La laïcité à l'école
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La laïcité à l'école

Pour un apaisement nécessaire

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La laïcité à l'école

Pour un apaisement nécessaire

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À propos de ce livre

Régulièrement, et souvent tristement, l'actualité remet à la une la question de la laïcité à l'école et de la transmission des valeurs républicaines.Contrairement aux propos qui entretiennent d'incessants conflits sur le sujet, le consensus laïc et la volonté de fonder l'éducation sur la raison restent très largement partagés par les enseignant.e.s. Nul ne peut nier l'existence de situations complexes mais cela ne doit pas conduire à dramatiser la réalité quotidienne ou à faire le portrait d'une école qui aurait renoncé. Une telle focale empêche de faire face aux difficultés et de mettre en œuvre la patience et la pédagogie nécessaire. Car, ne l'oublions pas, l'élaboration du jugement est un travail long et complexe. Aussi convient-il de donner leur juste place à ces difficultés, sans exagération ni angélisme, et d'en analyser objectivement les fondements et les enjeux.Fort de leurs expériences, les auteurs de cet ouvrage mettent sur la table les enjeux de la laïcité à l'école. Une première partie livre des réflexions plus théoriques (sociologie, histoire, etc.) pour laisser place, dans un second temps, à un questionnement des pratiques de la laïcité au quotidien – de l'école primaire à l'université, qu'il soit question d'histoire, d'EPS ou de sciences.Une mise à plat riche et parfois surprenante qui donne tous les outils pour penser un apaisement nécessaire.Avec les contributions de: Évelyne Bechtold, Laurence De Cock, Jean-Paul Delahaye, Paul Devin, Guy Dreux, Hubert Duchscher, Catherine Le Duff, Hervé Le Fiblec, Michel Gonner, Claire Guéville, Anne-Laure Hartmann, Benoît Hubert, Françoise Lantheaume, Laaldja Mahamdi, Charlène Ménard, Julien Poirier, Alain Policar, Roland Rouzeau, Valérie Sipahimalani, Benoît Teste, Alet Valero.Préface de Nicolas Cadène, ancien rapporteur général de l'Observatoire de la laïcité.

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Informations

ISBN
9782708254763

Partie II

La laïcité au quotidien des pratiques enseignantes

Les textes qui suivent veulent témoigner de la diversité avec laquelle la question de la laïcité se pose au quotidien dans les écoles, collèges et lycées comme de la diversité des réponses qui peuvent y être apportées. Une certitude en ressort : la laïcité ne peut se laisser enfermer dans une pratique enseignante modélisée et intangible.
Vouloir convaincre ses élèves que le principe de la laïcité est une condition nécessaire à la démocratie et à la liberté ne peut se confondre avec une prescription comportementale ou une leçon de morale. La patience de la pédagogie, l’analyse objective et mesurée des réactions des élèves, le respect de leur liberté de conscience et de leurs choix philosophiques et religieux... toutes ces qualités sont à l’opposé d’un renoncement car elles sont la condition de l’accès à l’exercice raisonné de la liberté.
Une autre chose unit ces auteurs : leur stupéfaction et leur refus d’entendre l’école accusée de lâcheté, de compromission ou de complicité alors que leur combat quotidien pour la liberté de conscience ne cesse jamais et qu’ils constatent que cet attachement à la liberté reste largement partagé par les élèves et les enseignantes et enseignants.

Chapitre 4
Laïcité et vie scolaire à l’école primaire

par Laaldja Mahamdi{7}
Bien que depuis « l’affaire du foulard » en 1989{91} le religieux soit déjà devenu une question scolaire à part entière, les drames de 2015 l’ont installé durablement au cœur des préoccupations de l’école laïque. En tant que personnels enseignants nous sommes parfois confrontés à des comportements et à des questions de certaines familles qui peuvent contester ou rejeter le cadre scolaire au nom de principes religieux. Ces situations ne sont pas majoritaires dans le vécu des enseignantes et enseignants. Mais l’assassinat du professeur Samuel Paty fin 2020 nous a ramenés brutalement à une réalité bien sombre. La question de la consolidation de l’école de la République dans ses valeurs s’est alors imposée, presque par réflexe de légitime défense. Cette question se pose encore, mais à distance de la tragédie. Elle invite à la réflexion sur ce que défendre la laïcité veut dire concrètement dans nos pratiques d’enseignement et dans nos interactions avec les élèves et leurs parents. La laïcité cristallise ainsi, à tort ou à raison, des enjeux de valeurs que la situation a rendus plus aigus. Cette focalisation elle-même est à interroger pour que « laïcité » ne devienne pas le mot-valise de nos craintes, de nos doutes et de nos crispations, mais reste un principe essentiel du vivre-ensemble scolaire.

