L'amant de Genevieve
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L'amant de Genevieve

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L'amant de Genevieve

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À propos de ce livre

Philippe Sauval est le fils du garde-chasse du Marquis de Peyrales. Enfant, il a souvent joué avec la fille du marquis, Genevieve de Peyrales...

Foire aux questions

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Informations

Éditeur
Booklassic
ISBN
9789635267002

Partie 1

Chapitre 1

Il y avait bien trois minutes que M. le maire avait achevĂ© son discours, que, tout rouge dans son Ă©troit faux-col, tout Ă©mu de sa propre Ă©loquence, il s’était lentement rassis, et cependant les petites mains des Ă©coliers applaudissaient encore. Le bruit joyeux, que les habiles rendaient plus sonore en creusant lĂ©gĂšrement leurs paumes, Ă©clatait et remplissait la petite classe, dĂ©corĂ©e de feuillage pour ce grand jour de la distribution des prix; il s’échappait parles hautes croisĂ©es ouvertes sur la campagne et s’en allait se perdre dans l’air alourdi et dans les rayons du mois d’aoĂ»t.
Certes, il avait Ă©tĂ© trĂšs beau le discours de M. le maire; il avait roulĂ© sur les bienfaits de la science, sur les devoirs du citoyen ; pas une phrase qui n’y prĂ©sentĂąt l’une ou l’autre des figures de rhĂ©torique les plus savantes et les plus compliquĂ©es. Mais si l’on regardait son auditoire, tous ces bambins aux joues brunies dont l’aĂźnĂ© n’avait pas douze ans, on avait peine Ă  se persuader que les hautes considĂ©rations seules eussent excitĂ© tant d’enthousiasme. On aurait mĂȘme pu supposer sans trop d’irrĂ©vĂ©rence que les bravos s’adressaient au silence du fonctionnaire plutĂŽt qu’à sa parole
 Enfin tout avait donc Ă©tĂ© dit! Les meilleurs Ă©lĂšves, debout sur l’estrade et trĂšs intimidĂ©s, avaient rĂ©citĂ© des vers, et les autoritĂ©s du village, non moins embarrassĂ©es peut-ĂȘtre, avaient solennellement dĂ©bitĂ© de la prose. Maintenant, M. Forest, le maĂźtre d’école, prenait en main la liste des noms ; le maire examinait avec intĂ©rĂȘt les beaux livres bleus et roses dont quelques-uns avaient des tranches dorĂ©es qui brillaient comme des flammes. Un autre monsieur, qui souriait et cherchait Ă  se rendre utile, s’occupait Ă  dĂ©mĂȘler les couronnes; les fils de fer s’accrochaient; c’était une opĂ©ration trĂšs dĂ©licate. Bien des grands yeux ardents se fixaient sur ces couronnes de papier rĂ©calcitrantes, et sur ce monsieur, qui maniait tant de gloire avec un air tout naturel.
M. Forest mit bien haut son papier, et toussa lĂ©gĂšrement pour Ă©claircir sa voix. Le maire se leva de nouveau; il tenait un grand volume et une couronne d’or; c’était le prix d’excellence.
On savait bien qui allait ĂȘtre nommĂ© et tous les yeux se tournaient dĂ©jĂ  vers ce favorisĂ© du sort, quand soudain quelque chose d’extraordinaire les dirigea vers la porte.
Il s’était fait du bruit au dehors; une voiture s'Ă©tait arrĂȘtĂ©e devant la maison d’école. On entendait les chevaux qui secouaient leur mors, le claquement d’une portiĂšre qui se refermait. Presque aussitĂŽt, sur le seuil de la salle, dans le reflet blanc de la route, un homme parut qui tenait une petite fille par la main.
C’était le marquis de PeyralĂšs et GeneviĂšve, son unique enfant. A cause de son nom et de sa position dans le pays, surtout par principe et par conviction, le marquis avait cru de son devoir d’assister Ă  la distribution des prix de l’école du village.
Il gravit l’estrade, serra la main du maire et celle du maĂźtre d’école, et s’excusa de venir un peu tard. Puis il se tourna vers les enfants qui, dĂ©sappointĂ©s, s’apprĂȘtĂšrent Ă  essuyer un autre discours. Leurs craintes furent bientĂŽt dissipĂ©es. M. de PeyralĂšs les fit rire en leur montrant qu’ils Ă©taient compris ; il ajouta :
— Mes enfants, je n’ai rien Ă  vous dire. Le vĂ©ritable enseignement de cette journĂ©e n’est pas dans nos paroles : il est ici.
Et son geste indiquait les livres et les couronnes.
