Le choix des sobriétés
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Le choix des sobriétés

Des idées pour passer à l'action

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Le choix des sobriétés

Des idées pour passer à l'action

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À propos de ce livre

La rupture écologique est là et la prise de conscience collective aussi.Au coeur de ce questionnement, la préservation du vivre-ensemble... au profit d'un monde plus sobre et solidaire! À l'invitation du Pacte civique, plus de 25 contributeurs.trices – philosophe, élu.e, entrepreneur.se, citoyen.ne, universitaire, représentant.e d'association, etc. – ont confronté la notion de « sobriétés » à leurs expériences de vie.Leurs propos, ainsi mis en regard les uns avec les autres, explorent ses multiples dimensions: philosophique, écologique, individuelle, collective, mais aussi politique. Freiner la fuite en avant technologique, retrouver le temps du voyage, privilégier les circuits alimentaires courts. Ils et elles revendiquent ainsi les choix qu'ils.elles mettent quotidiennement en action. Ce livre est une mine de ressources pour prendre part aux changements annoncés.Et vous, vous vous y mettez quand?

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Informations

Année
2021
ISBN
9782708254640
Partie II

Cinq fils rouges

Chapitre 4
Un intergénérationnel à plusieurs dimensions

La sobriété écologique n’est pas reçue et vécue de la même façon entre générations. Mais sans doute serait-il exagéré d’y voir une fracture.
En réalité, comme le relatent nombre de nos contributeurs·trices, les remises en cause d’un avenir tout tracé se multiplient. Mais tout n’est pas sombre pour autant entre les générations : les jeunes initient les ancien·ne·s à de nouveaux modes de vie parfois si éloignés les uns des autres. La vie en villes à taille humaine facilite une porosité entre générations.

• Une fracture générationnelle

Dominique Bourg, philosophe
« Je n’ai pas de doute, [la jeunesse], c’est vraiment la génération qui comprend. Mais pas tous : vous en avez au moins un tiers qui est hyper convaincu. La semaine dernière, j’étais au Club suisse de la presse, il y avait deux jeunes activistes de 17 ans. L’un a dit, “ma génération est prête à se sacrifier s’il le faut pour sauver la vie sur Terre”. Vous imaginez, à 17 ans ! Vous et moi, quand nous avions 17 ans, cette idée nous était étrangère. On se projetait dans un avenir classique. Eux, plus du tout. Ils savent que le monde est en déroute. Ils n’ont aucun doute là-dessus. Malheureusement, ils sont les seuls. Nombre d’adultes ne veulent pas voir ; ils restent dans leur confort. Ils ne veulent pas voir que la situation est gravissime sur le plan du climat ! Sur le plan du vivant, c’est encore pire... Ça va très mal. Les jeunes en sont conscients.
Du côté des adultes, il n’y a qu’une toute petite partie qui en est consciente. [Cette inconscience] est due aux habitudes, au fait de ne pas vouloir revenir sur la manière dont on vit. Un défaut d’information mais pas seulement ! Il y a quand même beaucoup d’informations qui passent, mais elles ne percolent pas. Au fond, il y a aussi un manque d’expérience : on ne ressent pas les risques globaux et on ne voyait rien jusqu’à maintenant. En revanche, vous avez bien vu qu’avec l’été 2018, vous avez eu des vagues de chaleur et de sécheresse sur tout l’hémisphère Nord, du mois de mai à octobre. Cela va faire bouger les gens. Le seuil de mobilisation sur le climat va exploser. »

• Une jeune génération qui pourrait renoncer ?

Patrick Viveret, philosophe
« Ce sont des questions dont on parle souvent avec mes enfants les plus jeunes ([ils] ont un peu plus de 20 ans). On a beaucoup d’échanges là-dessus avec leurs applications concrètes sur la moindre consommation, de viande, d’eau, les transports en avion, etc.
Ce sont des questions qu’on a très souvent abordées et eux y sont très sensibles, y compris à leur dimension tragique ! Le jour où mon fils nous a dit : “Moi, je ne suis pas sûr de vouloir avoir des enfants...”, c’était évidemment très interpellant !
Je suis [socialement] en lien avec le monde étudiant, plus qu’avec le monde lycéen. Mais très intéressé aussi par le fait qu’il y ait une conscience qui est partie du côté des lycéens. Où il s’agit [de bien] plus que des vendredis verts, des grèves lycéennes. J’étais très frappé par le fait qu’au niveau supérieur, il y a de plus en plus de jeunes étudiants qui sont prêts à renoncer à des carrières flatteuses, parce que cela ne fait plus sens.
Avec mes enfants, on a rencontré des amis de Ticket for Change{27}, qui étaient beaucoup sur la question du sens, des mouvements comme Makesens{28}... Dans les bonnes nouvelles, cette montée d’une conscience et notamment d’une conscience écologique et planétaire du côté des plus jeunes, est un élément clé du saut qualitatif qu’il faut réussir. Ces jeunes sont eux-mêmes confrontés à une énorme question qui est celle de l’alternative au désespoir. Comment construire des formes de radicalité créative et pas seulement de radicalité désespérée qui finissent [, elles,] par être portées par la violence ? Dans les mouvements dans lesquels je suis impliqué, ce sont des débats qui sont de plus en plus importants.
Si l’on reprend la question de la désobéissance civile c’est une question centrale dans les mouvements actuels, mais cette désobéissance doit, à mes yeux, s’inscrire globalement dans une stratégie qui reste non-violente ou en tout cas de limitation maximale de la violence. »