Pas de hors-sol

Les professeurs sont en effet en première ligne pour affronter des situations tendues avec certains parents. Des situations qui mêlent des problèmes proprement scolaires, sociaux et psychologiques mais aussi des problèmes idéologiques, comme ceux qui relèvent des convictions religieuses. Ces situations tendues partent souvent d’une blessure scolaire, petite ou grande, chez l’enfant et font réagir les parents. Malentendus et incompréhensions réciproques entre l’institution scolaire et les familles peuvent aggraver la situation car l’enseignante ou l’enseignant répond avec ce qu’il a dans sa besace de professionnel bien sûr, mais aussi avec son vécu du moment. La réponse donnée à une mère qui demande en réunion de début d’année si le menu de la cantine est halal, ne peut pas être : « Non, ici c’est une école laïque ». Celle ou celui qui a eu cette réponse n’a pas tenu compte du cadre dans lequel la question lui était posée – une réunion d’information avec d’autres parents. Le cadre et la formulation ont créé chez cette mère le sentiment d’être méprisée. Il s’en est suivi un esclandre et l’intervention de la directrice de l’école.
Jules Ferry, dans sa « Lettre aux instituteurs » du 27 novembre 1883, le précise :
« Au moment de proposer aux élèves un précepte, une maxime quelconque, demandez-vous s’il se trouve à votre connaissance un seul honnête homme qui puisse être froissé de ce que vous allez dire. Demandez-vous si un père de famille, je dis un seul, présent à votre classe et vous écoutant, pourrait de bonne foi refuser son assentiment à ce qu’il vous entendrait dire. Si oui, abstenez-vous de le dire [...]. »
L’école n’est pas hors-sol et se trouve confrontée aux questions vives de la société, celles qui divisent le corps social. Elle est confrontée à l’actualité, comme par exemple la crise sanitaire de la covid. L’idéal de « l’école sanctuaire » protégée de l’extérieur n’est précisément qu’un idéal. L’équilibre entre la préservation du bien-être cognitif et affectif de l’élève et l’attention nécessaire aux bruits du monde dans lequel nous vivons tous n’est pas toujours facile à trouver. Parmi ces bruits du monde, il y a précisément tout ce qui se dit, s’échange et se dispute à propos des religions et qui touche inévitablement nos élèves.
Comment trouver des solutions pour dépasser les crispations que provoquent les questions de religion ces dernières années ? Pouvons-nous poser le débat sans forcer le trait sur ce qui sépare et divise et risquer ainsi de mettre de côté une partie de nos élèves et leurs familles ? Pouvons-nous encore faire entendre cette farouche volonté de faire réussir l’école de la République et de faire vivre ses valeurs sans être qualifiés de naïfs et sans que cette volonté apparaisse uniquement comme une incantation rhétorique ?
À coup de chartes, de vade-mecum, de livrets, ou de formations, l’institution et les personnels enseignants eux-mêmes interrogent les postures professionnelles, les démarches pédagogiques, le rapport aux familles, la connaissance des lois sur l’école et la laïcité. Mais la surcharge de recommandations et de ressources à propos de tout ce qui est labellisé « laïcité » peut-elle tenir lieu d’action réfléchie, discutée, partagée, mise à l’épreuve des réalités des classes, voire rectifiée si nécessaire ?
Concrètement, que se passe-t-il dans les écoles ? On pourrait faire une liste à la Prévert des actions pédagogiques menées dans toutes les écoles autour de la laïcité. On doit surtout s’interroger sur la réalité des pratiques, sur la manière dont les enseignantes et enseignants mettent en œuvre les programmes, les recommandations et les instructions dans ce domaine et sur ce qu’en retiennent les élèves.

Juste une minute

Prenons le cas du rituel de la minute de silence. C’est, par exemple, dans beaucoup d’écoles, un temps préparé et organisé tous les 11 novembre. Les enfants participent à la commémoration de leur ville et bien sûr à l’incontournable minute de silence. Même si cela semble interroger une histoire bien lointaine des préoccupations des élèves et de leurs familles, tous, d’après mon expérience, se prêtent à l’exercice sans aucune remise en question ni des modalités ni des enjeux d’une telle cérémonie. Depuis les attentats de 2015, la minute de silence revêt un caractère différent, voire clivant. Parfois contestée par une minorité d’élèves, elle est devenue un moment important pour marquer les esprits car elle est chargée d’une signification républicaine. En 2020, après l’assassinat de Samuel Paty, la minute de silence a été imposée par le ministère dans tous les établissements scolaires qui devaient aussi faire remonter les incidents liés à cette demande. Bien que pris de court, car la minute de silence en hommage à Samuel Paty devait se tenir un jour de rentrée scolaire, dans mon école comme bien d’autres, nous avons expliqué aux élèves ce qu’est une minute de silence et son but. En insistant, dans ce cas précis, sur le respect pour la victime et sur son combat pour la liberté de conscience pour tous qui est au fondement de la laïcité. Même en prise avec l’actualité et avec les demandes institutionnelles, la minute de silence ne doit pas se réduire à un rituel de pure émotion détaché de sa signification, car c’est cette signification qui peut nous aider à agir dans notre présent, celui que nous partageons avec les élèves. Quant à la demande de « remontée des incidents », elle a interrogé les enseignantes et enseignants dans leur rôle éducatif. Ce rôle est régulièrement redéfini à l’aune des diverses demandes sociales qui s’adressent à l’école, dont celles émanant de l’institution et du pouvoir politique. Ces demandes sont presque toujours des appels, voire des injonctions, à l’efficacité supposée de la pédagogie pour panser les blessures sociales. Elles peuvent s’accompagner, à l’occasion, de reproches sur les manquements à ce rôle de « thérapeute de substitution » du social attribué à l’école. Sans, en aucune façon, se dérober à assumer le rôle social de notre enseignement, en faisant notre part envers les élèves pour les aider à mieux comprendre ce que nous vivons, il n’est pourtant vraiment pas sûr que la pédagogie puisse à elle seule conjurer le mal-être social...