M. de PeyralĂšs parlait d’un ton lent et froid. C’était un homme d’une quarantaine d’annĂ©es, au front dĂ©pouillĂ©, au regard court et incertain du myope. Il avait des favoris chĂątain clair qu’il portait taillĂ©s Ă  la façon des magistrats. Ses lĂšvres rasĂ©es se fermaient avec une expression d’amertume. Il Ă©tait en grand deuil, car il venait de laisser derriĂšre lui, Ă  Paris, dans le caveau de leur famille, le corps glacĂ© de sa jeune femme. Il avait aimĂ© celle-ci pendant onze ans autant qu’il est possible d'aimer.
L’enfant qui se pressait Ă  son cĂŽtĂ©, et qui, depuis leur entrĂ©e, n’avait pas quittĂ© la main de son pĂšre, Ă©tait une petite crĂ©ature adorable. Elle avait le teint pĂąle et l’air un peu dĂ©licat; de grands yeux bleus, assez enfoncĂ©s dans l’ombre, des sourcils; le nez, la bouche, l’ovale du visage trĂšs purs, et des masses de cheveux brun foncĂ© Ă  reflets de cuivre. Elle Ă©tait vĂȘtue, Ă  la mode anglaise, d’une espĂšce de fourreau Ă  larges plis, trĂšs court; une ceinture entourait au-dessous de sa taille son corps gracieux, et un grand chapeau marin, placĂ© trĂšs en arriĂšre, laissait voir une frange Ă©paisse de ses cheveux qui lui retombait sur le front. Ses vĂȘtements Ă©taient tellement garnis de crĂȘpe que c’est Ă  peine si l’on y distinguait une autre Ă©toffe.
Dans un coin de l’estrade se trouvait un fauteuil inoccupĂ©, semblable Ă  celui du maire. On avait bien espĂ©rĂ© que M. de PeyralĂšs daignerait assister Ă  la cĂ©rĂ©monie, et ce siĂšge d’honneur lui Ă©tait destinĂ©. Il s’assit ; sa petite fille se plaça sur une chaise, tout prĂšs de lui.
La distribution allait enfin commencer.
— Prix d’excellence, lut M. Forest, dĂ©cernĂ©, Ă  l’élĂšve qui, par sa conduite et son travail, s’est le plus distinguĂ© pendant tout le cours de l’annĂ©e scolaire
 Philippe Sauval.
Un jeune garçon d’une douzaine d’annĂ©es se leva, et, passant devant ses camarades qui applaudissaient de toutes leurs forces, il monta sur l’estrade.
— Tiens ! dit Geneviùve tout bas en se penchant vers son pùre, c’est Philippe. Qu’il est grand ! Oh ! je suis contente qu’il ait le prix.
Elle le regardait venir, et s’étonnait beaucoup. Le fils du garde-chasse de son pĂšre ne ressemblait en rien aux autres petits paysans. Elle lui trouvait tout Ă  fait l’air des jolis cavaliers qui la faisaient danser aux matinĂ©es d’enfants, alors que sa chĂšre maman vivait encore, et qu’elle-mĂȘme avait des robes blanches et des ceintures roses, et n’avait jamais portĂ© de noir.
Cette réflexion attendrissait GeneviÚve, et, lorsque Philippe eut la couronne sur le front, elle le trouva si charmant et son triomphe si glorieux, que touchant le bras du marquis :
— Puis-je applaudir aussi, papa? demanda-t-elle.
Philippe Sauval reparut souvent sur l’estrade. Quand tous les prix de sa division eurent Ă©tĂ© distribuĂ©s, il avait dans les bras tant de livres et de couronnes qu’il ne pouvait plus les porter. Ses voisins, moins intelligents, moins studieux, moins heureux que lui, en particulier ceux qui n’avaient obtenu aucune rĂ©compense, se disputaient l’honneur de lui aider. La supĂ©rioritĂ© de Philippe sur eux Ă©tait trop marquĂ©e pour qu’ils pussent ĂȘtre jaloux de lui. Il Ă©tait bon camarade et on l’aimait. Puis en tenant ses beaux livres et ses couronnes, il semblait que l’on prit une petite part momentanĂ©e Ă  son succĂšs.
La distribution des prix continuait ; c’était le tour des petites classes. Des bĂ©bĂ©s, trop tĂŽt sortis des robes, avec des culottes trop larges tombant jusque sur leurs gros souliers, montaient Ă  prĂ©sent sur l’estrade, gauchement, butant contre chaque marche, trĂšs fiers, mais si timides qu’ils avaient envie de pleurer. Dans le fond, leurs mĂšres fondaient en larmes ; tandis que leurs pĂšres, qui trouvaient honteux pour des hommes de se montrer Ă©mus, passaient le revers de leurs manches sur leurs yeux et disaient : — Tout de mĂȘme, le petit gars ! — lorsqu’ils redescendaient avec une couronne posĂ©e de travers sur leurs cheveux Ă©bouriffĂ©s.
