La Jolie Fille de Perth (Le Jour de Saint-Valentin)
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La Jolie Fille de Perth (Le Jour de Saint-Valentin)

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La Jolie Fille de Perth (Le Jour de Saint-Valentin)

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À propos de ce livre

Fin du XIVe siecle, sous le regne de Robert III. Le fils du roi, le duc de Rothesay, tente d'enlever Catherine Glover, la «jolie fille de Perth», fille d'un honnete bourgeois de Perth. L'intervention d'Heny Smith, ou Gow, un armurier tres habile a l'épée, l'en empeche. Il blesse ainsi a la main Sir John Ramorny, maßtre de cavalerie du duc. Bien qu'agréé par le pere de Catherine, Simon, Henry semble trop guerrier pour gagner la main de la «jolie fille», dont les manieres sont plus douces...

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Informations

Éditeur
Booklassic
ISBN
9789635258338

CHAPITRE XXXII.

Le destin de l’hĂ©ritier imprudent du trĂŽne d’Écosse Ă©tait bien diffĂ©rent de ce qu’on le supposait gĂ©nĂ©ralement dans l’intĂ©rieur du chĂąteau de Falkland. Son oncle ambitieux avait rĂ©solu sa mort comme Ă©tant le moyen d’abattre la premiĂšre et la plus redoutable barriĂšre qui existait entre sa propre famille et le trĂŽne. Jacques, second fils du roi, n’était encore qu’un enfant, et il pourrait s’en dĂ©barrasser plus Ă  loisir : Les vues d’agrandissement de Ramorny, et le ressentiment qu’il avait conçu depuis peu contre son maĂźtre en avaient fait un agent volontaire pour immoler le jeune Rothsay ; et la cupiditĂ© de Dwining, jointe Ă  la mĂ©chancetĂ© naturelle de son caractĂšre, l’y rendaient Ă©galement disposĂ©. Il avait Ă©tĂ© dĂ©terminĂ© avec la cruautĂ© la plus froidement calculĂ©e qu’on devait Ă©viter avec soin tous moyens qui pourraient laisser derriĂšre eux quelques traces de violence, et laisser sa vie s’éteindre par la privation des alimens qui devait dĂ©truire rapidement une constitution frĂȘle et affaiblie. Le prince d’Écosse ne devait pas ĂȘtre assassinĂ© ; mais comme Ramorny s’était exprimĂ© dans une autre occasion, devait seulement cesser d’exister.
La chambre Ă  coucher de Rothsay dans la tour de Falkland avait Ă©tĂ© bien choisie pour l’exĂ©cution de cet horrible complot. Un petit escalier Ă©troit dont l’existence Ă©tait Ă  peine connue conduisait de lĂ  par une trappe dans les cachots souterrains du chĂąteau, par un passage dont se servait le seigneur fĂ©odal quand il voulait visiter en secret, et sous quelque dĂ©guisement, les habitans de ces rĂ©gions consacrĂ©es au dĂ©sespoir. Ce fut par cet escalier que les scĂ©lĂ©rats transportĂšrent le prince plongĂ© dans un assoupissement lĂ©thargique, au fond d’un cachot si profondĂ©ment creusĂ© dans les entrailles de la terre, que ni les gĂ©missemens ni les cris du captif ne pouvaient se faire entendre, tandis que la soliditĂ© de la porte, des gonds et de la serrure aurait rĂ©sistĂ© long-temps aux efforts qu’on aurait faits pour l’enfoncer quand mĂȘme on fĂ»t parvenu Ă  en dĂ©couvrir l’entrĂ©e. Bonthron, que l’on avait sauvĂ© du gibet pour le faire participer Ă  ce nouveau crime, devint l’instrument de Ramorny dans l’exĂ©cution de cet acte de cruautĂ© inouĂŻe contre son maĂźtre trahi.