La Charte, outil de transmission massive

Arrivée dans les établissements scolaires élémentaires en 2015, la Charte de la laïcité à l’école{92} doit être annexée au règlement intérieur et signée par l’élève et sa famille. Le ministère l’a édité dans différentes langues et les enseignantes et enseignants peuvent utiliser des formes illustrées adaptées au travail avec les plus jeunes élèves. Les deux premiers articles sont très clairs quant à la définition de la laïcité, c’est-à-dire la neutralité de la République française qui « respecte toutes les croyances » et organise la séparation des religions et de l’État par la loi du 9 décembre 1905. Les articles suivants insistent sur ce qu’engage la laïcité : la liberté de conscience, la liberté de chaque élève à se forger une personnalité et exercer son libre arbitre, l’égalité de traitement entre tous les élèves. Toutes ces notions, pour qu’elles soient comprises et admises, sont travaillées en classe dans des organisations pédagogiques qui permettent une expérience de la liberté d’expression, de l’argumentation, de l’acceptation de l’avis de l’autre, des avis contradictoires, mais toujours dans le respect des règles de la classe. Les conseils d’enfants permettent de faire vivre le fonctionnement démocratique de la classe et de la vie scolaire. Ils sont une base pour comprendre et pratiquer le respect mutuel qui est une des dimensions essentielles de la laïcité. Mes collègues et moi organisons deux types de conseils d’enfants dans notre établissement. Le conseil d’élèves permet de régler tous les « petits problèmes » de la classe. Il peut s’agir de chamailleries non réglées, d’un projet qu’un enfant veut soumettre à la classe... Chaque élève peut proposer un point à traiter. C’est un temps ritualisé où les élèves peuvent tenir le rôle de président du conseil ou de secrétaire. Le conseil des délégués quant à lui regroupe deux délégués par classe et traite de problèmes qui se posent à l’ensemble de l’école. On y débat, on y fait des choix, on y prend des décisions. L’une des premières décisions de ce conseil depuis sa mise en place en 2017 a été le nom du conseil. Après moult débats et désaccord mais toujours dans le respect de la parole de l’autre, l’Organisation des élèves unis et fraternels a vu le jour. En un mot : ŒUF. Citons encore Jules Ferry, dans sa « Lettre aux instituteurs » du 27 novembre 1883 :
« Ce n’est pas l’œuvre d’un jour de former ou de déformer une âme libre. Il y faut beaucoup de leçons sans doute, des lectures, des maximes écrites, copiées, lues et relues : mais il y faut surtout des exercices pratiques, des efforts, des actes, des habitudes. »
C’est bien une certaine exemplarité de la vie de classe, dans sa dimension proprement démocratique, fondée sur l’échange égal et respectueux des singularités, qui peut rendre vivant un principe comme celui de laïcité.
Dans une école où les enfants sont capables de construire des arguments, d’accepter l’opinion des autres et de faire des choix collectifs, il n’est pas difficile de leur permettre de faire des propositions pour marquer, « célébrer » ou évoquer la laïcité. Les enfants ne manquent pas d’imagination : expositions, photos, fresques, chansons. L’expérience dans mon école montre que les enfants sont tous les ans demandeurs d’une « cérémonie » collective, avec discours, récitations, chansons et inauguration d’une fresque.

Une histoire de voile

Le 11 octobre 2019, un...

Table des matières

  1. Page de titre
  2. Sommaire
  3. Préface
  4. Introduction Laïcité : le primat de la raison et de l’éducation
  5. Partie I Regards croisés sur la laïcité et l’école
  6. Partie II La laïcité au quotidien des pratiques enseignantes
  7. Partie III Regards croisés