Wages for Students
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We are fed up with working for free. We must force capital, which profits from our work, to pay for our schoolwork. Only in this way can we seize more power to use in our dealings with capital.

Wages for Students was published anonymously by three activists in the fall of 1975. It was written as “a pamphlet in the form of a blue book” by activists linked to the journal Zerowork during student strikes in Massachusetts and New York.

Deeply influenced by the Wages for Housework Campaign’s analysis of capitalism, and relating to struggles such as Black Power, anticolonial resistance, and the antiwar movements, the authors fought against the role of universities as conceived by capital and its state. The pamphlet debates the strategies of the student movement at the time and denounces the regime of forced unpaid work imposed every day upon millions of students. Wages for Students was an affront to and a campaign against the neoliberalization of the university, at a time when this process was just beginning. Forty years later, the highly profitable business of education not only continues to exploit the unpaid labor of students, but now also makes them pay for it. Today, when the student debt situation has us all up to our necks, and when students around the world are refusing to continue this collaborationism, we again make this booklet available “for education against education.”

Wages for Students was anonymously authored and published in the fall of 1975 by George Caffentzis, Monty Neill, and John Willshire-Carrera, three activists associated with the journal Zerowork and later with the Midnight Notes Collective. This trilingual edition includes an introduction by the original authors,a transcript of a collective discussion organized by Jakob Jakobsen, Malav Kanuga, Ayreen Anastas, and Rene Gabri, following a public reading of the pamphlet by George Caffentzis, Silvia Federici, Cooper Union students, and other members and friends of 16 Beaver, and is edited by Jakob Jakobsen, María Berríos, and Malav Kanuga.

