Le livre de la jungle insurgée
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Le livre de la jungle insurgée

Plongée dans la guérilla naxalite en Inde

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Le livre de la jungle insurgée

Plongée dans la guérilla naxalite en Inde

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À propos de ce livre

Sept nuits pour parcourir 250 kilomètres dans la forêt et raconter la guérilla méconnue des naxalites, les communautés insurgées d'une Inde secouée par la croissance économique et ses projets extractivistes. Merveilleuse conteuse, l'anthropologue Alpa Shah nous embarque pour 300 pages d'une analyse vivante et nuancée.

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Informations

Annexes

Annexe 1

Essai bibliographique sur les naxalites

Le livre de la jungle insurgée est un récit non fictionnel à la première personne construit à partir d’articles universitaires. Pour approfondir le contexte intellectuel et politique de certains enjeux, ainsi que le rapport entre méthode et théorie qui sous-tend l’ouvrage, on pourra consulter les articles suivants. La relation entre idéologie et économie politique développée dans l’ouvrage a fait l’objet en 2012 d’une Memorial Malinowski Lecture (conférence de la London School of Economics and Political Science donnée annuellement à la mémoire de Bronislaw Malinowski) publiée dans le Journal of the Royal Anthropological Institute1. On trouvera dans la revue Economy and Society une analyse de la portée des mouvements de ce genre sous l’angle des relations intimes, en particulier les relations de parenté, qui se veut une tentative pour dépasser la grille de lecture centrée sur l’intérêt personnel et les torts subis2. Dans un numéro spécial du Journal of Agrarian Change, je propose une analyse critique de la lecture naxalite de l’économie politique à partir du cadre de pensée maoïste3. Dans la revue Critique of Anthropology, je développe quelques analyses concernant la citoyenneté, l’État et la lutte révolutionnaire4. Avec Feyzi Ismail, nous nous sommes penchés sur la politique indigène dans la lutte des classes chez les maoïstes en Inde et au Népal5. Dans un ouvrage codirigé avec Judith Pettigrew et paru quelques années plus tôt (Windows Into a Revolution), nous avons tenté d’inscrire les maoïstes indiens et népalais dans un même cadre et de rassembler des enquêtes ethnographiques consacrées à ces deux mouvements6. J’ai aussi analysé les rapports entre religion et gauche séculière en comparant les maoïstes et le mouvement de Birsa Munda apparu un siècle plus tôt7. Un article paru dans Modern Asian Studies passe au crible les débats du premier courant des subaltern studies à la lumière de l’essor du mouvement maoïste et plus particulièrement leurs campagnes contre l’alcool8. Mes réflexions sur les « marchés de protection » permettant aux naxalites de se financer et de rivaliser avec l’État dans les premières phases de leur déploiement ont été publiées dans Critique of Anthropology9. J’ai également exploré les rapports entre certitude et incertitude à partir du parcours d’un homme pris entre deux « marchés de protection » dans Dialectical Anthropology10. Pour approfondir les liens entre la théorie et les méthodes dont procède l’enquête de ce livre, et à propos de l’observation participante comme praxis révolutionnaire potentielle, quelques réflexions parues dans Hau : Journal of Ethnographic Theory pourraient s’avérer utiles11.
Depuis les premières étapes de mes recherches pour ce Livre de la jungle insurgée, j’ai constaté que le mouvement naxalite était devenu un sujet central pour les universitaires et les militants qui travaillent sur l’Asie du Sud. Depuis 2007, pas moins de 50 ouvrages universitaires et politiques, plusieurs romans et de nombreux essais ont été publiés. Cette avalanche de textes consacrés aux naxalites est fascinante pour la diversité de registres qu’elle mobilise, les multiples sujets et questionnements qu’elle ouvre. Bien qu’elle se caractérise par un déficit d’enquêtes de terrain approfondies sur les naxalites et les communautés parmi lesquelles ils vivent, cette littérature s’avère aussi intéressante pour ce qu’elle dit des auteurs et autrices et de leurs perspectives que pour les analyses qu’elle a développées.
