Cahiers de l'Atelier n° 560
eBook - ePub

Cahiers de l'Atelier n° 560

Chrétiens et musulmans : quel dialogue aujourd'hui ?

  1. French
  2. ePUB (adapté aux mobiles)
  3. Disponible sur iOS et Android
eBook - ePub

Cahiers de l'Atelier n° 560

Chrétiens et musulmans : quel dialogue aujourd'hui ?

Détails du livre
Aperçu du livre
Table des matières
Citations

À propos de ce livre

En ce temps où le durcissement identitaire et la peur de l'autre sont propagés et médiatisés, ce numéro des Cahiers de l'Atelier montre que la rencontre entre citoyens de confession musulmane et citoyens de confession chrétienne est non seulement possible mais hautement bénéfique au renforcement du lien social et à la transformation de la société.Réalisé dans le prolongement d'une journée de formation de la Mission ouvrière sur la rencontre entre chrétiens et musulmans dans les quartiers populaires, ce Cahier révèle en bien des lieux des trésors d'initiatives qui mettent en lumière l'aspiration à vivre des relations fraternelles.Les récits et les réflexions qui constituent ce numéro ne gomment ni les appréhensions ni les refus de rencontres ni les aspérités du dialogue, mais ils sont portés par un élan et une conviction: la rencontre de l'autre, l'écoute de sa foi peuvent dilater l'existence de chacun et donner le goût de construire la solidarité pour qu'elle fasse avancer ensemble la justice et la paix. Avec les contributions de Marc Stenger, Omero Marongiu-Perria, Benoît Noblet...

Foire aux questions

Il vous suffit de vous rendre dans la section compte dans paramètres et de cliquer sur « Résilier l’abonnement ». C’est aussi simple que cela ! Une fois que vous aurez résilié votre abonnement, il restera actif pour le reste de la période pour laquelle vous avez payé. Découvrez-en plus ici.
Pour le moment, tous nos livres en format ePub adaptés aux mobiles peuvent être téléchargés via l’application. La plupart de nos PDF sont également disponibles en téléchargement et les autres seront téléchargeables très prochainement. Découvrez-en plus ici.
Les deux abonnements vous donnent un accès complet à la bibliothèque et à toutes les fonctionnalités de Perlego. Les seules différences sont les tarifs ainsi que la période d’abonnement : avec l’abonnement annuel, vous économiserez environ 30 % par rapport à 12 mois d’abonnement mensuel.
Nous sommes un service d’abonnement à des ouvrages universitaires en ligne, où vous pouvez accéder à toute une bibliothèque pour un prix inférieur à celui d’un seul livre par mois. Avec plus d’un million de livres sur plus de 1 000 sujets, nous avons ce qu’il vous faut ! Découvrez-en plus ici.
Recherchez le symbole Écouter sur votre prochain livre pour voir si vous pouvez l’écouter. L’outil Écouter lit le texte à haute voix pour vous, en surlignant le passage qui est en cours de lecture. Vous pouvez le mettre sur pause, l’accélérer ou le ralentir. Découvrez-en plus ici.
Oui, vous pouvez accéder à Cahiers de l'Atelier n° 560 par Collectif en format PDF et/ou ePUB ainsi qu’à d’autres livres populaires dans Théologie et religion et Religion. Nous disposons de plus d’un million d’ouvrages à découvrir dans notre catalogue.

Informations

Année
2019
ISBN
9782708252844
Vers une théologie du dialogue : enjeu pour les croyants, enjeu pour les citoyens ?

