Territoires solidaires en commun
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Territoires solidaires en commun

Les anti-actes d'un colloque inédit

  1. French
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Territoires solidaires en commun

Les anti-actes d'un colloque inédit

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À propos de ce livre

De multiples initiatives portées par l'économie sociale et solidaire et le mouvement des communs se déploient sur les territoires, tout en faisant système à de plus larges échelles régionale, nationale et mondiale. Elles renforcent un socle commun de nouvelles solidarités en matière d'emploi, d'énergie, d'habitat, de santé, de culture, pour une économie inclusive et plus durable, et ce à travers plusieurs axes comme l'écologie, le numérique ou encore la démocratie et la coopération.Du 12 au 19 juillet 2019 s'est tenu à Cerisy, avec le soutien du Cercle des partenaires de Cerisy, le colloque « Territoires solidaires en commun: controverses à l'horizon du translocalisme ». Cette réflexion collective a donné une large place aux acteurs de terrain et à des récits d'expérience, en France ou ailleurs.Le colloque a fait surgir des points de croisement inattendus entre des initiatives très différentes et des formes de solidarité mises en jeu. Il a surtout permis d'aborder des aspects concrets et opérationnels de construction d'un projet politique qui ne soit pas celui de microsociétés qui se referment sur elles-mêmes, mais bien d'une société du commun. Ouvrage publié avec le soutien de la chaire d'économie sociale et solidaire, de l'Université Gustave-Eiffel, de la CASDEN, du Cnam – LISE/CNRS, et de l'association La Coop des Communs. LE SITE COMPAGNON (à venir) DE CE LIVRE permet d'accéder à tous les contenus produits lors de la semaine d'échanges du colloque et de prolonger la réflexion.

Foire aux questions

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Oui, vous pouvez accéder à Territoires solidaires en commun par Elisabetta Bucolo, Hervé Defalvard, Geneviève Fontaine en format PDF et/ou ePUB. Nous disposons de plus d’un million d’ouvrages à découvrir dans notre catalogue.

Informations

ISBN
9782708254626
Sujet
Droit

Abécédaire libre, subjectif, pratique (1/2)

par Barbara Blin-Barrois{12}

COMMUNS

Espace, temporalité, usage et/ou encore ressource dont l’intérêt public ou a minima collectif ne permet à aucun de s’en attribuer la propriété pour son exploitation privative.
L’espace commun ou public, l’accès à l’air, à l’eau, à l’alimentation, à la santé, au gîte, à la culture, aux lois et règles communes, à l’éducation, à l’information, à la mobilité et à l’initiative relèvent des communs comme un droit de principe universel, qui trouve des objets, des acceptions et des modalités spécifiques, appuyées sur l’expérience des territoires et la culture de ses communautés.

Communs scientifiques

La science, en ce qu’elle concrétise l’aspiration originale de l’humanité à transcender sa condition spontanée, constitue un commun dont chaque individu ou organisation doit pouvoir se nourrir et à son tour féconder. La « science ouverte » postule que les connaissances et savoir-faire acquis par l’effort et les investissements collectifs doivent pouvoir s’inscrire dans cette philosophie.
Une première posologie de communs m’avait été prescrite par Jean Huet{13} lors de notre coopération méthodologique sur les Scic (sociétés coopératives d’intérêt collectif) en 2015. Puis j’ai vécu une courte mais profonde immersion à Grasse en 2016 lors du colloque « Innovation sociale et territoires » organisé par la Scic TETRIS. C’est une motivation forte de ma venue à Cerisy en 2019, je pressentais qu’il fallait une longue immersion avec ses familiers pour en découdre soi-même avec ce concept polymorphe.
J’ai ensuite tenté l’aventure d’esquisser les communs lors de la quinzième et vraisemblablement dernière École thématique interdisciplinaire CNRS-ôkhra à Roussillon en octobre 2019, en duo avec le physicien Jacques Lafait, grand combattant de la science ouverte (d’ailleurs en lien étroit avec Lionel Maurel{14}, ce que Cerisy a révélé). Cette graine minuscule du commun a épicé le dîner en association d’idées.

Questions en suspens

• Comment diffuser au plus grand nombre « les communs », cet objet de pensée déterminant d’une prise de conscience politique ?
• Comment envisager des principes de bonne gestion et de gouvernance des communs (à adapter), en évitant les réflexes privatifs de communautés encloses sur elles-mêmes ?