• Des paysans boulangers sortis de Sciences Po

Barbara Nicoloso, coordinatrice de l’association Virage Énergie
« [Un changement générationnel ?] Je pense que cela dépend beaucoup des jeunes. Il y en a certains qui aspirent à avoir un mode de vie où ils gagnent de l’argent, où ils ont une grosse voiture, des voyages, etc. Quelque chose qui ne remet pas en question le modèle dans lequel on est à l’heure actuelle.
Et puis d’autres qui sont vraiment dans une démarche de trouver un travail qui ait du sens, qui ne soit pas néfaste pour l’environnement, pour la planète, quitte à gagner moins d’argent et à être dans un mode de vie plus sobre. Cela dépend beaucoup des jeunes.
J’observe aussi, mais je ne suis pas très vieille – j’ai 29 ans –, qu’il existe une vraie défiance vis-à-vis des générations précédentes, notamment des baby-boomers, etc. Il y a un problème de logiciel, [...] que ce soit chez des élus ou chez certaines personnalités qui ont toujours vécu dans un monde de croissance où la question climatique n’était pas présente, pour qui même maintenant ce n’est pas un problème ! C’est la croissance économique et le développement économique qui doivent prévaloir. Une vraie forme de défiance se crée chez les jeunes et aussi une certaine forme de frustration à ne pas avoir la parole. Et à être aussi, quelque part, un peu empêché d’entrer dans l’arène politique.
Au-delà des prises de paroles salvatrices de Greta Thunberg, je vois cela aussi à Lille avec les groupes d’étudiants que l’on peut rencontrer. Il y a certains jeunes qui sont extrêmement frustrés et peuvent du coup soit être tentés d’aller vers des positions de repli sur eux-mêmes – “de toute façon c’est fichu, on sera en position de diriger dans vingt ou trente ans et il sera trop tard pour gérer le problème du dérèglement climatique” – ou, à l’inverse, rentrer dans des positions un peu plus radicales et rejoindre des mouvements comme Extinction-Rebellion qui reste quand même un mouvement non violent, ou aller vers des mouvements encore plus radicaux et violents. Mais dans tous les cas, ce que je constate, c’est beaucoup d’inquiétude, beaucoup d’angoisse et de la résignation, malheureusement.
[Des expérimentations ?] Je peux vous donner un exemple : j’ai fait Sciences Po Lille en mastère “Développement soutenable”. Dans ma promotion on était une vingtaine et, sur vingt, il y en a une petite dizaine qui, après Sciences Po, sont devenus instituteurs, ce qui interroge : quand on fait Sciences Po, devenir instit, ce n’est pas évident ! Ces personnes, après Sciences Po, ont fait des stages et ont été extrêmement déçues par les expériences professionnelles qu’elles ont faites à cette occasion. Du coup, elles sont arrivées à la conclusion que ce qui avait vraiment du sens, c’était de transmettre, de former. De fait, l’Éducation nationale avait totalement du sens pour eux. Il y en a plusieurs [aussi] qui sont devenues “paysan-boulanger”. D’autres qui sont parties pour devenir exploitants, peut-être pas exploitants agricoles mais pour avoir des petites exploitations a minima autosuffisantes au niveau de leur alimentation, s’installer en milieu rural et faire une croix sur un avenir qui est en fait tout tracé : grandes écoles, travail dans une entreprise, une institution et [perspective de] gagner très correctement leur vie. Oui, j’ai plusieurs personnes autour de moi qui ont fait cela.
Ce sont [...] des questions, des interrogations que les gens pouvaient avoir jusqu’à présent autour de 40 ans, dans le bilan de leur carrière et de leur vie personnelle. Ils avaient envie de réorientation, mais là j’ai l’impression que c’est de plus en plus tôt en fait chez les jeunes. Même au moment de l’entrée sur le marché du travail, des jeunes sont prêts à prendre des boulots assez mal payés, dans des associations, mais qui ont du sens, qui sont intéressants et qui produisent des externalités positives, et à y rester un temps. Cela, c’est une réalité !
Nous avons accompagné l’an dernier un groupe d’étudiants de l’association Ingénieurs sans Frontières, [...] une association liée aux écoles d’ingénieurs, et en fait c’est la même chose chez une partie des étudiants ingénieurs. C’est-à-dire qu’au lieu d’aller faire des avions chez Airbus ou des processus de logistique dans je ne sais quelle boîte, ils sont plutôt intéressés par la construction low-tech, les Tiny houses{29}, etc. Ils veulent mettre leurs compétences d’ingénieur au service de technologies plus soft que dans les grosses industries. »