L’enjeu du dialogue pour la vie des quartiers populaires

Xavier Durand est prêtre du diocèse de Limoges et délégué national à la Mission en monde ouvrier.
Cet article explore les multiples formes que prend le dialogue dans les quartiers populaires, où il est à la fois le plus risqué et le plus fécond.
Poser la question de l’enjeu d’un dialogue entre chrétiens et musulmans pour la vie des quartiers populaires peut appeler deux attitudes très différentes.
Certains se poseront la question du besoin et de l’urgence d’un dialogue interreligieux dans des quartiers qui ont déjà assez de difficultés à établir de l’harmonie entre les différents groupes humains qui composent leur population. Ils ajouteront même qu’introduire une dimension religieuse dans cette recherche d’une vie en commun acceptable comporte un risque grave. Les religi1ons sont suspectées d’être trop souvent attachées à la défense de leurs fidèles et peu enclines à se rapprocher les unes des autres. Elles apparaissent alors comme un facteur de division voire de rejet ou de haine qu’il vaudrait mieux laisser de côté pour se consacrer à régler les conflits du quotidien que la raison et le bon sens ont déjà tant de mal à résoudre.
D’autres mettront en avant une autre interrogation : le dialogue entre chrétiens et musulmans ne perdrait-il pas une partie de sa signification s’il ne pouvait se vivre sur le terrain d’une vie ordinaire dans les quartiers populaires ? Le débat interreligieux court toujours le risque d’être laissé entre les mains de « spécialistes » qui raisonnent plus sur les idées que sur les faits. Pourquoi n’y aurait-il de dialogue possible qu’à un certain niveau de compétence et d’intérêt partagé ?
C’est cette deuxième attitude qu’il nous paraît important de promouvoir et de développer pour un enjeu qui est essentiel et figure dans le titre de cette contribution. Il s’agit d’un dialogue « pour la vie » des quartiers populaires. Déclarer l’inutilité ou l’impossibilité de ce dialogue paraît déjà un signe d’échec et de renoncement à voir naître et grandir des valeurs propres aux milieux populaires à partir des croyances et des manifestations religieuses que chacun peut voir ou découvrir. Il vaut mieux affirmer que tout effort vers le dialogue peut contribuer à enrichir la « vie » des hommes et des femmes qui habitent ces quartiers. Ils y partagent des conditions de logement, de vie en famille et au travail, de vie associative et de recours à des commerces ou à des services publics qui leur imposent de se rencontrer ou au moins de ne pouvoir totalement s’éviter comme dans d’autres secteurs de la vie urbaine ou périurbaine. Ils ont droit aussi à partager avec toute la société une quête de sens qui ne dépend pas du niveau de conscience sociale ou des contraintes de leur vie commune.
Cela ne signifie pas pour autant que le dialogue y soit une réalité accessible d’emblée. Les « quartiers » ne sont pas des lieux où tout serait plus simple pour se parler et pour agir ensemble. On n’y rencontre pas, comme nulle part ailleurs en société, un « état de nature » où l’homme n’a pas encore de rivaux ou d’adversaires, où les groupes humains ne vivent pas des conflits de culture et de valeurs. La violence peut même y faire irruption plus soudainement et plus brutalement que dans d’autres lieux de vie de la communauté humaine.
Les idées toutes faites ou les incompréhensions y sont parfois forgées par des principes ou des styles d’éducation fermés sur eux-mêmes et par la reproduction d’une « tradition » que nul ne saurait remettre en cause sans s’exclure du groupe.
C’est pourquoi le travail à faire aujourd’hui est de rechercher comment ce dialogue serait possible en tenant compte des éléments favorables et défavorables, des chances et des obstacles qui se présentent à ceux qui voudraient s’y engager ou qui y seraient déjà sans le savoir plus ou moins impliqués.

Le dialogue sur un territoire

Le premier enjeu que nous voudrions dégager est que la possibilité d’un dialogue entre chrétiens et musulmans dans un « quartier populaire » est tributaire d’un contexte précis et limité.
Un « quartier populaire » a pour caractéristique d’être configuré par un espace territorial dont on repère assez facilement les limites. Le nom même du quartier a un effet sur la perception des habitants qui y vivent selon sa composition ethnique ou selon les événements qui font parler de lui. La constitution de ces quartiers a produit des effets néfastes d’entassement et d’enfermement des populations mais donne aussi la chance de pouvoir chercher le dialogue sur un terrain où les hommes et les femmes (les jeunes aussi) peuvent se croiser de façon habituelle et naturelle. Bien souvent, les dialogues interreligieux réunissent des gens venus de lieux différents et ne tiennent pas compte de cet enracinement local dans un territoire. La rencontre précède toujours le dialogue et il est bon que le dialogue puisse naître là où tout commence par la rencontre de ceux qui partagent non pas d’abord les mêmes idées mais le même espace.
Si une perspective de rencontre et de dialogue peut s’esquisser dans un « quartier » précis, il y a comme une garantie que les conditions concrètes d’existence des participants au dialogue seront plus facilement prises en compte et serviront de terreau aux premiers échanges afin de se connaître sous un nouveau visage qui sera celui de l’appartenance religieuse et de l’expression des convictions que la religion inspire à chacun.
Le dialogue de la vie est premier et plus engageant que les rencontres officielles, aussi utiles soient-elles. Dans un « quartier », il n’est pas seulement premier, il paraît incontournable. Il ne peut naître d’abord qu’à partir des échanges et des activités les plus courantes, qu’à travers la vie associative et les rencontres fortuites ou préparées entre groupes d’origine et de religion diverses. On vit déjà ensemble sur le même territoire, on participe à des structures qui permettent une vie commune et on peut alors aussi chercher à aller plus loin dans la reconnaissance de ce qui constitue le fondement de la vie de chaque groupe engagé dans ce vivre-ensemble.
Le vivre-ensemble est devenu une notion usuelle et pratique mais qui ne dit pas grand-chose par elle-même. Elle peut se limiter à une existence en communautés distinctes sans autre ambition que de ne pas empiéter sur le territoire de l’autre. Elle n’a de sens que si elle appelle un projet de vie qui rassemble pour vivre vraiment ensemble car elle oblige à chercher les raisons d’une recherche plus authentique de l’apport de chacun à la communauté humaine d’ici et maintenant.