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Information

DES SALAIRES POUR LES ÉTUDIANTS

Introduction à la présente édition

George Caffentzis, Monty Neill
et John Willshire-Carrera
Des salaires pour les étudiants fut publié anonymement par trois militants à l’automne 1975.
L’un était professeur assistant au Brooklyn College (qui fait partie du système universitaire new-yorkais) et les deux autres étaient étudiants en troisième cycle à l’université du Massachusetts, à Amherst.
Il n’est pas surprenant que la métropole new-yorkaise et l’État du Massachusetts soit les lieux d’origine d’une brochure sur la condition et les revendications des étudiants, puisque l’une et l’autre présentaient l’une des concentrations les plus élevées d’étudiants de troisième cycle aux États-Unis. New York et le Massachusetts furent pour les étudiants ce que Détroit fut pour les travailleurs de l’automobile.
La date de publication n’est pas surprenante si on regarde la conjoncture historique et théorique. Les auteurs participaient tous à un journal intitulé Zerowork. L’approche théorique de cette publication était une synthèse de la perspective opéraïste (venue d’Italie) et de la campagne pour le salaire au travail ménager initiée en 1972 par le Collectif féministe international. La perspective opéraïste prenait sa source dans les luttes des ouvriers de la ceinture industrielle s’étirant de Los Angeles à Turin, via Détroit, tandis que la campagne pour le salaire au travail ménager était issue des luttes des femmes demandant un salaire pour leurs activités domestiques, incluant ainsi la lutte pour les droits sociaux aux États-Unis.
À l’époque où Des salaires pour les étudiants fut écrit, la conscience théorique du fait que le « social » est un type particulier de lieu de production avait déjà émergé. Par le biais de ces convergences théoriques, le terrain était prêt à accueillir les germes d’une pensée nouvelle au sujet du travail étudiant. Le changement du rôle des universités impulsé par l’État avait un impact au-delà de ces influences théoriques et politiques.
C’était un axiome de la politique étatique des années 1950 et 1960 que les universités servaient à augmenter la productivité de la force de travail et la discipline sociale. Elles étaient des vecteurs d’ascension sociale et un moyen de subventionner des recherches qui généreraient de nouvelles marchandises et méthodes de production. De fait, jusqu’à la fin des années 1960, capitalistes et travailleurs considéraient l’éducation comme un « bien commun ». Mais, à la suite de l’intense vague de luttes étudiantes des années 1960 — pour la liberté d’expression, les droits civiques, les droits des femmes et contre la conscription, la guerre du Vietnam et l’utilisation de la recherche universitaire à des fins militaires — il y eut un changement crucial dans l’attitude de la classe capitaliste vis-à-vis de l’éducation universitaire.
Sur ce point, la grève nationale des étudiants contre l’invasion du Cambodge et l’assassinat d’étudiants par des soldats à Kent et Jackson State marquèrent un tournant décisif. Le nouveau consensus capitaliste affirmait désormais que, au lieu de produire une force de travail qualifiée et fiable pour les usines, les bureaux et l’armée, les universités américaines (pourtant encore fraîchement purgées de leurs professeurs gauchistes par le maccarthysme des années 1950) engendraient des masses de diplômés anticapitalistes et anti-impérialistes. Et, comble de l’absurde, ces rebelles étaient subventionnés par des taxes locales et fédérales sur les entreprises. Il fallait que cela cesse. Dès les années 1970, les États et les entreprises demandèrent que les campus trop combatifs ne soient plus subventionnés et que les étudiants soient forcés de payer pour leur propre éducation — qui n’était plus vantée comme un bien commun.
Nous ne savions pas à l’époque comment nommer ce changement, mais nous étions conscients du tournant de ce qu’on allait bientôt appeler l’université « néolibérale », où l’éducation devient une marchandise que l’étudiant achète, un investissement qu’il/elle fait pour son avenir dans une institution elle-même modelée sur le schéma de l’entreprise.
La néolibéralisation de l’université commençait tout juste en 1975. Des salaires pour les étudiants décrivait ce tournant tout en en faisant la satire.
À l’époque où ce pamphlet était écrit, les auteurs participaient également aux évolutions qui se déroulaient au sein du mouvement étudiant. Après s’être engagés sur de nombreux problèmes « politiques », comme le racisme qui présidait aux admissions à l’université ou le recrutement militaire sur les campus, les étudiants commençaient à se sentir aussi concernés par les enjeux « économiques ».
Les manifestations contre la suspension des subventions aux universités, l’augmentation des frais de scolarité et la réduction des aides aux étudiants devinrent monnaie courante sur les campus. Rétrospectivement, on voit que cette nouvelle mobilisation étudiante essayait de contrer la néolibéralisation du système universitaire américain. Des salaires pour les étudiants proposait un langage, un vocabulaire à ce nouveau mouvement étudiant. Au lieu de décrire les étudiants comme des consommateurs ou des micro-entrepreneurs investissant dans leur avenir, la brochure les considérait comme des travailleurs. Et, contre la montée en flèche des frais de scolarité, elle appelait à un « salaire pour le travail scolaire ».
Des salaires pour les étudiants n’était pas seulement un ouvrage de réflexion ou un acte de provocation intellectuelle — même s’il était sûrement un peu des deux. Avec les camarades du cercle Zerowork, entre autres, les militants pour le salaire des étudiants faisaient du prosélytisme a travers tout le nord-est américain.
