Les partenaires sociaux à l'épreuve du genre et de l'intersectionnalité dans l'Union européenne
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Les partenaires sociaux à l'épreuve du genre et de l'intersectionnalité dans l'Union européenne

  1. 230 pages
  2. French
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Les partenaires sociaux à l'épreuve du genre et de l'intersectionnalité dans l'Union européenne

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Au sommaire: Avant-propos: Prendre en compte le genre et l'intersectionnalité / Les partenaires sociaux à l'épreuve du genre et de l'intersectionnalité dans l'Union européenne / Gender, Power and Corporatism: Complex Relationships and Analytical Perspectives / Les partenaires sociaux européens et la politique d'égalité de genre: de la méfiance à l'empêchement / Framing the Feminised Home-Based Services Sector at European Level: the Evolving Role of Trade Unions and Employer's Organisations / Inclusive Advocacy? Trade-Union Activity in Support of the Rights of Domestic Workers in Continental Europe / Trade Union Mobilization and Female-Dominated Care Work in Ireland: Feminised and/or Feminist? / Plaider pour l'égalité au nom de la performance ou de la justice sociale? Conflits de 'savoirs sur le genre' syndicaux et managériaux dans de grandes entreprises françaises / Class and Gender in Conflict? Exploring Intersectionality in Practice in Swedish Gender Equality Bargaining

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Informations

Année
2022
ISBN
9782336952932

DOSSIER

POLITIQUE EUROPÉENNE
N° 74 | 2021
Sophie Jacquot, Clémence Ledoux
p. 8-9

Avant-propos : Prendre en compte le genre et l’intersectionnalité

Ce numéro de Politique européenne qui s’intéresse aux interactions entre les partenaires sociaux, le genre et l’intersectionnalité dans l’Union européenne a été pensé avant les propos irrationnels et irresponsables tenus par le gouvernement français et des personnalités politiques contre les études post-coloniales et décoloniales et contre les études de genre.
Dans une perspective plus large que celle de la France, ces attaques ne sont pas nouvelles. Au sein de l’Union européenne, des États membres comme la Hongrie, la Pologne ou meme la Bulgarie s’opposent désormais ouvertement a l’utilisation du mot « genre » dans les conclusions du Conseil européen ou refusent de soutenir des initiatives en faveur de l’égalité entre les femmes et les hommes dans le domaine des relations extérieures ou de la culture. Si ces attaques ne sont pas nouvelles et font déja l’objet de nombreuses études, comme celles d’Andrea Krizsan et Conny Roggeband, de Mieke Verloo, ou de Roman Kuhar et David Paternotte, elles n’en sont pas moins inquiétantes, gagnant du terrain au-dela des démocraties illibérales, ciblant les libertés académiques, prononçant des anathemes sur des thématiques de recherche, désignant a la vindicte et menaçant celles et ceux qui s’y consacrent.
Dans ce contexte, la publication de ce numéro est particulierement importante. Il s’agit de réaffirmer la légitimité absolue des travaux portant sur le genre, sur l’intersectionnalité ou sur les discriminations raciales. Les articles qui composent ce numéro permettent de rappeler comment se font les sciences sociales : dans un espace de collaboration et de débat international, dans le cadre de l’évaluation par les pair•es, dans le respect des principes épistémologiques et méthodologiques qui les fondent. Ils permettent également de mettre en évidence ce que l’usage de ces notions apporte a notre connaissance du monde social et a la prise en compte de sa complexité.
Du point de vue de Politique européenne, il est essentiel de souligner que la publication de ce numéro s’inscrit dans la mission que la revue s’est donnée, c’est-a-dire de participer a l’animation du débat scientifique autour des études européennes. Il est ainsi le reflet de la richesse d’un champ de recherche qui est partie prenante des travaux sur le processus d’intégration européenne et qui, a ce titre, a toute sa place au sein de la revue depuis de nombreuses années maintenant et plus encore dans les années a venir.
Sophie Jacquot
Clémence Ledoux
Le comité de rédaction de Politique européenne
POLITIQUE EUROPÉENNE
N° 74 | 2021
Sophie Jacquot, Clémence Ledoux
p. 10-37
Les partenaires sociaux à l’épreuve du genre et de l’intersectionnalité dans l’Union européenne
Confrontés a une féminisation croissante et aux préoccupations de leurs membres et des mouvements sociaux, faisant face a des injonctions des gouvernements nationaux ou des acteurs européens, les partenaires sociaux nationaux et européens ont été travaillés ces trente dernieres années par le genre et son articulation a d’autres dimensions de la vie sociale, également sources d’inégalités et de discriminations. Ce texte s’intéresse a la façon dont les partenaires sociaux ont été mis a l’épreuve du genre et de l’intersectionnalité, et il présente les principaux apports de la littérature qui s’est penchée sur la structuration des relations entre partenaires sociaux, genre et intersectionnalité.
Social Partners in the European Union and the Test of Gender and Intersectionality
Faced with increasing feminisation and with the concerns of their members and social movements, and having to deal with injunctions from national governments or European actors, the national and European social partners have over the last thirty years been preoccupied with gender and its articulation with other dimensions of social life, which are sources of inequality and discrimination. This text looks at how the social partners have been put to the test by gender and intersectionality, and it presents the main contributions of the literature which investigates the structuring of the relationship between social partners, gender and intersectionality.