Ce misĂ©rable retourna au cachot prĂ©cisĂ©ment Ă  l’instant oĂč le prince commençait Ă  sortir de sa lĂ©thargie, et que recouvrant le sentiment il se sentit saisi d’un froid mortel, et chargĂ© de fers qui lui permettaient Ă  peine de faire un mouvement sur sa paille humide ; sa premiĂšre idĂ©e fut qu’il faisait un rĂȘve horrible, – la seconde lui offrit un pressentiment confus de la vĂ©ritĂ©. – Il appela, il cria, il poussa des hurlemens de frĂ©nĂ©sie ; mais nul secours n’arriva, et l’écho de la voĂ»te de son cachot rĂ©pondit seul Ă  ses cris. L’agent de l’enfer entendit ces exclamations du dĂ©sespoir, et en jouit comme d’une indemnitĂ© des sarcasmes et des reproches que lui avait adressĂ©s le prince par suite de l’aversion qu’un mouvement d’instinct lui inspirait contre ce scĂ©lĂ©rat. Lorsque le malheureux jeune homme Ă©puisĂ© et perdant tout espoir garda le silence, le barbare rĂ©solut de se prĂ©senter aux yeux de son prisonnier ; il tira les verroux, dĂ©tacha la chaĂźne et ouvrit la porte. Rothsay se souleva autant que ses fers le lui permettaient ; une lueur rouge qui se rĂ©pandit dans le caveau lui fit d’abord fermer les yeux, et quand il les rouvrit, ce fut pour reconnaĂźtre la figure sauvage d’un ĂȘtre qu’il avait tout lieu de regarder comme mort ; il se laissa retomber sur sa paille avec horreur. – Je suis jugĂ© et condamnĂ©, s’écria-t-il, et le plus abominable dĂ©mon de l’enfer est envoyĂ© pour me tourmenter.
– Je vis, milord, dit Bonthron, et pour que vous viviez et que vous jouissiez de la vie, mettez-vous sur votre sĂ©ant, et mangez votre dĂ©jeuner.
– DĂ©livre-moi de ces fers, dit le prince ; tire-moi de ce cachot, et quelque scĂ©lĂ©rat que tu sois, tu seras l’homme le plus riche d’Écosse.
– Quand vous me donneriez en or le poids de vos fers, rĂ©pondit Bonthron, j’aimerais mieux vous en voir chargĂ© que de possĂ©der ce trĂ©sor. – Mais regardez, vous aimiez Ă  faire bonne chĂšre, voyez celle que je vous ai prĂ©parĂ©e. À ces mots le misĂ©rable, avec un sourire infernal, prenant un paquet qu’il portait sous le bras, Ă©carta un morceau de cuir qui le couvrait, et faisant passer Ă  plusieurs reprises la lumiĂšre de sa lampe devant l’objet qu’il apportait, il montra au malheureux prince la tĂȘte d’un bƓuf rĂ©cemment sĂ©parĂ©e du corps, ce qui est connu en Écosse comme Ă©tant une annonce de mort inĂ©vitable ; il la plaça au pied du lit, ou plutĂŽt de la litiĂšre oĂč le prince Ă©tait Ă©tendu. MĂ©nagez bien ces vivres, ajouta-t-il, car il est probable qu’il se passera du temps avant que vous ayez un autre repas.
– Dites-moi seulement une chose, misĂ©rable, dit Rothsay ; Ramorny sait-il de quelle maniĂšre je suis traitĂ© ?
– Sans cela, comment t’aurait-on attirĂ© ici ? rĂ©pondit le meurtrier ; pauvre bĂ©casse, tu t’es laissĂ© prendre au piĂ©ge !
À ces mots il ferma la porte, poussa les verrous, et laissa le prince infortunĂ© dans les tĂ©nĂšbres, la solitude et le dĂ©sespoir. – Ô mon pĂšre ! mon pĂšre ! s’écria-t-il, tu as vĂ©ritablement Ă©tĂ© prophĂšte ! Le bĂąton sur lequel je m’appuyais est devenu un javelot. – Nous ne nous Ă©tendrons pas sur les heures et les jours qu’il passa ensuite en proie Ă  toutes les souffrances et Ă  tous les tourmens du corps et de l’esprit.