TERRITOIRE

Quelle que soit sa nature – surface terrestre, champ de connaissance, génération culturelle, réseau politique ou communauté productive –, le territoire est dessiné par ses frontières, son étendue et par l’imaginaire qu’y projettent les êtres qui animent son destin{15}.
En 2004, à Roussillon (Provence), lorsque l’association ôkhra a envisagé de se transformer en Scic, il a bien fallu que ses membres s’intéressent un peu à définir le territoire où s’exprimerait « l’intérêt collectif ». Il s’est révélé qu’ôkhra s’ancrait a minima, en superposition, sur trois territoires : celui, très géologique, d’un massif ocrier ; celui, professionnel et sans frontière, des matières colorantes ; enfin celui, cognitif, de la couleur, phénomène aussi perceptif qu’immatériel, à la plus vaste et plurielle communauté{16}.
En 2019 à Cerisy, le territoire s’exprime sous toutes ses facettes de combat, de bassin d’emploi, de semences, de vieillesse, de migration, mais aussi de rêve, de ressources humaines et de solidarités. 91 participants ont suffi à illustrer, par une multiplicité de situations, la façon dont des territoires, physiquement et socio-culturellement très distants, peuvent être reliés les uns aux autres, humainement, virtuellement, ponctuellement ou plus globalement, mais toujours intentionnellement. Ils le sont par une conscience forte des enjeux de transition, une volonté d’y œuvrer utilement, par un compagnonnage alternant la courte et la longue vue, par le partage d’outils et de méthodes à greffer, ainsi que par la compréhension commune des différentes échelles qui maillent le territoire.

TRANSLOCALISME

Relations volontaires entre territoires, suscitées à l’occasion de rencontres interpersonnelles ou par la mise en relation, via des réseaux de ressources ou de recherche. Les agents « translocaux » peuvent être formels (associatifs, sectoriels, syndicaux, académiques) ou informels (compagnonnages spontanés ou ponctuels entre deux ou plusieurs projets).
Ce tissage aléatoire produit un entrelacs de mailles relationnelles (affiliatives, générationnelles, etc.), fonctionnelles (ressources, méthodes, savoir-faire, etc.) voire vocationnelles ou morales (valeurs, droit, croyances, idéal sociétal, etc.).
Dans le cas des « territoires solidaires en commun », il semble que ces relations superposent une multiplicité de trames de la plus micro (locale), meso (régionale ou nationale) jusqu’à la big macro (mondiale), ces derniers niveaux amplement favorisés par l’émergence puis la généralisation des outils numériques. Cette graduation spatiale croise celle plus temporelle d’un fil tendu et durable jusqu’au brin le plus flottant ou le plus éphémère.
La cartographie du translocalisme joué à Cerisy semble à première vue bariolée. Mais, en prenant de la distance, on perçoit soudainement l’harmonie moirée et vivace du motif de murmuration affinitaire.
Ici, la maille relationnelle est tramée des réseaux des organisateurs, la maille fonctionnelle est chaînée en double fil croisé par les communs et la transition écologique, la maille morale est principalement incarnée par les principes coopératifs.

Attente

Cartographier Territoire et Translocalisme, en mode multidimensionnel.

Chapitre 1
Les chemins des communs

par Geneviève Fontaine
Les communs sont devenus pour moi, au fil du temps, des compagnons. De ceux qui vous font voir le monde différemment, qui vous ouvrent l’esprit sur des espaces de possibles que vous ne soupçonniez pas.
Mon chemin pour arriver à ce compagnonnage n’a pas été un long fleuve tranquille. Il n’a pas été qu’intellectuel et il n’est d’ailleurs pas terminé. Il a supposé et suppose toujours pour moi de mettre ma propre manière de vivre, de faire, de penser en cohérence avec les espaces des possibles que les communs me permettent d’explorer. En fait, je crois que ce sont plutôt des cheminements qui m’ont menée aux communs, qui ont fait évoluer l’appréhension et la conception que j’en avais et qui m’ouvrent aujourd’hui des portes sur les futurs souhaitables et désirables qui soutiennent ma volonté.
Ces quatre dernières années, ces itinéraires sont passés par mon travail doctoral soutenu et encadré par Hervé Defalvard. Par les échanges informels et les travaux de recherche menés avec l’Institut Godin{17} mais aussi au sein de La Coop des Communs{18}. Ils sont bien entendu également passés par les colloques de Cerisy consacrés au(x) commun(s){19} et par la préparation et l’animation de ce troisième colloque avec Hervé Defalvard, Elisabetta Bucolo, les Éditions de l’Atelier et l’équipe du Centre culturel de Cerisy. Mais ils viennent également de plus loin encore et se déploient aussi dans le champ de l’action : dans ma militance pour l’écologie politique et l’économie solidaire ; dans sa traduction à l’échelle du territoire du Pays de Grasse et de l’ouest des Alpes-Maritimes au travers des activités de l’association d’éducation populaire au développement durable évaléco et dans la fabuleuse aventure humaine que constitue la construction sur ce territoire de la société coopérative d’intérêt collectif TETRIS (Transition écologique territoriale par la recherche et l’innovation sociale) qui expérimente la construction de communs{20}.
C’est le récit de ces cheminements construisant des liens entre réflexion, conceptualisation et action qui m’ont amenée à voir les communs comme des compagnons de route que je voudrais vous conter. La co-organisation et la co-animation avec Hervé et Elisabetta, et le partage avec tous les intervenants et participants de ces rencontres à Cerisy sur les communs et les territoires dans une perspective d’économie solidaire étant un des carrefours essentiels de mes routes des communs.

