Il était une fois Lucy

Maurice Taieb, Doris Barboni

• Éditeur: Odile Jacob
• Année: 2022
• ISBN:
  9782738154361
• Sujet: Physical Sciences
• Sous-sujet: Geology & Earth Sciences

Qui était Lucy? Comment vivait-elle il y a 3 millions d'années? Comment a-t-on su qu'elle était notre ancêtre directe? Que nous apprend-elle sur nos origines? En 1974, le squelette incroyablement complet d'une australopithèque est découvert dans le nord de l'Éthiopie par une équipe dirigée par Maurice Taieb, Donald Johanson et Yves Coppens. Ils l'appellent Lucy. Maurice Taieb, codécouvreur de Lucy, était géologue, directeur de recherche au CNRS et rattaché au Centre européen de recherche et d'enseignement des géosciences de l'environnement (CEREGE) à Aix-en-Provence. Doris Barboni est chercheuse palynologue et paléoécologue au CNRS, spécialiste des microfossiles de plantes, rattachée au CEREGE. Elle a étudié la paléovégétation de plusieurs sites paléontologiques à hominidés, notamment avec Michel Brunet, le découvreur d'Abel et de Toumaï. Cécile Gambini est auteure et illustratrice d'albums jeunesse.

Le soleil se lève sur l’immense vallée de la rivière Awash. Ses rayons puissants dissipent la brume épaisse qui s’élève au-dessus de l’eau et réchauffent les sommets des imposants volcans.

Bientôt, la fraîcheur de la nuit sera oubliée et nous chercherons l’ombre des arbustes.

Je m’appelle Awa, j’ai 9 ans et j’appartiens à une tribu de bergers afars. Nous sommes un peu nomades, chaque jour nous déplaçons nos troupeaux pour les faire paître dans des endroits différents.

L’autre jour, pour la première fois, mon frère Selim et moi avons mené notre troupeau de chèvres dans les collines d’Afofili. On les appelle les collines aux Ossements, bizarre, non ?

Pour les atteindre, nous avons laissé derrière nous l’Awash et sa belle forêt pour remonter le lit à sec d’un ruisseau.

Sur le chemin, la roche noire nous brûlait les pieds. Alors, j’ai vite couru sur le sable blanc.

— Selim ! Viens voir, des coquillages !

— Des coquillages, ici ? Ça vit dans l’eau, les coquillages.

— Oui, c’est étrange parce que ici il n’y a pas d’eau, et ils ont l’air durs comme des cailloux…

Pour rassembler nos chèvres, nous passions d’une colline à l’autre. C’était incroyable. Partout, des os et des dents sortaient de terre.

— Regarde Awa, des défenses d’éléphant ! s’écria soudain Selim.

Il ajouta, perplexe :

— Si les défenses sont ici, le reste du corps doit être là… sous la colline !

— C’est impossible… On n’a jamais vu d’éléphant par ici.

De retour à la maison, je montrai à mon père une petite dent et la poignée de coquillages que j’avais ramassés sur la colline. Il les observa longuement et dit :

— C’est à Elema qu’il faut demander, moi je ne sais pas.

Notre cousin Elema est berger, comme nous, mais il s’habille comme un étranger et sait même parler anglais.

— Elema, pourquoi il y a plein d’os et de dents à Afofili et pourquoi ils sont durs comme de la pierre ? demandai-je.

— Ce qui sort de la terre d’Afofili, ce sont des fossiles*, répondit Elema. Ce sont des restes d’animaux qui vivaient ici il y a très longtemps.

— Ah ! C’est pour ça qu’on a vu des défenses d’éléphant ! s’exclama Selim.

— Oui, et ces fossiles sont tellement anciens qu’on vient du monde entier pour les trouver ! ajouta Elema.

Ce matin, quand je suis arrivée à l’école, Elema était là avec tout un groupe d’adultes. Ils avaient apporté une multitude de boîtes qu’ils déballaient avec précaution.

— Les enfants, annonça la maîtresse, aujourd’hui pas de mathématiques ni de littérature ! Des scientifiques sont venus nous parler des découvertes qu’ils ont faites dans notre région.

Elema ajouta :

— Oui, comme chaque année des scientifiques viennent prospecter dans notre vallée, à la recherche de fossiles qui racontent l’histoire de la Terre. Et mon ami Maurice que voici est l’un des premiers à être venu chez nous.

C’était à l’époque de la grande sécheresse, lorsque l’empereur Haïlé Sélassié I^er était encore au pouvoir. Maurice a observé les collines, exploré les vallées creusées par les cours d’eau saisonniers, vu les ossements d’Afofili, et il a compris que notre terre regorgeait de trésors.

J’étais timide. Dans mes poches, les coquillages et la dent-pierre d’Afofili roulaient entre mes doigts moites. Est-ce ...

Table des matières

• Couverture
• Titre
• Copyright
• Dédicace
• REMERCIEMENTS
• PRÉFACE
• QUELQUES SPÉCIALISTES QUI PARTICIPENT À L'ÉTUDE DE L'HISTOIRE DE LA TERRE
• Chapitre 1
• PETIT GLOSSAIRE DES MOTS DIFFICILES
• Sommaire