Mais la volontĂ© du ciel n’était pas qu’un si grand crime fĂ»t commis avec impunitĂ©.
Catherine Glover et la chanteuse, quoique nĂ©gligĂ©es par les autres habitans du chĂąteau qui semblaient n’ĂȘtre occupĂ©s que de la situation du prince, ne purent cependant obtenir la permission d’en sortir avant qu’on eĂ»t vu comment se terminerait cette maladie alarmante, et si elle Ă©tait rĂ©ellement contagieuse. ForcĂ©es de se faire sociĂ©tĂ© l’une Ă  l’autre, ces deux femmes isolĂ©es devinrent compagnes, sinon amies, et leur union se resserra davantage quand Catherine eut appris que c’était prĂ©cisĂ©ment la chanteuse Ă  cause de laquelle Henry Smith avait encouru son dĂ©plaisir. Elle entendit avec transport cette jeune femme justifier complĂštement son protecteur, et lui donner toutes les louanges que mĂ©ritait sa conduite ; d’une autre part Louise, qui sentait la supĂ©rioritĂ© de la condition et du caractĂšre de Catherine, insistait volontiers sur un sujet qui paraissait lui plaire, et elle prouvait sa reconnaissance pour le brave armurier en rĂ©pĂ©tant souvent la chanson du Bleu Bonnet, qui fut long-temps une chanson favorite en Écosse.
Ô Bleu Bonnet, toujours fier et fidùle,
De ta parole esclave en paladin,
Toi dont le cƓur est loyal pour ta belle,
Comme ta tance est ferme dans ta main,
Donne à mes chants un sacré caractÚre ;
Puis-je en trouver un plus digne sujet ?
J’ai parcouru l’Europe entiùre,
Je n’ai trouvĂ© qu’un Bleu Bonnet.
Levant l’épĂ©e et brandissant la lance,
Mes yeux ont vu la fleur des chevaliers
De l’Allemagne et de la belle France
Se couronner des plus nobles lauriers.
J’ai vu les fils de la libre Angleterre,
Sans se tromper, au but lancer un trait :
Mais dans l’Europe tout entiùre
Je n’ai trouvĂ© qu’un Bleu Bonnet.
En un mot, quoique la profession peu honorable de la chanteuse eĂ»t Ă©tĂ© pour Catherine en toute autre circonstance un motif qui l’aurait empĂȘchĂ©e d’en faire volontairement sa compagnie, cependant forcĂ©e comme elle l’était alors Ă  passer avec elle les journĂ©es entiĂšres, elle trouva de la part de Louise toutes les prĂ©venances d’une humble compagne.
Elles vĂ©curent de cette maniĂšre quatre Ă  cinq jours, et afin d’éviter autant que possible les regards et peut-ĂȘtre l’incivilitĂ© des domestiques, elles prĂ©paraient elles-mĂȘmes leur nourriture dans leur appartement. Cependant, comme quelques relations avec les gens de la maison n’en Ă©taient pas moins indispensables, Louise, plus accoutumĂ©e aux expĂ©diens, plus hardie par habitude et dĂ©sirant plaire Ă  Catherine, se chargeait volontairement de descendre Ă  l’office pour demander Ă  l’intendant ce qui Ă©tait nĂ©cessaire pour leur repas frugal, qu’elle prĂ©parait ensuite avec toute la dextĂ©ritĂ© de son pays.
