Cahiers de l'Atelier n° 559
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Cahiers de l'Atelier n° 559

Les évolutions de l'engagement

  1. French
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Cahiers de l'Atelier n° 559

Les évolutions de l'engagement

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À propos de ce livre

Ce numéro des Cahiers de l'Atelier fait le constat et l'analyse d'une transformation des modes d'engagement dans la société. À rebours de l'idée reçue selon laquelle l'engagement au service des autres est en recul, il met en lumière les nouvelles mobilisations et les modalités actuelles d'engagement. Celles-ci remettent en question les structures traditionnelles et donne naissance à des initiatives diverses, permises par de nouveaux outils et révélatrices d'un nouveau rapport à l'engagement. Afin d'en saisir toutes les réalités, ce numéro mêle observations sociologiques et récits de pratiques.

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Informations

Année
2018
ISBN
9782708252738
La diversité des nouvelles pratiques

Ce que les jeunes peuvent apporter pour renouveler la forme et le contenu de l’engagement aujourd’hui

Emelyn Weber est représentante de la Jeunesse ouvrière chrétienne (JOC) et du Forum français de la jeunesse (FFJ) au Conseil économique, social et environnemental (Cese).
À partir de son expérience au sein de la JOC, et d’une étude du Cese sur la place des jeunes dans les organisations professionnelles, associatives ou syndicales, Emelyn Weber livre une réflexion sur les ressources et les leviers de transmission intergénérationnels de l’engagement. L’occasion de rappeler que si le désir d’engagement est bien présent chez les nouvelles générations, il revient en revanche aux organisations traditionnelles de ne pas l’entraver.

Quels jeunes et quel engagement ?

J’entends souvent dire que les jeunes ne s’engagent pas, ou pas comme avant, qu’ils sont individualistes et ne s’intéressent pas aux luttes collectives, qu’ils ne s’engagent pas dans la durée. J’entends des organisations qui s’inquiètent de ne pas avoir assez de jeunes pour « prendre la relève », remarquant avec surprise, voire déception, que les jeunes veulent aussi vivre d’autres choses que leur engagement et refusent une vision sacrificielle de celui-ci. J’entends que le Service national universel prévoit de répondre à une « crise de l’engagement ». Ça, c’est que j’entends de la bouche de celles et ceux qui ne travaillent pas (ou pas assez) avec des jeunes ou qui ne veulent pas voir que les choses ont changé. Pour ma part, j’ai envie de parler de ce que je vois des jeunes en tant que représentante d’organisations de jeunes au Conseil économique, social et environnemental (Cese) et en tant qu’ancienne responsable de terrain à la Jeunesse ouvrière chrétienne (JOC).
Il n’est pas simple de parler d’engagement des jeunes ou de la spécificité des jeunes dans les organisations. Comme le reste de la population, ils ne forment pas une catégorie homogène qui se comporte uniformément ou dont les attentes se rejoignent forcément. Leurs attentes et apports dans la vie démocratique sont très divers et ne peuvent trouver de réponse unique.

Des citoyens et citoyennes comme les autres mais qui s’engagent de façon différente qu’auparavant

