Les Blancs et les Bleus - Tome II
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Les Blancs et les Bleus - Tome II

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Les Blancs et les Bleus - Tome II

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En mai 1797,le climat politique s'aggrave, amenant d'abord le 13 Vendémiaire puis le 18 Fructidor qui font vaciller la jeune république sans la faire tomber. Ces troubles amènent la déportation du général Pichegru pour soupçons d'accointances avec les royalistes. Pendant ce temps, le jeune colonel Bonaparte est devenu général, a épousé Joséphine de Beauharnais et a reçu comme récompense pour sa fidélité et les services rendus le commandement de l'armée d'Italie. Sa campagne d'Italie étant un succès, il s'attaque alors à l'Égypte d'où il doit revenir en 1799 sans avoir atteint ses objectifs et avec l'idée de renverser le gouvernement.

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Informations

Éditeur
Booklassic
ISBN
9789635247684

Partie 1
LE 18 FRUCTIDOR

Chapitre 1 Coup d’œil sur la province

Dans la soirée du 28 au 29 mai 1797, c’est-à-dire au moment où sa glorieuse campagne d’Italie terminée, Bonaparte trône avec Joséphine à Montebello, entouré des ministres des puissances étrangères ; où les chevaux de Corinthe descendant du Dôme et le lion de Saint-Marc tombant de sa colonne, partent pour Paris ; où Pichegru, mis en disponibilité sur de vagues soupçons, vient d’être nommé président des Cinq-Cents, et Barbé-Marbois président des Anciens, un cavalier qui voyageait, comme dit Virgile, sous le silence amical de la lune, per amica silentia lunae, et qui suivait, au trot d’un vigoureux cheval, la route de Mâcon à Bourg, quitta cette route un peu au-dessus du village de Pollias, sauta ou plutôt fit sauter à son cheval le fossé qui le séparait des terres en culture, et suivit pendant cinq cents mètres environ les bords de la rivière de Veyle, où il n’était exposé à rencontrer ni village ni voyageur. Là, ne craignant plus sans doute d’être reconnu ou remarqué, il laissa glisser son manteau, qui, de ses épaules, tomba sur la croupe de son cheval, et, dans ce mouvement, mit à découvert une ceinture garnie de deux pistolets et d’un couteau de chasse. Puis il souleva son chapeau, et essuya son front ruisselant de sueur. On put voir alors que ce voyageur était un jeune homme de vingt-huit à vingt-neuf ans, beau, élégant et de haute mine, et tout prêt à repousser la force par la force, si l’on avait l’imprudence de l’attaquer.
Et sous ce rapport, la précaution qui lui avait fait passer à sa ceinture une paire de pistolets, dont on eût pu voir la pareille dans ses fontes, n’était point inutile. La réaction thermidorienne, écrasée à Paris le 13 vendémiaire, s’était réfugiée en province, et là, avait pris des proportions gigantesques. Lyon était devenu sa capitale ; d’un côté, par Nîmes, elle étendait la main jusqu’à Marseille, et, de l’autre, par Bourg-en-Bresse jusqu’à Besançon. Pour voir où en était cette réaction, nous renverrions bien le lecteur à notre roman des « Compagnons de Jéhu », ou aux « Souvenirs de la Révolution et de l’Empire », de Charles Nodier ; mais le lecteur n’aurait probablement ni l’un ni l’autre de ces deux ouvrages sous la main, et il nous paraît plus court de les reproduire ici.
Il ne faut pas s’étonner que la réaction thermidorienne, écrasée dans la première capitale de la France, ait élu domicile dans la seconde et ait eu ses ramifications à Marseille et à Besançon. On sait ce qu’avait souffert Lyon, après sa révolte : la guillotine eût été trop lente. Collet d’Herbois et Fouché mitraillèrent. Il y eut à cette époque bien peu de familles du haut commerce ou de la noblesse qui n’eussent pas perdu quelqu’un des leurs. Eh bien ! ce père, ce frère, ce fils perdu, l’heure était venue de le venger et on le vengeait, ostensiblement, publiquement au grand jour. « C’est toi qui as causé la mort de mon fils, de mon frère et de mon père ! » disait-on au dénonciateur, et on le frappait.