Le marquis de PeyralĂšs, trĂšs grave, battait machinalement des mains, tendait un livre, disait un mot d’encouragement, et faisait les plus grands efforts pour ramener Ă  chaque instant sa pensĂ©e qui s’échappait, qui s’en allait Ă  Paris, au cimetiĂšre, aux annĂ©es enfuies, Ă  l’avenir sombre. Une chose lui rendait cependant l’attention moins difficile : c’était la prĂ©sence de GeneviĂšve. Cette enfant Ă©tait tout dĂ©sormais pour son cƓur. Quant Ă  son esprit, il le nourrissait de hautes pensĂ©es et d’importants travaux. M. de PeyralĂšs Ă©tait Ă  la fois un homme politique et un Ă©crivain. Sa fille et ses manuscrits, voilĂ  ce qui reprĂ©sentait sa vie mĂȘme. En dehors, il n’y avait rien.
La petite GeneviĂšve s’était d’abord amusĂ©e, mais elle finissait par trouver que cela durait trop longtemps. Les Ă©coliers, en allant et venant, piĂ©tinant sur place, soulevaient la poussiĂšre. Elle la voyait danser, toujours plus Ă©paisse, dans un large rayon de soleil qui s’avançait vers elle Ă  mesure que l’aprĂšs-midi s’écoulait; elle redoutait le moment oĂč ce rayon pourrait l’atteindre, et elle se disait qu’une robe noire en Ă©tĂ©, cela tient vraiment bien chaud !
Enfin le maĂźtre d’école se tut; la liste monotone des noms Ă©tait terminĂ©e.
Mais sur la table, recouverte d’un drap vert, oĂč traĂźnaient des bouts de faveurs et des feuilles de chĂȘne artificielles, il restait encore une derniĂšre rĂ©compense. Celle-ci, comme l’annonça le maire, Ă©tait la plus glorieuse de toutes. Les Ă©lĂšves la dĂ©cernaient eux-mĂȘmes, par vote, Ă  celui d’entre eux qu’ils trouvaient le plus mĂ©ritant. C’était M. de PeyralĂšs qui l’avait instituĂ©e. Elle consistait en une mĂ©daille d’or.
— Il s’est prĂ©sentĂ© cette annĂ©e une circonstance curieuse et qui double la valeur du prix que nous allons dĂ©cerner, dit M. le maire en Ă©levant l’écrin de velours grenat.
M. de PeyralĂšs eut un mouvement de curiositĂ©. GeneviĂšve recula sa chaise que le soleil atteignait, puis, involontairement, se tourna vers Philippe: ce devait ĂȘtre lui qui aurait la mĂ©daille.
Le petit garçon essayait de ne pas paraĂźtre attendre que son nom fĂ»t prononcĂ©. Son regard se perdait dans le vague, au-dessus de l’estrade, au-dessus du buste de la RĂ©publique, un mauvais plĂątre sur un fond de drapeaux fanĂ©s. Par le chĂąssis entr’ouvert, il apercevait un coin du ciel ; la lumiĂšre au dehors Ă©tait si Ă©clatante que l’azur paraissait d’argent. Et Philippe s’éblouissait Ă  regarder lĂ  haut, pour se donner une contenance; pendant que, malgrĂ© lui, le feu de la joie s’échappait de ses yeux, avivĂ© par une ambition ardente qui venait de se dĂ©velopper en lui tout Ă  coup, et qui dĂ©passait dĂ©jĂ  les murs de l’humble salle d’école.
Le maire avait fait une pause, pour se mĂ©nager un effet. On entendait les chevaux du marquis, piaffant, s’irritant sous les piqĂ»res des mouches et du soleil, au delĂ  du jardinet d’entrĂ©e, et la voix du cocher qui s’efforçait de les calmer.
— Cette rĂ©compense extraordinaire, continua le prĂ©sident de la cĂ©rĂ©monie, a Ă©tĂ© pour la premiĂšre fois adjugĂ©e Ă  l'unanimitĂ©. Pas un suffrage n’a fait dĂ©faut. Un si honorable gage d’estime appartient Ă  Philippe Sauval. .
Les bravos Ă©clatĂšrent. Maintenant ce n'Ă©taient plus les enfants seuls qui battaient des mains; les pĂšres, les mĂšres en faisaient autant. Les messieurs gantĂ©s, dont la prĂ©sence rendait cette journĂ©e solennelle, hochaient la tĂȘte l’un vers l’autre et rĂ©pĂ©taient: — Bien, trĂšs bien
 Le maire voulut que M. de PeyralĂšs remĂźt l’écrin lui-mĂȘme. Celui-ci refusa. Alors GeneviĂšve tendit les mains en suppliant; des larmes d’enthousiasme roulaient sous ses longs cils.
— Oh! papa
 murmura-t-elle.
Quel plaisir elle aurait eu à donner la médaille!
— Toi? Oh! non, dit son pùre. Tiens, tu le couronneras, si tu veux.
Il souriait en lui tendant la guirlande raide et empesée de papier gaufré.
Mais quand Geneviùve l’eut dans les mains, elle se repentit de son mouvement; elle se sentit devenir toute rouge; elle aurait voulu disparaütre. Elle allait ren...

Table des matiĂšres

  1. Titre
  2. Partie 1
  3. Chapitre 1
  4. Chapitre 2
  5. Chapitre 3
  6. Chapitre 4
  7. Chapitre 5
  8. Chapitre 6
  9. Chapitre 7
  10. Chapitre 8
  11. Chapitre 9
  12. Partie 2