Le 6 juillet 2017, nous avons organisé au Cese un séminaire de travail au cours duquel plus de deux cents responsables de structures (associations, syndicats, organisations professionnelles) ont échangé sur les bonnes pratiques à mettre en place pour favoriser l’accès des jeunes aux responsabilités dans les organisations. Plusieurs éléments sont à souligner. Tout d’abord, il n’y a pas une mais des jeunesses parmi lesquelles on observe les mêmes clivages qu’au sein des autres catégories de la population : entre ceux qui font des études et les autres, ceux qui viennent du milieu ouvrier et des quartiers populaires et ceux des milieux plus aisés, entre les femmes et les hommes...
De nombreux déterminants sont en effet à l’œuvre dans la construction des pratiques d’engagement des jeunes{33}. Le fait par exemple d’être diplômé, de ne pas être privé d’emploi ou d’avoir été socialisé étant enfant favorise l’engagement des jeunes. Mais ces déterminants sont communs à toutes les tranches d’âge, malheureusement !
Ceci dit, les jeunes s’engagent, et sont nombreux et nombreuses à le faire ! L’enquête réalisée par la Direction de la jeunesse, de l’éducation populaire et de la vie associative (DJEPVA) en 2016 montre que 47 % des jeunes disent donner du temps bénévolement, selon différentes formes, autant « fixes » que « post-it », c’est-à-dire pour une cause donnée à un moment donné.
Avec le recul de l’âge d’accès au premier CDI (autour de 29 ans aujourd’hui) et le parcours du combattant qui le précède, les jeunes doivent redoubler d’efforts pour accéder au marché du travail. Ainsi, l’engagement peut également contribuer au développement de compétences à mettre en avant dans son CV et avoir un but plus « utilitariste » pour une partie des jeunes, ce qui renvoie davantage au rapport des jeunes au travail et à leur insertion sociale et professionnelle qu’à leurs pratiques d’engagement.

Des envies de démocratie, de participation

On pense souvent à tort que les jeunes ont des envies démesurées, qu’ils et elles attendent trop de la société. Mais d’expérience, il s’agit la plupart du temps d’éléments basiques de la vie démocratique : trouver sa place dans la société, donner son opinion, comprendre les situations et avoir le pouvoir d’agir contre les injustices subies.
La difficulté, c’est que la démocratie, ça prend du temps et ça ne s’improvise pas. Être à l’écoute des jeunes, c’est savoir se reposer la question du « pourquoi », autant dans la forme d’engagement que dans les causes. Cela demande de bousculer les organisations, leurs modes de gouvernance, leur rapport au temps. Il est alors plus facile de céder à l’argument de la difficulté technique, de la prétendue « impossibilité » de fonctionner de façon plus participative.
Pourtant, l’enjeu est plus largement celui du fossé qui se creuse – ou du moins qui reste bien trop important – entre les citoyens et citoyennes d’une part, et les lieux de décision d’autre part. C’est finalement toute la société qui pourrait bénéficier des changements qu’appellent beaucoup de jeunes de leurs vœux.
Aujourd’hui, beaucoup de structures – notamment celles d’éducation populaire bien évidemment – s’essayent à de nouveaux exercices pour ouvrir leurs portes à davantage de jeunes, pour s’adapter à leurs rythmes et envies d’engagements, pour accompagner les jeunes à la prise de responsabilités et pour modifier leur gouvernance. Je souhaite en partager quelques exemples.

Changer les formes d’engagement pour les rendre plus attractives

L’enjeu est de donner aux jeunes les ressources nécessaires pour pouvoir exercer des responsabilités. Je sais que si on leur fait confiance et qu’on leur en donne les moyens, ils et elles sont capables de prendre toute leur place.
Tout d’abord, il peut s’agit de permettre plus de liberté dans les différents modes d’action des structures, et ce pour que chaque jeune adapte sa façon d’agir à sa personnalité et ses envies : pétitions, rassemblements physiques, plateformes de consultation, boycott... L’ouverture à des mouvements citoyens dits « non organisés » et leur écoute est aussi un vecteur pour comprendre les besoins des uns et des autres et ajuster les façons d’agir en fonction des critiques formulées par les jeunes.
Plusieurs exemples sont particulièrement parlants en termes de changements de gouvernance. Il peut s’agir d’un pouvoir exercé par plus de personnes, comme dans des bureaux élargis (exemple du Centre des jeunes, des dirigeants et des acteurs de l’économie sociale), de co-présidence (exemple du Planning familial) ou de limitation des mandats dans le temps. Ces mesures permettent de partager les responsabilités et de croiser davantage les regards, notamment pour éviter la personnification des responsabilités. Certaines organisations sont allées jusqu’à mettre en place des « quotas de jeunes » dans les instances décisionnaires (exemple de la CFDT).
Parfois, des structures annexent des « collectifs de jeunes » aux instances décisionnaires. Si cela peut avoir le mérite de permettre aux jeunes d’avoir une place, on observe souvent des limites quant à l’influence réelle de ces collectifs sur les choix politiques des organisations.
Certaines organisations construisent de réels parcours d’engagement dans la durée avec des prises de responsabilités par échelles. À la JOC ou au Mouvement rural de jeunesse chrétienne (MRJC) par exemple, les jeunes sont « appelés » à exercer des responsabilités par les équipes en place, ce qui permet aussi d’éviter de retrouver toujours les mêmes profils.