Le dialogue des « apprenants »

Une deuxième approche de l’enjeu d’un dialogue entre chrétiens et musulmans dans les quartiers populaires doit se tourner vers les personnes qui sont susceptibles, à partir de ces premières rencontres sur un terrain précis, d’entrer dans une amorce de dialogue. Ce mouvement peut ainsi toucher des chrétiens et des musulmans qui se rencontrent dans la vie collective d’un quartier par l’intermédiaire d’activités sociales, culturelles (alphabétisation, aide aux devoirs) ou de loisirs (sports ou détente). S’ils se sentent appelés ou s’ils sont invités à entrer dans un dialogue sur leurs différences religieuses et leurs convictions communes ou divergentes, il est probable que des deux côtés il y ait peu de participants qui puissent parler avec assurance de leur religion. Dans les milieux populaires, l’expression des convictions religieuses ne passe pas par un discours formel mais plutôt par des signes de reconnaissance sociale et des rites pratiqués (alimentation, calendrier festif) qui déconcertent souvent les membres des autres groupes religieux. L’expression d’une foi religieuse est souvent imprécise et balbutiante, ce qui ne veut pas dire sans profondeur. Il faut donc du temps pour que les interlocuteurs puissent en venir à un échange équilibré entre deux communautés qui se découvrent avec un nouveau regard.
S’il est donc possible de parvenir à un moment de dialogue, c’est-à-dire à un moment où chacun peut répondre à l’autre de façon sereine et constructive, ce dialogue reste un dialogue des « apprenants ». Contrairement à d’autres dialogues qui confrontent des opinions acquises par la connaissance ou l’expérience, les dialogues qui engagent des personnes des quartiers populaires leur permettent de découvrir progressivement les questions qu’ils peuvent poser à l’autre groupe ou à leur propre tradition. Dans ce domaine, ils peuvent compter sur les ressources que l’éducation populaire offre pour franchir des seuils dans la formation d’une opinion que l’on peut échanger avec un autre différent de soi. Respecter des étapes, prendre chacun là où il en est sans lui reprocher de n’avoir pas encore compris, tout cela n’est pas du temps perdu et inutile. C’est au contraire le meilleur moyen d’assurer l’authenticité d’un dialogue qui permet à chacun d’y trouver comme un supplément de vie, de mieux découvrir la richesse de vie qu’un dialogue interreligieux bien conduit peut apporter à chacun et aux groupes qui ont choisi de s’y engager.
Cela appelle du côté des initiateurs du dialogue de grandes qualités pédagogiques de respect et de patience et par conséquent un souci de la formation de ces acteurs « facilitateurs » de la rencontre et du dialogue.

