Chapitre 1
Le D750, le « vrai » successeur du D700 ?
Figure 1-1
Nikon F des années 1960
Un appareil reflex, quâil soit argentique ou numĂ©rique, est lâun des Ă©lĂ©ments dâun systĂšme photographique complet qui comprend des objectifs interchangeables, des flashs, des accessoires et dâautres appareils encore. Le systĂšme Nikon offre dâĂ©normes possibilitĂ©s, mais il est Ă©galement complexe : les rĂšgles de compatibilitĂ© donnent souvent des sueurs froides aux dĂ©butants, tandis que les professionnels sont rassurĂ©s de savoir quâils peuvent utiliser aujourdâhui un objectif de 50 ans dâĂąge sur leur D750.
Ă lâorigine, Nikon commercialisait des appareils tĂ©lĂ©mĂ©triques inspirĂ©s des Zeiss et des Leica, mais le lancement en 1959 du premier systĂšme reflex de la marque (figure 1-1) a durablement marquĂ© lâhistoire de la photographie.
Le systĂšme Nikon F
En 1945, dans un Japon vaincu, la sociĂ©tĂ© Nippon Kogaku K.K. fait partie intĂ©grante du groupe Mitsubishi et est spĂ©cialisĂ©e notamment dans lâoptique scientifique et militaire. Elle cherche des dĂ©bouchĂ©s civils et Ă©tudie un appareil photographique de reportage pour lequel la marque « Nikon » est choisie en 1946. Les premiers essais (au format 24 Ă 32 puis 24 Ă 34 mm) permettent dâadopter la forme et les principes. Les premiers succĂšs datent du Nikon S, sĂ©rie lancĂ©e en 1950 en se ralliant au format 24 Ă 36 de Leica. Dans le mĂȘme temps, des objectifs Nikkor compatibles avec les Leica ou Canon contemporains sont produits, et ce sont les journalistes et correspondants de guerre couvrant le conflit de CorĂ©e qui vont dĂ©couvrir ces optiques au cours de leurs escales Ă Tokyo. DĂšs 1953 ont lieu les premiĂšres exportations vers les Ătats-Unis, et trĂšs rapidement, la marque sâimplante chez les professionnels du reportage (figures 1-2 et 1-3).
Figure 1-2
Publicité Nikon des années 1950
Figure 1-3
Nikon S des années 1950
Cependant, lâapogĂ©e du tĂ©lĂ©mĂ©trique â le Nikon SP Ă obturateur en titane en est un bon exemple â coĂŻncide avec lâentrĂ©e en force du systĂšme reflex Ă visĂ©e Ă travers lâobjectif. Les inventions successives du pentaprisme de visĂ©e, du miroir Ă©clair, et de la prĂ©sĂ©lection automatique assurant une image toujours claire, permettent de produire Ă la fin des annĂ©es 1950 un modĂšle qui ajoute Ă tous ces atouts un systĂšme interchangeable de visĂ©e, et bientĂŽt la capacitĂ© de mesurer la lumiĂšre Ă travers lâobjectif sans fermer le diaphragme : le Nikon F est nĂ©, avec un premier modĂšle en 1959 et des amĂ©liorations permanentes des objectifs et accessoires durant toute la dĂ©cennie 1960 (figures 1-1 et 1-4).
Figure 1-4
Publicité pour le Nikon F dans la presse américaine au début des années 1960
Le Nikon F marque vraiment une date dans la diffusion aux milieux professionnels des appareils reflex 24 Ă 36, car il est dotĂ© dâaccessoires pour faire face Ă toutes les situations : de la photo de guerre Ă la photographie mĂ©dicale, en passant par la conquĂȘte de lâespace puisquâil accompagne la NASA dans les missions Apollo.
Le couplage des objectifs
Avec le Nikon F Ă prisme de mesure de lumiĂšre « Photomic » puis avec le Nikkormat Ă visĂ©e fixe, Nikon inaugure un systĂšme de couplage original avec une petite fourche (les amĂ©ricains la baptisent trĂšs vite « oreilles de lapin ») qui actionne un levier (figures 1-5 et 1-6). Celui-ci informe lâappareil du diaphragme choisi, tandis que la visĂ©e reste toujours lumineuse car elle sâeffectue Ă pleine ouverture tant que le dĂ©clenchement nâest pas activĂ©.
Figure 1-5
Couplage dâun objectif des annĂ©es 1960
Figure 1-6
Seule la fourchette assure une transmission dâinformations Ă lâappareil.
Cette invention est Ă la base du succĂšs des Nikon des annĂ©es 1960, puis la source de tourments permanents dans la compatibilitĂ© des objectifs au cours des annĂ©es qui suivent, et ce jusquâĂ aujourdâhui, mĂȘme si le Nikon Df permet dâutiliser Ă©galement les plus anciens modĂšles dâoptiques.
Ă partir de 1977, le systĂšme externe de transmission change et un petit index coulissant situĂ© dans la monture de lâappareil (auto indexing = monture AI) va prendre appui sur un Ă©videment de la bague de diaphragme, rendant ainsi inutile la prĂ©sence de la fourchette (figure 1-7). Cependant, pour assurer la compatibilitĂ© avec tous les boĂźtiers Ă commande externe produits de 1959 Ă 1977, la plupart des objectifs manuels vont conserver cet appendice, et dâhabiles bricoleurs en grefferont mĂȘme sur des modĂšles autofocus produits Ă partir de 1986.
Figure 1-7
Couplage dâun objectif sur un appareil des annĂ©es 1980 : la fourchette nâactionne plus aucun levier.
La monture des Nikon des annĂ©es 1980 se distingue par deux dĂ©tails qui expliquent le style particulier de la bague de diaphragme : une petite loupe permet de projeter dans le viseur la valeur de diaphragme choisie sur la bague (dâoĂč une seconde Ă©chelle gravĂ©e avec des petits chiffres), et lâindex dâouverture prend appui sur un Ă©paulement de la mĂȘme bague, ce qui permet Ă lâappareil de connaĂźtre lâouverture sĂ©lectionnĂ©e quand on tourne la bague (figure 1-8).
Figure 1-8
Monture dâun Nikon FA de 1983 : 1 â loupe de lecture des ouvertures, 2 â index de couplage.
Les objectifs de type AI construits Ă partir de 1977 prĂ©sentent donc une bague de diaphragme avec des Ă©paulements et deux Ă©chelles gravĂ©es pour les chiffres dâouverture. Mais de nombreux objectifs des annĂ©es 1960 ont Ă©tĂ© transformĂ©s Ă cette Ă©poque en leur greffant une nouvelle bague Ă la norme AI afin quâils soient compatibles Ă la fois avec les anciens et les nouveaux appareils (figure 1-9).
Figure 1-9
Objectif ancien transformĂ© par le montage dâune bague AI dans les annĂ©es 1980
En 1982, la monture est lĂ©gĂšrement modifiĂ©e et devient AI-S (auto indexing shutter) car un petit creux dans la baĂŻonnette de lâobjectif indique Ă lâappareil la catĂ©gorie de focale pour modifier le programme des vitesses. On reconnaĂźt ces modĂšles Ă la gravure en orange du plus petit chiffre disponible du diaphragme (figure 1-10).
Figure 1-10
Objectif AIS avec ...