Des engagements tournés vers les questions actuelles et d’avenir

La société actuelle, par les mutations qu’elle traverse et les enjeux qu’elle doit surmonter (crise économique, évolutions du marché du travail, crise climatique, enjeux migratoires...), change et influence les préoccupations des jeunes, et in fine leurs engagements. On leur dit d’ailleurs « c’est vous l’avenir, c’est à vous de trouver les solutions » alors qu’ils et elles subissent les décisions prises par d’autres jusqu’à présent, ce qui paraît intéressant comme injonction contradictoire ! Ils s’inquiètent de ces sujets et souhaitent, individuellement et collectivement, agir pour changer les choses.
Certains combats sont plus attractifs, plus proches de leur quotidien, de ce qu’ils vivent (même si les réponses proposées restent très diverses). Je pense par exemple à l’égalité femmes-hommes ou à l’urgence climatique et écologique que les jeunes doivent prendre « de face » au quotidien. Ce n’est pas surprenant qu’ils soient source de propositions sur ces thématiques, car ils « baignent dedans », en quelque sorte ! Leur permettre d’agir sur ce qui fait leur quotidien est une porte d’entrée concrète pour leur engagement.

Un engagement dont on ne peut pas forcer la main !

Si l’apport des jeunes dans les organisations est certain, tenter de contraindre à l’engagement est un non-sens. Plusieurs dispositifs ont aujourd’hui pour objectif de faire découvrir l’engagement aux jeunes, mais le récent projet de Service national universel, en imposant un temps obligatoire de citoyenneté, de mixité et d’engagement aux jeunes, est une erreur dont les jeunes (et leurs organisations) ne veulent pas. Ce que les jeunes veulent, c’est bien co-construire les politiques publiques, notamment celles qui les concernent au quotidien. À nos organisations de contribuer à cela dès maintenant !

Pourquoi, jeune enseignante, je me suis syndiquée

Sophie Lambert est enseignante dans le second degré et syndiquée au Syndicat national des enseignants de second degré (Snes).
Comment et pourquoi une jeune enseignante décide-t-elle de se syndiquer ? Que lui apporte cet engagement et comment le vit-elle au quotidien ? Sophie Lambert porte ici un regard bienveillant mais lucide sur le rôle du syndicalisme et ses limites.
Enseignante stagiaire, l’une des premières choses que m’a dites mon tuteur lors de notre première conversation a été l’importance de me syndiquer étant donné mon statut précaire dans la profession. L’entrée dans la fonction publique lui semblait indissociable du fait d’être affilié à un syndicat. N’ayant pas encore d’avis arrêté sur les couleurs politiques des différentes structures existantes, il m’avait recommandé le Syndicat national des enseignements de second degré (Snes) pour sa position majoritaire et bien introduite auprès du rectorat tout en me prévenant de leur caractère peu offensif politiquement et en me mettant en garde contre le Syndicat national des lycées et collèges (SNALC), étiqueté bien à droite et conservateur.