« La théorie du meurtre, dit Nodier, était montée dans les hautes classes. Il y avait dans les salons des secrets de mort qui épouvanteraient les bagnes. On faisait Charlemagne à la bouillotte pour une partie d’extermination, et l’on ne prenait pas la peine de parler bas pour dire qu’on allait tuer quelqu’un. Les femmes, douces médiatrices de toutes les passions de l’homme, avaient pris une part offensive dans ces horribles débats. Depuis que d’exécrables mégères ne portaient plus de guillotines en boucles d’oreilles, d’adorables furies, comme eût dit Corneille, portaient un poignard en épingle. Quand vous opposiez quelques objections de sentiment à ces épouvantables excès, on vous menait aux Brotteaux, on vous faisait marcher malgré vous sur cette terre élastique et rebondissante, et l’on vous disait : « C’est là que sont nos parents. » Quel tableau que celui de ces jours d’exception dont le caractère indéfinissable et sans nom ne peut s’exprimer que par les faits eux-mêmes, tant la parole est impuissante pour rendre cette confusion inouïe des idées les plus antipathiques, cette alliance des formes les plus élégantes et des plus implacables fureurs, cette transaction effrénée des doctrines de l’humanité et des actes des anthropophages ! Comment faire comprendre ce temps impossible où les cachots ne protégeaient pas le prisonnier, où le bourreau qui venait chercher sa victime s’étonnait d’avoir été devancé par l’assassin, ce long 2 septembre renouvelé tous les jours par d’admirables jeunes gens qui sortaient d’un bal et se faisaient attendre dans un boudoir ?
» Ce que c’était, il faut le dire, c’était une monomanie endémique, un besoin de furie et d’égorgement éclos sous les ailes des harpies révolutionnaires ; un appétit de larcin aiguisé par les confiscations, une soif de sang enflammée par la vue du sang. C’était la frénésie d’une génération nourrie, comme Achille, de la moelle des bêtes féroces ; qui n’avait plus de types et d’idéalité devant elle que les brigands de Schiller et les francs juges du Moyen Âge. C’était l’âpre et irrésistible nécessité de recommencer la société par le crime comme elle avait fini. C’était ce qu’envoie toujours, dans les temps marqués, l’esprit des compensations éternelles, les titans après le chaos, Python après le déluge, une nuée de vautours après le carnage ; cet infaillible talion de fléaux inexplicables qui acquitte la mort par la mort, qui demande le cadavre pour le cadavre, qui se paie avec usure et que l’Écriture elle-même a compté parmi les trésors de la Providence.
» La composition inopinée de ces bandes, dont on ignora d’abord le but, offrait bien un peu de ce mélange inévitable d’états, de conditions, de personnes, qu’on remarque dans tous les partis, dans toutes les bandes qui se ruent au travers d’une société en désordre ; mais il y en avait moins là qu’il n’en fut jamais ailleurs. La partie des classes inférieures qui y prenait part, ne manquait pas de ce vernis de manières que donnent les vices dispendieux ; populace aristocrate qui courait de débauches en débauches et d’excès en excès, après l’aristocratie de nom et de fortune, comme pour prouver qu’il n’y a rien de plus facile à outrepasser que le mauvais exemple. Le reste couvrait sous des formes plus élégantes une dépravation plus odieuse, parce qu’elle avait eu à briser le frein des bienséances et de l’éducation. On n’avait jamais vu tant d’assassins en bas de soie ; et l’on se tromperait fort si l’on s’imaginait que le luxe des mœurs fût là en raison opposée de la férocité des caractères. La rage n’avait pas moins d’accès impitoyables dans l’homme du monde que dans l’homme du peuple, et l’on n’aurait point trouvé la mort moins cruelle en raffinements sous le poignard des petits-maîtres que sous le couteau du boucher.