Les partenaires sociaux à l’épreuve du genre et de l’intersectionnalité dans l’Union européenne

Sophie Jacquot
Université Saint-Louis – Bruxelles (IEE, CReSPo)
Clémence Ledoux
Université de Nantes (DCS, CENS)
Introduction1
Confrontés à une féminisation croissante et aux préoccupations de leurs membres et des mouvements sociaux, faisant face à des injonctions des gouvernements nationaux ou des acteurs européens, les partenaires sociaux nationaux et européens ont été travaillés ces trente dernières années par le genre et son articulation à d’autres dimensions de la vie sociale, sources d’inégalités et de discriminations. À travers les actions menées en leur sein ou à l’extérieur de leurs structures, ces acteurs ont également contribué à la fabrication des régimes de genre, entendus ici comme l’articulation des formes de ségrégation et de subordination des femmes dans le domaine économique, politique, de la société civile et en termes de violence (Walby, 2020). Comment les partenaires sociaux ont-ils donc été mis à l’épreuve du genre et de l’intersectionnalité ? Il importe avant tout de revenir aux définitions permettant de penser cette question.
Le genre est ici entendu comme une catégorie critique, qui renvoie à la façon dont des différences sont socialement construites et justifiées, entrainant un principe de distribution des ressources, une valorisation symbolique différenciée des groupes, un rapport de pouvoir construit, relationnel et devenant parfois « un principe de division qui institue les sexes » (Bereni et al., 2008, 27 ; Jaunait et Chauvin, 2012 ; Achin et Bereni, 2013). Le genre est en même temps imbriqué dans d’autres rapports sociaux, ce qu’ont montré nombre de travaux en sciences sociales et que tente de saisir le concept d’intersectionnalité (Crenshaw et Bonis, 2005). Largement utilisé pour étudier le monde du travail (Gallot et al,. 2020), il permet de comprendre comment les individus font l’expérience de l’intersection de différentes dominations, celles de classe, de race2, de genre, de handicap, d’orientation sexuelle… Dans les interactions et les opérations quotidiennes de catégorisation, ces différentes formes de discrimination ne s’additionnent pas mais interagissent. Le concept d’intersectionnalité permet alors de caractériser autant la nature de ces interactions que la signification d’actions collectives et de pratiques d’institutions et la façon dont celles-ci construisent les sujets politiques.
Les partenaires sociaux désignent les acteurs collectifs reconnus comme habilités à représenter les employeur•euses et les travailleur•euses pour échanger et négocier en leur nom. Cette négociation peut se déployer au niveau de l’entreprise, de la branche d’activité ou interprofessionnelle, au niveau national et/ou européen. Élodie Béthoux note à ce sujet un glissement progressif de l’usage de la notion de « négociation collective » vers celle de « dialogue social » et une tension entre les deux expressions : « là où le dialogue social s’arrêterait à l’échange, la négociation lui ajouterait la ‘décision conjointe’, entendue comme ‘co-production de règles’« (Béthoux, 2020, 71). Dans certaines configurations, ces pratiques de négociation et d’échange incluent également une autorité publique, amenant les acteurs à parler alors de « négociations tripartites ». Elles contribuent dans tous les cas à produire des normes, plus ou moins autonomes, qui visent le monde du travail et portent, au moins de manière implicite, une dimension genrée c’est-à-dire influençant les rapports de genre. Le nombre, les ressources, le positionnement de ces organisations varient d’un système national à un autre (Schmitter et Streeck, 1999). L’action des partenaires sociaux, au niveau national comme européen, ne se résume pas à ces actions de négociations et d’échange. Elle s’oriente en réalité dans plusieurs directions : celle de la négociation collective et du dialogue social, mais aussi celle de « recrutement » d’une base, celle de services individuels aux adhérent•es (information, formation, conseil), celle de services collectifs (fonction de porte-parole auprès des pouvoirs politiques et économiques dans l’espace public), de participation aux instances de concertation officielle dans le domaine économique et social (Bevort et Jobert, 2011). Ces activités sont liées (Lartigot-Hervier, 2021) et l’ensemble de cet éventail d’actions concourt à façonner et à diffuser des représentations relatives à la place et au rôle des femmes et des groupes minoritaires sur le marché du travail et au sein de la société plus généralement.