Une recherche de fraternité

Si nous décidons de donner toutes ses chances à un dialogue entre chrétiens et musulmans dans les quartiers populaires, c’est que nous croyons que c’est une bonne perspective pour la vie même de ces quartiers. Ils sont suffisamment cités et stigmatisés comme des lieux où les conflits sont inévitables et irréconciliables pour que la possibilité d’y parler de religion soit pour chacun de leurs habitants un défi à relever afin de faire reconnaître la richesse des pratiques et des ressources de sa religion et sa capacité à coexister en paix avec d’autres. C’est le moment de s’apercevoir que ces pratiques doivent être bien orientées pour une vie meilleure des hommes et des femmes. La découverte de l’autre invite à être à la hauteur de l’enjeu quand cet autre nous révèle la grandeur de sa tradition et l’engagement de sa foi.
Dès lors, la rencontre et le dialogue visent une valeur qui n’était peut-être pas évidente à découvrir dans les premières approches et tentatives faites pour s’exprimer et se faire entendre de l’autre. Cette valeur – pourquoi ne pas dire ce trésor commun ? –, c’est la paix au sens d’une plénitude heureuse où personne ne se considère comme supérieur à l’autre mais chacun garde la fierté de ce qu’il a reçu et de ce qu’il en vit dans le contexte limité, difficile mais réel de son quartier.
Nous pouvons alors changer de registre pour passer de l’amitié qui a eu besoin de temps pour se créer à une fraternité qui ouvre un avenir à construire et à défendre. L’enjeu du dialogue change alors de dimension. Il n’est plus seulement de conforter une paix sociale par la bonne entente des groupes religieux mais de pouvoir réagir ensemble devant un événement ou une situation, de pouvoir écrire par exemple un texte en commun qui prend en compte les apports de chacun.
Il y a de la naïveté à dire que chrétiens et musulmans sont frères par la seule reconnaissance d’un Dieu unique en oubliant les circonstances de l’apparition et de l’insertion de leur religion dans l’histoire.
Il y a de l’audace à espérer que « l’être-frères » soit un horizon à atteindre et dont les premiers signes sont les occasions de dialogue que des hommes et des femmes désireux de paix cherchent à saisir là où ils vivent le plus concrètement leur appartenance sociale et spirituelle.

L’expression d’une spiritualité

En effet, la spiritualité n’est pas réservée aux autres mais elle est une des forces cachées de ce que les milieux populaires peuvent apporter à leur environnement mais aussi au monde où nous vivons. C’est un « esprit » dans lequel vit celui qui ne part que du terrain de la vie ordinaire pour chercher ce qui donne sens à toute vie et surtout à cette vie qui cherche une dignité que lui refusent souvent ses conditions d’existence. La possibilité d’un dialogue vrai dans un quartier populaire est un signe de l’Esprit qui « fait toutes choses nouvelles » là où on ne pourrait voir qu’un lieu où le découragement fait obstacle à toute avancée et à toute espérance.
Et ceux qui sont appelés à vivre ainsi de l’Esprit (c’est bien ce que veut dire « avoir une spiritualité ») sont pour les chrétiens ceux qui partagent les « handicaps » des Corinthiens un peu agités mais chers à l’apôtre saint Paul : ils ne sont pour beaucoup ni savants ni puissants et se retrouvent du côté de ce qui est « vil et méprisé » (1 Corinthiens 26-31). Ce sont aussi ceux qui partagent les aspirations des Béatitudes (Matthieu 5, 1-11), et ceux-là ne se trouvent pas seulement parmi les chrétiens mais parmi tous ceux qui se placent devant Dieu et sa Parole ou simplement devant la valeur inestimable de tout être humain.
Le dialogue qui conduit à la fraternité spirituelle donne aux hommes et aux femmes qui peuvent le vivre une dignité et une responsabilité dont trop souvent ils ne se croient ni dignes ni capables.
Sans refuser l’impact social d’un dialogue pacifié entre deux religions qui se partagent le monde des quartiers populaires de façon plus visible, il est essentiel de pouvoir affirmer que l’enjeu du dialogue est plutôt de répondre à l’appel de fraternité qui doit traverser aujourd’hui notre humanité déchirée et que les chemins qui y conduisent dans les quartiers populaires sont à la fois les plus risqués et les plus féconds.

Désaccords théologiques entre chrétiens et musulmans : obstacles infranchissables ou défis porteurs de fécondité ?

Colette Hamza est xavière, adjointe du directeur du Service national pour les relations avec les musulmans (SNRM) et directrice de l’Institut de sciences et théologie des religions de Marseille (ISTR).
Cet article est une exploration des possibilités de dialogue entre les traditions chrétienne et musulmane, au travers des obstacles et des défis qui se présentent aux croyants.
Le concile Vatican II a ouvert l’Église au dialogue avec le monde contemporain et avec les croyants des autres religions, en particulier l’islam. Il a ainsi invité les chrétiens à porter un « regard d’estime » sur les musulmans e...

Table des matières

  1. Page de titre
  2. Sommaire
  3. Éditorial
  4. Liminaire
  5. État des lieux des relations entre chrétiens et musulmans
  6. Comment favoriser le dialogue des chrétiens et des musulmans ?
  7. Vers une théologie du dialogue : enjeu pour les croyants, enjeu pour les citoyens ?
  8. Mode d’emploi
  9. À lire