» La classe proscrite s’était d’abord jetée avec empressement dans les prisons, pour y chercher un asile. Quand cette triste sauvegarde de l’infortune eut été violée, comme tout ce qu’il y avait de sacré chez les hommes, comme les temples, comme les tombeaux, l’administration essaya de pourvoir à la sûreté des victimes en les dépaysant. Pour les soustraire au moins à l’action des vengeances particulières, on les envoyait à vingt, à trente lieues de leurs femmes et de leurs enfants, parmi des populations dont elles n’étaient connues ni par leurs noms ni par leurs actes. La caravane fatale ne faisait que changer de sépulture. Ces associés de la mort se livraient leur proie par échange d’un département à l’autre avec la régularité du commerce. Jamais la régularité des affaires ne fut portée aussi loin que dans cette horrible comptabilité. Jamais une de ces traites barbares qui se payaient en têtes d’hommes ne fut protestée à l’échéance. Aussitôt que la lettre de voiture était arrivée, on balançait froidement le doit et l’avoir ; on portait les créances en avances et le mandat de sang était soldé à vue.
» C’était un spectacle dont la seule idée révolte l’âme, et qui se renouvelait souvent. Qu’on se représente une de ces longues charrettes à ridelles sur lesquelles on entasse les veaux pour la boucherie, et, là, pressés confusément, les pieds et les mains fortement noués de cordes, la tête pendante et battue par les cahots, la poitrine haletante de fatigue, de désespoir et de terreur, des hommes dont le plus grand crime était presque toujours une folle exaltation dissipée en paroles menaçantes. Oh ! ne pensez pas qu’on leur eût ménagé, à leur entrée, ni le repas libre des martyrs, ni les honneurs expiatoires du sacrifice, ni même la vaine expiation d’opposer un moment une résistance impossible à une attaque sans péril, comme aux arènes de Constance et de Gallus ! Le massacre les surprenait immobiles ; on les égorgeait dans leurs liens, et l’assommoir, rouge de sang, retentissait encore longtemps sur des corps qui ne sentaient plus. »
Nodier avait vu et m’a nommé un vieillard septuagénaire, connu par la douceur de ses habitudes et par cette politesse maniérée qui passe avant toutes les autres qualités dans les salons de provinces ; un de ces hommes de bon ton, dont l’espèce commence à se perdre, et qui étaient allés une fois à Paris pour faire leur cour aux ministres et pour assister au jeu et à la chasse du roi, mais qui devaient à ce souvenir privilégié l’avantage de dîner de temps en temps chez l’intendant, et de donner leur avis dans les cérémonies importantes sur une question d’étiquette. Nodier l’avait vu, tandis que des femmes regardaient, paisibles, portant entre les bras leurs enfants qui battaient des mains, Nodier l’avait vu, et je rapporte les propres termes dont il s’est servi, « fatiguer son bras débile à frapper d’un petit jonc à pomme d’or un cadavre où les assassins avaient oublié d’éteindre le dernier souffle de la vie, et qui venait de trahir son agonie tardive par une dernière convulsion ».
Et maintenant que nous avons essayé de faire comprendre l’état du pays que le voyageur traversait, on ne s’étonnera plus des précautions qu’il avait prises pour le traverser, ni de l’attention qu’il donnait à chaque accident d’une contrée qui, au reste, paraissait lui être complètement inconnue. En effet, à peine suivait-il depuis une demi-lieue les bords de la Veyle, qu’il arrêta son cheval, se dressa sur ses étriers, et, se penchant sur sa selle, essaya de percer l’obscurité devenue plus grande par le passage d’un nuage sur la lune. Il commençait à désespérer de trouver son chemin sans recouvrir à prendre un guide, soit à Montech, soit à Saint-Denis, quand une voix qui semblait sortir de la rivière le fit tressaillir, tant elle était inattendue. Cette voix disait du ton le plus cordial :
– Peut-on vous être bon à quelque chose, citoyen ?
– Ah ! par ma foi, oui, répondit le voyageur, et, comme je ne puis aller vous trouver, ne sachant pas où vous êtes, vous seriez bien aimable de venir me trouver, puisque vous savez où je suis.
Et tout en prononçant ces paroles, il recouvrit de son manteau et la crosse de ses pistolets, et la main qui caressait une de ces crosses.