La première étape de ce travail politique fut d’attirer l’attention des étudiants sur cette perspective du salaire scolaire. Nous avons lancé l’idée dans les meetings de gauche. Nous avons écrit des tracts, distribué des autocollants, participé à des manifestations sur les campus et présenté nos thèses dans les cours de professeurs sympathisants. Nous rejetions les considérations propices aux divisions qui cherchaient à savoir « combien » ou « à qui » ces salaires devaient être payés. Le but était de créer des branches de la campagne pour le salaire étudiant dans les universités et construire un réseau, qui pourrait, pour commencer, changer le discours de la gauche (qui était dans certains endroits hostile à cette revendication) et de ce qui restait du mouvement étudiant.
La campagne pour le salaire étudiant prit comme modèle la campagne pour le salaire au travail ménager, qui atteignait dans le milieu des années 1970 son zénith organisationnel. Une grande partie de son travail d’organisation politique se construisait autour des attaques contre les femmes par le biais des aides sociales, justifiées à l’époque au nom de la crise budgétaire. La campagne nommait « aides sociales » le premier salaire au travail ménager.
La campagne pour le salaire étudiant s’inspira de cette idée d’expansion du salaire et chercha à l’appliquer à l’université. Tout comme la campagne pour le salaire au travail ménager analysait les « aides sociales » comme une première forme de salaire domestique, les activistes du salaire étudiant voyaient les différentes formes d’aides aux étudiants comme les prémices d’un salaire.
Nous rejoignions les manifestations et organisions des protestations contre les coupes de cette aide qu’ils décrivaient comme un salaire. Cette campagne, dans certains endroits, rassembla divers secteurs de la classe ouvrière, des « welfare mothers » et activistes communautaires jusqu’au étudiants de troisième cycle, dont beaucoup avaient pu accéder à l’université grâce aux luttes pour les droits civiques. Nous comprenions que même si la revendication d’un salaire étudiant, comme beaucoup de luttes pour l’augmentation des salaires, n’était pas en soi révolutionnaire, mettre fin au travail « non salarié » sous toutes ses formes déstabiliserait, voire renverserait, le système capitaliste puisque ce secteur générait énormément de plus-value.
En tant que militants, nous comprenions aussi qu’être payés pour nos études nous fournirait de nouvelles armes pour refuser le travail quotidien imposé par le capital, notamment celui nécessaire au travail scolaire. Ce travail nous privait du temps pour penser, créer et prendre soin les uns des autres. Comme ceux qui militaient pour le salaire au travail ménager, nous comprenions qu’être payés pour étudier nous donnerait au bout du compte un plus grand pouvoir pour refuser le travail imposé par le capital.
Il est clair, rétrospectivement, que le capital étasunien et son État comprenaient que l’expansion du salaire, prônée par les campagnes autour du travail ménager et des étudiants, était une menace politique pour le système. Ce n’est pas un hasard si nombre de réformes néolibérales de ces trente dernières années ont été des attaques contre les droits sociaux et le libre accès à l’éducation universitaire ; et que ces attaques ont été menées tout autant par les républicains que par les démocrates, en parallèle des coupes dans les salaires et les avantages des salariés.
Le salaire étudiant, comme revendication, a malheureusement surgi au moment où les stratèges aux États-Unis étaient en train d’abandonner la politique keynésienne de subsomption des luttes salariales dans le plan de développement du capital. Et, au lieu d’un salaire étudiant, il y eut une énorme augmentation des frais de scolarité (+ 500% entre 1985 et aujourd’hui). Au final, l’étudiant endetté moyen a désormais une dette de près de 30 000 dollars et la totalité de la dette étudiante dépasse 1,1 trillion de dollars. Au lieu d’obtenir le salaire scolaire, les étudiants aux États-Unis ont payé pour travailler dans les universités et se préparer pour leur future exploitation.
Il est bien sûr gratifiant de voir, quarante ans après sa publication, un intérêt renouvelé pour ce qui peut apparaître comme une note de bas de page à contre-courant dans la réforme néolibérale de l’université. De quel usage peut être cette brochure aujourd’hui pour un mouvement étudiant de nouveau mobilisé, du Chili au Québec en passant par de nombreuses villes américaines ? Les mouvements eux-mêmes doivent le décider. La façon dont la nouvelle génération réagira à ce texte nous fournira une intéressante leçon politique.
D’ores et déjà, nous pouvons voir que Des salaires pour les étudiants peut servir un objectif. En montrant que les étudiants sont des travailleurs et que ce qu’ils font dans les universités n’est pas consommer une marchandise nommé « éducation », le texte renforce la lutte contre la dette étudiante. Il établit que ce ne sont pas les étudiants qui doivent aux universités, au gouvernement et aux banques une large somme d’argent. Ce sont ces institutions qui devraient payer les étudiants alors qu’ils prospèrent sur leur travail non payé. Dans la période actuelle, alors qu’Obama propose des solutions néolibérales à la crise créée par la dette étudiante, comme classer les universités pour que les étudiants deviennent des « consommateurs éclairés sur le marché de l’éducation », Des salaires pour les étudiants répond que les étudiants sont des travailleurs dont l’exploitation non salariée doit être payée.
New York, 2015