• Des étudiants de grandes écoles qui n’iront pas dans les grandes entreprises

Christophe Audouin, cadre à la direction d’une grande entreprise
« On sent des tensions générationnelles. La bascule date je pense d’il y a cinq ans [...]. Globalement les modes de fonctionnement font que la tension, la rébellion ou le changement s’installent. On a d’abord demandé aux jeunes d’être des corporate-hackers, des hackers surtout d’entreprise, etc., d’amener de l’innovation. Ce n’était pas sur des sujets d’écologie au départ mais sur du digital ; cela les amenait à des postures plus critiques, de remise en cause, etc.
J’ai l’impression que cela a convergé avec l’enjeu et la prise de conscience climatique, écologique. J’observe une convergence des deux transitions : le digital permet des modes de fonctionnement, de mobilisation avec la transition écologique. L’importance prise par Greta Thunberg grâce aux réseaux sociaux l’illustre bien.
Je trouvais que la génération de mes enfants avait perdu la capacité d’indignation et d’émerveillement et était devenue plus matérialiste. Leur challenge était de trouver un travail, un appartement, de s’installer, d’acheter des objets, etc. Je le comprenais parce que c’était lié à une inquiétude de transition. Je suis rassuré [désormais], même si c’est pour faire face à une menace que nous n’avons pas connue, à part avec la guerre atomique et le Sida. Voilà, il y a eu des bouffées de non-matérialisme en 2002 avec le Front national, une sorte d’électrochoc, mais c’était un peu temporaire. J’interprétais et je comprenais, parce que c’était principalement à partir de “le monde est devenu dangereux”. Il fallait vraiment se construire un endroit de sécurité.
[...] Là, je retrouve une mobilisation, un engagement, une prise de conscience qui est plutôt très rafraîchissante.
[...] En plein dans ce que je décrivais sur des nouveaux modes de comportement, sur l’utilisation du digital, des techniques de mobilisation, etc., ce sont des mouvements un peu particuliers parce qu’ils sont en même temps très individuels et très collectifs. Il y a des cristallisations et après cela disparaît. Il se passe vraiment quelque chose en termes de mobilisation. C’est un modèle de mouvement qui est sous le feu des projecteurs. Pour moi, il y en a un qui est un peu moins médiatisé mais qui me semble très important, c’est la mobilisation des étudiants depuis un an.
Il y a eu un autre mouvement qui a démarré en septembre 2019 qui s’appelle Le manifeste du réveil écologique. Il est parti quelque part des élites, des élèves des grandes écoles, de Normale Sup, de Polytechnique, et s’est étendu au réseau des Grandes écoles : le manifeste a eu 32 000 signatures. Ce mouvement disait une chose très simple : “Nous, les étudiants des plus grandes écoles françaises, on n’ira pas travailler dans vos entreprises si vous n’êtes pas conformes à nos engagements de transition écologique.”
C’est quelque chose qui continue à prendre de l’ampleur, à tel point que les représentants de ce mouvement ont été invités à l’université d’été du Medef de 2019. Face à des entreprises, qui ne travaillent pas toutes dans l’environnement, qui essaient de se verdir et d’aller vers ces sujets-là, ils sont venus sur scène pour leur dire : “Voilà, nous n’allons pas venir !” C’est une autre forme d’action qui a un effet très important. Les services des ressources humaines qui cherchent des jeunes diplômés se sentent mobilisés par ce sujet et ont peur de perdre leur attractivité. »

• Pour une justice intergénérationnelle

Louis de Redon, ingénieur agronome et maître de conférences en droit de l’environnement
« Certes, il ne faut pas que notre développement se fasse au détriment d’une catégorie de la population qui est déjà précarisée, mais il faut aussi intégrer une justice intergénérationnelle : c’est-à-dire que ce qu’on prend aujourd’hui en excès, qui ne peut pas se renouveler, c’est quelque chose qu’on prend aussi aux générations à venir. Que les personnes à naître soient riches ou pauvres, elles souffriront demain de nos excès d’aujourd’hui.
Ainsi, il est intéressant de constater que si on peut parler en droit français de patrimoine commun ou naturel, les Anglo-Saxons préfèrent le terme d’heritage. Dans ce choix sémantique, la notion de transmission est beaucoup plus présente. La justice, c’est aussi, quand nous avons reçu quelque chose en héritage, le devoir de le transmettre aux générations à venir. C’est aussi au cœur de la notion de développement durable. Il peut y avoir une profonde injustice, et on le voit peut-être aujourd’hui avec les mouvements de jeunes en faveur de la protection de l’environnem...

Table des matières

  1. Page de titre
  2. Sommaire
  3. Introduction
  4. La genèse de l’ouvrage
  5. Partie I Autour du concept de sobriétés
  6. Partie II Cinq fils rouges
  7. Partie III Comment être sobre ?
  8. Conclusion
  9. Annexes