Chapitre 2 Le voyageur

Le voyageur ne s’était pas trompé ; la voix venait bien de la rivière. Une ombre, en effet, gravit lestement la berge et en un instant se trouva à la tête du cheval, la main appuyée sur son cou. Le cavalier, qu’une si grande familiarité paraissait inquiéter, fit faire à sa monture un pas en arrière.
– Oh ! pardon, excuse, citoyen, fit le nouveau venu ; je ne savais pas qu’il fût défendu de toucher à votre cheval.
– Cela n’est point défendu, mon ami, dit le voyageur, mais vous savez que, la nuit, dans les temps où nous sommes, il est convenable de se parler à une certaine distance.
– Ah ! dame ! je ne sais pas distinguer ce qui est convenable de ce qui ne l’est pas, moi. Vous m’avez paru embarrassé sur votre chemin ; j’ai vu ça ; je suis bon garçon, moi. Je me suis dit : « Voilà un chrétien qui me paraît mal sûr de sa route ; je vais la lui indiquer. » Vous m’avez crié de venir ; me voilà. Vous n’aviez pas besoin de moi ; adieu.
– Pardon, mon ami, dit le voyageur en retenant du geste son interlocuteur, le mouvement que j’ai fait faire à mon cheval est involontaire ; j’avais, en effet, besoin de vous et vous pouvez me rendre un service.
– Lequel ? Parlez… Oh ! moi, je n’ai pas de rancune.
– Vous êtes du pays ?
– Je suis de Saint-Rémy, ici près. Tenez, on voit le clocher d’ici.
– Alors, vous connaissez les environs ?
– Ah ! je crois bien. Je suis pêcheur de mon état. Il n’y a pas un cours d’eau à dix lieues à la ronde où je n’aie tendu des lignes de fond.
– Alors, vous devez connaître l’abbaye de Seillon ?
– Tiens ! si je connais l’abbaye de Seillon, je crois bien ! Par exemple, je n’en dirai pas autant des moines.
– Et pourquoi n’en diriez-vous pas autant des moines ?
– Mais parce que, depuis 1791, ils ont été chassés, donc !
– Alors, à qui donc appartient la chartreuse ?
– À personne.
– Comment ! il y a en France une ferme, un couvent, une forêt de dix mille arpents, et trois mille arpents de terre qui n’appartiennent à personne ?
– Ils appartiennent à la République, c’est tout comme.
– La République ne fait donc pas cultiver les biens qu’elle confisque ?
– Bon ! est-ce qu’elle a le temps ? Elle a bien autre chose à faire, la République.
– Qu’a-t-elle à faire, donc ?
– Elle a à faire peau neuve.
– En effet, elle renouvelle son tiers. Vous vous occupez donc de cela ?
– Oh ! un peu, dans les temps perdus. Nos voisins du Jura, ils lui ont envoyé le général Pichegru, tout de même.
– Oui.
– Dites donc, ça n’a pas dû les faire rire là-bas. Mais je bavarde, moi ! je bavarde, et je vous fais perdre votre temps. Il est vrai que, si vous allez à Seillon, vous n’avez pas besoin de vous presser.
– Pourquoi cela ?
– Dame, parce qu’il n’y a personne à Seillon.
– Personne ?
– Except...

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  1. Titre
  2. Partie 1 - LE 18 FRUCTIDOR
  3. Partie 2 - LA HUITIÈME CROISADE
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