Des salaires pour les étudiants
(Un pamphlet sous la forme d’un livre bleu, 1975)

Les étudiants « Des salaires pour les étudiants »
L’usine de discipline mentale en 1965
« C’est le matin. Le présentateur météo annonce que le jour s’est levé (ou la pluie, la neige, les nuages … c’est selon) dans le ciel. Et comme une horloge mécanique, la Terre refait le tour du Soleil en tic-tac réguliers. »
Untel appartient à l’unité 12 de l’usine de discipline mentale d’Elm City. Il est Notre Exemple du jour. Untel est ordinaire, ou l’était, jusqu’à ce qu’il Dérape. Il était assis dans Notre salle des besoins corporels avec d’autres produits en série, ses collègues, un crayon dans la main droite, un papier sur la table, l’esprit au travail, occupé.
Quelques précisions sur le contexte, d’ailleurs. Le prétexte à l’origine de Notre salle des besoins corporels était de produire et distribuer une nourriture qui bonifierait Nos enseignements disciplinaires par une récompense physique et une satisfaction partielle. Mais elle sert maintenant de lieu de rassemblement aux Untels, qui n’ont rien de plus important à l’agenda. Ici on leur apprend l’obéissance, une part très, très importante de la discipline mentale générale.
Mais revenons à l’Untel. Il allait Bien jusqu’à ce qu’il ait l’audace de se lever, d’aller directement à Notre fontaine d’eau et d’avaler deux énormes gorgées, emplissant complètement sa bouche et tarissant ainsi sa soif à nos dépens.
Voyons, Vous avez tous été éduqués pour vous rendre compte que ce n’est pas la raison d’être de Nos fontaines d’eau. Vous avez été programmés pour comprendre qu’elles servent de tentation disciplinaire et participent en cela, et en cela uniquement, à Notre Plan. Il vous faut maîtriser votre soif, contrairement à Untel. Il est mauvais, mauvais, mauvais. Un de Nos superviseurs a dû le faire escorter jusqu’au chirurgien, qui lui a immédiatement cousu les lèvres.
Certains d’entre Nous pensons que la punition d’Untel a été trop peu sévère pour un acte de désobéissance aussi honteux. Mais nous croyons encore à la clémence. Un Principe est un Principe, mais que vaut un principe si nous ignorons l’humain ?
Étudiez le sens de ceci pour le cours de demain.
(Écrit dans un lycée par un étudiant du secondaire.)
Qu’est-ce que le travail scolaire ?
Aller à l’école, être un étudiant, c’est un travail. On le nomme travail scolaire, bien qu’il ne soit pas considéré usuellement comme un vrai travail puisque l’on ne reçoit aucun salaire pour l’accomplir. Cela ne veut pas dire que le travail scolaire n’est pas un travail, mais plutôt qu’ils nous ont appris à croire que l’on ne travaille vraiment que lorsqu’on perçoit un salaire.
Le travail scolaire se compose d’une grande diversité de tâches d’intensités variées, combinant travail qualifié et non qualifié. Par exemple : il nous faut apprendre à rester en classe, calmement assis pour de longs moments sans déranger. Il nous faut écouter attentivement et tenter de mémoriser ce qui nous est présenté. Il nous faut obéir aux professeurs. À l’occasion, nous acquérons quelques compétences techniques qui nous rendent plus productifs lorsque nous travaillons hors de l’école à des boulots qui les exigent. La majeure partie de notre temps, toutefois, nous le passons à exercer quantités de travaux non qualifiés.
La caractéristique partagée par l’ensemble des tâches spécifiques requises par le travail scolaire est la Discipline — c’est-à-dire, le travail forcé. Parfois on nous discipline, ce qui veut dire que les autres (des professeurs, des directeurs et des inspecteurs) nous forcent à travailler. D’autres fois nous nous autodisciplinons, ce qui veut dire que nous nous forçons nous-mêmes au travail scolaire. Il n’est pas étonnant que les différentes catégories de travail scolaire aient été communément nom...

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  5. Wages for Students
  6. Sueldo para Estudiantes
  7. Des salaires pour les étudiants