Louise Ă©tait descendue dans ce dessein le sixiĂšme jour, un peu avant midi, et le dĂ©sir de respirer un air frais, ou l’espoir de trouver une salade, quelques lĂ©gumes ou quelques fleurs prĂ©coces pour orner leur table, la conduisit dans le petit jardin qui dĂ©pendait du chĂąteau. Elle rentra dans l’appartement qu’elles occupaient dans la tour, pĂąle comme la mort et agitĂ©e comme la feuille du tremble. Sa terreur se communiqua sur-le-champ Ă  Catherine, qui eut Ă  peine la force de lui demander quel nouveau malheur Ă©tait arrivĂ©.
– Le duc de Rothsay est-il mort ?
– Pire ! on le fait mourir de faim.
– Quelle folie, Louise !
– Non ! non ! non ! non ! s’écria Louise, respirant Ă  peine, parlant bas, et si vite que l’oreille de Catherine pouvait Ă  peine la suivre. Je cherchais quelques fleurs pour orner la table, parce que vous m’aviez dit hier que vous les aimiez. Mon pauvre petit chien entra dans un buisson d’ifs et de houx qui croissent parmi de vieilles ruines prĂšs du mur du chĂąteau, et revint Ă  moi en jappant d’un ton plaintif. J’avançai pour voir quelle pouvait en ĂȘtre la cause, et j’entendis un gĂ©missement comme de quelqu’un qui aurait Ă©tĂ© Ă  toute extrĂ©mitĂ©, mais si faible qu’il semblait partir du centre de la terre. Enfin je vis qu’il sortait d’une fente dans la muraille qui est couverte de lierre, et quand j’en approchai l’oreille, je reconnus distinctement la voix du prince, qui disait : – Cela ne peut maintenant durer long-temps ; et alors il me sembla qu’il faisait une priĂšre.
– Juste ciel ! et lui avez-vous parlĂ© !
– Je lui dis : – Est-ce-vous, milord ? et il rĂ©pondit : – Qui me donne ce nom par dĂ©rision ? Je lui demandai en quoi je pouvais l’aider ; et il dit d’une voix que je n’oublierai jamais : – De la nourriture ! je meurs de faim ! – Je suis revenue sur-le-champ pour vous en informer. Que faire ? donnerons-nous l’alarme dans la maison ?
– HĂ©las ! au lieu de le secourir, ce serait peut-ĂȘtre accĂ©lĂ©rer sa perte.
– Mais que ferons-nous donc ?
– Je n’en sais rien encore, rĂ©pondit Catherine, prompte et hardie dans les occasions importantes, quoique ayant moins de dextĂ©ritĂ© que sa compagne pour trouver des ressources dans les occasions ordinaires ; je n’en sais rien encore, mais nous ferons quelque chose. Un descendant de Bruce ne pĂ©rira point sans secours.
À ces mots elle prit le vase qui contenait leur soupe et la viande qui avait servi à la faire, enveloppa dans un coin de son plaid quelques gñteaux fort minces qu’elle avait fait cuire sous la cendre, et faisant signe à sa compagne de la suivre avec un petit pot de lait qui faisait partie de leurs provisions, elle prit à la hñte le chemin du jardin.
– Oh ! oh ! notre belle vestale a quittĂ© sa chambre, dit un domestique, la seule personne qu’elle rencontra ; mais Catherine ne s’arrĂȘta point, ne lui rĂ©pondit rien, et elle arriva dans le jardin sans autre interruption.
Louise lui montra un tas de ruines couvertes de broussailles qui se trouvait prĂšs du mur du chĂąteau. C’étaient probablement les dĂ©bris de quelque bĂątiment en saillie qui y Ă©tait joint autrefois, et dans lequel se terminait l’étroite ouverture qui communiquait avec le cachot, sans doute pour y donner de l’air. Le temps et la dĂ©gradation de la muraille avaient un peu Ă©largi cette fente, de sorte qu’elle laissait pĂ©nĂ©trer dans l’intĂ©rieur un faible rayon de lumiĂšre, quoique ceux qui entraient avec des torches ne pussent l’apercevoir.