Pour ceux et celles qui souhaiteraient approfondir, voici un essai bibliographique consacré à ce corpus12. Plusieurs tendances s’y dessinent. Le premier genre – principalement issu de la sociologie, de la science politique, des études stratégiques et des administrations – s’intéresse aux naxalites depuis la perspective de l’État indien et donc en tant que problème à résoudre, tout en critiquant sa réponse militaire. Le deuxième genre – émanant en majorité d’études de science politique et de la sphère militante – prend au sérieux le projet naxalite de changement social révolutionnaire, réfléchit à la nature de l’État indien et à sa démocratie et cherche à expliquer le succès de la violence révolutionnaire en Inde. Les positions y sont diverses, allant d’une défense résolue de l’État indien envisageant les naxalites comme des extrémistes à une analyse plus distanciée des questions que la diffusion de la violence révolutionnaire pose à l’État et à la démocratie. Le troisième genre, principalement porté par des journalistes et des activistes attirés à des degrés divers par le romantisme révolutionnaire, souvent guidés par les naxalites, cherche à décrire par des carnets de voyage ou des courts séjours à quoi ressemble la vie dans les territoires et les escadrons de la guérilla. On classera dans un quatrième genre les analyses des sociologues et des anthropologues, fondées sur une recherche de terrain au long cours, qui tentent de rendre compte de l’expérience des communautés opprimées ayant rallié le camp naxalite. Les naxalites ont aussi inspiré des romans, dont certains ont l’intérêt de décrire comment la lutte révolutionnaire et les mobilisations rejaillissent sur les idéaux de la structure familiale conventionnelle. Un dernier genre, enfin, est constitué par la littérature produite par les naxalites eux-mêmes ou par des personnes proches du mouvement.
Avec les yeux de l’état
Au moment où les naxalites sont revenus sur le devant de la scène politique indienne, on a vu à quel point notre connaissance de l’Inde contemporaine était lacunaire. On ne connaissait pas plus le mouvement clandestin qui existait depuis plus de quarante ans que les populations adivasis chez qui il s’est implanté. Chez les politologues et les administrateurs gouvernementaux se dessine principalement une forte critique du traitement militaire des maoïstes par l’État indien et un appel à développer les régions adivasis13. Cette analyse est fondée sur l’idée que les naxalites doivent leur succès au fait d’avoir répondu aux torts subis par les communautés tribales.
On retrouve ce message dans plusieurs ouvrages14. Le plus robuste d’entre eux est sans doute un rapport gouvernemental de 2008 rédigé par un groupe de 16 experts nommés par le Commissariat au plan. Il tente de reconnaître le mouvement maoïste en tant que force politique et fait valoir que ses actions sont l’expression d’un combat pour la justice sociale, l’égalité, la protection, la sécurité et le développement local15. Il soutient qu’il faut répondre aux naxalites en s’attaquant aux multiples problèmes de développement et – enjeu crucial – abandonner une stratégie exclusivement fondée sur la répression militaire, qui peut provoquer de graves dommages collatéraux et éloigner encore davantage de l’État les communautés affectées. Ce rapport dénonce vigoureusement les milices soutenues par l’État comme la Salwa Judum au Chhattisgarh qui « discrédite les institutions politiques, déshumanise les populations, avilit les individus investis de cette œuvre de “sécurisation” et surtout symbolise l’abdication de l’État16 ». Les experts recommandent l’application des lois de protection des dalits et des adivasis ; des mesures visant à résoudre les problèmes d’accaparement des terres, de surendettement et à mettre en place une réforme agraire ; des réhabilitations et des réinstallations de populations ; la restauration de la sécurité et le développement rural ; l’universalisation de services sociaux de base comme l’éducation et la santé ; la reconnaissance des structures de démocratie locale comme les gram sabha* et les panchayat* ; l’extension d’une bonne gouvernance aux territoires affectés.
