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Magie et illusion au Moyen Âge
À propos de ce livre
Voici bien l'occasion de commencer par cette constatation d'Hegel: « La magie se rencontre chez tous les peuples et dans tous les temps ». Cependant que Michel Meslin remarque dans sa récenteEncyclopédie des Religions (Bayard 1997) que derrière tous ses oripeaux la magie pose en réalité le problème de la liberté de l'homme affronté à son destin. En effet, contrairement à la religion dont les rites s'évertuent à « concilier le divin avec l'ordre des choses du monde des hommes », la magie, intervenant également auprès des puissances supérieures, le manipule, les instrumentalise, et tente de les contraindre à satisfaire les désirs humains, n'hésitant pas à transgresser les règles sociales ou morales. René Mabille en son temps avait déjà établi cette distinction dans le champ commun du sacré. L'Europe (pour ne citer qu'elle) a connu une longue tradition où la magie se confondait avec les sciences ésotériques, largement héritées de l'Égypte et de la Kabbale juive. Et il faut reconnaître que durant le Moyen Âge, la magie se mélange à diverses sciences qui n'ont pas encore trouvé leur indépendance ni leurs méthodologie propre. Ainsi, la chimie, la médecine, la pharmacologie, l'astronomie. Il suffit d'ouvrir le « grand Albert » (15e siècle) attribué au maître de Thomas d'Aquin, pour distinguer à travers le fatras des recettes délirantes, des notations très justes sur les maladies, les plantes, les poisons, etc. ce qui explique que cet ouvrage fut sans cesse réédité jusqu'à l'aube du xxe siècle. Il n'est donc pas excessif d'affirmer que la magie par son aspect technique et utilitaire, tint lieu de science exacte durant le Moyen Âge européen, et fut prise au sérieux par les plus grands intellectuels de cette époque. Rappelons cependant que la magie même alors conserva un statut éminemment ambigu; elle fut condamnée à intervalles réguliers par l'Église chrétienne, cependant qu'elle était pratiquée dans les couvents des Bénédictins, des Cisterciens et des célèbres Templiers.
Foire aux questions
Informations
Table des matières
- Couverture
- Informations bibliographiques
- Sommaire
- Le corps mis en morceaux dans l’Atre perilleux : illusion, sorcellerie, magie
- Du diable à la Vierge, Magie et mariophanie à la fin du Moyen Âge
- Quand Renart se fait magicien
- Merlin magicien ?
- Quand l’homme se fait animal, deux cas de métamorphose chez Marie de France : Yonec et Bisclavret
- Magie et merveilleux chrétien dans de Wigalois de Wirnt Von Gravenberg
- Ce est Mervoille et Deablie : économie du désir et magie verbale dans quelques récits arthuriens en vers
- Les lecteurs de signes
- L'enchanteur et son double, Mabon et Evrain : thématique de la dualité dans le Bel inconnu
- Andrieu de la Vigne l'Enchanteur : magie dramatique et illusion temporelle dans le Mystère de saint Martin (1496)
- “La femme et le pantin” : la statue de cire du Jehan de Saintré, entre pratique pieuse et réification magique.
- Les noces illusoires dans le récit médiéval (xiie-xiiie siècles)
- L'illusion diabolique dans les Vies des Pères dédiées à Blanche de Champagne (Lyon, ms 0868)
- L’enchanteur Tulles dans Anseÿs de Metz
- De quelques transformations animales
- Magie et merveilleux dans les sociétés et les épopées d'Afrique noire
- Les “jeux d’Orange” : matériau onirique et illusion magique dans les Enfances Guillaume
- Eustache Deschamps : “démonstration” contre “sortilèges”
- Tabourets du diable ou crédules innocentes ? Les Évangiles des Quenouilles dans la France de l’Inquisition
- Magie, enchantements, Autre Monde dans Jaufré
- Stratégies du double dans deux conjurations magiques de l’Angleterre anglo-saxonne
- De l’illusion à la magie dans la geste de Rainouard
- Archefer aux marches de l’enfer : heros, pratiques magiques et rencontres diaboliques dans deux mises en prose du xve siècle
- Par nigromance et par enchantement : niveaux et nuances du magique dans les romans de Chrétien de Troyes
- Magiciennes et sorcières Vicentines. La magie du verbe et le pouvoir de la parole
- Merveilles et enchantements dans le Lanzelet d’Ulrich Von Zatzikhoven
- La magie et sa repression dans la pensee politique et sociale de Francesc Eiximenis et de Saint Vincent Ferrier
- Le crépuscule des magiciens : topiques de l’enchantement dans le Livre du Cuer et les Amadis français
- Les “mutacions des fables” : illusion et tromperie dans l’Ovide Moralisé
- Charabias et magiciens dans le théâtre des xiie-xiiie siècles
- Le lai de Tydorel ou la magie du silence
- Clinschor/Klingsor. Variations sur un magicien
- L’échec de la magie dans le Jeu de la Feuillée
- Illusion diabolique et littérarité dans la Queste del Saint Graal et dans le Dialogus Miraculorum de Césaire de Heisterbach
- La fin des illusions dans Ysaÿe le Triste ou Quand la magie n’est plus qu’illusion
- De la fondation de Carthage à celle de Lusignan : “engin” de femmes vs prouesse des hommes
- Amadas, Ydoine et les Faes de la dort-veille
- De la construction d’un espace mythique aux manifestations de puissances surnaturelles, dans quelques lais féeriques des xiie et xiiie siècles : langue et symboles de la magie au Moyen Âge