Le manuel du bipolaire
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Le manuel du bipolaire

  1. 264 pages
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À propos de ce livre

Le trouble bipolaire projette un individu dans une alternance de phases dépressives et exaltées. Il y a ceux qui créent et sont portés par une euphorie à déplacer les montagnes. Ceux qui sont terrassés par le vide et la tristesse. Ceux qui parlent tout le temps et sont hyperactifs, insensibles au sommeil. Puis qui ne parlent plus du tout et ne bougent plus du tout. Ceux qui abusent de drogues, d'achats, de risques. Ceux qui travaillent tout le temps. Ceux qui ne savent plus travailler. Ceux qui se retrouvent seuls car leurs proches les ont quittés.

La bipolarité toucherait 2, 6% de la population adulte. Quels sont ses symptômes? Existe-t-il un test fiable? Que faire face à la maladie? Comment aider un proche bipolaire?

Ce livre présente de manière pratique l'histoire du trouble, ses symptômes, son étiologie, ses mécanismes neurobiologiques et ses traitements. En convoquant la psychologie positive, la psychiatrie et les neurosciences, il propose aux bipolaires et à leurs proches de nouvelles voies pour aborder plus sereinement leurs difficultés.

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Informations

Éditeur
Eyrolles
Année
2017
ISBN
9782212108408

Chapitre 1

D’où ça vient « bipolaire » ?