Dans Maoist and Other Armed Conflicts, Anuradha et Kamal Chenoy font valoir dans la même veine qu’on ne peut se contenter de considérer les conflits sous l’angle de la sécurité intérieure ou même simplement du sous-développement, et qu’une approche fondée sur la dignité, la justice, l’équité, les droits et le développement humain est indispensable17. Ils considèrent que le gouvernement lui a tourné le dos au profit de « mécanismes de peur » – torture, embuscades, coups de filet, enlèvements, hameaux servant d’avant-postes stratégiques et formation de milices locales – qui s’inscrivent plus largement dans un vaste arsenal de lois antidémocratiques, qui légitiment ces pratiques et créent un contexte d’impunité18. Ces violations de droits humains perpétrées dans le cadre de la contre-insurrection au Chhattisgarh sont également au centre de l’ouvrage de Nandini Sundar, The Burning Forest, analysé plus loin19.
Dans l’ensemble, il s’agit d’arguments de poids face à ce qu’on ne peut qu’appeler une attaque militaire de très grande envergure, lancée par l’État indien contre les naxalites et les populations qui les accueillent. Mais le rapport du Commissariat au plan n’a jamais été débattu au Parlement. Au contraire, c’est un rapport des services de renseignement présentant la violence maoïste comme « la première menace pour la sécurité intérieure du pays » qui a attiré l’attention du ministère de l’Intérieur et déclenché l’opération répressive contre les naxalites, consistant à quadriller les territoires tribaux du centre et de l’est de l’Inde par les forces de la police centrale20.
Légitimité de la violence révolutionnaire
Il existe un autre corpus de science politique qui prend plus au sérieux le projet idéologique du changement social révolutionnaire, bien que ses auteurs ne souscrivent pas nécessairement aux analyses ou aux méthodes naxalites. Il s’agit là de textes consacrés aux rapports entre la démocratie, l’État indien et la violence révolutionnaire naxalite. Cette approche reconnaît la légitimité de la violence révolutionnaire dans certains contextes21. Elle consiste à se demander si cette pratique est justifiable dans le contexte de l’Inde contemporaine (ce qui nécessite une analyse de l’État indien) et, si c’est le cas, à s’interroger sur la légitimité des formes de violence employées par les naxalites.
Selon Neera Chandhoke, la démocratie indienne, quoique robuste, se caractérise par la violence, si bien que la violence révolutionnaire ne saurait être considérée comme une aberration, tout comme, en retour, la démocratie ne saurait se réduire à une mascarade imposée à des populations innocentes22. Chandhoke nous rappelle que les révolutionnaires ont pour objectif de réduire les inégalités subies par les individus en transformant, au moyen d’une lutte armée visant à s’emparer de l’État, le contexte institutionnel dans lequel ils vivent. Elle insiste sur le fait que les défenseurs de ce projet politique considèrent que « l’État n’a ni la volonté ni la capacité d’institutionnaliser des conditions élémentaires de justice en faveur des plus vulnérables23 ». Dès lors, cette violence révolutionnaire est fondée sur la mobilisation politiqu...

Table des matières

  1. Couverture
  2. Page de titre
  3. Page de copyright
  4. Notices biographiques
  5. Contexte
  6. Note de l’éditrice
  7. Préface d’Akash Poyam à l’édition québécoise
  8. Préface de l’autrice à l’édition en français
  9. Note de l’autrice
  10. Note d’édition
  11. Première partie: Voyage en guérilla
  12. Deuxième partie: Prashant, l’enfant aux chèvres
  13. Troisième partie: Gyanji, un esprit agile
  14. Quatrième partie: La famille d’adoption de Kohli
  15. Cinquième partie: Vikas, le monstre de Frankenstein
  16. Sixième partie: Somwari contre le patriarcat
  17. Septième partie: La croisée des chemins
  18. Annexes
  19. De la même autrice
  20. Éditions de la rue dorion