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L'accélération du temps juridique
À propos de ce livre
De tous côtés s'observent des phénomènes d'accélération du temps juridique: en attestent, notamment, le rythme accéléré d'adoption, de transformation et d'abrogation des lois, le succès de la justice des référés, le déclassement rapide des solutions et des doctrines. Philosophes et sociologues le confirment: l'urgence, jadis temporalité d'exception, s'impose aujourd'hui comme temps normal. Le Séminaire interdisciplinaire d'études juridiques a entendu prendre la mesure de cette évolution et la soumettre à interrogation critique. Les interrogations abondent en effet. Car, si l'accélération suppose une vitesse accrue, que faut-il penser d'un droit précipité et improvisé? Si elle s'entend comme immédiateté, que penser d'un droit dépourvu ou incapable de médiation? Et si elle doit être comprise comme aléa, que penser d'un droit incapable d'assurer la sécurité juridique? Il est vrai cependant que retards excessifs (« délais déraisonnables »), blocages et atermoiements caractérisent aussi la vie juridique contemporaine; ne faut-il pas penser dès lors que c'est à un phénomène plus vaste qu'on assiste: la perte de maîtrise du temps par le droit, comme s'il parvenait malaisément à trouver le juste équilibre entre stabilité et changement? Par ailleurs, s'il est vrai que l'accélération pourrait signifier la réalisation résolue, à un rythme de plus en plus soutenu, d'un objectif clair et mobilisateur, il est cependant plus réaliste de penser que, dans le droit contemporain, elle traduit plutôt une valorisation du changement pour lui-même, signe de la montée des incertitudes dans des sociétés entièrement indexées à l'instant présent. Se fait alors entendre cette question de philosophie du droit: si le propre du droit est d'instituer la société - nouer le lien social en l'inscrivant dans une perspective temporelle - ne doit-on pas considérer qu'un minimum de durée (stabilité, médiation, certitude) lui est nécessaire? Et quand cette durée fait défaut, à quel type de régulation est-on alors confronté?
Foire aux questions
Informations
Table des matières
- Couverture
- Informations bibliographiques
- Pages introductives
- Notes
- Sommaire
- L’accélération du temps juridique
- La modernité comme accélération du temps : temps manquant, temps manqué ?
- Court-terme, moyen-terme, long-terme : quel arbitrage démocratique de l’avenir ?
- De l’inéluctable accélération du temps en démocratie ?
- Le temps propre à l’action
- Temps de la loi, rythme des révisions et théorie des jeux
- Le temps de la responsabilité
- Éloge de la patience juridique
- La fin, le loup et l’agneau... propos sur l’eschatologie, à partir de l’œuvre de Maïmonide
- Le souci du temps dans le sillage de Hannah Arendt
- Le droit divin des canonistes et le droit naturel des juristes : des facteurs stabilisateurs en asymétrie
- La maîtrise et l’utilisation du temps juridique dans la société internationale : l’exemple des ordonnances en indication de mesures conservatoires rendues par la Cour internationale de Justice
- Sur quelques rapports du temps juridique aux autres formes du temps
- Le droit communautaire : un espace en expansion continue
- Le temps, la proportionnalité et le juge européen des droits de l’Homme
- Constitution et concordance des temps
- Le rythme des révisions constitutionnelles et l’hypothèse de l’accélération du temps juridique
- Accélération du temps et sécurité juridique : poison et contre-poison ?
- L’accélération de l’action administrative
- Le référé administratif devant le Conseil d’État ou Le Conseil d’État face à l’accélération du temps juridique
- Les réactions législatives aux disparitions d’enfants. « L’affaire Dutroux », paradigme de l’accélération du temps juridique ?
- Y a-t-il un temps pour punir ?
- Les nouveaux modes de traitement des conflits pénaux : vers de nouvelles temporalités pénales ?
- Les temps multiples de la justice des mineurs
- L’écroulement du temps carcéral ou le temps virtuel des prisons contemporaines
- Faut-il récupérer “aidos” pour délier Sisyphe ? À propos du temps clos et instable de la justice pénale italienne
- La fonction du code dans une société pluraliste. Instauration du changement ou enregistrement de la mémoire ?
- Temps, mémoire, oubli et droit
- Le droit à l’oubli du condamné : après le moment du compte rendu, vient le temps du silence
- L’évolution de la prescription en droit civil
- Le juge et l’urgence du désir d’être soi-même
- La rupture de la House of Lords avec un strict principe du stare decisis dans le contexte d’une réflexion sur l’accélération du temps juridique
- Le monde de la pauvreté écartelé entre deux temporalités (apparemment) contradictoires
- Accélération du temps juridique et questionnement scientifique : le cas de la réglementation française des relations du travail à la charnière des XIXe-XXe siècles
- Les enjeux de la temporalité dans le droit de l’environnement
- La recherche juridique à contretemps