Coacher les émotions

Colère, peur, tristesse, joie...

Daniel Chernet

• Éditeur: Eyrolles
• Année: 2016
• ISBN:
  9782212241754
• Édition: 1
• Sujet: Commerce
• Sous-sujet: Mentorat et coaching

Colère, peur, tristesse, joie, honte... bien souvent les émotions sont refoulées ou difficiles à exprimer au travail, pour des raisons personnelles ou de culture des organisations.

De manière très pratique, cet ouvrage donne au coach, et à tout accompagnant (manager, éducateur, soignant...), les outils pour aider son client (ou collaborateur) à prendre en compte son émotion, l'identifier, la nommer, l'accepter et agir avec elle.

A l'aide d'éléments théoriques utiles pour la réflexion et l'apprentissage, de propositions d'action et d'exercices spécifiques, vous pourrez:

• accompagner et aider à identifier les besoins que révèlent les émotions et les sentiments;
• faire le point sur vos propres émotions et sur votre pratique;
• contribuer à développer la joie et les émotions positives dans le cadre professionnel et les équipes.

DEUXIÈME PARTIE

ACCOMPAGNEMENT DES ÉMOTIONS ET SENTIMENTS PRINCIPAUX

CHAPITRE 5

IDENTIFIER ET ACCOMPAGNER LA PEUR

Origine et expérience de la peur

La peur est l’émotion ressentie lorsque nous percevons, anticipons ou imaginons un danger ou une menace, un risque d’atteinte à notre sécurité personnelle. Sa fonction est d’amplifier les réactions adaptatives (fuite, combat, immobilisation) face à un danger réel.

La crainte, l’inquiétude sont des sentiments en lien direct avec la peur. La peur permet de reconnaître le danger et de le fuir ou quelquefois de le combattre. Mais la peur trouve son origine également dans le risque de répétition d’une situation douloureuse que nous avons déjà vécue et dans les menaces sur notre identité. L’évaluation du danger ou de la difficulté de l’action prévue est toujours subjective, en lien avec notre histoire, notre tempérament, notre culture.

La peur est naturelle et universelle. C’est son intensité et sa durée dans le temps, sa permanence, qui peuvent être ou devenir problématiques. La peur peut être surmontée et, dans bien des cas, si la peur spécifique liée à une situation est accompagnée et dépassée, la prochaine expérience sera beaucoup plus facile. Le courage est la caractéristique d’une personne qui connaît sa peur et va la dépasser pour prendre ses responsabilités et accomplir ce qu’elle estime nécessaire.

Sur le plan neurologique, la peur correspond principalement à une activation de l’amygdale face à une perception de danger imminent. La peur prépare, par des décharges hormonales, le corps à agir. Il se tend, en alerte. Le cœur s’accélère, le transit également. Les sens sont en fonctionnement maximum, l’attention se porte principalement sur le danger pour décider du moment de la fuite ou de l’action à mener.

Mais la peur génère également des sudations, des vertiges, des maux de tête, des douleurs d’estomac, des tremblements, des raideurs du corps, la voix qui tremble et le blocage de la pensée. Lorsque la peur est trop souvent présente, les hormones de stress (qui viennent des surrénales) sont épuisées et la personne ne peut plus faire face, elle risque alors de développer des malaises, de grandes fatigues, voire des ulcères.

La peur est une émotion d’anticipation, elle informe l’organisme d’un danger potentiel, qui pourrait survenir dans un avenir plus ou moins proche (quelques secondes, des jours…).

L’émotion secondaire de peur

L’émotion secondaire de peur trouve son origine dans le regard que nous portons sur le monde, on peut ainsi :

• avoir peur pour soi, pour quelqu’un qu’on aime ou même pour un objet auquel on est attaché affectivement ;
• avoir peur d’un danger qu’on peut percevoir, d’un danger absent mais qu’on connaît, ou d’un danger hypothétique ou imaginé, d’un danger fantasmé ;
• avoir peur d’un souvenir ou d’une souffrance qui vient de notre passé, ou d’un risque dans le futur ;
• avoir peur de voir quelque chose, d’entendre quelque chose, d’être touché par quelque chose, de toucher quelque chose… ;
• avoir peur de souffrir moralement, de perdre ce qu’on a, de souffrir physiquement, d’être malade ou de mourir ;
• avoir peur d’être ridiculisé, humilié, d’avoir honte ;
• avoir peur des espaces ouverts (agoraphobie), des espaces confinés (claustrophobie) ;
• avoir peur des étrangers (xénophobie) ;
• avoir peur du noir ou de la séparation ;
• avoir peur de l’inconnu, de la mort ;
• avoir peur d’avoir peur.