– C’est le silence de la mort ! dit Catherine aprĂšs avoir Ă©coutĂ© un instant avec attention. Juste ciel ! il n’existe plus !
– Il faut risquer quelque chose, dit Louise en passant lĂ©gĂšrement les doigts sur les cordes de sa viole.
Un soupir fut la seule réponse qui sortit de la profondeur du cachot.
Catherine alors se hasarda à parler : – Je suis ici, milord, je suis ici ; je vous apporte de la nourriture.
– Ah ! Ramorny ! dit le prince, cette cruelle plaisanterie vient trop tard, je me meurs.
– Son esprit est Ă©garĂ©, pensa Catherine, et rien n’est moins Ă©tonnant : mais tant que la vie reste, l’espĂ©rance subsiste.
– C’est moi, milord, c’est Catherine Glover. Je vous apporte de la nourriture ; mais je ne sais comment vous la faire passer.
– Que le ciel vous bĂ©nisse ! Je croyais mes souffrances terminĂ©es ; mais je les sens renaĂźtre en moi en entendant parler de nourriture.
– Je vous en apporte, milord ; mais comment vous la faire passer ? L’ouverture est si Ă©troite ! la muraille est si Ă©paisse ! Ah ! j’en trouve un moyen. Oui ! vite, Louise, coupez-moi une branche de saule, la plus longue que vous pourrez trouver.
La chanteuse obĂ©it sur-le-champ, et Catherine ayant fendu le gros bout de la branche, elle transmit au prince par ce moyen les gĂąteaux qu’elle avait apportĂ©s et qu’elle trempa dans le bouillon pour qu’ils pussent lui servir en mĂȘme temps de nourriture et de boisson.
L’infortunĂ© jeune homme mangea peu et avec beaucoup de difficultĂ© ; mais il appela toutes les bĂ©nĂ©dictions du ciel sur la tĂȘte de celle qui lui apportait ce secours. – Je voulais faire de vous la victime de mes vices, lui dit-il, et c’est vous qui cherchez Ă  me sauver la vie ! Mais retirez-vous ; craignez qu’on ne vous voie.
– Je vous rapporterai de la nourriture dùs que j’en trouverai l’occasion, dit Catherine. Mais en ce moment Louise la tira par la manche et l’avertit de garder le silence et de se cacher.
Toutes deux se couchĂšrent derriĂšre les ruines, et elles entendirent Ramorny et Dwining causer ensemble en se promenant dans le jardin.
– Il est plus fort que je ne le pensais, dit le premier Ă  demi-voix. Combien de temps rĂ©sista Dalvolsey quand le chevalier de Liddesdale le tint enfermĂ© dans son chĂąteau de l’Hermitage ?
– Quinze jours, rĂ©pondit Dwining ; mais c’était un homme robuste, et il trouva quelques secours dans le grain qui tombait d’un grenier situĂ© au-dessus de sa prison.
– Ne vaudrait-il pas mieux finir l’affaire par une voie plus prompte ? Douglas-le-Noir vient de ce cĂŽtĂ©. Il n’est pas dans le secret d’Albany ; il demandera Ă  voir le prince : il faut donc que tout soit terminĂ© avant qu’il arrive.
Ils s’éloignĂšrent en continuant cette affreuse conversation.
– Maintenant regagnons la cour, dit Catherine Ă  sa compagne, quand elle vit qu’ils avaient quittĂ© le jardin. J’avais formĂ© un plan pour m’échapper moi-mĂȘme, je le ferai servir Ă  sauver le prince. La laitiĂšre arrive ordinairement au chĂąteau vers l’heure des vĂȘpres, et elle a coutume de laisser sa mante dans le passage quand elle va porter son lait Ă  l’office. Prenez cette mante, couvrez-vous-en avec soin et prĂ©sentez-vous hardiment Ă  la porte. Le portier est presque toujours ivre Ă  cette heure ; il vous prendra pour la laitiĂšre, et si vous montrez un peu de confiance, vous passerez la porte et le pont-levis sans qu’il songe Ă  vous arrĂȘter. Allons, courez cherchez Douglas ; c’est le secours le plus prompt, le seul secours que nous puissions espĂ©rer.