« L’Histoire n’est qu’une histoire à dormir debout. »
Jules Renard
« L’Histoire est la mémoire du monde. »
Lacordaire
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Comme nous le démontre brillamment David Healy dans son livre Mania, l’histoire d’une maladie est ancrée dans les contextes historique et culturel où elle est observée. L’histoire de la médecine, elle aussi, est une succession d’histoires qui changent en fonction des endroits, des époques, des représentations des corps et âmes, elles-mêmes étroitement liées aux croyances religieuses et scientifiques du moment. Non seulement les définitions des souffrances évoluent au fil de nos connaissances, mais, de tout temps, elles ont aussi été redéfinies en fonction des remèdes qu’on pensait pouvoir leur apporter, pour le plus grand bien – ou pas ! – du patient mais aussi de ceux qui leur vendent potions, sacrements, exorcismes ou rituels divers. Il ne s’agit pas ici d’ignorer le fait spirituel mais de ne pas confondre maladie mentale ancrée dans un contexte historique et culturel avec une réponse (impliquant une genèse) qui serait exclusivement spirituelle.
Des changements d’humeur abrupts, des périodes d’énergie démesurée et de tristesse profonde, menant parfois à la mort, ont parsemé les récits depuis que les hommes et les femmes se racontent des histoires. De la Bible aux écrits de scribes égyptiens, du roi David à Samson, si la dépression est évoquée, il est souvent plus difficile d’identifier avec sûreté ce que l’on nomme aujourd’hui « manie ». Et quand, vers – 325, le philosophe Aristote, dans l’un de ses problèmes réintitulé L’Homme de génie et la mélancolie par Jackie Pigeaud, se pose la question du lien entre le génie (la créativité) et la manie (la folie) et attribue des « facultés mentales supérieures aux artistes, poètes, écrivains et tous les esprits créatifs de son époque », il se hasarde sur un terrain bien délicat : celui de l’assimilation de certaines caractéristiques psychologiques à des compétences « extra-ordinaires » et enviables. De Van Gogh à Robin Williams, en passant par Hemingway ou Gérard de Nerval, l’histoire démontre répétitivement que les aléas des troubles de l’humeur sont malheureusement plus souvent source de souffrance que de gloire !
Ce chapitre porte un regard, bien sûr partial (et partiel), sur l’évolution et l’histoire de certains maux qui ont été, à tort ou à raison, comparés à ce que l’on appelle désormais « trouble bipolaire ». Cette étiquette diagnostique assez récente ne doit pas nous faire oublier 2000 ans d’histoire pendant lesquels les mots « manie » et « mélancolie » furent utilisés pour désigner des troubles d’allure comparable.
D’Hippocrate à Kraepelin
Hippocrate (460-379 av. J.-C.) est l’un des premiers à proposer les termes de « manie » et de « mélancolie ».
Il est également l’un des rares médecins de l’Antiquité à considérer le cerveau comme le siège de l’intelligence, impliqué dans les sensations et des troubles comme l’épilepsie. Aristote identifie le cœur comme leur source. À l’époque, seuls les signes extérieurs de la souffrance du corps sont considérés quand on observe un trouble. Les descriptions cliniques d’Hippocrate et de ses contemporains s’attachent donc surtout à relever les problèmes de comportement et des symptômes objectifs comme la fièvre ou ce qu’il nomme à l’époque « les humeurs ».
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Élaborée par Hippocrate, la « théorie des humeurs » joue un rôle prépondérant dans l’histoire de la médecine. Selon elle, le corps humain est constitué des quatre éléments fondamentaux, air, feu, eau et terre, possédant quatre qualités : chaud ou froid, sec ou humide. Tout déséquilibre de ces éléments peut engendrer des « sautes d’humeur » et mettre en péril la santé du sujet.
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Les humeurs : près de 2000 ans d’influence !
Les quatre « humeurs » font référence à des substances bien réelles observées dans le corps humain et sont associées à différentes formes de personnalité et de maladies.
1. le sang : qui d’après la théorie trouve son origine dans le foie et est reçu par le cœur, est associé à un « caractère sanguin, jovial ou chaleureux » ;
2. la lymphe (ou le phlegme) liée au cerveau, à un « caractère lymphatique » ;
3. la bile jaune : produite aussi par le foie, au caractère « bilieux », plutôt enclin à la violence.
4. la bile noire : provenant de la rate, au « caractère mélancolique et anxieux » (mélancolie du grec melas « noir » et chole « bile »).
Quant au mot grec μανία (manie), il signifie « la folie, la frénésie » et le verbe μαίνομαι (maïnomaï) « être en colère ou en rage ».
L’histoire nous montre ainsi que de tout temps, l’être humain a besoin de « faire sens », face à la maladie en général et à la folie en particulier. De l’explication religieuse ou scientifique aux descriptions cliniques et classifications infinies, il tente de comprendre avec l’espoir illusoire de pouvoir contrôler l’incompréhensible. C’est sans doute pour cela qu’à défaut d’autre explication, la théorie des humeurs survit pendant près de deux millénaires, influençant les traitements, mais aussi les arts avec la fameuse Mélancolie d’Albrecht Dürer (1514) par exemple. Notre langage lui-même en conserve la trace avec des expressions comme « être mélancolique ou flegmatique », « se faire de la bile », ou « avoir un tempérament sanguin ». Les citations abondent également : d’Anatole France : « Tous les changements, même les plus souhaités, ont leur mélancolie » ; de Friedrich Nietzsche : « L’augmentation de la sagesse se laisse mesurer exactement d’après la diminution de bile » ou de Frédéric Dard : « Ce qui sauve les Anglais, c’est le flegme avec lequel ils savent appréhender n’importe quelle situation. »
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Bien sûr, si l’on cherche à voir (à tort) les précurseurs des troubles bipolaires dans tous les états « d’instabilité d’humeur », il est impossible de déterminer avec précision à quoi correspondent vraiment ces descriptions de l’Antiquité. D’après Healy la grande majorité des patients décrits alors comme « mélancoliques » ou « maniaques » semblent, à la relecture, surtout souffrir de troubles infectieux et de delirium. Seules moins de 5 % des vignettes cliniques correspondent à ce que l’on désignerait aujourd’hui comme un trouble de l’humeur.
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Galien, une théorie holistique
Quelques siècles après Hippocrate, Galien (v.131-v.201), un autre médecin grec, reprend et amplifie les hypothèses de son prédécesseur. Galien consacre sa vie à construire une théorie globale de ce qui est connu à l’époque en termes de « science médicale ». Dans son Traité d’hygiène, quand il recommande un « régime » comme partie du traitement, il y inclut non seulement la prise de nourriture et de boisson mais aussi les durées de veille et de sommeil, les exercices, le repos, l’activité sexuelle, les bains et les massages. Les prises en charge holistiques ou la nutrithérapie ont donc des sources historiques bien lointaines ; ceci sans compter la climatothérapie et la balnéothérapie, matérialisée par les nombreuses stations thermales soulignant l’importance d’une hygiène corporelle et alimentaire contribuant à une bonne santé mentale. Galien, dont les théories ont dominé la médecine jusqu’au XVIIIe siècle et le développement de la méthode expérimentale, décrit également des états de « catalepsie » et stupeurs, états renommés « catatonie » au XIXe siècle par Karl Kahlbaum.
Pendant cette période, en Asie Mineure, Soranus d’Éphèse (98-177) note quant à lui dans son Traité des maladies des femmes une possible relation entre manie et mélancolie. Il identifie notamment des troubles autour de l’accouchement dont certains sont désignés aujourd’hui comme psychoses du postpartum. Il pense cependant que manie et mélancolie sont des maladies distinctes avec des causes différentes, mais écrit que « beaucoup d’autres considèrent la mélancolie comme une forme de la maladie de la manie ».
Soranus observe d’autre part que l’utilisation des eaux alcalines de la région – ou bains de sel dont l’origine remonte au Ve siècle av. J.-C. – contribue à calmer les patients agités. L’eau des environs d’Éphèse a un taux de lithium supérieur à la normale et Soranus suggère que les sels de lithium sont absorbés par le corps lors des bains et que cela a un effet thérapeutique.
Il faut beaucoup de temps pour que la médecine prenne ses distances avec les théories de l’humeur qui pendant près de dix-huit siècles aident à fournir des explications sur les maladies et influencent leurs traitements « médicamenteux » comme la « Thériade ou thériaque », une potion développée au IIe siècle par Galien et souvent considérée comme une « panacée ».
Il faut attendre le début du XVIe siècle en Europe pour que les bulles papales de Sixte IV et de Clément VII autorisent enfin l’étude de l’anatomie sur les cadavres. Tour à tour Léonard de Vinci, André Vésale, Jacques Sylvius décrivent les structures du cerveau. En 1628, William Harvey démontre que le cœur fonctionne comme une « pompe » qui distribue le sang dans l’entièreté du corps.
Toutes ces découvertes font cependant prendre le risque à leurs auteurs d’être accusés de matérialisme et d’athéisme. Descartes (1596-1650), quand il apprend en 1633 que Galilée a été condamné par le tribunal de l’Inquisition, renonce par prudence à publier ses écrits dans lesquels il propose que le corps humain est comme une machine, habitée par une âme qu’il situe dans la glande pinéale, à l’intérieur du cerveau, mettant ainsi en question le fait d’une âme immatérielle et divine.
En 1651, le savant anglais, écrivain et pasteur anglican, Robert Burton, après avoir examiné deux mille ans de sagesse médicale et philosophique écrit un énorme traité : L’Anatomie de la mélancolie. Il y reconnaît la dépression comme une maladie propre. Dans un mélange de notions médicales et littéraires, Burton donne son opinion sur les effets de la dépression sur la société. Il propose une prédisposition familiale et suggère la musique et la danse comme traitements possibles !
Dans les traces de Harvey, Thomas Willis (1621-1675) publie en 1664 à Londres, le premier Atlas d’anatomie dans lequel le cerveau est décrit tel que nous le connaissons aujourd’hui. Les observations minutieuses de Willis représentent une étape fondamentale dans le développement de la neurologie (terme qu’il crée) et des neurosciences. Il faut dire que jusque-là, et faute d’utilisation de produit pour la conservation des corps, le cerveau n’apparaissait aux observateurs que sous une masse informe.
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Apparition du terme « psychologie »
À côté de ces observations anatomiques et physiologiques, une autre science, celle qui regarde « à l’intérieur des âmes et écoute les discours », prend forme. On commence ainsi à s’intéresser à l’histoire des patients, à ce qu’ils disent de leur trouble et de leur état intérieur. John Locke, un des élèves de Willis, fait l’hypothèse que le cerveau à la naissance est semblable à une tabula rasa, vide comme un canevas de peintre, et que la personnalité va s’y développer en fonction des informations sensorielles reçues de l’extérieur. Pour définir cette nouvelle approche du développement humain, Locke crée en 1680 le mot « psychologie ».
Le début du XVIIIe siècle voit peu de changements dans la prise en charge de la folie et de ceux qui en souffrent. La religion fait toujours office de science et les prêtres conçoivent les troubles mentaux en termes de possession démoniaque. Exorcismes et tortures physiques sont la base des cures. Cependant, avec l’âge des Lumières et les révolutions égalitaires, les choses semblent changer.
Aux États-Unis, dans une nouvelle attitude de responsabilité sociale, Benjamin Franklin et le Dr Thomas Bond inaugurent, en 1751, le premier hôpital public américain : le Pennsylvania Hospital. Offrant des traitements gratuits pour les patients indigents, cet hôpital est reconnu dès son ouverture pour une prise en charge humaine des patients souffrant de troubles mentaux. Malheureusement, dans une répétition de l’histoire qui continue au XXe siècle, les patients s’accumulent très vite et les conditions de traitement se détériorent tout aussi rapidement.
Naissance de l’aliénation
Après avoir constaté les conditions de vie effroyables des malades mentaux dans l’hôpital de Pennsylvanie, le Dr Benjamin Rush – auteu...