Le plus généralement les peurs que nous ressentons ne traduisent pas un vrai danger, mais plutôt un contexte de danger, ou des enjeux, une projection de croyances ou de vécus anciens dans la situation future.

Je ne peux pas avoir peur de parler en public si je ne l’ai jamais fait. Si je ressens de la peur avant de parler en public (oublions le trac, qui est en lien avec l’ici et maintenant et qui va le plus souvent passer dès que la personne se sera mise à parler), c’est bien parce que j’ai vécu des moments où j’ai reçu des signaux négatifs lorsque je me suis montré, lorsque j’ai tenté de prendre la parole. Ou bien, j’ai pu observer combien les autres pouvaient être humiliés lorsqu’ils prenaient la parole en classe ou à la maison. Parler en public est le contexte, le danger étant d’être dénigré, pas admiré, pas écouté, pas reconnu. Tant que je reste bloqué sur le contexte, je ne pourrais pas traverser ma peur.

Pour Boris Cyrulnik1, les hommes vivent assez peu dans le monde des perceptions et beaucoup dans le monde des représentations. Ce qui nous fait peur, dit-il, c’est l’idée que nous nous faisons des choses bien plus que la perception que nous en avons. Il ajoute que nos peurs sont pratiquement les productions de notre propre esprit.

Passage de la perception à la représentation

La peur secondaire est une émotion d’anticipation, la personne croit qu’une situation va s’avérer dangereuse (dans un avenir plus ou moins proche) et va diminuer sa sécurité, son confort. Elle traduit de nombreuses croyances ou des situations vécues anciennes que l’on ne veut pas voir se reproduire. La peur par anticipation se base sur nos expériences passées et les projette de manière peu consciente dans le futur.

• Peur liée à une ancienne interdiction d’action : dans ce cas, l’enfant a construit un cadre de référence ou toute tentative de prise de parole en public se traduit par une peur intense, paralysante et la personne adulte en porte encore les stigmates.

Benoît est le responsable marketing d’une entreprise du secteur des logiciels, qui est venu en coaching pour dépasser ses difficultés de prise de parole en public. Il décrit dans les premiers moments du coaching son histoire personnelle, faite de grands moments de silence, car fils unique d’un couple de commerçants. Il partageait peu avec des parents très exigeants sur le travail et très occupés professionnellement. Il raconte ensuite ses expériences de « personne timide », ses difficultés à aller vers les autres, puis les humiliations vécues en cours de langue au collège.

• Peur liée à l’imaginaire d’un danger : la personne imagine le pire, pas nécessairement sous une forme directement perceptible à sa conscience Adulte, mais qui sera accessible à l’écoute.

Benoît imagine qu’il va rougir, qu’il va bafouiller, qu’il sera rejeté, qu’il ne pourra pas aller au bout de ce qu’il a à dire, que les personnes ne le comprendront pas, qu’il ne pourra plus jamais être respecté comme cadre !

• Peur liée à une expérience précédente mal vécue, à des humiliations ou des réprimandes subies.

Benoît raconte : « Lorsque j’ai présenté mon mémoire de maîtrise en sciences de l’éducation, la seule chose que le prof de la fac m’a dite, c’est que j’aurais dû lire en plus tel et tel ouvrage, que j’aurais dû faire une autre forme de conclusion, que j’aurais dû parler plus fort, que j’aurais dû simplifier les diapositives. Que des critiques, pas un mot sur la qualité de mon travail. ...

Table des matières

• Couverture
• Page de titre
• Copyright
• Table des matières
• Introduction
• Première partie : Les émotions en coaching
• Deuxième partie : Accompagnement des émotions et sentiments principaux
• Troisième partie : Émotions complexes, sentiments et relations complexes aux émotions
• Quatrième partie : Contribuer au développement de la joie, du désir, de l’espoir
• Bibliographie
• Index