Une expérience concrète du rôle d’un syndicat

J’avais été frappée, lors des réunions de pré-rentrée organisées en août par le rectorat, de la présence engagée des différents syndicats en marge de ces journées et par la qualité de leur documentation et des informations qui nous étaient apportées : bien plus claires, compréhensibles et lisibles que celles fournies par notre tout nouvel employeur... Ma première satisfaction en tant que syndiquée fut donc celle de cet accès privilégié aux différentes informations concernant le bon déroulement de ma carrière : dates butoirs, informations sur le système de points dans les mutations, mails m’informant de mes différentes mutations en tant que titulaire sur zone de remplacement (TZR){34} plusieurs jours avant l’information officielle... Les syndicats remplissent donc une fonction de renseignement décisive face à la communication honteusement lacunaire et opaque du rectorat.
Le Snes me fut d’une aide précieuse lors de ma première expérience de rapport de force avec un chef d’établissement. J’étais néo-titulaire au collège de Gif-sur-Yvette et le nouveau principal avait des tendances autoritaristes qui outrepassaient le cadre légal de ce qu’il pouvait nous imposer. Après une semaine d’orages, le cours de l’Yvette, la rivière locale, a débordé et menaçait d’inonder notre collège, nous obligeant à évacuer les élèves en pleine journée vers un gymnase. Le soir même de l’évacuation, nous autres professeurs recevions un mail du principal pour nous convoquer à une réunion le lendemain même dans les locaux afin de réfléchir à la « continuité pédagogique » pendant la fermeture des locaux. Furieuse d’une telle injonction absurde d’un point de vue sécuritaire tant que pédagogique, j’écrivais à l’ensemble de l’équipe éducative un mail pour que nous refusions collectivement de nous rendre à cette réunion. Plusieurs enseignants exaspérés ont réagi positivement à mon invitation de boycott mais d’autres, bien que m’approuvant sur le fond, craignaient de désobéir et de subir des éventuelles sanctions administratives en conséquence de notre action. J’ai appelé alors le Snes en fin d’après-midi afin de leur exposer la situation et pour avoir des réponses à mes questions. Mon interlocutrice a été non seulement bienveillante et à l’écoute, mais elle m’a complètement soutenue dans ma position, m’a confirmée que nous étions dans notre bon droit et elle a fait remonter immédiatement au rectorat son indignation afin qu’un rappel à la loi soit transmis à notre principal concernant le caractère non obligatoire de la réunion... Ce rappel à l’ordre fut transmis à l’intéressé qui ne s’attendait pas à une réaction si rapide. Forte du soutien du Snes, j’ai achevé de convaincre l’ensemble de mes collègues de la légitimité de cette action et nous avons pu ainsi nous mettre d’accord sur une posture collective et unie dans un temps très court. L’inondation effective du collège dans la nuit qui a suivi fut la bonne nouvelle paradoxale qui a confirmé l’utilité de notre résistance, n’empêchant pourtant pas le principal d’essayer de nous convoquer dans une salle de la mairie... Une réunion dont l’effectif n’a pas dû dépasser le nombre des doigts d’une main !

Des limites à dépasser

Je reste assez perplexe face au double discours d’une grande majorité des enseignants sur les syndicats. Ils ont bien mauvaise presse dans les discours autour de la machine à café : ils brasseraient de l’air, seraient inutiles, un repère de planqués, n’apportant aucune idée nouvelle, systématiquement dans l’obstruction et l’opposition, n’ayant aucune idée constructive, permettant des passe-droits... Et pourtant, quand il faut agir concrètement dans un établissement et établir un rapport de force, le premier réflexe est d’interpeller les collègues syndiqués, de s’en référer à eux, de le...

Table des matières

  1. Page de titre
  2. Sommaire
  3. Éditorial
  4. Les contours de l'engagement, hier et aujourd'hui
  5. L'engagement traditionnel en mutation : enjeux et perspectives
  6. La diversité des nouvelles pratiques
  7. Mode d'emploi
  8. Invitation à lire
  9. À lire