– Mais n’est-ce pas ce terrible seigneur qui m’a menacĂ©e d’une punition honteuse ?
– Croyez-moi, Louise, des ĂȘtres tels que vous et moi ne restent pas une heure dans la mĂ©moire de Douglas, ni en bien, ni en mal. Dites-lui que son gendre, que le prince d’Écosse meurt dans le chĂąteau de Falkland ; qu’il y meurt d’une mort lente amenĂ©e par la faim. Vous obtiendrez de lui non-seulement votre pardon, mais une rĂ©compense.
– Je me soucie peu de la rĂ©compense ; une bonne action porte sa rĂ©compense avec soi. Mais il me semble, qu’il est plus dangereux de rester ici que d’en partir. Que ce soit donc moi qui reste ; je me chargerai de nourrir ce malheureux prince, et vous irez lui chercher du secours. S’ils me tuent avant que vous reveniez, je vous laisse ma viole, et je vous recommande mon pauvre Charlot.
– Non, Louise, vous ĂȘtes une voyageuse plus privilĂ©giĂ©e et plus expĂ©rimentĂ©e que je ne le suis. C’est vous qui partirez, et si vous me trouvez morte Ă  votre retour, ce qui n’est pas impossible, portez Ă  mon pauvre pĂšre cet anneau et cette boucle de mes cheveux, et dites-lui que Catherine est morte en cherchant Ă  sauver le sang de Bruce. Donnez aussi cette autre boucle Ă  Henry, en lui disant que Catherine a pensĂ© Ă  lui jusqu’à son dernier moment ; et s’il l’a trouvĂ©e trop scrupuleuse relativement Ă  l’effusion du sang des autres, il verra que ce n’était point Ă  cause du prix qu’elle attachait au sien.
Elles s’embrassĂšrent en sanglotant ; et elles passĂšrent le reste du jour jusqu’au soir Ă  imaginer quelque meilleur moyen pour faire passer de la nourriture au prisonnier, et Ă  construire un tube composĂ© de roseaux creux s’emboĂźtant les uns dans les autres, pour pouvoir lui transmettre des liquides. La cloche du village de F...

Table des matiĂšres

  1. Titre
  2. CHAPITRE PRÉLIMINAIRE.
  3. CHAPITRE PREMIER.
  4. CHAPITRE II.
  5. CHAPITRE III.
  6. CHAPITRE IV.
  7. CHAPITRE V.
  8. CHAPITRE VI.
  9. CHAPITRE VII.
  10. CHAPITRE VIII.
  11. CHAPITRE IX.
  12. CHAPITRE X.
  13. CHAPITRE XI.
  14. CHAPITRE XII.
  15. CHAPITRE XIII.
  16. CHAPITRE XIV.
  17. CHAPITRE XV.
  18. CHAPITRE XVI.
  19. CHAPITRE XVII.
  20. CHAPITRE XVIII.
  21. CHAPITRE XIX.
  22. CHAPITRE XX.
  23. CHAPITRE XXI.
  24. CHAPITRE XXII.
  25. CHAPITRE XXIII.
  26. CHAPITRE XXIV.
  27. CHAPITRE XXV.
  28. CHAPITRE XXVI.
  29. CHAPITRE XXVII.
  30. CHAPITRE XXVIII.
  31. CHAPITRE XXIX.
  32. CHAPITRE XXX.
  33. CHAPITRE XXXI.
  34. CHAPITRE XXXII.
  35. CHAPITRE XXXIII.
  36. CHAPITRE XXXIV.
  37. CHAPITRE XXXV.
  38. CHAPITRE XXXVI.
  39. À propos de cette Ă©dition Ă©lectronique
  40. Notes de bas de page