son intégralité ni de proposer moins que ce que Jésus offre à l'être humain{7}. »
Mais l'annonce de ce qui est une Bonne Nouvelle ne peut s'effectuer de façon crispée et intransigeante. Face aux évolutions sociales qui, indéniablement, déroutent des chrétiens, le pape propose d'adopter une attitude résolument positive qui s'inscrit en continuité avec les enseignements du Concile et de ses prédécesseurs.
« Cela ouvre la porte à une pastorale positive, accueillante, qui rend possible un approfondissement progressif des exigences de l'Évangile. Cependant, nous avons souvent été sur la défensive, et nous dépensons les énergies pastorales en multipliant les attaques contre le monde décadent, avec peu de capacité dynamique pour montrer des chemins de bonheur{8}. »
Une posture chrétienne qui se laisserait entraîner vers une vision décliniste de la société, compromettrait sérieusement l'annonce de l'Évangile et serait un manquement à l'espérance chrétienne.

Promouvoir un christianisme d'inscription

Les réflexions proposées veulent se situer résolument dans la perspective d'ouverture et de dialogue promue par le concile Vatican II. Même si, depuis cinquante ans, le monde a changé, s'est largement complexifié, nous ne pouvons disqualifier la perspective exprimée par Gaudium et spes, un des grands textes du concile Vatican II où se trouve déterminé, de façon précise, le rapport de l'Église à la société.
« Les joies et les espoirs, les tristesses et les angoisses des hommes de ce temps, des pauvres surtout et de tous ceux qui souffrent, sont aussi les joies et les espoirs, les tristesses et les angoisses des disciples du Christ, et il n'est rien de vraiment humain qui ne trouve écho dans leur cœur [...]. La communauté des chrétiens se reconnaît donc réellement et intimement solidaire du genre humain et de son histoire{9}. »
Une telle solidarité promue par le Concile est malmenée quand des chrétiens adoptent une posture de simple confrontation intransigeante qui exclut tout dialogue.
Nous voulons nous arrêter ici sur quelques questions auxquelles la société doit faire face aujourd'hui. Dans un monde globalisé et interconnecté, ce sont des défis qui débordent la seule société française et l'Église en France. C'est pourquoi il est nécessaire d'éclairer d'abord ces questions en établissant un constat réaliste des situations qui les génèrent. Il sera possible ensuite de chercher comment les traiter, pas seulement à partir des constats, des analyses ou des postures partisanes. Pour les chrétiens, il faut prendre en compte ce que le Christ révèle du Royaume qui vient à nous et nous donne à espérer. C'est une clé d'interprétation essentielle des réalités dans lesquelles les chrétiens sont engagés. Il n'est évidemment pas possible de tirer de l'Évangile un programme économique, politique ou social. L'enseignement du Christ est médiatisé par la tradition biblique et ecclésiale. Au fil des siècles, la pensée sociale de l'Église s'est élaborée et précisée. Elle tire son origine des paroles et des actions de Jésus, mais elle s'enrichit par la réflexion sur les expériences sociales des chrétiens et leurs pratiques communautaires. Pour aborder les questions posées à la société actuelle, la médiation de la pensée sociale de l'Église est nécessaire : elle permet aux chrétiens de définir une position la plus juste possible face aux défis du temps.
Au cours de ces dernières années, des questions ont été l'objet de controverses dans la société, mais aussi au sein de la communauté catholique. Toutes ne seront pas abordées dans cet ouvrage. Neuf d'entre elles le seront au fil des chapitres. La vague d'attentats djihadistes renforce l'insécurité et nourrit le ressentiment à l'égard des musulmans (chapitre 1). L'arrivée de réfugiés en Europe réveille des peurs en même temps qu'elle mobilise pour accueillir et intégrer (chapitre 2). La précarité sociale demeure un défi à relever pour intégrer davantage ceux qui restent en marge de la société. La théorie du « ruissellement économique » représenterait-elle une possibilité de faire reculer la misère sociale (chapitre 3) ? La montée des populismes en divers pays d'Europe oblige à reposer la question de l'identité nationale articulée avec une citoyenneté mondiale (chapitre 4). Les familles, cellules de base de la société, connaissent des évolutions socio-économiques et culturelles qui conduisent l'Église à réviser sa façon de les accompagner (chapitre 5). Le réchauffement climatique compromet l'avenir de notre planète, oblige à nous questionner sur la Terre que nous laisserons aux générations futures et nous amène à prendre en compte un nouveau paradigme écologique (chapitre 6). La présence durable de personnes issues de l'immigration questionne notre société sur ses capacités d'intégration et sur le pluralisme culturel qu'il faut apprendre à gérer positivement (chapitre 7). La complexité de nos sociétés pose la question de leur gouvernance et, notamment, de leur fonctionnement démocratique dans la garantie du bien commun (chapitre 8). L'engagement légitime des chrétiens en politique a pris des formes diverses qui sont à l'origine de débats et même de polémiques au sein de la communauté catholique. Cela nécessite de redécouvrir des repères communs en ce domaine (chapitre 9).
En reprenant ces questions qui occupent nos contemporains et suscitent du débat, nous revisiterons le donné de l'enseignement de l'Église, depuis le concile Vatican II jusqu'au pape François. Il ne s'agit pas pour l'auteur d'exposer ses convictions personnelles, mais d'offrir un accès à la pensée sociale de l'Église. Elle peut aider les chrétiens, et aussi toutes celles et ceux qui sont engagés dans l'édification d'une société ouverte et harmonieuse, à définir des choix, établir des priorités et envisager des perspectives d'action pour l'aménagement de notre maison commune. Ce parcours veut aussi contribuer à sortir d'un face-à-face conflictuel intra-ecclésial, pour se situer par rapport au donné objectif de la doctrine sociale de l'Église. Chacun pourra alors se déterminer et évaluer son mode de présence et d'action au sein de la société. La pensée sociale de l'Église catholique constitue ainsi la base sur laquelle un dialogue et une recherche peuvent se mener entre chrétiens et avec celles et ceux qui sont acteurs dans la société. Chacun peut y trouver des motivations pour résister au déclinisme ambiant et rejoindre l'immense chantier d'un monde à rendre habitable par tous.

Chapitre 1
Violence djihadiste, exigence de sécurité et de fraternité

Le pape François a provoqué des réactions indignées lorsqu'il a pris ses distances avec l'expression « violence islamique », fréquemment utilisée dans les pays européens confrontés au terrorisme :
« Je n'aime pas parler de violence islamique, parce qu'en feuilletant les journaux je vois tous les jours que des violences, même en Italie : celui-là qui tue sa fiancée, tel autre qui tue sa belle-mère, et un autre... et ce sont des catholiques baptisés, hein ! Ce sont des catholiques violents. Si je parle de violence islamique, je dois parler de violence catholique{10}. »
Au-delà de l'aspect provocateur de ses propos, le pape attire notre attention sur les réductions simplistes que nous pourrions être amenés à faire face au réel danger du terrorisme djihadiste. Il invite à aller plus loin que notre ressenti pour approfondir notre compréhension de la vraie nature du phénomène qui affecte les pays européens, mais aussi d'autres régions du monde, comme l'Afrique, le Proche et le Moyen-Orient, ou encore l'Asie. Pour adopter une juste attitude et chercher les voies de solutions pertinentes, les chrétiens, comme les autres citoyens, sont invités à comprendre la genèse des phénom...

Table des matières

  1. Sommaire
  2. Introduction
  3. Chapitre 1 Violence djihadiste, exigence de sécurité et de fraternité