À l’origine de mes cheminements vers les communs

Depuis longtemps, je suis animée par un sentiment d’urgence nourri d’un ressenti intime des interdépendances entre les atteintes à l’humain, à l’environnement, à nos libertés, à la justice, aux altérités... Ces ressentis et ce sentiment d’urgence me donnent tour à tour « le pessimisme de la lucidité » et « l’optimisme de la volonté »{21} qui s’expriment, en ce qui me concerne, par un engagement qui combine et imbrique réflexion et action.
Mes chemins des communs débutent ainsi par un engagement au sein du lycée où j’enseigne les sciences économiques et sociales, par l’expérimentation d’un club de développement durable. Dans cet espace non formel toléré par l’institution et grâce à la complicité de l’équipe dirigeante, j’ai appris aux côtés des jeunes et des adultes volontaires de cet établissement comment défricher ensemble les enjeux sociétaux, environnementaux, économiques et culturels en nous appuyant à la fois sur ce qu’en disaient les chercheurs et ce qu’en faisaient les acteurs de notre territoire, pour ensuite inventer des « agirs en communs » répondant localement à ces enjeux interdépendants. Je peux aujourd’hui dire que nous explorions alors des formes de « faire communs » et que nous inventions progressivement des règles institutionnalisant nos pratiques, mais à l’époque (le début des années 2000) j’ai surtout retenu que, pour s’attaquer aux grands défis auxquels l’humanité doit faire face, il faut sortir des cadres et reconquérir ou réinventer la pluralité des manières de faire et de penser : sortir du cadre de la pensée économique dominante, des cadres institutionnels et organisationnels bloquant nos imaginaires, de nos routines sécurisantes mais aussi inhibantes...
Alors, comme beaucoup de personnes questionnant le dogme économiciste actuel, j’ai rencontré la pensée et l’action de l’économie solidaire. Je me suis intéressée à ce que l’histoire nous apprenait des formes d’agir solidaire en commun et à la façon dont les luttes perdues ou les renoncements à des échelles plus vastes les avaient progressivement étouffées. J’ai exploré comment prolonger l’agir commun inventé au sein du lycée dans une association où l’éducation populaire permettrait de désapprendre nos réflexes concurrentiels et marchands pour rouvrir sur des agirs autres. J’ai appris à faire ressurgir le sens du « nous », sans avoir à demander aux personnes d’abandonner leur individualité mais au contraire en s’appuyant sur l’infinie richesse de leurs singularités. J’ai fait partie et je fais toujours partie d’un nous qui crée des espaces où le commun peut se déployer et s’expérimenter dans sa diversité. Et si je vous raconte cela, c’est parce que, comme beaucoup d’acteurs des communs, j’ai ressenti le commun avant d’en connaître les approches théoriques... et même le terme.
Mes cheminements vers les communs sont donc expérientiels et multiples dans leur dimension sensible avant même d’avoir « attaqué la côte » ardue de leur conceptualisation et de leur théorisation.

Premiers pas dans ma compréhension de la théorisation des communs

Le croisement entre l’agir en commun et le concept de communs se fait en premier pour moi en 2013 lorsque, répondant à l’appel du réseau francophone autour des biens communs, j’organise un café-débat pour permettre aux habitants des environs de Grasse de découvrir les communs existants ou ayant existé sur leur territoire et leur donner envie d’y contribuer. Au total, 200 événements auto-organisés intitulés « Villes en biens communs » se sont ainsi tenus en octobre 2013 dans cinq pays...

Table des matières

  1. Page de titre
  2. Sommaire
  3. Introduction
  4. Le site compagnon
  5. Abécédaire libre, subjectif, pratique (1/2)
  6. Chapitre 1 : Les chemins des communs
  7. Chapitre 2 : Voyage dans les territoires solidaires en commun
  8. Chapitre 3 : Le translocalisme comme nouvel horizon des communs
  9. Les liens qui nous font
  10. Conclusion
  11. Mouvement centripète et envies systémiques
  12. La vie de château, c’est bien ! Et après ?
  13. Abécédaire libre, subjectif, pratique (2/2)
  14. Postface. Acteurs des territoires et citoyens du monde, ou l’inverse ?
  15. Les colloques de Cerisy
  16. Le Cercle des partenaires de Cerisy