Table des matières

  1. Couverture
  2. Le résumé et la biographie auteur
  3. Page de titre
  4. Copyright
  5. Sommaire
  6. Préfaces
  7. Avant-propos
  8. Introduction: « Suis-je bipolaire ? »
  9. Chapitre 1: D’où ça vient « bipolaire » ?
  10. Chapitre 2: Carte d’identité du bipolaire
  11. Chapitre 3: Quel test faire pour savoir si je suis bipolaire ?
  12. Chapitre 4: Raconter son histoire et être auteur de sa vie
  13. Chapitre 5: Tous bipolaires ?
  14. Chapitre 6: « J’explose, je plonge, je veux mourir, je t’adore, je prends des risques… Suis-je bipolaire ou borderline ? »
  15. Chapitre 7: De « Je n’ai plus besoin de dormir ! » à « Je dors tout le temps… »
  16. Chapitre 8: Les causes des dépressions
  17. Chapitre 9: Le bipolaire et la mort
  18. Chapitre 10: Familles et proches
  19. Chapitre 11: Les médicaments
  20. Chapitre 12: L’électroconvulsivothérapie
  21. Chapitre 13: Les psychothérapies
  22. Chapitre 14: La régulation des émotions : quel travail émotionnel chez les bipolaires ?
  23. Chapitre 15: Votre plan d’action personnalisé
  24. Conclusion
  25. Postface
  26. Glossaire
  27. Remerciements