Ainsi, la classe, le genre et la race sont des dimensions extrêmement importantes pour les partenaires sociaux pour plusieurs raisons. Premièrement, d’un point de vue historique, les organisations représentant les travailleur•euses et leurs employeur•euses ont été pensées comme séparées selon une division de classe, Marx opposant ainsi les représentants du capital et du travail (Marx, 1972). Pourtant, les travaux sociologiques ont permis de saisir la diversité des formes de segmentations, de hiérarchisations à l’intérieur de ces deux groupes et de leurs organisations représentatives, soulignant ainsi que la position dans le travail ne suffisait pas à caractériser la classe3. Deuxièmement, les organisations syndicales de salarié•es et les organisations patronales ne sont pas neutres par rapport au genre et à la race, mais peuvent au contraire fabriquer un continuum de situations allant de l’exclusion à l’inclusion des groupes marginalisés dans le reste de la société.
Interroger la façon dont le genre et l’intersectionnalité mettent à l’épreuve les partenaires sociaux implique alors de s’intéresser à la façon dont ceux-ci contribuent à construire le genre à la fois « à l’intérieur », c’est-à-dire visà-vis de leurs membres et de leurs structures, et à « l’extérieur », dans les mobilisations collectives, l’espace public, les instances de négociations, les relations avec les gouvernements, même si les frontières entre « intérieur » et « extérieur » sont parfois poreuses.
Quatre dimensions de cette question seront ici présentées : nous reviendrons d’abord sur la façon dont les travaux étudiant les partenaires sociaux au prisme du genre et de l’intersectionnalité en Europe se sont structurés (1), avant de montrer comment ces travaux ont mis en avant l’existence de transformations profondes : longtemps reproducteurs d’inégalités de genre en Europe (2), les partenaires sociaux sont devenus, dans certains contextes, sujets des transformations des régimes de genre (3). Enfin, nous montrerons l’intérêt d’une meilleure compréhension des mécanismes d’européanisation de ces transformations et de leur comparaison (4).
Un tour d’horizon des recherches sur les partenaires sociaux au prisme du genre et de l’intersectionnalité : asymétrie d’objet et quasi-absence du niveau européen
Si l’on porte un regard transversal et pluridisciplinaire sur les recherches abordant, d’une part, les syndicats de salarié•es et, d’autre part, les organisations patronales au prisme du genre et de l’intersectionnalité, on se rend compte qu’elles sont marquées par une forte asymétrie, l’importance des premières l’emportant nettement sur la plus grande rareté des secondes. On réalise par ailleurs que le niveau européen y est la plupart du temps maintenu hors champ.
D’une façon générale, on peut relever quatre dimensions principales qui permettent de caractériser les travaux s’intéressant à ces questions.
Premièrement, les syndicats ont été assez largement étudiés dans une perspective de genre avec une approche intersectionnelle, au niveau local et national, grâce à de fortes traditions existant en sociologie du travail et de l’emploi, des classes populaires, et de la représentation politique. Les travaux ancrés en sociologie du travail et des classes populaires ont analysé « par le bas » la façon dont syndicats et patron•nes interviennent sur les lieux de travail, et contribuent à renforcer ou transformer les rapports de classe, de genre et de race (Kergoat, 1978 ; Maruani, 1979). Plusieurs recherches ont étudié les cas de conflits localisés concernant quasi exclusivement des femmes, par exemple aides à domicile ou ouvrières (Avril, 2009 ; Béroud, 2013 ; Meuret-Campfort, 2010). D’autres recherches ont utilisé les outils d’analyse de la représentation des femmes en politique afin de les appliquer à l’étude des syndicats (Colgan et Ledwith, 2003 ; Guillaume, 2018 ; Guillaume et Pochic, 2013 ; McBride, 2020).
De...

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